Skip to main content

Full text of "Stratègòs Upatos : étude sur la traduction en grec du titre consulaire"

See other formats


\^c^ 


U  dVof  OTTAWA 


39003001807102 


P^c  7 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/stratgsupatoOOholl 


BIBLIOTHFQUE   DES   ECOLES   FRANÇAISES   D'ATHENES  ET   DE   HOME 

PL'BLIÉE 

SOUS  LES  AUSPICES  DU   MINISTÈRE  DE   L'INSTRUCTION   PUBLIQUE 


FASCICULE    CENT    TREIZIEME 


STPATHrOE  rnATOS 

ÉTUDE   SUR   LA   TRADUCTION   EN   GREC 
DU   TITRE   CONSULAIRE 

PAR 

MAURICE    HOLLEAUX 


PARIS 
E.  DE  BOGCARD,  ÉDITEUR 

ANCIENNE    LIBRAIRIE    FONTEMOING    ET  C'« 

i  ,    RUE    DE    MÉDIGIS,     1 
1918 


\0' 


BIBLIOTHÈQUE 


ÉCOLES  FRANÇAISES  D'ATHÈNES  ET  DE  ROME 


FASCICULE    CENT    TREIZIÈME 

STPATHrOS    rOATOS 

Par  Maurice  HOLLEAUX 


MAr.O>,    PROTAT    FRERES,     IMPRIMEURS 


ETPATHrOS    YnATOS 


BIBLIOTHÈQUE   DES  ÉCOLES  FRANÇAISES  D'ATHENES  ET  DE  ROME 

PUBLIÉE 

SOUS  LES  AUSPICES  DU   MINISTÈRE  DE  L'INSTRUCTION   PUBLIQUE 


FASCICULE    CENT    TREIZIEME 


ZTPATHrOS  rnATOZ 

ÉTUDE   SUR   LA   TRADUCTION  EN   GREC 
DU  TITRE   CONSULAIRE 


PAR 


MAURICE   HOLLEAUX 


PARIS 
E.  DE  BOGCARD,  ÉDITEUR 

ANCIENNE    LIBRAIRIE    FONTEMOING    ET  O» 

1,    RUE    DE    MÉDICIS,    1 

1918 


EDMOND     POTTIER 


AVANT-PROPOS 


Lorsqu'on  lit  les  plus  anciennes  inscriptions  grecques  où 
mention  soit  faite  de  consuls,  ou  qu'on  parcourt  les  Histoires 
de  Polybe,  le  premier  écrivain  grec  qui  ait  traduit  les  titres 
des  magistratures  romaines,  on  s'aperçoit  que  le  titre  de  con- 
sul y  est  exprimé  de  trois  manières.  Il  est  rendu  ou  bien 
par  l'expression  composée  (7zpa-r,Yoç  uxaioç,  ou  bien  par  le  titre 
de  G-px-r,'(ôz,  ou  bien  par  celui  d'j-aTOç.  C'est  ce  dernier  titre, 
comme  on  sait,  qui,  dès  le  courant  du  i^''  siècle  avant  notre 
ère,  demeura  seul  en  usage  pour  désigner  les  consuls. 

Cette  variété  de  dénominations  est  propre  à  causer  quelque 
embarras.  Une  question  se  pose  naturellement  et  s'est  depuis 
longtemps  posée  aux  critiques  :  Des  trois  appellations 
grecques  ci-dessus  énumérées,  quelle  fut  l'appellation  publique, 
officielle  ou,  comme  disaient  les  Romains,  «  solennelle  et 
légale  »  des  consuls  —  appellatio  sollemnis  et  légitima'!  La 
question  a  été  souvent  agitée  et  par  des  érudits  considérables  ^  ; 
ils  y  ont  fait  des  réponses  diverses  et  contradictoires.  Dans  le 

1.  Ceux  à  moi  connus,  qui  ont  traité  le  sujet,  sont  les  suivants  (l'astérisque 
signale  les  travaux  les  plus  importants)  : 
Perizo>-ius,  Animadversiones  historicae  (Amstelaedami,  1685),  cap.  1,  p.  35- 

37. 
J.  ScHWEiGHAEUSER,  Lexikon  Polybianiim  (1795),  p.  566-567. 
E.  Q.  ViscoTi,  Journal  des  Savants,  1816,  p.  24. 
A.  BoECKH,    Corpus   Inscriptionuni   Graecarum,  I,  comment,    du   n.    1325, 

p.  649;  comment,  du  n.  1770,  p.  862;  II,  comment,  du  n.  3800,  p.  979. 
W.  H.  Waddington,  Inscriptions  d'Asie  mineure  [Explication  des   inscrip- 
tions), III,  n.  588,  p.  197. 
*Th.  Mom.msen,  Gesammelte  Schriften,  VIII  (1913),  p.  259-264  (=  Ephemeris 

epigraphica,    I   (1872),  p.  223-226)  :  S-upa-riyo;  uTtato?.    —   Cf.    Rômisches 

Staatsrecht,  IP,  p.  75-76;  194,1,  etc. 
*Fr.  Hultsch.  Polyhii  historiae,  éd.  altéra,  vol.  II  (1892),  praef.  p.  xii-xv. 
*Th.  Bùttxer-Wodst,   A'eize  Jahrbûcher  fur  Philologie   und  Paedagogik, 

t.  145-146  (1892),  p.  166-169  (S-:pa-7]io;  j-axo;). 
M.  Mentz,  De  Magistratuum    Romanorum    Graecis   appellalionibus  (diss. 

lena,  1894\  p.  6-20. 
*P.   FoucART,    Revue   de  Philologie,  XXIII    ^1899),    p.    254-260   (StpairiYÔç 

■j~aTo;,   a-paTr|YO;  àvÔ'j-aTo;) . 


VIII 

présent  mémoire,  j'en  ai  repris  l'examen  et  me  suis  efforcé  de 
la  résoudre . 

Si  l'on  veut  conduire  cette  recherche  avec  méthode,  certaines 
précautions,  comme  on  l'a  justement  remarqué,  sont  indispen- 
sables i.  Il  est  clair  qu'il  importe  d'abord  de  rang-er  les  textes 
dans  l'ordre  chronologique,  comme  aussi  de  les  classer 
d'après  leur  nature  et  leur  provenance.  Non  seulement  les 
documents  d'un  caractère  public  (qui  nous  sont  parvenus 
sous  forme  d'inscriptions)  ^  doivent  être  mis  à  part  des  écrits 
littéraires  (lesquels  ne  sont  ici  représentés  que  par  le  seul 
ouvrage  de  Polybe),  mais,  de  plus,  il  convient  de  dis- 
tinguer, entre  les  documents  publics,  ceux  qui  sont  d'origine 
romaine  ou  d'origine  grecque  ;  enfin,  parmi  les  documents 
d'origine  romaine,  il  y  a  lieu  d'étudier  séparément  ceux  qui 
eurent  pour  auteurs  des  consuls  et  ceux  qui  sont  sortis  des 
délibérations  du  Sénat. 

Mais,  si  nécessaire  que  soit  cette  distribution  des  textes  par 
époques  et  par  catégories,  elle  ne  saurait  sullîre  à  nous  éclai- 
rer ;  et  c'est  à  tort  qu'on  a  pensé  que,  les  documents  une  fois 
rigoureusement  classés,  la  solution  cherchée  devait  apparaître 
aussitôt. 

Ce  qui  importe  avant  toute  chose,  c'est,  en  consultant  les 
différents  documents,  de  les  soumettre  à  une  analyse  critique. 
Lorsqu'on  rencontre  dans  un  texte  grec  le  titre  consulaire,  ce 
qu'il  faut  toujours  vériiier,  c'est  si  ce  titre,  en  raison  de  la 
nature  du  document  où  il  se  trouve  et  en  raison  aussi  de  la 
place  qu'il  y  occupe,  est  1'  «  appellation  solennelle  »  du  con- 
sul ou  n'en  peut  pas  être  l'appellation  courante  et  simplifiée. 
Car,  en  tout  temps,  en  tout  pays,  un  fonctionnaire  a  pu  être 
désigné  (si  son  titre  était  susceptible  de  simplification),  soit 
par  ce  titre  exprimé  de  façon  complète   et  conformément  au 

D.  Magie,  De  Romanoruin  iuris  publici  sacrique  vocabulis  sollemnibus  in 
Graecorum  sermonem  conversis  (diss.  Leipzig',  1905),  p.  6-8,  74-76. 

A'^.  B.  J'ai  d'ordinaire  cité  les  études  de  Hultsch,  Bûttner-Wobst,  Mentz  et 
Magie  par  le  seul  numéro  de  la  page,  sans  reproduire  le  titre  de  l'ouvrage  ou 
du  mémoire. 

1.  Cf.  P.  Foucart,  Rev.  Fhilol.  1899,  255. 

2.  A  la  vérité,  quelques  inscriptions  sont  d'origine  privée;  mais  le  nombre 
en  est  assez  restreint.  Au  reste,  je  n'ai  pas  manqué  d'en  signaler  le  caractère 
particulier  et  de  les  distinguer  des  autres. 


IX 

formulaire  officiel,  soit  par  le  même  titre,  abrégé  et  réduit  à 
ce  qu'en  la  circonstance  on  jug^eait  suffisant.  Pour  avoir 
né.^lij^é  une  observation  si  simple,  on  a  commis  parfois,  dans 
le  cas  spécial  qui  nous  intéresse,  d'étranges  erreurs  d'inter- 
prétation. 

J'en  ai,  quant  à  moi,  tenu  compte,  aussi  exactement  que  j'ai 
pu,  dans  les  deux  premières  parties  de  ce  mémoire  :  —  dans 
la  première,  où  j'ai  examiné  les  documents  d'origine  consu- 
laire (lettres  et  actes  divers  des  consuls  ;  inscriptions  placées 
par  des  consuls  sur  des  monuments  d'utilité  publique  ;  dédi- 
caces composées  par  des  consuls)  ;  les  documents  provenant 
des  Italiens  de  Délos  ;  les  documents  d'origme  grecque  (décrets 
et  dédicaces  des  villes  grecques)  ;  enfin  l'ouvrage  historique 
de  Polybe  ;  —  dans  la  seconde,  où  je  me  suis  particulièrement 
attaché  à  l'examen  des  actes  du  Sénat  '. 

Les  résultats  concordants  de  cette  double  étude  m'ont  paru 
justifier  l'opinion  où  je  me  suis  arrêté  :  c'est,  à  savoir,  que 
<!Tpxxr,yoq  \j-aT:oq  fut,  dès  une  époque  reculée,  le  titre  officiel 
des  consuls,  et  qu'JTuars;  n'est  que  l'une  des  deux  simplifica- 
tions de  ce   titre    ancien,   l'autre,   moins  durable,   ayant   été 

Cette  opinion  ne  saurait  prétendre  et  ne  prétend  pas  à  la 
nouvi-auté.  Elle  n'est,  pour  le  principal,  qu'un  retour  à  la 
doctrine  jadis  communément  acceptée  qui  se  recommandait 
de  l'autorité  de  Mommsen  ;  mais,  par  là,  elle  se  trouve  précisé- 
ment contredire  de  la  manière  la  plus  directe  celle  qui  s'est 
produite  en  ces  dernières  années  et  qui  est  maintenant  en 
passe  de  devenir  classique"-.  Je  pense  avoir  montré  que  cette 
doctrine  nouvelle,  qui  n  admet  à  toute  époque,  pour  les  con- 

1.  A  peine  ai-je  besoin  d'avertir  que  j'ai  employé,  par  commodité,  l'expres- 
sion «  actes  du  Sénat  »  dans  son  sens  moderne  et  français.  Il  ne  s'aj^it  nulle- 
ment ici  des  aeln  senulus  (procès-verbaux  des  séances  du  Sénat),  mais  des 
actes  publics  (sénatus-consultes  et  lettres  missives)  où  sont  consij,'nées  les 
décisions  du  Sénat 

2.  Cette  0))inion  nouvelle  est  celle  de  P  Foucart,  Rev.  Philol.  1!*99,  254  et 
suiv.  Il  st  rei^-^rctlable  que  D.  Md>;ie  (De /îomaior.  turts  pubLici  sacrique  vncab. 
solleinn'hiis  eqs.i  n'ait  pas  connu  le  travail  de  P.  Foucart.  A  son  tour,  P.  Fou- 
cart a  ifjnoré  l'important  mémoire  publié  par  Th.  Biittner-Wobst  [Jahrb. 
1892,  166-169) 


suis  d'autre    titre    officiel   que   celui    d'iJTua-oç,  tombe  devant 
l'observation  critique  des  textes. 

Dans  la  troisième  partie  de  mon  travail,  je  me  suis  appliqué 
à  chercher  comment  s'est  formée  l'appellation  cTpa-tiyoç  ÛTraxoç, 
quelle  en  fut  la  signification  première,  et  d'où  elle  a  tiré  son 
origine.  On  verra  (jue  là,  sur  un  point  capital,  je  me  suis 
séparé  de  Mommsen,  et  que  j'adopte  en  partie,  mais  en  partie 
seulement,  une  explication  récemment  proposée.  Comme  son 
auteur,  je  suis  d'avis  que  «  stratège  »  fut  le  premier  nom  que 
les  Grecs  donnèrent  spontanément  aux  consuls  ;  mais,  à  l'en- 
contre  de  ce  qu'il  a  pensé,  je  ne  doute  pas  que  l'appellation 
double  ffTpaTYjYo;  u-aicç  ne  soit  aussi  d'origine  tout  hellénique. 
Un  document  épigraphique,  qui  semble  avoir  peu  retenu 
l'attention,  m'a  paru  fournir  en  ce  sens  un  indice  instructif. 
Ma  conviction,  fondée  sur  des  arguments  qu'appréciera  le 
lecteur,  est  que  l'antique  titre  grec  des  consuls  n'est  en  rien 
l'ouvrage  des  Romains,  qui  l'ont  reçu  des  Grecs  tout  formé. 

La  première  et  la  plus  grande  difficulté  de  ma  tâche  consis- 
tait à  réunir  toutes  les  inscriptions  grecques  où  sont  mention- 
nés des  consuls.  En  pareille  matière  il  est  malaisé  d'être  com- 
plet et  je  n'oserais  me  flatter  d'y  avoir  réussi.  J'espère,  tou- 
tefois, que,  parmi  les  inscriptions  publiées  jusqu'au  mois  de 
juillet  1914 — époque  où  les  deux  premières  parties  de  ce 
mémoire  étaient  entièrement  rédigées  — ,  aucune  ne  m'a 
échappé  qui  eût  quelque  importance.  Quant  à  celles  qui  ont 
pu  être  éJitées  depuis  trois  ans,  on  me  jugera  sans  doute 
excusable  de  les  avoir  ou  mal  connues  ou  même  complète- 
ment ignorées'.  30  avril  1917. 

1.  Les  citations  de  Polybe  sont  toujours  faites  d'après  l'édition  de  Th. 
BiUlner-VVobst  (Leipzig,  Teubner,  1882-1904). 


L'impression  de  ce  nnémoire,  commencée  à  l'automne  rie  1917,  s'est 
pou  suivie,  à  travers  des  difficultés  trop  explicables,  jusqu'en  décembre 
191S.  Ces  lenteurs,  que  j'ai  souvent  regrettées,  ont  eu  pourtant  leur 
avantage.  Durant  l'année  1918,  J'ai  reçu  communication  d'inscriptions 
inédites  dont  Tiiitérêt  documentaire  est  considérable  ;  elles  ont  pu 
trouver  place,  avec  les  remarques,  en  partie  rectificalives,  quelles 
mont  paru  moliver,  dans  les  Additions  et  Corrections,  que  je  recom- 
mande très  spécialement  à  l'attention  du  lecleur 


CHAPITRE    PREMIER 


La  traduction  grecque  du  titre  consulaire  :  I  dans  les  docu- 
ments PROVENANT    DES    CONSULS;  II    DANS    LES    INSCRIPTIONS 

dédicatoires  provenant  des  Italiens  de  Délos  ;  —  III  dans 

LES  documents    d'oRIGINE    GRECQUE  (DÉCRETS  ET    DÉDICACEs)  ;  — 
IV  DANS   l'ouvrage    DE  jPOLYBE. 

I.  —  Documents  provenant  des  consuls. 
§  1.  Lettres  et  rescrits  des  consuls. 

Nous  nous  proposons  de  rechercher  comment  fut  traduit 
en  langue  grecque  le  terme  latin  consul.  11  importe  avant 
tout  de  savoir  comment  les  consuls  exprimaient  leur  titre 
lorsqu'ils  faisaient  usage  de  cette  langue.  Les  premiers  docu- 
ments que  nous  devions  examiner  sont  donc  ceux  qui  pro- 
viennent des  consuls  eux-mêmes.  Parmi  ces  documents, 
nous  donnerons  la  première  place  aux  lettres  ou  rescrits 
adressés  par  des  consuls,  en  charge  ou  prorogés,  à  des  cités 
ou  corporations  de  la  Grèce  d'Europe  ou  d'Asie. 

Nous  connaissons,  en  original  ou  par  des  résumés,  quelques 
lettres  de  cette  sorte*.  La  plus  ancienne  fut  écrite  entre  196  et 
194.  Chacune  débute  par  une  suscription  ou,  plus  exactement, 
par  une  formule  de  salutation  établie  surun  modèle  invariable. 
Cette  formule  comprend  :  le  nom  du  consul  (ou  proconsul  ~) 

1.  Dans  la  liste  qui  va  suivre  on  ne  trouvera  pas  la  lettre,  faussement  attri- 
buée à  Cn.  Manlius  Volso  (cf.  l'Appendice,  à  la  fin  de  cette  étude),  qui  fut 
adressée  aux  Hérakléotes-du-Latmos  par  l'un  des  consuls  de  188  ;  c'est  qu'en 
effet,  cette  lettre  ayant  pour  auteur  véritable  le  Sénat,  sa  place  normale  est 
parmi  les  actes  du  Sénat;  cf.  ci-après,  p.  97  et  suiv. 

2.  Il  est  presque  superflu  de  rappeler  qu'il  n'a  point  d'abord  existé  de  titres 
spéciauxpour  distinguer  les  promagistrats  des  magistrats,  et  que  les  dénomi- 
nations de  oxpaT/iyo;  uraio?  (puis  uTiaio;)  et  de  CTTTpaTïiYo;  ont  été  attribuées 
également  bien  aux  consuls  et  aux  proconsuls,  aux  préteurs  et  aux  propré- 
HoLLEAUX.  —  STpatrjYo;  uTzaTo?.  1 


â  ClIAPlTllE   PREMIËK 

auteur  de  Técrit,  au  nominatif;  son  titre,  toujours  placé  à  la 
suite  du  nom  ;  le  nom,  au  datif,  des  destinataires;  le  verbe 
ya.içis.V). 

Ces  lettres  sont,  au  premier  chef,  des  actes  publics  •.  Des 
cinq  que  je  vais  d'abord  mentionner,  deux  (1,  4)  sont  des 
décisions  administratives  ayant  forme  d'épîtres,  et  c'est  avec 
raison  que  Mommsen  qualifie  l'une  d'elles  de  decretum'^.  Deux 
autres  (3,  5)  ont  été  rédigées  sur  l'ordre  du  Sénat  par  les  con- 
suls qui  l'avaient  présidé  '^,  et  la  dernière  (5)  a  pour  objet 
de  notifier  aux  intéressés  un  sénatus-consulte  dont  elle  accom- 
pag^ne   le    texte^.  Lorsqu'ils  écrivaient  ces  lettres,  les  consuls 

leurs:  voir  Mommsen,  Ges.  Schriflen,  VIII,  262-2G3,  et  suHoul Slaalsrecht, 11^, 
2i0,  5  s./".  ;  cf.  Meutz,  Demar/istr.  Roman,  appellat.  15-16.  Il  est  exact, comme 
l'indique  Mentz,  que  chez  Polybe  on  ne  trouve  pas  encore  de  tilulature  pré- 
cise pour  les  promagistrats,  et  que  le  proconsul  y  porte  souvent  le  même 
titre  que  le  consul  (cf.  ci-après,  p.  47,  note  7,  mes  propres  remarques).  Un 
te.xte  qui  a  indirectement  rapport  à  cette  question  et  qui  n'est  pas  dénué 
d'intérêt,  bien  qu'on  n'y  ait  guère  prêté  attention,  se  rencontre  chez  Plu- 
tarque  (MarceUiis,  30.  61.  Plularque  reproduit,  d'après  Poseidonios  {FHG,  III, 
272,  fragm.  46),  l'épigramme  placée,  dans  le  sanctuaire  d'Athéna  Lindia, 
au-dessous  de  la  st,atue  de  M.  Claudius  Marcellus  (consul  en  208  pour  la 
5*  fois)  :  o'Jtoç  TOI  'Poiar);  ô  [xiyxi,  Çsvc,  "arpioo;  aaTrJp,  [  JNIapzsÀXoç  zXstvoJv 
KXa-jôio;  y.  TiaTïpojv,  [  i-tâz'.  xàv  O-aTav  «p"/àv  èv  "Aprii  çjXâÇaç,  |  zaï  ttoXjv 
àvTî-âXwv  ly/.aTcysue  odvov  —  ;  puis  il  ajoute  :  Tr,v  yàp  avOû-aTOV  àpyrl'j,  r^v  ot; 
y]p^^,  taï;  Tzbjii  zpoaxaTY)p!0;jLrj3£v  ÔTraTsiat?  6  x6  ÈTïtypajmx  -0'.7;aaî.  L'auteur 
de  l'épigramme,  en  ne  distinguant  pas  les  deux  proconsulats  de  Marcellus  de 
ses  cinq  consulats,  n'avait  fait  que  suivre  l'usage  de  son  temps  ;  c'est  cet  usage 
qu'ignorait  Plutarque. 

1.  On  ne  voit  pas  bien  pourquoi  P.  Foucart  {Rev.  Philol.  1S99,  255  sqq.) 
leur  refuse  le  caractère  d'  «actes  officiels  ». 

2.  Mommsen,  Ges.  Schriften.,  VIII,  549:  «  Ipse  T.  Flamininus  gentilicio 
utitur —  in  ipsius  décréta  Graece  scripto  (il  s'agit  de  la  lettre  aux  Chyrétiens)». 
Noter  à  la  fin  de  cette  lettre,  l'emploi  fait  du  verbe  xpi'vw  (1. 17).  Il  est  certain 
que  la  lettre  (ci-après,  u.  4)  de  L.  Mummius  aux  Technites  dionysiaques  d'Io- 
nie,  dont  la  suscription  subsiste  seule,  notifiait  à  ces  Technites  quelque  déci- 
sion prise  en  leur  faveur  :  cela  résulte  du  fait  qu'au-dessus  de  cette  lettre  en 
est  gravée  une  autre  (/G,  VII,  2413)  qui  confère  ou  maintient  aux  Technites 
de  l'Isthme  une  série  de  privilèges. 

3.  Cf.  ci-après,  p.  92  et  suiv. 

4.  On  ne  sait  trop  quel  était  le  caractère  de  la  lettre  (mentionnée  ci-après, 
n.  2)  écrite  par  L.  Scipio  aux  Hérakléotes-du-Pont.  D'après  Memnon  (fiîG, 
III,  539,  fragm.  26.  2)  résumé  par  Photius,  le  consul  y  aurait  exprimé  sa 
bienveillance  pour  la  ville  d'Héraklce  et  fait  connaître  le  désir  des  Romains 
de  s'accommoder  avec  Antiochos  :  èv  toûtï)  Tr|v  -£  r.pô:  aùtoù?  siîvoiav  èki^i- 
l^aitov,  y.al  w;  StaXjaaivto  'Poj|j.atot  tïjv  tz^oç  'AvTÎo-y(^ov  jj.àyr|V.  Mais  ce  résumé 
est  obscur  et  suspect. 


bOCtJMEÎJtS   DORIGINË    CONsLlAIRË  3 

agissaient  donc  en  tant  que  magistrats  et  ne  faisaient  qu'exer- 
cer leur  fonction .  C'est  pourquoi  il  n'y  a  point  à  douter  que 
le  titre  joint  à  leur  nom,  dans  la  suscription  ou  formule  de 
salutation,  soit  leur  titre  officiel,  leur  appellation  «  solen- 
nelle ». 

Or,  ce  titre  est  toujours  a-pOLrr^'foq  uraToç  Fcojj.xiwv  ou  GTpa- 
Tr;YOç  tiitaxoç  pour  l'époque  la  plus  ancienne,  de  196-194  à  139 
ou  133.  On  notera  que  l'ethnique  'P(ojj.x'.wv  ne  se  trouve 
régulièrement  que  dans  les  lettres  écrites  en  pays  grec  ;  il 
manque  le  plus  souvent  dans  les  lettres  écrites  de  Rome,  et 
cette  observation  vaut,  non  seulement  pour  celles  des  consuls, 
mais  aussi  pour  celles  des  autres  magistrats  romains  ' . 

1.  Le  proconsul  T.  Quinctius  (Flamininus),  écrivant  en  196, 
193  ou  194,  k  la  ville  de  Chyretiai,  commence  ainsi  sa  lettre  : 
Tix2ç  Kct'vy.Ticç,  ffTpxTrjvbç  j-a-cç   Poi);j.auiJv,XjpcT'.£Ojv -^  tcîç  txvcTc 

1.  Voir  la  suscription  de  la  lettre  écrite,  en  193.  par  le  préteur  M.  Valerius 
(Messalla\les  tribuns  et  le  Sénat  à  la  ville  de  Téos  fViereck,  II  =  Dittenber- 
gcr,  Sylloye-.  279]  :  Màczoç  QùaXap'.oç  Mâpzoj  ^Tça-riyô;  ■/.%[  5r|;j.as/0'.  za-.  /; 
TJvy.ÀriTo;  Tr^lwj  Trj'.  ^ouXfj'.  /.ai  -(oi  or^ij.'-)'.  -/a-'oE-v.  Comp.  l'intitulé,  restitué 
avec  certitude,  de  la  lettre  écrite  aux  Mylaséens  par  le  préteur  M.  Aemilius 
(Dittenberger,  Sylloge  -,  928,  1.  35-36).  —  Waddin{,4on  a  le  premier  fait 
remarquer  Jnscr.  d'Asie  mineure,  III,  n.  588,  p.  197)  que  «  l'addition  du  mot 
'P'oaai'ov  n'aurait  pas  de  raison  dètre  dans  un  document  rédigé  à  Rome  »  et 
que  l'absence  de  l'ethnique  est  normale  en  pareil  cas.  Toutefois,  il  y  a  des 
exceptions.  Comme  a  bien  voulu  me  l'apprendre  Ém.  Bourçuet.  on  a  retrouvé 
à  Delphes  un  nouveau  fragment  de  la  lettre  de  Sp.  Postumius  (Albinus)  au\ 
Delphiens  (Viereck,  X,,  fragment  qui  donne  à  Postumius  (pr.  189)  le  titre  de 
CTpaTriyô;  'Pojaaîwv.  De  même,  le  consul  nommé  en  tête  de  la  lettre  aux 
Hérakléotes-du-Latmos  est  dit  <J^:o%-r^^ôi  j-aTo;  'Pojaaîojv.  bien  que  celle 
lettre  ait  été  expédiée  de  Rome  (cf.  ci-après,  chap.  II,  p.  99  suiv.,  et  Appen- 
dice). L'explication  la  plus  probable  de  ces  exceptions,  c'est  que  l'ethnique  a 
été  ajouté  en  Grèce  aux  documents  originaux  par  ceux  qui  en  firent  établir  lu 
copie  lapidaire. 

2.  XjsïT'.i'ov  selon  Arvanitopoullos.    Apy.  'Ez-r^a.  19J3,  145. 

3.  IG,  IX.  2,  338  —  Viereck,  I  =  Ditlenberger,  Sylloge  2.  278  =  Ap/.  'Eç;r,;j.. 
1913,  145.  — Toute  indication  fait  défaut  pour  choisir  entre  les  trois  années 
196-194.  Niese  (Gesch.  der.  gr.  iind  mak.  Slaaien,  II,  666)  est  d'avis,  si  je  l'en- 
tends bien,  que  la  lettre  de  Titus  fut  écrite  au  printemps  de  194,  lorsque  le 
proconsul  visita  la  Thessalie  et  qu'il  en  organi.sa  le  régime  intérieur  (Liv.  (P.) 
34.  51.  4-6);  cela  est  possible,  mais  n'a  rien  de  nécessaire.  On  a  pris  l'habitude 
(Viereck,  Dittenberger,  Kern)  de  répéter,  à  la  suite  de  Boeckh  (C/G,  1770, 
que  Titus  put  écrire  aux  Chyrétiens  pendant  l'hiver  de  196/105,  tandis  qu'il 


4  CHAPITRE    PREMIER 

2.  C'est  le  même  titre,  sans  aucun  doute,  qui  faisait  suite 
au  nom  du  consul  L.  Cornélius  Scipio  dans  la  suscription, 
conservée  par  Memnon,  de  la  lettre  qu'il  écrivit  en  190  aux 
Hérakléotes-du-Pont*.  La  mauvaise  leçon  axpocvqybq  àvOjxaTOç 
ne  peut  provenir,  en  effet,  que  d'une  erreur,  imputable  soit  à 
Memnon  lui-même,  soit  à  Photius  qui  l'aurait  introduite  dans 
le  texte  de  Memnon  ;  l'adresse  de  la  lettre  devait  porter  : 
As'jxtoç  KopvT^Atoç  Zv.txiwv  (?),  o-TpaTT^voç  <C3:vO>u7i:aTûç  [  P(0- 
[xaio)v],     lipaxXcWTWv    -f,t.   j^ouA-^i    v.al  tw'.  o-qiJM'.  yylpevf  '~. 

résidait  «  à  Athènes  »  ;  je  dois  faire  observer  qu'il  n'a  jamais  hiverne  à 
Athènes  ;  on  ne  voit  même  pas  qu'il  y  ait  fait  séjour  pendant  la  guerre  de 
Macédoine.  C'est  à  Élatée  qu'il  passa  les  trois  hivers  de  197/] 96  (Liv.  (P.)  33. 
27,  5),  196/195  (Liv.  (P.)  34.  25.  1  ;  cf.  Niese,  II,  657),  et  195/194  (Liv.  (P.)  34. 
48.  2). 

1.  Memnon  (dans  Photius,  Bibt.  229  b,  13),  FHG,  III,  539,  fragm.  26.  2  : 
ô  8è  KopV7)Âioç  SxtTCÎtov  avTSTiiaTïX/.wv  rot;  'Hpay.Xswta'.ç,  i^typàcpei  oûxojç. 
S/.t7i(wv,  crxpaxriYÔ;  àvÔÛTiaxo;  'Pwij.attov,  'Hpax.XswTwv  Trj  pouXT)  /.al  xm  otj'jxw 
yatpEiv.  La  correction  nécessaire  —  j-axo;  au  lieu  d'  avOjj:axo;  —  a  été  faite 
par  Wilamowitz  (Ind.  schol.  Gotling.  sem.  aest.  1884,  15  ;  cf.  Viereck,  70,  3). 
Mais  je  ne  sais  s'il  faut,  avec  Wilamowitz  et  Viereck,  rendre  Photius  respon- 
sable de  la  confusion  des  deux  titres.  On  remarquera  qu'une  erreur  identique 
se  rencontre  dans  un  décret  de  Priène,  dont  il  sera  reparlé  plus  loin  {Inschr. 
von  Priene,  109,  1.  93);  il  n'est  pas  impossible  que  Memnon  ait,  comme  le 
rédacteur  de  ce  décret,  écrit  par  még:arde  avOj-axo;  au  lieu  d"  J^raxoç.  —  La 
lettre  aux  Hérakléotes  est  attribuée  par  Photius  à  P.  Scipio  {FHG,ibid.!l6.  1)  : 
•jŒxeoov  §£  y.al  rpô;  Kopvr^Àiov  Sxtxt'wva  xôv  xr)v  AiSjtjv  'Pfoijiatotç  zxYiaajxEvov 
8taTC£u.7iouai  (Heracleotae)  TïpsaSsîav,  xrjv  wjj.o)vOY-^(jL£vr]v  cpiXt'av  iTïtX'jpoîUvxcç, 
(2)  jA£xà  xaû'xa  oè  TcâXtv  ~pô;  aùxôv  ^i7.T:pîi[ieùo'Jxa.i,  O'.aÀXoéxxs'.v  x:poç  'Pa)[jiatouç 
à?touvx£;  xôv  PaaiXia 'Avxto)(^ov"  xai  ii75çptŒ[i.a  Tïpô;  aùxov  sypa-^av,  Tcapatvouvxsç 
aùxôv  xT)v  nprjç  'Po}[j.a''ou;  oiaXûaaoôai  'r/ 6pav.  ô  SI  KopvT)Xtoç  xxX.  Mais,  comme 
l'ont  bien  vu  Wilamowitz  et  Viereck,  Photius  se  contredit  un  peu  plus  loin  : 
xà  aùxà  0£  Ac'jxuo  HoTkX'.o;  KopvrîXioç  Sxitzîcov  ô  àosXcpô;  xat  axpaxTjyôi;  xou  vau- 
xixoU  xoïç  'HpaxXetiixatç  0'.a::p£(j|5£uaa[jL£voi;  avx£ypa'|£.  De  ce  passage  il  résulte 
que  l'auteur  de  la  première  lettre  fut  bien  le  consul  Lucius.  —  Les  conclu- 
sions, relatives  à  la  situation  légale  de  P.  Scipio  pendant  l'expédition  d'Asie, 
que  Niese  (II,  721,  1)  a  pensé  tirer  du  texte  de  Memnon,  sont  chimériques, 
Niese  n'ayant  pas  reconnu  l'erreur  de  Photius. 

2.  Le  surnom  SxtTîtwv  doit  être  une  addition  de  Memnon.  Jamais  le  co^nomen 
n'est  indiqué  dans  les  actes  publics  à  une  époque  si  ancienne  icf.  Mommsen, 
Rom.  Forsch.  I,  47  ;  Ges.  Schrlf'len,  VUI,  286;  P.  Foucart,  Mém.  Acad.  Inscr. 
XXXVII,  11,319-320)  ;  on  ne  le  trouve  que  dans  les  décrets  rendus  parles  villes 
grecques  et  dans  les  dédicaces  (cf.  pour  P.  Scipio,  IG,  XI,  4,  712  ;  pour 
L.  Scipio,  Sylloge  -,  588,  1.  90-91,  100-101,  et  ci-après,  p.  21,  note  3).  En 
revanche,  il  paraît  indispensable  d'ajouter  'Pa)[j.atwv  au  titre  consulaire; 
cf.    ci-dessus,  p.  3.   Peut-être,  au  lieu  de  Asûxto;  KopvrjXto;,  lisait-on  dans  la 


DOCUMENTS    D  ORIGINE    CONSULAIRE  i) 

3.  Josèphe  a  reproduit  une  lettre  *,  évidemment  authen- 
tique, écrite  par  le  consul  C.  Fannius  (Strabo)  (cos.  161)  aux 
magistrats  de  Kos,  pour  leur  recommander,  ainsi  que  l'avait 
prescrit  le  Sénat,  les  ambassadeurs  juifs  qui  s'en  retournaient 
de  Rome  en  Judée.  Dans  la  suscription  de  cette  lettre,  (jTpaTv;- 
Yoç  jxaTc;  est  le  titre  donné  à  C.  Fannius  :  Fiioç  <ï>âvvioç  Faicu 
u'.ôç,  G':pO(.Tri-{Qç  uTCaio;,  Ko')0)v  ap-/oua'.  -/aipsiv. 

4.  Pareillement,  le  consul  ou  proconsul  —  selon  toute  vrai- 
semblance, L.  Mummius  (Achaicus)  (cos.  146  ;  pro  cos.  145)  — ■ 
qm  répond  à  une  requête  des  Technites  dionysiaques  de  l'Io- 
nie  et  de  l'Hellespont -,  s'intitule    T-paTr^vcç  ■jr.cc-o:    P(o;j.auov. 

suscription  :  Asixio;  Ilo'Xtou  uio;  KopvrjÀîo;  ;  toutefois,  la  lettre  de  T.  Quinc- 
tius  aux  Chyrétiens  ne  porte  que  Tl'toç  KoÎv/.t'.oç,  et,  dans  les  dédicaces 
faites  à  Délos  par  L.  Scipio,  il  ne  semble  pas  que  son  père  fût  nommé  (Dit- 
tenberger,  Sylloge^,  588,  1.  90-91, 100  ;  cf.  ci-après,  p.  21,  note  3). 

1.  Joseph.  Antiq.  Jud.  XIV.  10.  15,  233  Niese  :  Tdioç  <ï)âvvtoç  Faîou  uio'ç, 
aTpaTYJYo;  G-ato;,  KoSwv  àp-/^ouai  yat'peiv  (SoûXoixat  0;j.a;  sîoÉvai,  oTt  -péajBci; 
'louôatwv  [xoi  TTpoarjXOov  aÇtouvicÇ  Xa^siv  xà  auy/.XrlTOv  00Y[j.aTa  Ta  -îpl  aùnov 
ysyovoTa.  u7:oT£TaxTa'.  8È  xà  Ssôoyp.Éva.  u[;.aç  oùv  ôsÀw  çoovTÎaat  zai  rpovorjaa'. 
TtSv  àvÔpojTiwv  Y.OL'à.  TO  t9î;  auyzXrjTou  Soyfia,  o-coç  O'.à  -fj;  uixsvépa;  yiôçaç,  ctç 
rv^  o'.z£''av  àa^aXto;  àvazouLiaôioaiv.  —  Il  est  superflu  de  revenir  sur  les  inter 
minables  discussions  auxquelles  a  donné  lieu  la  suscription  de  ce  document, 
à  l'époque  où  l'on  croyait  qu'il  avait  pour  auteur  G.  Fannius,  préteur  et  gou- 
verneur de  l'Asie  en  49  :  cf.  les  résumés  de  Hôlzl,  Fasti  prael.  63-64  ;  Viereck 
70-71,  cf.  115  ;  Miinzer,  P-W,  VI,  1991,  s.  v.  Fannius,  9.  Niese  a  établi  de  façon 
décisive  qu'il  s'agit  de  C.  Fannius  C.  f.  (Strabo),  consul  en  161  :  Oriental.  Stu- 
dien  Th.  Nôldeke  gewidmet  (1906),  11,818  sqq.  [Eine  Urkunde  aus  der  Makka- 
bâerzeit). —  L'ambassade  juive  venue  à  Rome  en  161,  après  la  victoire  de 
Juda  Makkabi  sur  Nikanor,  est  mentionnée  dans  I  Macc.  8,  17  sqq.  ;  cf.  II 
Macc.  4,  11;  Joseph.  Ant.  Jud.  XII.  10.  6,  415-416;  Bell.  Jud.  I.  4,38; 
Justin.  XXXVI.  3.  9.  Les  ambassadeurs  étaient  Eupolémos  et  Jason  ;  cf. 
Niese,  thid.  823;  Gesch.  der  gr.  und  mak.  Staat.  III,  254;  Kritik  der  Makka- 
bàerb.  [Hermès,  1900),  501-502  :  Schiirer,  Gesch.  des  jiid.  Volkes,  H,  218.  C'est 
cette  ambassade  qui  aurait  obtenu  du  Sénat  le  traité  d'alliance,  dont  le  texte 
(gravement  altéré)  est  donné  par  I  Macc.  8.  23  sqq.  (Joseph.  Ant.  Jud.  XII. 
10.  6,  417  sqq.).  Sur  l'authenticité  possible  de  ce  traité,  voir,  en  dernier  lieu, 
Taubler,  Imp.  Romannm,  I,  242  sqq. 

2.  IG,  VII,  2414  =  KlafTenbach,  Symholae  ad  histor.  collegiorum  arli/icum 
Bacchioruni  (diss,  Berlin,  1914',  26-27.  —  L'attribution  à  L.  Mummius  a  été 
proposée  par  P.  Foucart  {Rev.  Philol.  1899,  257),  Colin  BCH,  1906,  279,  1), 
Poland  (Gesch.  des  griech.  Verein.swes.  137).  Klaffenbach  {ibid.  25-28)  me 
paraît  avoir  démontré  qu'il  est  bien,  en  effet,  l'auteur  de  cette  lettre,  comme 
aussi  de  la  précédente  (IG,  VII,  2413),  adressée  aux  Technites  de  l'Isthme  et 
de  Némée. 


6  CriXI'ITRR    PREMIER 

La  suscription  de  son  i-escrit  a  été  fort  habilement  restituée 
par  G.  Klafl'enbach  :  [Asjy-io;;  Md;A;j.'.o;|,  atpxTv;YÔç  ij-xtoq 
'P(i);j.a{[wv,  Ttot  y.î'.vwi  xtov  •^spt]  tbv  AiÎvjtov  TsyviT[o)v  twv  It:' 
'Iwvtaç  y,at    'EaXvjïtcôJvtou  xtX. 

o.  Gest  de  la  même  façon  encore  que  se  qualifie  L.  Cal- 
purnius  Piso  (L.  Calpurnius  Piso,  eos.  139  i,  ou  L.  Galpur- 
nius  L.  f.  Piso  (Frug-i),  cos.  133),  lorsqu'il  invite,  sur  l'ordre 
du  Sénat,  les  Itaniens  et  les  Hiérapytniens  à  déférer  leurs 
litiges  à  l'arbitrage  des  Mag-uètes-du-Méandre,  et  leur  com- 
munique le  sénatus-consulte  rendu  à  cet  effet  '-.  La  sen- 
tence des  arbitres  magnètes  reproduit  en  partie  la  suscrip- 
tion  de   la   lettre   consulaire  ^    Celle-ci    commençait  par  les 

J.  Nous  devons  noter  qu'il  n'est  pas  tout  à  fait  sûr  que  Calpurnius  Piso,  con- 
sul en  J39,  ait  eu  pour  prénom  Liicius.  Quelques  soiu-ces  donnent  Cnaeus  \ 
cf.  Kornemann,  Die  neiie  Livius-Epitome  ans  Oxi/rhyiichiis,  63,  73  et  note  3. 

2.  Kern,  Inschr.  von  Magnesia,  105  =  Dittenberger,  Sylloye  -.  92'J,  1.  10-11. 
dont  le  texte  sera  cité  plus  loin  (note  3;  cf.  chap.  II,  p.  94).  —  Boeckh  (CIG. 
.idd.  2561  b)  pensait  que  le  consul  ici  mentionné  est  L.  Calpurnius  L.  f.  Piso, 
qui  fut  en  charge  en  57.  C'était  là  une  erreur,  comme  on  l'a  vu  depuis  long- 
temps ;  mais  il  est  difficile  de  décider  entre  L.  Calpurnius  Piso  consul  en 
139,  et  L.  Calpurnius  L.  f.  Piso  Frugi, consul  en  133.  J.  Klein  {Die  Verivnltunc/sh. 
der  Pi'ovinz.  I,  50)  opine  pour  le  second;  Kern  [ihid .  p.  99'  et  Dittenberger 
( ifti'd.  not.  7)  pour  le  premier;  P.  Viereck  {Genethl.  Golting.  1887,60  sqq.; 
.Sernio  Graecus,  48,  note  au  n.  XXVI)  et  Mûnzer  (P-W,  III,  1382-1383,  s.  v. 
Calpurnius,  73  :  cf.  cependant  P-\V,  VI,  1793  ,  s.  v.  Fabius,  109)  laissent,  avec 
plus  de  raison,  la  question  ouverte.  En  tout  cas,  les  deux  seules  dates  pos- 
sibles sont  139  et  133,  et  l'on  s'étonne  que  Ed.  Cuq,  dans  son  commentaire 
malheureux  du  Sénatas-consalte  de  l'an  166  [sic]  [Mém.  Acad.  Inscr.  XXXIX, 
145,  note  3,  3"),  place,  au  jugé,  "  vers  140  »  le  sénatus-consulte  d'ilani  [sic], 
ainsi  dénommé  parce  que  Itani,  génitif  d'Itanus,  est  le  premier  mot  du 
lemma  dans  les  Inscr.  gr.  ad  res  roman,  pertinentes,  I,  1021.  — On  sait  que 
le  I"  livre  des  Macchabées  contient,  en  l'une  de  ses  parties  les  plus  sus- 
pectes (I  Macc.  15.  16-23),  une  lettre  adressée  au  «  roi  Ptolémée  »  par 
«  Lucius,  consul  romain  »,  lequel  semble  ne  pouvoir  être  que  L.  Calpur- 
nius Piso,  cos.  139.  Le  texte  de  cette  lettre,  tel  qu'il  nous  est  donné,  n'a 
aucun  caractère  d'authenticité  (cf.  Viereck,  93).  Je  me  bornerai  à  faire  obser- 
ver que  la  suscription  Aî'jz'.oç,  ûxaxoç  'Pwjiaîcov,  riToXsaatto  j3aotX£Ï  y  a-'pîtv 
n'est  pas  celle  qu'on  attendrait  d'après  ce  qui  se  lit  à  la  1.  11  de  la  sentence 
arbitrale  des  Magnètes,  qu'il  s'y  agisse  du  consul  de  139  ou  de  celui  de  133. 
Il  faudrait  aToatriyô;  oTcato;  ;  de  plus,  il  est  impossible  que  le  consul  ait  été 
désigné  par  son  seul  prénom. 

3.  Ce  fait  n'a  pas  été  observé  et  mérite  de  l'être.  Voici  ce  qu'on  lit  dans  la 
sentence  des  Magnètes  (I.  10-11)  :  [xatà  xô  yeyojvo;  u7:o  xrîç  auyxXTjTou  Sdyfia 
zat  xaxà  xriv  à;tO!JxaX£Î<ja[v  STtiTXOÀrjv  u^o  A]£[ux'!oii  KaXorcopvi'ou  AeJuxîou 
•j'.co   [\2'.iuy/o;  Txpaxïiyoij  j-xxo'j.  —    Les    derniers    mots   sont    certainement 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    CONSULAIRE  7 

mots  :  As'jy.io;  KaXoTtôpvis;  Asjx'O'j   u-.b-    flsCctov,   (7Tp7-Y;Ybç  jra- 

Il  est  clair,  d'après  ce  qui  précède,  que  c'est  sur  le  modèle 
de  lettres  authentiques  écrites  par  des  consuls,  que  Denys 
d'Halikarnasse  a  fabriqué  la  réponse  de  P.  Valerius  Laevinus 
au  roi  Pyrrhos\  qu'on  peut  lire  dans  un  fragment  du  1.  XIX 

empruntés  à  la  suscription  de  la  lettre  de  L.  Calpurnius  Piso.  Cela  résulte  de 
plusieurs  remarques  :  1°  C'est  seulement  cette  suscription  qui  a  permis  aux 
Magnètes  de  connaître  et  de  reproduire  avec  tant  d'exactitude  le  noinen  legiti- 
mum  de  L.  Calpurnius  L.  f.  Piso  :  rien  n'y  manque,  et  le  prénom,  le  gentilice,  le 
patronymique,  le  surnom  se  suiventdans  l'ordre  correct  où  l'adresse,  calquée 
surun  modèle  latin,  les  énumérait;2°  l'addition,  contraire  à  l'usag-e  grec,  du  mot 
ulo;  (filius)  après  Asj/.tou  ne  s'explique  aussi  que  par  la  transcription  d'un 
texte  grec,  ou  traduit  ou  imité  du  latin  ;  3°  le  titre  de  aTpaTYîyo?  'jttxto;  n'est  pas 
accompagné  de  l'ethnique  'Pwaai'tov  :  or  l'absence  de  l'ethnique,  comme  il  a 
déjà  été  dit,  est  propre  aux  adresses  des  lettres  écrites  de  Rome  par  les 
magistrats  romains  ;  4°  comme  c'est  toujours  le  cas  dans  les  adresses  de  ces 
lettres,  le  titre  du  magistrat  fait  suite  et  forme  apposition  à  son  nom,  au  lieu 
que  les  Grecs  ont  accoutumé  de  le  placer  avant  le  nom  (voir,  dans  la  sentence 
même  des  Magnètes,  la  1.  20).  Les  choses  étant  ainsi,  il  faut  admettre  que  le 
titre  de  atpaTr,YÔ;  Ojcatoç,  attribué  ici  au  consul,  est  bien  celui  que  lui  donnait 
l'adresse  de  sa  lettre.  Comment,  en  effet,  dans  une  transcription  dont  la 
fidélité  est  par  ailleurs  si  manifeste,  les  Magnètes  n'auraient-ils  altéré  que  le 
titre  de  L.  Piso?  Au  reste,  la  preuve  du  contraire  se  pourrait  tirer  du  fait 
que,  par  deux  fois,  dans  leur  sentence,  ils  ont  abrégé  ce  titre  en  arpaTr^Yo: 
(1.  20,  87)  :  quelle  apparence  qu'ils  eussent  employé  cette  abréviation,  si, 
dans  l'écrit  qu'ils  avaient  sous  les  yeux,  L.  Piso  n'avait  été  appelé  qu'iraroç? 
—  Je  note  ici  que,  dans  la  sentence  des  arbitres  milésiens  en  faveur  des  Mes- 
séniens  (Dittenberger,  Sylloge  -,  314,  III,  1.  42-43),  on  a  reproduit  aussi  la 
suscription  de  la  lettre  du  préteur  Q.  Calpurnius,  mais  avec  une  moindre 
fidélité;  c'est  ce  qu'indique  la  place  attribuée  au  titre  de  (JTpaTïiYoç  :  w;  oï  6 
(jTpacTifiYÔ;  ['iYpatj'^î  Ko'-.vtq;  KaXtJiopv.o;  Tatou  ub'ç.  '—  Les  deux  premières 
lignes  du  décret  d'Ilion  en  l'honneur  de  Nikandros  (Dittenberger,  Or. 
gr.  inscr.  443)  suggèrent  une  remarque  semblable.  On  y  trouve  transcrite, 
mais  librement,  l'adresse  de  la  lettre  du  gouverneur  d'Asie, C.  Claudius  Nero, 
aux  magistrats  des  rToiaavriVoî  :  i-Ktl  tou  àvOu^aTOu  Faiou  KXa'jStoj  IIotÙJ.oj 
uioij  NÉpwvo;  ÈTZfcaÇavTo;  toi;  rio'.aavrivàiv  apyo'Ji'.y  y.xX.  Le  titre  d'av6jr:aTo: 
(cf.  ci-après,  p.  16)  a  été,  selon  l'usage  grec,  reporté  avant  le  nom.  —  Dans  le 
passage  de  leur  décret  où  ils  rappellent  la  lettre  qu'ils  ont  reçue  du  préteur 
M.  Aemilius  (Dittenberger,  Sylloge"^,  928,  1.  3-4),  les  Magnètes  ne  se  sont 
nullement  attachés  à  rendre  le  texte  de  la  suscription  ;  ils  ont  écrit  :  ^oi-'^cL^no; 
Se  y.'Xi  TO'j  aToaTriyoij  toÎj  'Pwaaîtov  }ilziy/.o-j  Avx'jX'.ou  ~pô;  x]r^v  r]u.£Tipav 
TîdXtv  xtX.  Tout  ici,  la  simplification  du  nom,  l'addition  de  l'article  devant 
'Pwaaîwv,  la  place  donnée  au  titre  du  magistrat,  montre  qu'il  n'a  pas  été 
tenu  compte  du  formulaire  romain. 
1.  Dionys.  Halic.  Anl.  Rom.  XIX.   10, 


8  CHAPITRE    PREMIER 

de  V Archéologie  romaine.  Cette  réponse  n'est  que  le  divertis- 
sement d'un  rhéteur  qui  s'amuse  à  faire  l'iiistorien  ;  mais  il 
faut  convenir  que  la  suscription  en  est  fort  correcte  :  IIôttXioç 
OjaXspisç  Aaj^ivioç,  (jxpavr^^foq  UTraxo;  'Po)iJ.a'.o)v,  [jacAet  TTupp(.)i 
•/aipîiv  '. 

Ainsi,  depuis  196-194  jusqu'à  139  (ou  133),  c'est-à-dire 
durant  une  période  qui  comprend  à  peu  près  les  deux  premiers 
tiers  du  ii^  siècle,  l'appellation  solennelle  des  consuls,  telle 
que  la  font  connaître  les  suscriptions  de  leurs  lettres,  est,  en 
langue  grecque,  (jTpa-Y^Ybç  j-x-oç.  Dans  notre  première  catégo- 
rie de  documents,  il  n'est  jamais  fait  emploi,  à  cette  époque 
ancienne,  d'un  titre  différent  pour  désigner  le  consul  exerçant 
sa  magistrature. 


Au  i*^"'  siècle,  nous  constatons  un  changement.  Dans 
les  suscriptions  de  leurs  lettres,  les  consuls  s'intitulent 
•jTTaxo'.  '. 

En  73,  lorsque  M.  Terentius  Varro  Lucullus  et  C.  Cassius 
Longinus  écrivent  aux  Oropiens  pour  leur  faire  part  de  la 
décision  qu'ils  ont  prise  en  leur  faveur  et  pour  leur  communi- 
quer le  sénatus-consulte  qui  la  confirme,  ils  s  adressent  à  eux 
en  ces  termes  :  [Maapxjoç  TspsvTicç  Maapxou  u-.oç  Ojappwv 
A£-j/,oaXo^,  Tiioq  Kaatcç  Asu%i[cu  ulbç  AovJyTvoç,  uttoc-oi,  'Qpwâîtov 
âpy^o'jjtv,    ÎjOuX'^,  0T^]ixù\  yocipeiv  ^. 

On  voit  que  l'appellation  consulaire  officielle  est  maintenant 
•jTraxoç    et    non    plus,    comme    auparavant,    (jTpar^vbç    uxaToç. 


1.  Remarquons  seulement  que  le  cognomen  Aapîvtoç  est  sans  cloute  de  trop 
(cf.  ci-dessus,  p.  4,  note  2). 

2.  Ch.  Picard  a  récemment  signalé  [BCH,  1915,  47-48)  une  lettre  consulaire 
qu'il  a  découverte  dans  les  ruines  du  sanctuaire  d'Apollon  Klarios,  près 
de  Kolophon.  Il  ne  subsiste  de  la  suscription  que  le  prénom  du  consul 
(  Aoûzio;)  et  les  mots  :  —  ;  ujcaio;  'PwjAatwv.  Mais,  d'après  les  indications  de 
Ch.  Picard,  il  est  impossible  de  savoir  si  le  S  qui  précède  jTzaTo;  appartenait 
au  mot  [aTpaTïjydjç  ou  au  gentilicium.  Je  n'ai  pas  vu  la  copie  de  l'inscription 
et  ne  puis  avoir  d'opinion  sur  la  date  approximative  («  i"'  siècle  avant  Jésus- 
Christ  »)  que  Ch.  Picard  est  tenté  de  lui  assigner. 

3.  IG,  VII,  413  =  Viereck,  .XVIII  =  Dittenberger,  Sylloge'^,  334,  1.  1-2. 


DOCUMENTS    D  ORIGINE    CONSULAIRE  9 

Désormais,  c'est    uTia-oç  qui  sera  le  titre  régulièrement   joint 
au  nom  des  consuls  '. 

Le  changement  ici  signalé  avait  commencé  de  se  produire 
avant  la  fin  du  ii®  siècle  -.  La  substitution,  rare  ou  fréquente, 
en  tout  cas  possible,  dès  120-115  environ,  du  titre  solennel 
d'J7:aTs;  à  celui  de  Gxpoi.Tr,yhç  uTzaxoq  dans  les  suscriptions  des 
lettres  consulaires  se  peut,  en  effet,  démontrer  indirectement 
par  l'emploi  fait  du  titre  àvOjTTocToç  (au  lieu  de  î-rpa-YJYoç  àvO j- 
r.xxo:)  en  tête  d'une  lettre  qu'écrivit,  à  cette  époque,  un  gou- 
verneur de  Macédoine.  Mais  ceci  demande  une  brève  explica- 
tion. 


1.  On  sait  que  Josèphe  a  inséré  au  1.  XIV  de  son  Archéologie  {Ant.  Jud. 
XIV.  10.  8,  213-216)  une  lettre  écrite  à  la  ville  de  Paros  (et  non  de  Parion ) 
par  un  magistrat  romain  dont  le  nom  est  altéré  dans  les  manuscrits,  et  qu'on 
a  voulu,  peut-être  avec  raison,  identifier  à  P.  Servilius  Isauricus.  proconsul 
et  gouverneur  d'Asie  en  46  et  45  (cf.  sur  cette  question,  le  résumé  de  Viereck, 
101).  Le  magistrat  inconnu  s'intitule  ou,  pour  mieux  parler,  est  censé  s'inti- 
tuler aTpaTYiyo;  GraTo;  'Pojtxx'.oyj.  Sa  lettre  commence  ainsi  :  'louXto;  Fatoç 
u[oao[??],  atpaxriYÔç  G-a-o;  'Pio[iatœv,nap{wv[nap'.avâ)v  codd.Japyouat,  ^ouX^, 
orîu.(o  yat'pEtv.  On  n'a  pas  réussi,  bien  qu'on  s'y  soit  souvent  efîbrcé,  à  éclaircir 
le  sens  qu'aurait  ici  Qxoazr^fài  j-aToç.  En  fait,  cette  appellation  ne  peut  signi- 
fier que  consul,  et,  comme  l'a  bien  vu  Viereck  (101  ;  cf.  115,  70-71),  c'est  par 
une  faute  évidente  qu'elle  a  pris  place  dans  la  suscriptionde  la  lettre.  Sa  pré- 
sence y  est  d'autant  moins  tolérable  que,  dans  le  corps  même  du  texte, 
elle  est  appliquée  à  César  ;;215;  :  Fâioç  Kaïaap  b  r)a£TEpo;  uTça-r^-^àz  <^  /.ac> 
iiTiOL-oi.  Peut-être,  comme  Ta  pensé  Viereck,  faut-il  remplacer  aTpaTriyô; 
•j-aioi;  par  aTcairiYo;  avGJ-aTo;.  Sans  doute,  l'emploi  de  ce  titre  dans  l'adresse 
d'une  lettre  écrite  par  un  gouverneur  provincial  serait,  à  une  époque  si  tardive, 
un  fait  très  anormal  (cf.  ci-après,  p.  16),  mais  il  s'accorderait  bien  avec  l'emploi, 
pareillement  anormal,  du  titre  suranné  de  (JTpaTf|YOç  j-aTo;  attribué  ici  au 
consul.  —  Sur  la  substitution  nécessaire,  dans  le  te.xte  de  Josèphe,  de 
Ilapî'jjv  à  Ilapiavwv,  cf.  A.  Plassart,  iîer.  Biblique,  1914,  533. 

2.  L'acte,  remontant  à  120-110  environ  (cf.  Dessau  dans  Mommsen,  Ges. 
Schriften,  VIII,  347,  4),  qu'on  appelle  improprement  «  sénatus-consulte 
d'Adramyttion  »  (Viereck,  XV  =  Mommsen,  Ges.  Schriften,  Vlll,  345-346),  et 
qui  est,  en  réalité,  une  décision  arbitrale  rendue  par  un  magistrat  en  vertu 
d'un  sénatus-consulte  (cf.  P.  Foucart,  BCH,  1885,  402  ;  Mém.  Acad.  Inscr., 
XXXVII,  I,  338-339;  Mommsen,  Staatsrecht,  III,  967,  4),  débute,  on  le  sait,  par 
un  préambule  en  forme  de  lettre,  analogue  à  celui  qui  précède  le  «  sénatus- 
consulte  dOropos  «).  On  avait  autrefois  pensé  qu'il  y  était  parlé  d'un  consul,  et 
l'on  avait  proposé  de  restituer,  aux  1.  2-3,  [aip JaT[riYVJv  [y-arov]  (P.  Foucart, 
BCH,  1885,  402);  mais  cette  restitution  a  été  reconnue  fautive.  L'auteur  de  la 
décision  était  un  préteur  (aTpaT/,yoç)  dont  le  nom  figurait  à  la  1.  2.  Viereck 
fXV,  p.  22,    note)  et  P.  Foucart     Mém.  Acad.  Inscr.  ihid.)  ont    vu  comment 


10  CHAPITRE    PREMIER 

A  une  date  avancée  dans  le  cours  du  ii"  siècle  \  probable- 

jdcvaicnt  être  l'établies  les  premières  lignes  de  la  lettre:  £Î  ippwaOe,  su  av  ëyor 
uaïî  c'.Oi'vai  (3ouXd;j.eOa  [nom]  ["aTp]a[iïiY]ov  ztX.  [èJKzywy/.oztx  t6[-('j.a.xi  auyy.XrJ]- 
Tou  ztÀ.  Il  est  possible  quelle  ait  été  écrite  par  les  deux  consuls  ;  c'est  dans 
la  suscriplion,  maintenant  perdue,  que  se  seraient  trouvés  leurs  noms. 

1.  La  meilleure  preuve  que  le  titre  àv9Û7raxo;  est  de  création  récente,  c'est 
que  Polybc  le  connaît  à  peine.  Dans  les  parties  conservées  de  ses  Histoires,  on 
n'en  trouve  que  trois  exemples:  XXI.  10.  11  ;  XXI.  ili;  XXVIII.  5.  6.  Encore, 
de  ces  trois  exemples  faut-il  probablement  retrancher  le  premier,  qui  est  des 
plus  suspects.  Je  ne  doute  guère,  en  elïet,  que,  dans  la  phrase  (XXI.  10.  11) 
ot:  TCpô  Toij  tÔv  àvôûjïatov  èXOsiv,  on  ne  doive,  comme  le  voulait  Reiske,  corri- 
ger àvGjTzarov  en  îljraTOv  :  dans  XXI.  10.  7,  où  il  s'agit  exactement  des  mêmes 
circonstances,  on  lit  en  effet:  "w;  yàp  èvor/s-cat  [j-yj  7:poa8£?aii.£vou;  UTuaxov 
/crX.et,  d'autre  part,  T.  Live  écrit  (37.  1!).  6)  :  responsumqiie  Antiocho  est  anle 
consulis  ndreiifum.  de  pace  agi  non  passe.  — Si  l'on  cherche  à  déterminer  la 
signification  qu'a  le  mot  àvGjTïa-oç  chez  Polybe,  c'est  à  XXVIII.  5.  6  qu'il 
faudra  uniquement  s'attacher,  car,  dans  le  court  extrait  XXI.  45,  les  mots 
MaXio;  (Cn.  Manlius  Volso)  ô  ày^ÙTzazoç  sont  dus  à  Vexcerptor.  Examinant 
XXVIII.  5.  fi,  ce  qu'on  remarque  d'abord,  c'est  qu'A.  Hostilius  (cos.  170), 
appelé  là  àvO'j;:axoç,  est,  un  peu  plus  haut  (XXVIII.  3.  1),  qualifié  d'ivitarpà- 
Tïiyoî  :  ainsi  la  terminologie  do  l'olybe  est  encore  singulièrement  incertaine  ; 
il  hésite  entre  àvÔûriaxo;  et  àvTiTTpâTïiyo;  qu'il  regarde  comme  synonymes. 
Ce  qu'on  observe  ensuite,  c'est  que,  dans  les  circonstances  dont  il  s'agit,  à  la 
lin  de  l'hiver  170/169,  A.  Hostilius  n'était  pas  proprement  proconsul  (bien  que 
T.  Live,  traduisant  Polybe,  lui  donne  ce  titre  (43.  17.  9)  :  en  effet,  ses  pou- 
voirs consulaires  n'avaient  pas  été  prorogés  ;  il  faisait  simplement,  le  temps 
de  sa  charge  expiré,  fonctions  de  consul  en  attendant  qu'arrivât  son  succes- 
seur, Q.Marcius  Philippus  :  il  remplaçait  le  consul  absent.  Il  semble  donc  que, 
chez  Polybe,  àv9j::aT0i;  signifie,  non  pas  consul  prorogé,  mais  «  vice-consul  «, 
«  suppléant  du  consul  »,  celui  qui  exerce  par  intérim  les  pouvoirs  consulaires. 
Ce  qui  tend  à  confirmer  cette  interprétation,  c'est,  d'une  part,  que,  plusieurs 
fois,  comme  l'a  remarqué  Mentz  (16),  Polybe,  pour  désigner  le  consul  pro- 
rogé, le  proconsul  véritable,  fait  simplement  usage  de  la  même  dénomination 
(jTpaxTiYd?)  qu'il  emploie  pour  le  consul  en  charge  (cf.  ci-après,  p.  47, 
note  7)  ;  et  c'est,  d'autre  part,  que  le  titre  d'àvTia-pàxrjyo;,  qui  peut  être 
chez  lui,  comme  nojs  l'avons  vu,  l'équivalent  d'avOÛTiaxo;,  lui  sert  à  désigner 
le  légat  consulaire  (XV.  4. 1)  ou  le  commandant  en  sous-ordre,  suppléant  éven- 
tuel du  consul  (III.  106.  2).  Il  est  vraisemblable  que  c'est  dans  la  même  accep- 
tion, assez  différente  de  celle  qu'a  d'ordinaire  le  terme  latin  proconsul,  que  le 
mot  àv9u;:axo;  fut  d'abord  pris  en  Grèce,  d'où  il  est  certainement  originaire. 
On  peut  remarquer  qu'à  Rome  même  on  ne  s'en  servit  qu'assez  tard 
au  sens  exact  de  consul  prorogé.  Dans  le  sénatus-consulte  dit  de  Nar- 
thakion  (Dittenberger,  Si/iiogre  2,  307),  T.  Quinctius  est  encore  appelé  uTîaxo? 
(1.  52,  64)  —  à  la  vérité,  peut-être  par  erreur,  — bien  qu'il  fût  proconsul  à 
l'époque  dont  il  s'agit.  Le  premier  sénatus-consulte  où  «vOj-axo;  soit  employé 
dans  son  acception  définitive  est  celui  pour  Lacédémone  et  Messène  (Ditten- 
berger,  Sylloge-,  314,  1.  54,  64),  qui  est  un  peu  postérieur  à  l'an  140.  L.  Mum- 
mius  (Achaicus'in'a  jamais,  comme  je  l'indique  plus  loin,  fait  usage  de  ce  titre 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    CONSULAIRE  11 

ment  à  partir  de  la  guerre  d'Andriskos  ',  les  Grecs  mirent 
en  usage,  pour  désigner  les  magistrats  romains,  autres 
que  les  consuls,  chargés  de  grands  commandements  mili- 
taires ~  ou  préposés  au  gouvernement  des  provinces,  l'ex- 
pression nouvelle  de  !7-px-r,Y'^ç  âvôû-aT^r.  C'est  ce  que  nous 
ont  appris  depuis  quelque  trente  ans  les  documents  épigra- 
phiques. 

Ces  magistrats  étaient,    soit    des  proconsuls,   soit  des  pré- 
teurs   (ou    propréteurs),  ceux-ci  souvent   investis   du  consu- 


II  semble  d'ailleurs  que  les  consuls  prorogés  aient  longtemps  éprouvé  quelque 
répugnance  à  employer  comme  qualificatif  le  terme  latin  proconsul  :  voir 
ci-après  ce  qui  est  dit  au  sujet  des  miliaires  de    M'.  Aquillius. 

1.  La  plus  ancienne  inscription  où  se  rencontre  le  titre  <J~p'x~r\'(6^  av6j- 
"axo;  est  la  dédicace  de  Thessalonique  (citée  ci-après)  en  l'honneur  de 
Q.  Caecilius  Melellus  (Macédoniens),  laquelle  date  de  14.S,  147  ou  146.  Mais 
on  n'a  pas  la  preuve  que  ce  titre  n'ait  pas  été  déjà  eu  usage  à  une  époque  un 
peu  antérieure.  Poui-quoi,  par  exemple,  le  préteur  P.  Juventius,  qui  fut  le 
premier  général  on\  oyé  contre  Andriskos.  n'aurait-il  point  été  appelé  TToaTr,- 
yo;  àv6'j-aToç  ? 

2.  On  répète  volontiers,  mais  à  tort,  que  le  titre  de  a-cpotTrjyo;  àvOj;:aTo; 
a  été  porté  exclusivement  par  les  gouverneurs  de  provinces.  Nous  connais- 
sons au  moins  deux  personnages  qualifiés  de  la  sorte  qu'on  ne  saurait  sans 
erreur  ranger  dans  celte  catégorie  :  ce  sont  Q.  Caecilius  Metellus  et  M.  Anto- 
nius.  Il  est  bien  vrai  qu'après  la  défaite  d'Andriskos,  Q.  Metellus,  probable- 
ment assisté  d'une  commission  sénatoriale,  organisa  la  province  nouvelle  de 
Macédoine,  et  il  est  vrai  aussi  qu'après  avoir  réduit  les  pirates  ciliciens, 
M.  Antonius  établit  l'autorité  de  Rome  sur  les  territoires  qui  formèrent  le 
noyau  de  la  future  province  de  Gilicie.  Mais  l'objet  propre  de  la  tâché  assi- 
gnée à  Q.  Metellus  était  de  réprimer  l'insurrection  du  Pseudophilippe,  et 
M.  Antonius  eut  d'abord  pour  mission  de  mettre  fin  à  la  piraterie  asiatique. 
Tous  deux  étaient  des  chefs  de  guerre  ;  chacun,  pour  parler  la  langue  en 
usage  à  Rome,  reçut  comme  provincia  la  direction  d'une  expédition  militaire. 
Ni  Metellus  en  Macédoine,  ni  Antoine  en  Asie  n'eurent  charge  d'administrer 
un  pays  sujet  du  Peuple  romain,  puisque  les  provinces  de  Macédoine  et  de 
Cilicie  ne  commencèrent  d'exister  qu'à  la  suite  de  leurs  victoires.  S'ils  furent, 
l'un  et  l'autre,  appelés  par  les  Grecs  TToaT/iyo;  àvÔjrato;,  ce  ne  put  être  en 
tant  que  gouverneurs  provinciaux.  On  remarquera  d'ailleurs  que  la  dédicace 
gravée  à  Rhodes  (cf.  ci-après,  p.  32),  où  M.  Antonius  est  qualifié  de  OTpaTTJYÔ? 
avO'j;i:ato:,  a  été  composée  en  l'honneur  d'un  olFicier  de  la  marine  rhodienne 
qui  avait  pris  part  en  102  à  la  campagne  contre  les  pirates.  Manifestement, 
dans  la  pensée  du  dédicant,  le  titre  de  aipaTriyo;  àvÔû-aroç  s'appliquait  au 
général  sous  lequel  avait  servi  cet  officier,  au  commandant  des  forces 
romaines  et  alliées,  et  non  point  du  tout  au  fondateur  de  la  province  de 
Cilicie. 


12  CHAPITRE    PREMIER 

lare  imperium  '.  Ils  reçurent  tous,  et  quel  que  fût  leur  rang, 
le  titre  de  aTpar^Yo;  âv6j7ra-oç  '.  Telle  fut  leur  appellation 
solennelle,  visiblement  imitée  de  celle  des  consuls.  Il  y  eut 
ainsi,  dans  la  seconde  moitié  du  ii®  siècle,  des  (jTpar/;YCt  àv6tj- 
•îraToi  comme  il  y  avait  auparavant  des  aipair^Yol  uTraiot.  On 
observera  que  le  mot  àv6jT:aTo;  n  avait  point  en  ce  temps-là, 
chez  les  Grecs,  le  sens  précis  de  proconsul,  c'est-à-dire  de 
consul  prorogé  ;  il  signifiait  plutôt  «  celui  qui  fait  office  de 
consul,  qui  tient  la  place  de  consul,  qui  exerce  des  pouvoirs 


1.  Sur  la  cumulation  de  la  préture  et  du  consulare  imperium  par  les  g:ou- 
verneurs  provinciaux  —  d'abord  ceux  des  Espagnes,  puis  ceux  des  provinces 
orientales,  —  il  suffit  de  renvoyer  à  l'exposé  classique  de  Mommsen  (Slaats- 
recht,  II  3,  647-650)  appuyé  de  quantité  d'exemples  (647,  2  ;  648,  1  et  2  ;  650, 
2;  cf,  aussi  Zumpt,  Comment,  epigr.  II,  169).  Mommsen  a  très  clairement 
montré  que  les  préteurs  (ou  propréteurs)  délégués  au  gouvernement  des  pro- 
vinces pouvaient  s'intituler  et  s'intitulaient  ordinairement  «  proconsuls  », 
d'où  l'expression  composée  praetor  pro  consnle,  usitée  dans  les  cz/rsizs  hono- 
rum  {ibid.  650,  2).  Son  erreur,  maintes  fois  reproduite,  est  d'avoir  voulu 
retrouver  dans  le  titre  grec  a-upatriyô;  àvSjraxo;  le  calque  fidèle  du  titre  latin 
praelor  pro  consule,  dans  aTpa-ur]yo';  la  traduction  de  praetor  et  dans 
àvOJ-aTo;  celle  de  proconsul.  Celle  interprétation  est  inexacte,  comme  l'a  fait 
voir  P.  Foucart  [Bev.  Philol.  1890,  261,  262,  269),  se  fondant  principalement 
sur  les  inscriptions  dHalikarnasse(S/7=«n3sAer.  Wien.  Akad.  t.  132  (1894  ,  II, 
29,  1)  et  de  Rhodes  (Dittenberger,  Sylloge-,  332),  où  Sulla  est  qualifie  de 
(rTfairiyo;  àv6'j-aTo;.  Mais  P.  Foucart  s'est  lui-même  gravement  mépris  en 
affirmant  que  le  titre  d'av6u7:a-oç  ne  pouvait  cire  porté  que  par  un  promagis- 
trat, proconsul  ou  propréteur.  La  phrase,  tant  de  fois  commentée,  du  séna- 
tus-consulte  de  112  (Dittenberger,  Sylloge  ~,9S0,l.b9-60  :  Ir.l  rvaîoj  KofVTjXîou 
SiCTEvva  aTpaTY)Y0î3  -q  àvÔu-âiou  i/.sï  ovto;)  n'a  pas  le  sens  qu'on  lui  a  attribué 
et  ne  fournit  ici  aucun  argument,  comme  je  pense  l'avoir  montré  dans  la 
Rev.  Et.  anc.  1917,  157  sqq.  Le  titre  d'  àv6u7:aTo;  n'est  devenu  propre  aux 
magistrats  prorogés  qu'après  l'entrée  en  vigueur  de  la  lex  Cornelia  de  pror/re- 
ciis. 

2.  L'opinion  exprimée  dans  ces  lignes  résulte  de  mes  propres  recherches. 
Elle  concorde  pour  tout  l'essentiel  avec  celle  qu'ont  soutenue,  en  ces  derniers 
temps,  Mïmzer  (P-"W,  IV,  1377-1378,  s.  v.  Cornélius,  208  a-b),  et  surtout 
H.  Gabier,  dans  son  mémoire  sur  la  numismatique  de  la  province  de  Macédoine 
[Zeitschr.  fiir  Numismatik,XXUl,  172).  Je  crois  devoir  citer  ici  la  conclusion 
de  Gabier  :  «  Da  sowohl  Caesar  [L.  Julius  Caesar,  pr.  c.  93-92],  der  sich  selbst 
pr(aetor)  auf  seinen  Mïmzen  nennt,  als  auch  der  Propraetor  [?]  Q.  Caecilius 
Metellus  (Macédoniens)  und  der  Proconsul  Sulla  in  den...  Inschriften 
a-paTr]yà;  àv6j7:aTo;  tituliert  Averden,  ist  vielmehr  der  Schluss  zu  ziehen, 
dass  die  Griechen  seit  dem  J.  148  [?]  mit  diesem  Titel  im  allgemeinen  den 
rômischen  Provinzialstatthalter  bezeichneten  ohne  Rûcksicht  auf  seinen  Rang 
und  ohne  genauere  Unterscheidung  von  Magistratur  und  Promagistratur.  » 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    CONSULAIRE  13 

analogues  à  ceux  du  consul  '  ».  C'est,  en  effet,  sous  cet  aspect, 
comme  successeurs  et  remplaçants  des  consuls  du  temps  de  la 
conquête,  qu'apparurent  aux  Grecs,  depuis  le  milieu  du 
11^  siècle,  les  proconsuls  et  les  magistrats  de  rang  prétorien 
que  Rome  envoyait  parmi  eux. 

J'ai  dit  que  le  titre  de  a-zpy-r{-foq  àvGjTiaToç  pouvait  être 
appliqué  à  des  chefs  d'armées  -,  mais  nous  le  voyons  le  plus 
souvent  donné  à  des  gouverneurs  de  provinces.  Les  inscrip- 
tions nous  font  connaître  une  vingtaine  de  a-^0L-^^^'(z\  âvOu-am  •' : 
il  est  sûr  qu'une  dizaine  de  ces  fonctionnaires  étaient  des  gou- 
verneurs ^,  et  tel  fut  probablement  le  cas  de  la  plupart  des 
autres.  Après  la  création  de  la  province  d'Asie,  le  titre  de 
jTparr,Yb;  àv0  j-a-roc,  régulièrement  attribué  aux  magistrats  qui 
l'administraient,  devint  d'un  usage  si  courant  que  les  Grecs  du 
pays  en  firent  parfois  un  emploi  abusif.  Dans  un  décret  de 
Priène  -^  rendu  vers  l'an  120,  on  l'a  par  inadvertance  donné  à 
M.  Perperna  (cos.  130),  oubliant  qu'il  était  venu  en  Asie,  non 
comme  gouverneur  de  la  province  romaine,  laquelle  en  130 
n'était  pas  encore  constituée,  mais  en  qualité  de  consul,  pour 
combattre  Ainstonikos. 

1.  Cf.  ci-dessus  p.  10,  note  1. 

2.  Tel  est  le  cas  pour  Q.  Gaecilius  Metellus  et  M.  Antonius  (ci-dessus, 
p.  11,  note  2). 

3.  La  dernière  liste  publiée  est  celle  de  P.  Foucart  [Rev.  Philol.  1899,  260 
et  suiv.);  elle  présente  plusieurs  lacunes.  J'en  ai  dressé  une  nouvelle,  que 
je  crois  complète  et  qui  donne  un  total  de  18  ou  19  inscriptions. 

4.  Ce  sont  les  suivants  :  Q.  Minucius  Rufus  (cos.  110),  proconsul  et  gouver- 
neur de  Macédoine  de  109  à  107.  —  Le  aTpaTTjyo;  àv6j-ai:oç,  gouverneur  de 
Macédoine  en  IIS  et  peut-être  identique  à  Cn.  Cornélius  Sisenna,  mentionné 
dans  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  273,  n.  248  a,  1.  1:  cf.  Rev.  Et.  anc. 
1917,  80,  et  ci-après,  ,§  2.  —  Cn.  Cornélius  Sisenna,  gouverneur  de  Macé- 
doine {ihid.  III  (2),  83,  n.  70  b,  1.  3,  où  la  restitution  [aTpaTr,Ywt]  àvOj-âxojt 
rvat'wi  KoovYiXîwi  Sî7£vva'.  est  nécessaire  ;  cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  159). — Le 
sTpa-riyo;  av8j-aTo:,  gouverneur  de  Macédoine,  mentionné  dans  Fouilles  de 
Delphes,  III  (2),  85,  n.  70  i  ;  cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  81,  et  ci-après,  §  2.  —  Le 
aToxiriyô;  av6j-a-o;,  gouverneur  de  Macédoine,  mentionné  dans  BCH,  1903, 
168,  1.  1.  —  L.  Julius  Caesar,  gouverneur  de  Macédoine.  —  Q.  Mucius  Scae- 
vola,  gouverneur  d'Asie.  —  L.  Cornélius  Sulla,  gouverneur  d'Asie.  — 
Q.  Ancharius,  gouverneur  de  Macédoine. —  L.  Coelius  Tamphilus  (?),  gouver- 
neur de  Cypre  ou  de  Cypre  et  de  Cilicie.  —  L.  Calpurnius  Piso,  gouverneur 
d'Asie.  —  Toutes  les  inscriptions  relatives  à  ces  personnages  seront  citées  ou 
mentionnées  ci-après. 

5.  Inschr.  von  Priene,  109,  1.  92-93;  le  te.\te  sera  cité  plus  loin. 


14  CHAPITRE    PREMIER 

Il  est  particulièrement  intéressant  de  trouver  les  deux  titres 
cTpazTiyhq  àvOÛTca-oç  et  (j-pa-rfcbç  jTcaTCç  portés,  à  des  dates 
très  voisines,  par  un  même  personnage.  Le  cas  se  présente 
pour  Q.  Gaecilius  Metellus  (Macédoniens)  K  II  vint  en  148, 
comme  préteur,  en  Macédoine,  afin  d'y  réprimer  l'insurrection 
d  Andriskos  ;  en  147  et  146,  il  fut  prorogé  dans  sa  préture  et 
organisa  la  province  nouvelle;  en  143,  il  fut  élu  consul.  Une 
inscription  honorifique  ~,  qui  date  de  143  ou  d'une  des  années 
suivantes,  le  nomme  Kiivxcç  Kaiy.sXioç  Kcivtcu  MétsaXoç,  a-pa-cv;- 
ybç  uTratoç  Pwf^-aiwv,  ce  qui  est  l'appellation  solennelle  des 
consuls.  Dans  une  autre  inscription  de  même  nature,  mais 
plus  ancienne  et  qui  appartient  k  l'époque  de  sa  préture  ou  de 
sa  propréture  (148-146),  il  est  ainsi  désigné  :  Kôtvto;  KatxéXioç 
Ko'/ncu  MstsaXoç,  axpar/jYbc  àvôÙTcaroç  'P(0|Jiatu)v  ■^.  Voilà  qui 
montre  que,  peu  après  le  milieu  du  ii®  siècle,  on  disait  uzpazr,- 
70;  àvôûzaToç  tout  de  même  que  a-pocvq-foq  uTïa-oç,  et  que  ces 
deux  dénominations  étaient  simultanément  usitées. 

Si  nous  possédions  quelque  lettre  ou  rescrit  émanant  d'un 
gouverneur  de  Macédoine  —  proconsul,  préteur  ou  propréteur 
— ■  et  remontant  aux  premiers  temps  de  la  province,  la 
suscription  en  serait  certainement  celle-ci  :  [Nom]  aTpa--/;Ybç 
àv0ii7;a-oç  l*o)[j,aû.)v  [nom  au  datif]  yoâpivi.  On  se  rappelle  que 
c'est  en  cette  forme  qu'est  libellée  chez  Memnon,  à  la  vérité 
par  Feiret  d'une  méprise,  l'adresse  de  la  lettre  écrite  par 
L.  Scipio   aux  Hérakléotes-du-Pont  ''. 

Le  plus  ancien  rescrit  ayant  pour  auteur  un  gouverneur  de 

1.  Même  cas,  à  une  époque  beaucoup  plus  avancée,  pour  M.  Antonius  ;  cf. 
ci-aprés,  même  chapitre,  p.  30,  32. 

2.  Inschr.  von  Olyhipia,Z^'^-=^  Dittenbcrger,  Syllocfe", 312. 

3.  Mordlniann,  Ath.  Mitl.  1898,  165  -=  P.  Foucart,  Bev.  l'hilol.  1899,  263 
(avec  des  restitutions  plus  complètes)  :  Ko'tvTOv  Kar/.e[X!OV  Koi'vtouMétsXXov], 
aTpaTïiyôv  à[v9'JT:«Tov  'Poj^aattov],  tov  auxfj;  ato[x-^pa  v.aX  xxtaxYiv]  t\  Ti[ok\^\. 
P.  Foucart  attribue  l'inscription  à  Tannée  146  (cf.  ihid.  269),  mais  sans 
preuve.  Elle  peut  dater  tout  aussi  bien  de  147  ou  148.  VEpilome  de  T.  Livc 
découvert  à  Oxyrhynchos  a  montré,  en  effet,  qu'Andriskos  fut  vaincu 
et  pris  dès  148  (Kornemann,  Die  neue  Lii^ius-Epifome  aus  Oxyrhynchus,  23, 
25;  cf.  91-92;  113-114). 

4.  Ci-dessus,  p.  4.  Cf.  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  (p.  9,  note  1)  de  la  restitu- 
tion possible  du  titre  de  axpaxrjyô;  àv6j7i:axoç  en  tête  de  la  lettre  reproduite 
par  Josèphe,  Ant.  Jud.  XIV.  10.  8,  213. 


bOCL'.MÈNtS    d'oRIGIKË    CONSULAIRE  lo 

Macédoine,  qui  nous  ait  été  conservé,  est  celui  de  Q.  Fabius  Q. 
f.  Maximus  (Eburnus)  aux  habitants  de  Dymai  ;  il  débute  par 
ces  mots  :  Kitvxj;  ^i^ioq  Mâ;t|i.oç,  àv6ÛT:a-or  'Po^jj.auov,  Aj[j.a(ojv 
-oiç  dpyo'JGi  y.oi.\  cuvéopotç '/.ai  t^'.  irÔAst  yjxiçtv.v  '.  On  voit  que,  dans 
la  suscription  de  cet  acte,  très  probablement  un  peu  antérieur 
ou  postérieur  à  116,1e  titre  d"àvf)J'::a-oç  P(o[^.aia)v  a  remplacé  celui 
de  aTpx-r,Yb;  âvOÛTra-rcç  'Pw|j.aîcov.  Vers  120-115,  certains  au 
moins  des  gouverneurs  provinciaux  avaient  donc  commencé  de 
modifier,  dans  le  formulaire  de  leurs  lettres,  leur  appellation 
solennelle,  il  paraît  hors  de  doute  que,  vers  le  même  temps, 
les  consuls  en  usaient  ou  pouvaient  user  de  même  sorte  : 
ils  pouvaient,  dans  leur  correspondance  publique,  se  dire,  non 
plus  (r:pon.zT,-(o\  uTua-c  ('Pw.aatwv),  mais  jua-ci  ('P(otJi.ata)v). 


1.  Viereck,  IV  :=  Dittenberger,  Sylloç/e-,  316,  1.  3-4.  A  première  vue,  Tau- 
teur  du  rescrit  peut  être,  comme  l'a  noté  Boeckh  [CIG,  1543),  soit  Q.  Fabius 
Maximus  Aemilianus  (cos.  145),  soit  Q.  Fabius  Maximus  Servilianus  (cos.  142), 
soit  Q.  Fabius  Maximus  Allobrogicus  (cos.  121),  soit  Q.  Fabius  Maximus 
Eburnus  (cos.  116).  W.  Zumpt,  dans  ses  recherches  sur  les  gouverneurs  de 
Macédoine  {Comment,  epigr.  II,  167-172)  a  pensé  qu'il  s'agissait  de  Q.  Ebur- 
nus, et  son  argumentation,  qui  pèche  par  quelques  détails,  a  dans  l'ensemble 
gardé  sa  valeur.  Il  est  suivi  par  H.  Gabier,  le  dernier  érudit  qui  se  soit 
occupé  de  la  question  (Zeitschr.  fur  Niimism.  XXIII.  167);  je  ne  sais  seule- 
ment pourquoi  Gabier  prétend  que  Q.  Eburnus  fut  défait  par  les  Skordistes. 
T.  W.  Beasley,  qui  a  donné  il  y  a  quelques  années  {Class.  Review,  1900,  162- 
163),  une  édition  nouvelle  du  rescrit,  le  veut  attribuer  à  Q.  Fabius  Servilianus, 
mais  ses  raisons,  d'une  extrême  faiblesse,  ne  méritent  pas  la  discussion.  C'est 
à  Q.  Fabius  Aemilianus  que  songe  Miinzer  (P-W,  VI,  1793-179  5,  s.  v.  Fabius, 
109).  Il  croit  que  Q.  Aemilianus  fut  le  chef  de  cette  ambassade  romaine, 
envoyée  en  Crète  vers  140,  dont  il  est  parlé  dans  la  sentence  arbitrale  des 
Magnètes-du-Méandre  (Ditlenberger,  Sylloge  -,  929,  I.  74  ;  remarquer  qu'à 
la  ligne  101,  la  lecture  [*î>]â3'.ov  est  impossible  :  cf.  HoUeaux,  Hermès,  1904, 
80)  ;  qu'à  l'occasion  de  celle  mission,  il  fit  séjour  en  Grèce  ;  et  que,  durant  ce 
séjour,  il  réprima,  comme  il  est  dit  dans  le  rescrit, le  mouvement  insurrection- 
nel qui  avait  éclaté  à  Dymai.  Je  ne  saurais  admettre  ces  dernières  hypothèses. 
Ce  Fabius  —  peut-être  réellement  identique  à  Q.  Aemilianus,  —  qui  vint  en 
Crète  vers  140,  n'était,  à  l'époque,  qu'un  legatus  {Sylloge  -,  929, 1.  74  :  twv 
ÈÀT,À'j6dTwv  v.i  Kpr[Tr,v  7:[p]  sa  Peutwv  tiov  -sol  Ko'tvTOV  «^aliiov)  :  dès  lors, 
comment,  dans  l'intitulé  du  rescrit  adressé  au.x  Dymaiens,  sappellerait-il 
avOuTTato;?  Manifestement,  cet  acte  émane  d'un  gouverneur  de  Macédoine, 
lequel  est  même  assisté  de  son  consilium  (1.  11  :  suvjîouXîou)  ;  et  telle  ne 
pouvait  être  la  qualité  de  l'ambassadeur  mentionné  dans  la  sentence  des 
Magnètes.  Il  n'y  a  nul  rapport  à  établir  entre  la  mission  de  ce  Fabius  en  Crète 
et  la  répression  des  troubles  de  Dymai.  Ajoutons  que,  comme  l'a  montré 
Zumpt  [ihid.  168-169),  il  ne  semble   pas  y  avoir  place,  dans  la  carrière  de  Q. 


16  CHAPlTRIi    PREMIER 

Remarquons,  en  elFet,  qu'à  partir  du  i""  siècle  •,rappellation 
àv6'j7:aTo;  Pwixaiwv  prévaut  décidément  dans  les  intitulés  des 
lettres  et  rescrits  expédiés  par  les  gouverneurs.  C'est  celle 
qu'adopte  Q.  Mucius  Scaevola  écrivant,  en  98,  aux  Ephésiens 
et  aux  Sardianiens  -  ;  c'est  celle  aussi  dont  se  sert,  en  80,  G. 
Glaudius  Nero  sadressant  aux nci[;.av/jvoi  de  Mysie  3. Ceci  cor- 
respond parfaitement  à  la  substitution  constatée,  vers  la  même 
époque,  d'  -j-oc-oq  à  arpa-r^Ybc  jTuaTOç  dans  les  suscriptions  des 
lettres  consulaires.  Nous  avons  ainsi  la  preuve  qu'il  est 
tout  à  fait  légitime  de  faire  usage,  pour  éclaircir  l'histoire  de 
la  titulature  des  consuls,  des  renseignements  fournis  par  la 

Aemilianus,  pour  le  gouvernement  de  la  Macédoine,  et  que  la  même  oljjec- 
tion  doit  aussi  faire  écarter  Q.  Fabius  Servilianus  et  Q.  Fabius  Allobrogi- 
cus  (Zumpt,  ihid.  168).  —  Zumpt  et  Gabier  croient  que  Q.  Eburnus  vint  en 
Macédoine  en  qualité  de  consul,  par  conséquent  en  l'an  116,  et  qu'il  y  demeura 
comme  proconsul  jusqu'en  114.  On  ne  saurait  opposer  à  cette  opinion  que  la 
Macédoine  était  gouvernée  en  116  par  Cn.  Cornélius  Sisenna  (KlafTenbach, 
Symbolae  ad  histor.  colleg.  artif.  Bacch.  44)  ;  car,  ainsi  que  je  l'ai  montré 
récemment  {Bev.  Et.  anc.  1917,  83),  la  date  assignée  par  Klaflenbach  au  gou- 
vernement de  Sisenna  n'est  rien  moins  que  certaine.  D'autre  part,  le  titre  de 
(aipaTïjyôç)  àv9\j::aio;  pouvant  convenir  à  un  propréteur,  rien  n'empêcherait, 
ce  semble,  que  Q.  Eburnus  fût  venu  en  Macédoine  entre  119  (année  de  sa  pré- 
ture)  et  116;  notons,  en  effet,  qu'il  n'est  point  exact,  comme  l'ont  cru  Zumpt 
(166)  et  Gabier  (165-166),  que  L.  Gaecilius  Metellus  Delmatlcus  ait  gouverné 
la  Macédoine,  d'abord  en  qualité  de  consul,  puis  de  proconsul,  de  119  à  117 
(cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  82).  Il  se  peut  enfin  que  Q.  Eburnus  ne  soit  venu  en 
Macédoine  qu'en  115,  auquel  cas  le  titre  de  proconsul  lui  aurait  réellement 
appartenu. 

1.  Signalons  ici  la  lettre  insérée  par  Josèphe  au  1.  XIV  de  V Archéologie 
(Ant.Jud.  XIV.  10.  21,  244-246),  qui  commence  parles  mots  :  Ilo'rrXto;  Sspouî- 
Xio;  IIo^Xîou  uiô;  râXjîa;  (?),  àv6'j;raTo;  ['Pwaa;'wv  ?],  Mt).r]CTiojv  àp/oust,  jBouÀ^, 
oir]'[j.o)  -/ai'pstv.  On  a  longtemps  voulu  qu'elle  appartînt  à  l'époque  de  César  (cf. 
Waddington,  Fastes,  n.  42  ;  Viereck,  108,  1  ;  Haussoullier,  Milet,  258),  et  l'on 
a  pensé  reconnaître  dans  le  Servilius  qui  en  fut  l'auteur,  soit  P.  Scrvilius 
Vatia  (Isauricus),  soit  P.  Servilius  Casca.  Mais  Ad.  Wilhelm  a  montré  par 
d'excellents  arguments  (  Wien.  Jahresh.  1905,  242)  qu'elle  est  probablement 
antérieure  au  i""^  siècle.  L'exemple  qu'elle  présente  du  titre  avOJTiaToç  dans  une 
suscription  pourrait,  en  conséquence,  prendre  place  à  côté  de  celui  qui  nous 
est  offert  par  le  rescrit  de  Q.  Fabius   Maximus  (Eburnus). 

2.  Inschr.  von  Pergamon,  268,  A-B  =  Dittenberger,  Or.gr.  inscr.  437,1  et  II, 
1.  1-2,  25-26. 

3.  Dittenberger,  Or.gr.  inscr.  443,  1.  1-2  (décret  d'Ilion)  ;  cf.  ci-dessus, 
p.  6,  note  3.  On  ne  saurait  s'étonner  que  le  mot  'Pwuai'oiv  manque,  après 
av6J;:aTo;,  dans  la  reproduction  sommaire  que  firent  les  Iliens  de  l'intitulé  de 
cette  lettre. 


DOCmiEIStS    d'origine    COi>SLLAIl!l::  17 

titulature  des  gouverneurs.   Les  changements,  comme  il  était 
naturel,  ont  été  simultanés  de  part  et  d'autre. 

§  2.   Autres  actes  publics  des  consuls. 

A  côté  des  lettres  ou  rescrits  adressés  par  les  consuls  ou  pro- 
consuls à  des  nations,  cités  ou  corporations  de  la  Grèce,  il  con- 
viendrait d'examiner  leurs  autres  actes  administratifs,  édits, 
ordonnances,  jugements,  etc.,  composés  ou  traduits  en  langue 
grecque.  Il  est  évident  que,  dans  les  praescripta  et  les  for- 
mules de  ces  actes,  on  trouverait  leur  appellation  solennelle. 
Malheureusement,  il  ne  nous  est  point  parvenu,  pour  l'époque 
ancienne  qui  nous  intéresse,  de  document  de  cette  catégorie. 

Mais  deux  découvertes  faites  à  Delphes  nous  apportent  ici 
un  renseignement  qui,  pour  être  indirect,  n'en  est  pas  moins 
instructif.  Il  s'agit  de  deux  courts  fragments  d'inscriptions  dont 
nous  devons  la  connaissance  à  G.  Colin.  Chacun  appartenait 
au  début  d'un  acte  qui  avait  pour  auteur  un  gouverneur  de 
Macédoine,  ou  qui,  en  tout  cas,  avait  été  publié  avec  son  assen- 
timent et  sous  sa  surveillance.  Or,  l'un  '  commence  par  cette 
indication  éponymique  :  [stiI  —  —  [nom]  —  —  j-pa- 
r^jvoîi  àvOuTraTCJ   P[a)[A3:îo)Vj — .  Dans  l'autre^,  à  la  première  ligne, 

1.  Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  273,  n.  248  a  :  [  —  £7:1  i^om)  — 
aTpaTriJyoy    àvôuTiàtou    'Prw;jLai'wv,  |    —    —   —  îtou;,  èyq   Maxsodvsç    ajyouatv, 

Tp[t]a-/.oc;TO-:,  [XTi'jôi  'YT.sç,[-i[sps\^ciio-j ]o'.   r.ipl   tt)?    auvepyaata; 

'j7r[o| ■ dujvooou   r.pôi   to  [ 'AyaÔozXsou?    'A0r,va| 

[t'ou??] Asux.i'ou 'jî[ou ].   _   Sur  ce  fragment,   certainement 

relatif  à  la  querelle  bien  connue  des  Techniles  dionysiaques,  et  sur  l'identité 
possible  du  gouverneur  de  Macédoine  ici  nommé  et  de  Cn.  Cornélius  Sisenna, 
cf.  les  observations  que  j'ai  présentées  dans  la  Rev.  Et.  anc.  1917,  80  sqq.  — 
G.  Colin  a  publié  un  autre  fragment  d'inscription,  très  analogue  à  celui-ci, 
dans  lequel  la  restitution   des  mots    aTpaxï]yôç  àvOÛTuaxo;  semble  nécessaire  : 

{Fouilles de  Delphes,  lll  {2), 85, n.  70  i  =BCH,  1S99,  55,  n.  969)  :  [ £7:1  (nom 

àpyojvxo?,  Mat[i.[ay.TYiptGvoç  (?) | kizl  {nom)  aTpa-yjyoij  âv]6u7:à- 

Tou  [Twaaicov  —  | £'':o]u;,  oj;  Ma-/.[£86vc;  ayouŒtv, ].    On    notera 

que,  selon  G.  Colin  {BCH,  ibid.  50),  ce  fragment  pourrait  appartenir  au  début 
de  la  convention  conclue  à  Pella  par  les  délégués  des  deux  collèges  de  Tech- 
nites;  en  ce  cas,  le  axpaTviyo;  àvÔj7:aT0?  serait  Cn.  Cornélius  Sisenna  (cf.  Rev. 
Et.  anc.  1917,  81). 

2.  Colin,  BCH,  1903,  168-169.  1.  1  :  [(A'om) ]ç  aipaTTiyo;  àvO[Û7:aToç] 

—  —  — ]d6ïiaav  'A[j.[^f/.Tuo  —  —  —  xtX. 

HOLLEAUX.  —  ilTpaTYiyôç  unoLzoç .  2 


iiS  CttAPlTHE   PtlÈMlEft 

par  conséquent,  semble-t-il,  dans  une  formule  d'intitulé,  le 
gouverneur  se  désignait  ou  était  désigné  encore  par  le  titre 
de  G-px-r,Yoi  àvÔJ-a-cç  ('Po)[j.awov). 

De  là  on  est  autorisé  à  conclure  que  l'appellation  solennelle 
employée  par  les  consuls  dans  le  formulaire  de  tous  leurs 
actes  administratifs  était  aipaT-r^vôç  ij-aioç,  c'est-à-dire  la 
même,  comme  il  s'y  fallait  attendre,  qu'ils  employaient  aussi 
dans  les  suscriptions  de  leurs  lettres  et  rescrits. 

L'acte  d'où  provient  le  premier  des  deux  fragments  recueil- 
lis à  Delphes  est  attribué,  non  sans  réserve,  par  le  très  dili- 
gent éditeur  à  l'an  106.  Mais  cet  acte  porte  sa  date  en  lui- 
même  ;  l'intitulé  contient  les  mots  :  ['ézcuç,  wç  Maxeciveç 
aJYCUffiv,  Tp['-]a/,ca-ou,  y-ryoç  'Yizzp'^lzpz'aio'j]  '.  L'ère  étant  l'ère 
macédonienne^,  qui  commence  en  Dios  148,  le  mois  Hyper- 
bérétaios  de  la  30®  année  correspond  à  août-septembre  H  8 
avant  l'ère  chrétienne.  Et  quant  à  l'acte  d'où  provient  le 
second  fragment,  il  appartient  certainement  à  une  année  fort 
voisine  ^.  Gomme  le  titre  de  (jxpaTYjvbç  uiratcç  a  pu  demeurer 
aussi  longtemps  dans  l'usage  officiel  que  le  titre  similaire  de 
ffTpaxr^Yb;  xvOÛTîaToç,  on  doit  croire  que,  peu  après  l'an  120,  il  est 
encore  arrivé  aux  consuls  de  se  qualifier  publiquement  de 
ffTpar^Yoi  uTraxct.  Il  faut  donc  se  garder  de  tirer  une  conclusion 
trop  générale  et  trop  rigoureuse  de  la  présence  du  titre  àv6j- 
Traxoç  dans  la  suscription  de  la  lettre  écrite,  vers  116,  par  Q. 
Fabius  Maximus  au  peuple  de  Dymai.  Aux  environs  des  années 
120-Ho,  il  semble  que  l'appellation  consulaire  pût  avoir 
deux  formes,  l'une  plus  développée  —  c'était  la  forme  primi- 
tive — ,  l'autre  plus  brève  —  c'était  la  forme  nouvelle. 


1.  Cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  81. 

2.  Sur  cette  ère,    cf.  Ad.  ^^'^lhelm,  Beilr.  zur   (jriech.  Inschriflenk.   114; 
Rev.  Et.  anc.  1917,  81. 

3.  Cf.  Colin,  BCH,  1903,  167-171.  L'acte  paraît  se  rattacher  aux  décisions  des 
Amphiktions  relatives  au  recouvrement  des  biens  dus  à  Apollon  et  à  la 
reconstitution  de  la  fortune  du  dieu  (cf.  Colin,  ibid.  104  sqq.  :  inscription  pla- 
cée, à  Delphes,  au-dessus  du  monument  bilingue)  ;  il  serait  donc  un  peu  plus 
récent  que  Tarchontat  delphique  d'Kukleidas  ((i/d.  171).  Cet  arcliontat  avait 
été  jusqu'ici  daté  de  117/116  :  j'ai  l'ait  voir  [Bev.  Et.  anc.  1917,  80j  que  cette 
date  est  arbitraire  ;  mais  il  est  sûr  que  Terreur,  si  erreur  il  y  a,  est  peu  con- 
sidérable. 


Documents  d'origine  consl-lairè  19 

§  3.   Inscriptions  placées  par  les  consuls  sur  des  monuments 
d'utilité  publique. 

Dans  les  inscriptions  qu'ont  fait  graver  les  consuls  séjour- 
nant en  pays  grec  sur  les  monuments  d'utilité  publique  élevés 
par  leurs  soins,  le  titre  joint  à  leur  nom  a  dû  être  nécessaire- 
ment l'appellation  solennelle. 

Nous  ne  possédons  pas  d'inscriptions  de  cette  sorte  offrant 
le  titre  Gxpy.x-qY'^ç  uxaTcç  ;  mais  il  n'y  aucune  conclusion  à  tirer 
de  là.  On  observera,  en  elTet,  que  la  classe  de  documents  dont 
il  s'agit  ici  n'est  pas  représentée  pour  les  soixante-dix  pre- 
mières années  du  ii*^  siècle.  Les  plus  anciennes  inscriptions, 
appartenant  à  cette  classe,  que  nous  puissions  consulter  sont 
celles  que  M'.  Aquillius  fit  placer  sur  les  miliaires  dressés, 
en  Asie,  le  long  des  routes  qu'il  avait  construites  ou  réparées  '. 
M'.  Aquillius,  qui  organisa  VAsia  provincia,  l'administra  trois 
ans  de  suite,  en  129  en  qualité  de  consul,  en  128  et  127  en 
qualité  de  proconsul  ;  c'est  dans  ce  laps  de  trois  ans  que 
furent  gravées  les  inscriptions  des  miliaires. 

Ces  inscriptions,  toutes  identiques,  sont  bilingues  et  conçues 
comme  il  suit  :  M'.  Aquillius  M.  f.  cos.  ||  Mavior  'Av.ù'ÙMq 
Mavîou  uTraToç    P(*);.>.a^ojv. 

L'addition  du  mot  'Po);j.aîojv  suffirait  à  montrer  que  nous 
avons  ici  Tap^jellation  solennelle.  Ainsi,  peu  après  l'an  130,  il 
s'est  trouvé  un  consul  au  moins,  qui  s'intitulait  déjà  publi- 
quement uTCa-cç  'Po);xaiojv  au  lieu  de  a-py.xT,'(lq  'Jr.a-cq  'Po)[j.aio)v. 
Bornons-nous,  pour  le  moment,  à  enregistrer  le  fait. 


1.  CIL,  III,  479  (inscription  complétée  par  Haussoullicr.  /ter.  Pliilol.  1899, 
296),  6093  ;  Suppl.  7177,  71S3.  7184,  7205,  cf.  14202  *.  —  Sur  les  travau.x  de  voi- 
rie dirigés  par  M'.  Aquillius  et  sur  leur  durée,  voir  P.  Foucart,  Mém.  AcacL 
Inscr.  XXXVII,  I,  331.  L'auteur  de  ce  mémoire  fait  observer  avec  raison 
qu'il  n'est  pas  croyable  que  ces  travaux  aient  été  entièrement  exécutés  dans 
la  première  année  du  gouvernement  d'Aquillius.  Si  celui-ci,  sur  tous  les 
miliaires  connus,  prend  le  titre  de  consii/ et  jamais  de  proconsul,  la  raison 
en  doit  être  que  proconsul  n'était  pas  encore,  à  l'époque,  une  appellation 
régulièrement  usitée  pour  désigner  le  consul  prorogé  par  décret  du  peuple. 


20  CHAPITRE    PKE3IIER 

§    4.    Inscriptions    dédicntoires    composées   par   les    consuls. 

Quand  les  consuls  en  mission  dans  les  pays  grecs  enrichis- 
saient de  donations  les  villes  et  les  sanctuaires,  élevaient  des 
monuments  aux  dieux  ou  s'en  élevaient  à  eux-mêmes,  ils 
agissaient  moins,  à  l'ordinaire,  en  qualité  de  magistrats  du 
Peuple  romain  qu'en  leur  nom  personnel. 

Dans  la  rédaction  des  dédicaces  jointes  aux  offrandes  ou 
aux  monuments  qu'ils  consacraient,  ils  n'étaient  dès  lors  tenus 
à  aucune  règle.  Ils  s'y  pouvaient  désigner  de  la  façon  qui  leur 
agréait  le  mieux.  Ils  étaient  libres  ou  de  n'ajouter  à  leur 
nom  aucun  titi^e,  ou  de  faire  usage  de  l'appellation  solen- 
nelle de  leur  fonction,  ou  de  se  servir,  si  la  chose  était  pos- 
sible, d'une  appellation  simplifiée.  Ces  trois  cas  se  sont  pré- 
sentés. 

T.  (Quinctius  Flamininus),  par  une  recherche  de  simplicité 
quil  jugeait  sans  doute  élégante,  semble,  dans  ses  dédicaces 
aux  dieux  de  la  Grèce,  n'avoir  jamais  voulu  s'appeler  que 
TiTOç  'Più\).!xioç  (ou  Ti-oq  h  Alveioac).  Les  inscriptions  jointes 
aux  boucliers  d'argent  et  aux  couronnes  d'or,  qu'il  consacra 
dans  les  sanctuaires  de  Délos  et  de  Delphes,  le  désignaient 
ainsi  ^  Entre  198  et  191,  le  même  usage  fut  suivi  par  quelques 
magistrats.  L.  (Quinctius  Flamininus)  (pr.  198-194),  A. 
(Atilius  Serranus)  (pr.  192),  C.  Livius  (Salinator)  (pr.  191) 
figurent  comme  donateurs,  dans  les   inventaires  du  trésor  de 


1.  Délos:  /G,  XI,  3,  442  =  Dittenberger,  Sylloge-,  5S1S.  1.  178  :  àa-U 
àpY'Jpà,  TiTOu  'Ptoaatou  [avâOSjaa]  ;  1.  86-87  :  a-éçavo;  yp'jcroij;,  Tîtou  àvâOï;j.a 
'Peojxa'ou  ;  1.  89  •.  axiçavo;  ypuuouç,  ov  àvcOrj/.ev  Ti'xo;  'PtufjLaïûç.  Le  texte  des 
dédicaces  jointes  aux  offrandes  consacrées  à  Delphes  est  donné  par  Plutarquc, 
Titus,  12.  Dans  l'une  de  celles-ci,  Flamininus  se  qualifie  de  Aîvtaoàv  Tayo; 
[xÉyaç  ;  personne,  je  pense,  ne  considérera  cette  périphrase  grandiloquente 
comme  le  titre  d'une  magistrature. —  La  suppression  du  gentilicium  Kofvxtto; 
dans  toutes  les  inscriptions  dédicatoires  composées  par  Flamininus  (cf.  le 
décret  de  Lampsaque  pour  Hégésias  :  Dittenberger,  Sylloge  2,  276,  1.  68)  est 
aussi  un  fait  digne  de  remarque,  sur  lequel  Mommsen  a  justement  appelé 
l'attention  {Ges.  Schriften,    VIII,  548-549)  :  «  genlilicid  Roniana  abhorrent  a 

coiisuetudine  Gniecâ ».  11  semble  que  le  plus  «  philhellcne  »  des  Romains 

ait  lait  effort  pour  helléniser  son   nom  et  lui  enlever  son  aspect  étranger. 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    CONSULAIRfc;  21 

Délos,  sous  les  noms  de    Aejx'.s?    'Pw;j.aicç,  AjXs;    'Pojy.xfcç, 

Mais  déjà,  lorsqu'il  consacra,  en  193,  une  couronne  dor  à 
Apollon  Délien,  P.  Cornélius  (Scipio  Africanus),  rappelant 
son  consulat  de  Tannée  précédente,  s'intitula  aTpaxYjYÔ?  j-atoç 
'P(i)jj.aiwv  2.  Et  la  couronne  dor  offerte  au  même  dieu,  en  189, 
par  son  frère  L.  Cornélius  Scipio  (Asiagenus)  (cos.  190)  por- 
tait une  inscription  semblable  •\  Ce  sont  les  plus  anciens 
exemples,  à  nous  connus,  dans  des  dédicaces  faites  par  des 
consuls,  de  cette  appellation  que  nous  avons  vu  être  leur 
appellation  solennelle. 

On  la  retrouve  dans  toutes  les  inscriptions  des  nombreuses 
offrandes  consacrées  par  L.  Mummius  (Achaicus)  (cos.  146  ; 
pro  cos.  143)  '*.  Sur   les  piédestaux  des  statues  et  des  monu- 

1.  iG,  XI,  3,  442  =  Dittenberger.  Sylloge  -.  588,  1.  85,  86.  Noter  encore  la 
suppression,  deux  fois  répétée,  du  gentilicium  ;  on  peut  croire  que  L.  Quinc- 
tiuset  A.  Atilius  se  conformèrent  à   lexemple  qu'avait  donné  T.   Quinctius, 

2.  IG,  XI,  3,  442  =  Dittenberger,  Sylloge  2,  588,  1.  102  :  atÉçavov  yçyj'jrrxj 
SàçvT);  à::typaçï]v  è'yovTa*  Y16~A'.o;  tlo-Xtou  KopvrJ?vto;,  aTpaxYjYor  uT^aTo; 
'Pwaaîwv.  Sur  les  circonstances  de  cette  consécration,  cf.  mes  observations 
dans  Hermès,  1913,  93-94.  L'emploi,  quelque  peu  abusif,  qu'a  fait  P.  Scipio 
de  son  titre  de  consul  après  l'expiration  de  sa  charge,  n'est  pas  sans  exemple. 
L.  Mummius,  comme  nous  Talions  voir,  s'est  qualifié  de  consul  avec  la  même 
liberté,  dans  les  dédicaces  des  offrandes  qu'il  consacra  en  Italie. 

3.  /G, XI,  3,  442  =  Dittenberger,  Sy^ogre  2,  588,1.  100-101  :  aXXo?  aiÉi-avo; 
ypuaou;  Sfudç,  àvâ6£[JLa  Ahuxiou  KopvïiÀ;o-j  Sy.i-îwvo;  aToarriyoù"  'j-d-o-j 
'Poj;j.atwv.  L'offrande  fut  déposée  dans  le  sanctuaire  de  Délos  par  L.  Scipio  à 
son  retour  d'Asie,  après  qu'il  eut  résigné  ses  fonctions  consulaires  et  remis  à 
son  successeur,  Cn.  Manlius  Volso,  le  commandement  de  l'armée  :  cf.  Hermès, 
1913,  94.  —  Les  deux  autres  couronnes  d'or  mentionnées  dans  l'inventaire 
délien  (ihid.  l.  90-91),  que  L.  Scipio,  alors  préteur  (atpa-rjyo;  'Pa)[j.aîojv), 
consacra  ou  plutôt  fit  consacrer  par  son  frère,  remontent  à  l'année  193  :  cf. 
Hermès,  ihid.  95-96. 

4.  Il  paraît  certain  que  L.  Mummius  demeura  en  Grèce  durant  la  majeure 
partie  de  l'année  145,  par  conséquent  en  qualité  de  proconsul  (cf.  Zumpt, 
Comment,  epigr.  Il,  164;  Niese,  Gesch.der  gr.  und  maked.  Staaten,  III,  352- 
353;  Gabier,  Zeitschr.  fur  I\'umism.  XXIII,  156);  cf.,  dans  le  sénatus-consulte 
pour  Lacédémone  et  Messène  (Dittenberger,  Sylloge^,31i,  1.54,  64),  la  phrase  : 
0T£  Aeûzio;  MdjJLiiioç  û-aTOç  ïj  av6'j-aT0;  âv  ây.si'vr)'.  -f^i  ÈTiaoysiai  ÈylvETO. 
Certains  des  monuments  qu'il  consacra  datent  évidemment  de  son  proconsu- 
lat. Cependant,  sur  tous  sans  exception,  il  a  pris  le  titre  de  aTpaTr,YÔ;  G-aro;. 
Il  faut  conclure  de  là,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  à  propos  de  M'.  Aquillius, 
que  le  titre  de  proconsul,  et  à  plus  forte  raison  celui  d'  àvOj-aTOç,  n'étaient 
point  encore  entrés  dans  l'usage  ordinaire. 


22  CIIAPTTRF    PREMIER 

ments  qu'il  s'appropria  pour  en  faire  hommac^e  à  Zeus  Olym- 
pien (Olympie)  ',  a  Apollon,  Asklépios  et  Hygieia(Epidaure)  -, 
à  Athéna  Polias  (Tégée)  -^  «  aux  dieux  »  (Thèbes  et  Thespies)  '\ 
il  est  dit  uniformément  Asjyao;  Mb[j.\).ioç  Asuxbj,  Q-px-T,fo:  j^a- 
-oç,  'P(<);j.aûov.  La  formule  est  semblable  sur  le  socle  de  la  sta- 
tue qu'il  se  fit  ériger  à  Thèbes  '.  C'était  la  même  encore,  sans 
aucun  doute,  qui  se  lisait  au-dessous  de  la  statue  qu'il  voulut 
avoir  près  d'Oropos  '\  dans  l'enceinte  de  l'Amphiaraeion  '' . 

L'inscription  par  laquelle  P.  Cornélius  Scipio  Africanus 
(Aemilianus)  (cos.  147;procos.  146)  dédia  aux  Himéréens  de 
Thermae  les  œuvres  d'art  que  leur  avaient  jadis  ravies  les 
Puniques,  et  qu'il  avait  recouvrées  lors  de  la  prise  de  Car- 
thage,  doit  nous  retenir  un  moment.  En  voici  le  texte,  rétabli 
par  G.  Kaibel  :  [nÔTr/asç]  KopvY;/a[oç  llo'^z/âou  u'.b;  ^-Ai-kù'*  'Aœpi- 
y.xjvbç,  uzoLzoz,  k[T.x'ty.7.0[)A(Jxy.tvcç  èx  Kapy;^o:v]:ç  toÙ;  à;  'liJ.iplocq 
(juAr/JsvTa;  àvopiàvTaç]  'l\xepai[oiç  0£p[M-ravcîç]  ^.  On  voit  que 
P.  Scipio  se  qualifie  ici  d'uTratoç  et  non  de  urpat/;';":;  'jt.x-c:. 
D'autre  part,  l'omission  du  déterminatif  'Po);aocîwv,  qu'au 
II""  siècle  les  magistrats  romains  ne  manquaient  jamais,  à 
l'étranger,  de  joindre  à  leur  titre  9,  mérite  aussi  d'être  remar- 

1.  Inschr.  von  Olympia,  278  (cf.  279);  280  (cf.  281)  :  Aeûxio;  Mou.[j.coç  Aî'j- 
y.lryj  ufdç,  apiaTTjYÔç  û;:aTOç  'Pw[j.aîa>v,  Ad  'OXu[Ji:n'wi. 

2.  IG,  IV,  IIS.'Î  :  Aeûxto;  Moa[xio:  Ae'jxiou,  atpa-Y)YÔ;  u::aTOç  'Poj-Aaîtov, 
'A;i6XXti)vt,  'ApxéfxiBi,  'Tys'ai. 

3.  /G,  V,  2,  77  :  Asû/ioç  Mo;xaio;  Asuy.t'ou,  a"cpaTY|[Yo;  Gna-co;  'PwiAaiwv, 
'AOïivai  rioXtâSt].  Restitution  de  Hiller  von  Gartring:en. 

4.  IG,  VII,  2  578  ;  1808:  Asu/.to;  Mda[J.ioç  Asuxiou,  atoaTriyo;  Ci-aro;  'Pwaaiwv, 
xoï;  Oeoï?. 

3.  IG,  VII,  2478  a  :  [Asûx'.jo;  Moiaixio?  Asuxîou,  a[Tp]aTïiY6;  uTraxo;  Twii.ai'fjjv. 

6.  /G,  VII,  433  :  [Az-jy.i]oç  Mda;j.to;  A£u[xtou,  ^xpaxT^yô;  {iraxoç  Twfxawov]. 
Restitution  de  Dittenberg^r. 

7.  Rappelons,  à  ce  propos,  que  Mummius  prend  constamment  le  titre  de 
consul  (une  seule  fois  celui  d'imperaior  :  CIL,  II,  1110  =  Dessau,  21  d)  dans 
les  dédicaces  des  œuvres  d'art  consacrées  par  ses  soins,  en  Italie  et  dans  les 
provinces,  après  la  campagne  d'Achaïe  (Dessau,  20-21  d). 

8.  IG,  XIV,  315  =  Dittenberger,  Sylloge  -,  311  =  Dessau,  8769.  Sur  les  cir- 
constances historiques  auxquelles  se  rapporte  cette  inscription,  voir  Kaibel, 
Hermès,  1883,  157. 

9.  C'est  ce  que  montrent,  pour  la  Grèce  propre  et  la  Grèce  d'Asie,  toutes 
les  inscriptions  que  nous  avons  passées  en  revue  jusqu'ici.  On  y  joindra,  pour 
la  Grande-Grèce,   le  décret  de  Rhégion  en  l'honneur  du  préteur  Cn.  Aufidius 


INSCRIPTIONS    DÉDICATOIRRS    DES    ITALIENS    DE    DÉLOS  23 

quée.  Elle  donne  à  croire  que  le  mot  JzaTo;  est  ici  une  simpli- 
fication de  l'appellation  solennelle  arpar^Y^ç  Cl-aToç,  plutôt 
que  l'appellation  solennelle  de  forme  récente  —  (izaTs; 
'Po);j.ai(jjv,  O'-xToç  — ,  dont  le  premier  exemple  certain  nous  a 
été  fourni  par  les  miliaires  de  M  .  Aquillius. 

II.  —  Inscriptions  dédicatoires  provenant  des  Italiens 
de  Délos. 

A  la  suite  des  documents  provenant  des  consuls  et  qui 
sont  donc  d'orig-ine  romaine)  je  crois  devoir  ranger  un  petit 
groupe  d'inscriptions  dont  le  caractère  est  unique.  Ce  qui  leur 
est  spécial,  c'est  que,  bien  que  composées  en  Grèce  par  des 
personnes  qui  y  avaient  fixé  leur  domicile,  1  origine  en  est 
italique,  et  que  par  suite  les  dates  y  sont  marquées  au  moyen 
de  l'éponymie  consulaire. 

Ces  inscriptions  sont  cinq  dédicaces  qui  ont  eu  pour  auteurs 
les  collegia.  d'Italiens  établis  à  Délos  ^  ;  chacune  se  termine 
par  la  mention  des  consuls  qui  étaient  en  fonctions  Tannée 
où  fut  faite  la  dédicace.  Ce  sont,  à  ma  connaissance,  les  plus 
anciennes  inscriptions  découvertes  en  Grèce  qui  soient  datées 
de  la  sorte. 

Voici  la  liste  de  ces  cinq  dédicaces  (la  première  est  bilingue, 
latine  et  grecque  ;  les  quatre  autres  ne  sont  rédigées  qu'en 
grec)  : 

\.  Dédicace  d'une  statue  d'Héraklès,  consacrée  par  les 
fonctionnaires  religieux  appelés  en  latin  magistreis  Mirquri, 
Apollinis,    Neptuni,    et  en    grec     'Ep;j,ai(7Tai,    ' A-z'/S/Mr/iuc-xi, 


T.  f.  {/G,  XIV,  612  =  Dittenberger,  Sylloge^,  323)  :  celui-ci  est  appelé  à 
deux  reprises  (1.  2-3)  ô  a^patayoç  -wv  'P(oaa;a)v,  aToaTayô;  'Pruaaiwv. 
Ce  décret  semble  d'une  date  avancée  ;cf.  la  note  de  Mommsen  à  IG,  XIV, 
612):  la  dédicace  de  Thermae  est  assurément  beaucoup  plus  ancienne,  et  l'ab- 
sence du  mot  'PwîjLaîtov  ne  peut  dès  lors  s'expliquer  que  par  une  abréviation 
dont  P.  Scipio  est  seul  responsable. 

1.  Sur  ces  collèges,  voir,  en  général,  J.  Hatzfeld,  BCH.  \9V2,  153  sqq., 
P.  Roussel,  Délos  colonie  athénienne,  76  sqq.  ;  A.  E.  R.  Boack,  Class.  Philo- 
logy,  1916,  25-45. 


24  CHAPITRE    PREMIER 

ncffS'.oo)v'.a(j-:ai  ',  sous  le  consulat  de  Gn.  Papirius  (Garbo)  et  de 
G.  Gaecilius  (Metellus  Gaprarius),  en  l'an  113  *  ; 

2.  Dédicace  d  une  statue  du  même  dieu,  consacrée  'Hpav.Xsï 
•/.al  'Itxa'./.iT;  par  les  mêmes  fonctionnaires,  sous  le  consulat 
de  Gn.  Gornelius  Lentulus  et  de  P.  Licinius  Grassus,  en 
l'an  97  ^  ; 

3.  Dédicace  d'vine  statue  de  Rome,  consacrée  par  les  délé- 
gués de  l'association  des  Gompétaliastes.  sous  le  consulat  de 
G.  Goelius  (Galdus)  et  de  L.  Domitius  (Ahenobarbus)  en 
l'an  94  '-  ; 

4.  Dédicace  dune  statue  d'Héraklès,  consacrée  par  les 
mêmes  fonctionnaires,  sous  le  consulat  de  G.  Valerius  (Flac- 
cus)  et  de  M.  Herennius,  en  Tan  93  •'; 

5.  Dédicace  d'un  monument,  consacré  à  Apollon  et  aux 
'lTaA',7.0''  par  les  Hermaïstes,  les  Apolloniastes  et  les  Poseido- 
niastes,  sous  le  consulat  de  L.  Licinius  Lucullus  et  de 
M.  Aurelius  Gotta,  en  l'an  74  ^. 

On  doit  admettre  que,  comme  il  est  de  règle  dans  les  indi- 
cations éponymiques,  c'est  le  titre  officiel  des  consuls  que 
nous  trouvons  ici  exprimé,  et,  déplus,  que  les  Italiens,  auteurs 
de  ces  dédicaces,  ont  donné  à  ce  titre  la  forme  qu'on  lui  don- 
nait, à  la  même  époque,  dans  les  documents  d'origine  romaine 


1.  Que  les  'Epij.aia-at,  'A'oXXfovtaaTaî,  noas'.oojv'.aata;  mentionnés  dans  nos 
dédicaces  1,  2  et  5  soient  des  fonctionnaires  naturellement  identiques  aux 
magistreis  Mirquri  etc.)  qui  exercent  une  charge  annuelle,  c'est  ce  que 
montre  à  Tévidence  la  formule  'Ep[j.aîa-al  xtX.  i-svo'tJLevoi  (ou  oi  y£vo|j.£vo'.)  è-l 
'jTzdzM'f  7.-1.  :  voir,  à  ce  sujet,  les  bonnes  remarques  de  J.  Ilatzfeld,  BCH, 
1912,  177-178;  cf.  162.  Mais  il  ne  paraît  pas  douteux,  comme  l'a  indiqué 
Hatzfeld,  que  les  mêmes  noms  désignent  aussi  les  associations  ou  collegia, 
«  dont  les  magistreis  »  annuels  «  forment  en  quelque  sorte  le  comité  exécu- 
tif» (Hatzfeld,  ihid.  17S;.  C'est  de  la  même  façon  qu'il  faut  entendre,  dans 
les  dédicaces  3  et  4,  le  terme  Ko;j.-£Ta)vtaaTa(  :  il  désigne,  au  sens  restreint, 
les  magislri{'^)  de  l'association  des  Gompétaliastes,  et,  au  sens  large,  cette 
association  elle-même.  L'opinion,  assez  dilTérente,  soutenue  tout  récem- 
ment par  Boack   {Class.  Philol.   1916,  25-45),  me  semble  moins  plausible. 

2.  BCH,  1909,  493,  n.  15=  Explor.  arch.  de  Dèlos,  fasc.  Il,  47,  3  et  fig. 
67  (où  l'inscription  est  reproduite). 

3.  BCH,  1880,  190  =  Diltenbei'gcr,  Sylloge  -,  321. 

4.  BCH,  1899,  67-68,  n.  14. 

5.  BCH,  1899,  70-71,  n.  15. 
0.  BC^,  1884,  145-147. 


DOCUMENTS    d'orIGINE    GRECQUE  25 

rédig-és  en  grec  '.  Il  eût  été,  en  conséquence,  particulière- 
ment précieux  de  connaître  Tappellation  grecque  des  consuls 
de  113.  Ont-ils  reçu  le  titre  de  is-px-r,^(ol  'j~a-.ci  ou  celui 
d'jTraTîi?  Malheureusement,  dans  la  dédicace  faite  sous  ce 
consulat,  la  notation  éponymique  n'a  point  été  traduite  du 
latin  en  grec;  on  lit  seulement  à  la  fin  de  l'inscription  :  Cii. 
Papeirio  C.  Caecilio  cos.  Pour  les  consuls  de  97.  94,  93  et 
74,  la  formule  est  toujours  iizl  û-aTOJV  ~.  L'appellation  con- 
sulaire officielle  était   donc,  dès  97,   u'iratcç   et  non  a-poL~T,Yoç 

Le  fait  n'a  rien  que  de  normal  et  s'accorde  exactement  avec 
ce  que  nous  savons  de  la  transformation  du  titre  des  consuls 
vers  la  fin  du  il''  siècle.  11  demeure  loisible  de  croire  qu'à 
une  époque  plus  ancienne,  on  faisait  usage,  dans  les  épony- 
mies  consulaires,  de   la   formule    kzl    a-py.Tr,^(M'^    j-dtTwv    (twv 

OÎIV(OV)  ■^. 

in.  —  Documents  d'origine  grecque. 

§  1.  Décrets  et  dédicaces  en  l'honneur  des  consuls. 

Lorsque  les  nations  ou  les  cités  de  la  Grèce,  rendant  hom- 
mage à  un  magistrat  romain,  lui  conféraient  quelque  distinc- 
tion ou  lui  élevaient  quelque  monument,  il  va  de  soi  qu'elles 
pouvaient,  suivant  l'ancienne  coutume  hellénique  ou  pour  se 
conformer  à  son  désir,  passer  son  titre  sous  silence  dans  le 
décret  honorifique  ou  dans  la  dédicace  du  monument.  C'est 
de  quoi  il  y  a  maint  exemple  ^. 

1.  Dans  la  dédicace  n.  4  (BCH,  1899,  70-71,  n.  15),  à  la  1.  15,  la  formule 
ETîl  'j::àT(ov  —  ['PjoSariç  est  évidemment  en  désaccord  avec  les  règles  de  la 
titulature  officielle  ;  mais  l'addition,  surprenante  à  première  vue,  du  mot 
'PoSjAYiç  s'explique  simplement  par  le  fait  que  répimélète  athénien  de  Délos 
est  nommé  à  la  1.  16  (Èniij.£Àr,Tou  oè  x^ç  vr(aou  /.ta.)  :  'Pwar,;  répond  et  s'op- 
pose à  vTjao'j. 

2.  Mention  identique  {ï~l  'jTzi-or/  zt)..)  des  consuls  de  9i  dans  le  préambule 
du  traité  entre  Rome  et  les  Thyrréens  (Viereck,  XXII  ^=  IG,  IX,  1,  483)  ;  cf. 
ci-après,  chap.   II,  n.  ii. 

3.  Cf.  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  des  formules  éponymiques  (îtzI  toj  ozhoç 
aToatriyoj    av9u-aT0j)    qui  figurent  en  tète  des  actes  des  gouverneurs. 

4.  Il  suffira  d'en  rappeler  quelques-uns.  — Dédicaces  du  peuple  de  Mégare 
et  de  la  Confédération  des    Ainianes   en    l'honneur  de  Q.  Caecilius    Metellus 


26  CHAPITRE    PREMIER 

Mais  si  elles  lui  donnaient  un  titre,  c'était  nécessairement 
celui  que  le  magistrat  prenait  lui-même,  ou  qu'en  vertu  d'un 
ancien  usage  il  avait  droit  de  prendre,  dans  les  actes  officiels. 
Comme  la  dit  justement  Mommsen  ^  :  «  Neque  enim  video, 
quo  iure  posuerit  Waddingtonius  —  in  titulis  ei  {se.  Homano 
magistratui)  dedicatis  —  sufficere  quodvis  non  proprium 
vocabulum  rei  aptum.  Immo  neque  Graecorum  usus  et  multo 
minus  Latinorum  admittit,  ut  regeni  vel  consulem  vel  quem- 
libet  denique  magistratum  enunties  proprio  honoris  nominc 
suppresso  substitutoqiie  in  eius  locum  vocabulo  alio  ad  arbi- 
triiini  electo.  »  Il  n'était  pas  possible,  dans  un  texte  ayant  un 
caractère  public,  de  modifier  ai'bitrairement  le  titre  du  magis- 
trat qu'on  voulait  honorer  ;  c'eût  été  lui  manquer  d'égards  au 
moment  même  où  l'on  prétendait  lui  être  agréable  ;  on  eût  de 
la  sorte  commis  une  inconvenance  qui  eût  été  une  absurdité. 

Dans  les  décrets  votés  en  pays  grec  en  l'honneur  des  con- 
suls, comme  aussi  dans  les  inscriptions  placées  sous  les  statues 
érigées  à  des  consuls,  toutes  les  fois  que  leur  nom  fut  suivi 
d'un  titre,  ce  titre  devait  donc  être  leur  appellation  solennelle, 
—  soit  celle  qui  était  usitée  quand  le  décret  fut  rendu  ou  la 


(Macedonicus)  ;  /G,  VII,  3490;  IX,  2,  37.  —  Dédicace  du  peuple  d'Erylhrai  en 
l'honneur  de  M.  Cosconius  (gouvex-neur  de  Macédoine  c.  135-133;  cf.  Zumpt, 
Comment,  epigr.lï,  165;  G'àhler,  Zeitschr.  fur  Nnmism.  XXIII,  162)  :  BCH^ 
1S80,  156.  — Dédicace  du  peuple  d'Athènes  en  l'honneur  de  Sex.  Ponipeius 
(gouverneur  de  Macédoine  en  120/119)  :  Groebe,  Alh.  Mitt.  1909,  403  sqq.  — 
Dédicace  du  peuple  d'Athènes  en  l'honneur  de  Cn.  Ponipeius  Sex.  f.  (Strabo) 
(cos.  89)  :  Groebe,  Ath.  Mitt.  1908,  135  sqq.  —  Dédicaces  du  peuple  d'Oropos 
et  du  peuple  d'Athènes  en  l'honneur  de  L.  Cornélius  SuUa  :  IG,  VII,  264  (cf. 
372);  III,  561  a.  —Dédicaces  du  peuple  d'Athènes  et  du  Conseil  de  l'Aréo- 
page en  l'honneur  de  L.  Licinius  Lucullus  (Ponticus)  (cos.  74)  :  IG,  III,  562- 
563,  etc.  —  Dans  les  dédicaces  trouvées  à  l'Amphiaraeion  d'Oropos  (IG,  VII, 
264,  372),  Sulla  est  appelé  Asuxtoç  KopvTi'Xtoç  AeuxtouuEo;  DûXXa,-  'ETzaçpdôiTOç. 
L'addition  du  cognomen  'Eina,<sp6^iioç,  est  une  particularité  intéressante 
qu'explique,  comme  l'a  vu  Dittenberger  (/G,  VII,  264),  le  passage  suivant  de 
Plutarque  [Sulla,  34)  :  aùxôç  oï  Toiç  "EXXyiœi  ypàçfov  xal  yprj[jLaTt'Çwv  éaurôv 
'EraçcdSiTov  àvYjydpsuE  (SuXXaç)  —  ;  cf.  le  sénatus-consulte  dit  de  Stratoni- 
cée  (Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  441,  1.  1,  34.  72,  87,  101,  122-123).  On  voit 
là  avec  quel  soin  les  Grecs,  lorsqu'ils  composaient  une  inscription  en  l'hon- 
neur d'un  grand  de  Rome,  s'appliquaient  à  la  rédiger  de  la  façon  qui  lui  agrée- 
rait le  mieux. 
1.  Mommsen,  Ges.  Schriften,  VIII,  262. 


DOCUMENTS    D  ORIGINE    GRECQUE  2  / 

statue  érigée,  soit  celle  qui  avait  été  plus  anciennement 
employée  :  distinction  justifiée  par  le  fait  que  l'appellation 
solennelle  des  consuls  prit  au  cours  du  temps,  comme  on  Va 
vu,  deux  formes  différentes.  Ajoutons  que  la  même  règle  qui 
s'appliquait  aux  dédicaces  publiques  valait  aussi  pour  les 
dédicaces  privées.  Pas  plus  que  les  corps  politiques,  les  par- 
ticuliers ne  devaient  risquer  de  mécontenter,  en  modifiant 
capricieusement  leur  titre,  ceux  à  qui  ils  s'efforçaient  de 
plaire. 

Nous  ne  possédons,  je  crois,  pour  le  ii"  siècle  avant  notre 
ère,  aucun  décret  voté  en  l'honneur  d'un  consul  par  un  Etat 
grec'.  Mais  il  est  clair  que  toute  inscription  dédicatoire  placée 
sur  un  monument  élevé  à  un  consul  présuppose  l'existence 
d'un  décret  honorifique,  en  vertu  duquel  a  été  érigé  le  monu- 
ment et  gravée  l'inscription,  et  que  ce  décret  attribuait  au  con- 
sul le  même  titre  qui  lui  est  donné  par  l'inscription  dédica- 
toire -.  Or,  il  nous  reste  plusieurs  dédicaces  anciennes  en 
l'honneur  de  consuls  :  le  titre  qu'elles  leur  donnent  est  uni- 
formément CTpa-YJYÔç   ii-aTOç. 

Nous  le  rencontrons  d'abord  dans  les  dédicaces  des  statues 
qui  furent  élevées  à  T.  Quinctius  (Flamininus)  par  le  peuple  de 
Gytheion  et  par  le  peuple  de  Kos  :  Titov  Tbcj  Kc'vy.-'.sv,  a-px- 
Tayàv  J-aTOv     Pa);j.auov,  6  oy.[j.oq  b   TuôcXTàv  tov  aÛTCu  ff(or?;pa  •^.  — 


1.  Selon  Arvanitopoullos,  c'est  à  T.  Quinctius  que  se  rapporterait  le  décret 
de  Gonnoi  récemment  découvert  dans  les  ruines  de  cette  ville  ('Apy  .  'EcpTi[jL. 
1912,  66,  n.  92).  En  conséquence,  il  rétablit  ainsi  les  I.  3-6  :  ôiô  osodfyOa'.  è7:a;- 
vl]<jat  Te  T[ÎTOv  Koîv/.Ttov,  arpaTriyôv  u-]a-ov  'Pw[[jLaiwv,  /.al  aTéçavûajat 
yjpjuawi  aT£spa[vwi].  Mais  il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  cette  restitution  est 
étrangement  hasardeuse.  S'agit-il  en  réalité  d'un  CTpaTTiyo;  uratoç  ou  d'un 
atpaiYiYÔ;  ivOjTiaTo;  ?  Il  serait  désirable  que  l'inscription  fût  soumise  à  une 
nouvelle  étude  ;  la  plupart  des  suppléments  que  propose  Arvanitopoullos 
sont  inacceptables  ou  douteux. 

2.  Il  arrive  même  très  souvent,  comme  on  sait,  que  le  décret  indique  expli- 
citement comment  sera  libellée  l'inscription  placée  sur  le  monument. 

3.  /G,  V,  1,  1165  =  Dittenberger,  Sylloge  2,  275  =  Dessau,  8766. 


28  CHAPITRE    PREMIER 

['P(ù\).!XUù}>,  àpe-oiç    evsxa   [-/.ai  y.aXo7.a](Y)aOiaç    tSç   elq  aù-bv  [y.al 

Les  Delphiens,  érigeant  une  statue  à  M'.  Acilius  (Glabrio) 
(cos.  191  ;  pro  cos.  190),  le  qualifient  pareillement  de  a-paTV)- 
yoç  'jTzx-oq  '.  ['A]  T.ÔKiç,  twv  AeXsûv  Maviov  'Ay.Oacv  Fabu  u'.ôv, 
ff-pa-raYov  JTra-ov    Pa)iJ,ai(«)v,  y,TA~. 

De  même,  Q.  Marcius  Philippus  (cos.  169)  est  appelé  c-pa- 
Tr,yoq  j-arcç  'Pwt/xuov  dans  la  dédicace  de  la  statue  que  lui 
érigea  la  Confédération  achéenne  :  Tb  xoivbv  twv  'Ayaiwv 
[K]6tVT0V  Maapy.tov  Asuy.bu  •ï>rya7î:ïov,  ff-rpaïaYbv  y-jra-rov  'P(i)tj.ato)v, 
xtX.  •^;  — L.Mummius  (Achaicus),  dans  l'inscription  de  la  sta- 
tue que  lui  dressèrent  lesEléens  :  H  izbkiç  y;  -oiv  'HÀ£to)v  Asjyacv 
Mo;j.y-tov  Asuy.iou,  cTpaTYJYbv  'j-axov  'Po)|j-atwv,  y.TA.  "^  ;  —  L.  Cae- 
cilius  Metellus  (Calvus?ou  Diadematus?)  (cos.  142?oull7?), 
dans  la  dédicace  jointe  à  la  statue  qui  lui  fut  élevée  à  Délos 
par  les  Athéniens  :  '0  ^f,[j.oq  b  'A6-^vauùv  A$ijy.iov  Kaiy.IXtov 
KoivTOU  MétsXXov,  ff-pa~-/)Ybv  uTraTOv  'Pto[JLauov  '',   xtA. 

Le  même  formulaire  reparaît  dans  deux  dédicaces  privées, 
celles  du  Thessalonikien  Damon,  f.  de  Nikanor,  et  du  Romain 


1.  Paton-Hicks, /nscr.  o/" Cos,  128  =  Mûllensiefcn-Bcchtel,  Samml.  griech. 
Dial.  inschr.  3656. 

2.  Pomtow,  Beitr.  zur  Topogr.  von  Delphi,  118,  n.  8  (cf.  pi.  XIV,  42)  = 
Collitz-Baunack,  Samml.  griech.  Dial.  inschr.  2960. 

3.  Inschr.  von  Olympia,  318  =  Dittenberger,  Sylloge  -,  301  =  Dessau,  8767. 
—  Q.  Marcius  fut  consul  en  186  et  en  169;  mais  c'est  à  son  second  consulat 
(cf.  Inschr.  von    Olympia,  318)  que   se  rapporte  la  dédicace  des  Achéens. 

4.  Inschr.  von  Olympia,  319=  Dittenberger,  Sylloge  -,  310  =  Dessau,  8768. 

5.  IG,  XII,  5,  270  =  Dittenberger,  Sylloge  -,  313.  Sur  lorigine  véritable  de 
l'inscription,  voir  la  note  de  Wilamowitz  à  IG,  XII,  5, 270-272.  —  Th.HomoUe 
{BCH,  1884,  149)  a  supposé  que  le  personnage  ici  honoré  était  L.  Caecilius 
Metellus,  propréteur  en  Sicile  en  70  et  consul  en  68,  mais  cette  conjecture  ne 
saurait  être  admise.  Le  choix  est  limité  à  L.  Caecilius  Metellus  Calvus  et  L. 
Caecilius  Metellus  Diadematus  (cf.  Hiller  von  Gartringen  dans  IG,  XII,  5,  270  ; 
seulement  il  est  malaisé  de  décider  entre  eux.  P.  Roussel  a  très  bien  fait 
voir  [BCH,  1908,  413,  7)  qu'il  n'y  a  aucune  indication  à  tirer,  dans  un  sens  ni 
dans  l'autre,  de  la  mention  de  I'  «  épimélète  »  Protimos.P.Foucart  (Bev.  Phi- 
lol.  1899,  258),  sans  donner  d'argument,  Mûnzer  (P-\^^  111,1208,  s.  i'.  Caeci- 
lius, 83),  pour  des  raisons  peu  convaincantes,  pensent  qu'il  s'agit  de  L.  Caeci- 
lius Calvus;  Kirchner  (ap.  Hiller)  préférerait  rapporter  le  monument  à 
L.  Caecilius  Diadematus.  La  question  reste  pendante;  je  me  borne  à  faire 
observer  que,  contrairement  à  l'opinion  de  Hiller,  l'emploi  du  titre 
<jTpaLir\frji  uTiaxo;  ne  peut  être  un  motif  pour  reculer  la  date  de  l'inscription. 


bOCUMENTS    D  ORIGINE    GRECQUE  29 

L.  Babullius,  f.  de  Tiberius.  Lorsqu'ils  consacrèrent,  le  pre- 
mier, à  Olympie,  une  statue  de  Q.Metellus(Macedonicus)  (cos. 
143),  le  second,  à  Délos,  une  statue  de  P.  Cornélius  Scipio 
Africanus  (Aemilianus)  (cos.  147  ou  134),  ils  joignirent  au 
nom  de  chacun  des  deux  consuls  le  titre  de  a-pa-'^Yb;  G-xtsç. 
On  lit,  d'une  part:  Aâixwv  Ni/.àvopo;  Maxecwv  à-b  ÔsaaaAsvî'/.-/;; 
Ks'.vTov  Kar/.ÉXiov  Kg''v-:o'j  MsteXasv,  ffirpar^Ybv  uzaiov  'Pwjjiaiwv, 
•/.tX.  ^  ;  — et  de  l'autre  :  [IIs-]X[icv  KopvïjXiov  HzizXiou  S]xi- 
7:'!(i)v[aJ  'A[9piy.avbv,  a]-par^Y[b]v  ['J':rJa[TOv  'P{i)[j.a[ia)v],  Asuxto; 
Ba(3ùXXtoç  [T]i|3[£pio'j]  'PwiAaîoç  /.-X. -.  Ces  exemples^  suffiraient 
à  nous  apprendre,  si  nous  ne  le  savions  déjà,  que,  depuis  le  com- 
mencement et  jusqu'après  le  milieu  du  n^  siècle,  l'appellation 
solennelle  des  consuls  fut  G-:pax-qyoç  u7:a-oç.  Seulement,  s'il 
s'agit  de  déterminer  le  temps  durant  lequel  cette  appellation 
fut  officiellement  en  usage,  on  devra  ne  consulter  qu'avec 
prudence  les  inscriptions  honorifiques  d'origine  grecque. 

Il  a  été  trouvé  à  Délos  une  dédicace  en  l'honneur  de 
M.  Antonius  M.  f.  (cos.  99;  cens,  97),  aïeul  du  triumvir, 
qu'il  faut  certainement  —  bien  que  cette  lecture  ait  été  con- 
testée   —  lire    ainsi  qu'il  suit  :    M;zap7.ov    'Avtoiviov    Maapy.oj 


J.  Inschr.  von  Olympia,  325=  Diltenberger,  Sylloge  -,  312. 

2.  J.  Hatzfeld,  BCII,  1912,  198,  n.  i  (rectifiant  BCH,  1884,  137  et  1905,  238, 
n.  98).  —  Il  est  extrêmement  probable,  sinon  tout  à  fait  certain,  que  c'est  bien 
P.  Scipio  (Aemilianus)  qui  est  ici  nommé.  La  restitution  'A[cpp'./'.avdv],  propo- 
sée par  P.  Roussel,  se  trouve  justifiée  par  l'inscription  de  Thermae  Hime- 
raeorum  précédemment  citée.  J.  Hatzfeld  {ibid.  199)  penche  à  croire  que  le 
monument  fut  élevé  à  Scipion  à  l'occasion  de  son  second  consulat  (ann.  134); 
il  me  semble  qu'il  peut  aussi  bien  se  reporter  au  premier  (ann.  147). 

3.  Je  n'ai  pas  réussi  à  reconnaître  quel  pouvait  être  le  cr-paTriyôç  i»7:a-:o; 
mentionné  dans  une  inscription  de  Délos  très  mutilée,  dont  Th.  HomoUe  n'a 
donné  qu'une  copie  en  majuscules  (BCH,  1884,  137,  n.  3).  Ce  texte,  comme  a 
bien  voulu  me  l'apprendre  P.  Roussel,  est  maintenant  en  grande  partie  illi- 
sible. —  Dans  la  dédicace  de  la  statue  élevée,  à  Délos,  à  Gn.  Papirius  Carbo 
(cos.   113)    par   le     roi  Antiochos    VIII    Épiphanès    Philométor    Kallinikos 

P.  Roussel  et  J.  Hatzfeld,  BCH,  1910,  395,  n.  41),  il  est  impossible  de  dire  si 
la  1.  5  contenait  les  mots  rjxc,oi.x-f\[yo-/  {i-axov  'Pojfxat'Jwv  ou  (îTpaTr|[yov  àv6'j~a- 
tov  'P'jD;j.a;']wv.  L'inscription  a,  d'ailleurs,  dans  les  deux  cas,  la  même  valeur 
démonstrative  ;  si  Cn.  Carbo  a  été  qualifié  de  aipaTr,Y6ç  àvGJTzaxo;  aux  envi- 
rons de  l'an  113,  il  est  évident  qu'il  a  pu  être  appelé  a-paTr,Yoç  j-aTo;  cette 
année-là. 


30  cMAPlTtlE   PtlEMlÈK 

ulôv,  (rrpatYJYbv  uiraTov,  Tti^.'/jTTfV,  Ar()act  tov  sa-ôv  -atptova^.  L'in- 
scription, sauf  la  suppression  du  mot  'Pojixauov,  énonce  le  titre 
consulaire  dans  la  même  forme  que  les  précédentes  ;  mais  elle 
est  beaucoup  moins  ancienne.  Elle  remonte,  au  plus  tôt,  à  97, 
peut-être  seulement  à  l'une  des  années  suivantes  -.  Et  par  là 
elle  mérite  une  attention  spéciale. 


1.  HomoUe,  BCH,  1884,133.  —  Th.  Homolle  {ibid.  133-135),  suivi  par  MenLz 
(7,  2),  P.  Foucart  {Rev.  Philol. 1S99,  258,  6)  et  W.  S.  Ferguson  {Hellen.  Athens, 
452,  2),  ponctue  ainsi  :  CTXcaTriydv,  û;:aTov,  xiiAYiirlv.  Au  contraire,  Mommsen 
{Staatsrecht,  IP,  76,  1)  et  L.  Pernier  (Dizion.  epigr.  di  Antich.  rom.,  s.  i'. 
Delus,  1623),  écrivent:  aTpa-r,YÔv  j-aTOv,  -riarj-rrlv.  Celte  dernière  lecture  est  la 
seule  possible.  11  est  naturel  que  les  «  Déliens  »  aient  rappelé  les  deux  plus 
grands  honores  gérés  par  M.  Antonius  ;  il  serait  extraordinaire  et  par  trop 
singulier  qu'énumérant  successivement  sa  préture,  son  consulat  et  sa  censure, 
ils  eussent  donné  à  leur  dédicace  la  forme  d'une  sorte  de  cursus  honorum  ; 
cela  ne  s'est  point  vu  en  Grèce  avant  l'époque  impériale.  Ajoutons  que  la  men- 
tion du  consulat  avant  la  censure  s'explique,  un  censeur  n'étant  pas  nécessai- 
rement un  consulaire  ;  mais  celle  de  la  préture  avant  le  consulat  eût  été  tout  à 
fait  oiseuse.  Au  surplus,  le  titre  nu  de  aipaTYiYo'ç  ne  peut  convenir  à  M.  Anto- 
nius, puisqu'il  est  dit  GToaTriyo;  avÔjraTo;  dans  l'inscription  de  Rhodes  citée 
ci-après  ;  si,  à  Délos,  on  avait  mentionné  sa  préture,  on  l'aurait  appelé  de 
même  façon.  Sur  toute  cette  question,  cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  83  sqq. 

2.  Th.  Homolle  {ibid.)  etW.  S.  Ferguson (iJbi'd.) ont  pensé  que  le  monument, 
dont  nous  avons  ici  la  dédicace,  ne  fut  élevé  à  M.  Antonius  qu'après  sa  mort, 
soit  après  87.  Mais  c'est  ce  qu'il  est  bien  difficile  d'admettre.  Les  mots 
Tov  laxâSv  T:âTpwva  (et  non  tÔv  Éaxwv  jiàxptova  y£vo'li.£vov),  qu'on  lit  aussi  dans 
la  dédicace  des  <>  Déliens  »  en  l'honneur  de  G.  Julius  G.  f.  Caesar,  père  du 
dictateur  (BCff,  1902,  541,  n.  11),  se  concilient  mal  avec  cette  hypothèse.  Th. 
Homolle  [ibid.  135)  et  F.  Diirrbach  {BCH,  1902,  541-542)  estiment,  il  est  vrai, 
que  l'ethnique  ArjX;oi,  «  insolite  pendant  toute  la  période  de  la  seconde  domina- 
tion athénienne  »  ne  fut  en  usage  que  pendant  «  la  très  courte  durée  de  la 
guerre  de  Mithridates  »,  en  88  et  87,  lorsque  Délos,  amie  de  Rome  et  adver- 
saire des  Pontiques,  se  fut  détachée  d'Athènes.  Mais,  comme  a  l'obligeance 
de  me  le  faire  observer  P.  Roussel,  cette  explication  du  nom  de  Ar,)ao'., 
qu'on  suppose  avoir  été  porté  par  toute  la  population  insulaire,  ne  saurait  être 
acceptée  maintenant  que  la  liste  des  souscripteurs  de  r'IxaÀty.Y)  rzaaxa;  {BCH, 
1907,  462)  a  fait  connaître  deux  «  Déliens  »  1.  11,  16),  parmi  quantité  d'autres 
habitants  de  l'île  qui  portent  des  ethniques  variés  ou  qui  se  désignent  expres- 
sément comme  Italiens  ou  Romains.  «  Jamais,  peut-on  croire,  la  communauté 
cosmopolite  de  Délos  n'a  pris  dans  son  ensemble  le  nom  de  ATiÀtot,  Le  plus 
probable,  c'est  que,  dans  les  dédicaces  à  M.  Antonius  et  à  G.  Julius  Gaesar, 
aussi  bien  que  dans  la  liste  de  souscription,  les  Déliens  sont  les  descendants 
des  expulsés  de  166,  lesquels  s'étaient  d'abord  réfugiés  en  .\chaie  ;  il  est  natu- 
rel que  ce  petit  groupe  d'émigrés  ait  eu  des  patrons  à  Rome.  Au  début  du 
I"'  siècle,  ils  ont  pu  obtenir  de  revenir,  en  étrangers,  dans  leur  patrie.  L'eth- 
nique, jadis  prohibé,  a  reparu  parce  qu'il  n'impliquait  plus  une  protestation 


Documents  d'origine  grecque  31 

La  présence,  dans  un  texte  aussi  récent,  de  l'appellation 

«7-patr,YÔç  uTra-roç  est  propre  à  nous  étonner,  puisque  nous  avons 
cru  reconnaître  qu'avant  la  fin  du  ii®  siècle,  le  terme  de  la 
langue  officielle  usité  pour  désigner  les  consuls  était  déjà 
uTcaToç  'P(o;xa',(i)v  ou  JTraTcç.  Mais  il  faut  prendre  garde  que  les 
auteurs  d'inscriptions  honorifiques  ont  pu,  dans  une  intention 
de  flatterie  fort  explicable,  continuer  de  donner  aux  consuls 
leur  ancien  titre,  même  après  qu'il  était  sorti  de  l'usage 
public.  Ce  titre  était  long,  sonnait  bien,  avait  de  l'ampleur  et 
de  la  majesté,  toutes  qualités  qui  en  recommandaient  l'em- 
ploi à  ceux  qui  voulaient  faire  leur  cour  aux  personnages  con- 
sulaires. Qu'ils  l'aient  préféré  à  celui,  plus  simple,  d'uzaTiç 
'P(oiJ.aiwv  ou  d'uTCatoç,  c'est  de  quoi,  à  la  réflexion,  l'on  ne  sau- 
rait être  surpris. 

Il  y  a  lieu,  aussi  bien,  de  faire  un  rapprochement  qui  ne 
laisse  pas  d'être  instructif.  Parmi  les  dédicaces  qui  contiennent 
le  titre  de  cjtpocTVJYè;  œAi-Jr.x-zq,  quelques-unes  doivent  être  ici 
particulièrement  signalées.  Les  personnages  nommés  dans 
ces  dédicaces  sont  les  suivants  : 

M.  Minucius  Q.  f.  Rufus  :  [Maapy.ciç  MiJvj/.ioç  Kcfivtou  u'.b; 
'PoJDçoç,  (7Tp(a)[TY)Y0Ç  âve-jTCaJTOç  'Pw[Aai[a)v]  (dédicace  d'un  monu- 
ment qui  lui  fut  élevé,  dans  le  sanctuaire  pythique,  par  la 
ville  de  Delphes)  ^ 

G.  Billienus  G.  f.  :  Fato;  BiaXi^voç  [ra]îc[u  u]'.ôç,  ctpaTr^viç 
àvBÛTîa-rs;  'P(i),aauov  (dédicace  d'une  statue  qui  lui  fut  consacrée, 
à  Délos,  par  Midas,  f.   de  Zenon,  d'Hérakleia  -). 

d'indépendance  »  (Note  de  P.  Roussel;  cf.  Délos  col.  athénienne,  321-322,  el 
Ferguson,  ibid.  452,  4).  Il  suit  de  là  que  rien  absolument  n'empêche  que  la 
statue  de  M.  Antonius  ait  été  érigée  à  Délos  entre  97  et  87  ;  cf.  Rev.  Et.  anc. 
1917,  86  sqq. 

1.  L'édition  complète  et  définitive  de  ce  texte,  souvent  reproduit  sans 
exactitude,  a  été  donnée  par  Ém.  Bourguet,  BCH,  1911, 173;  cf.  171-172.  C'est 
évidemment  à  iort  que  les  éditeurs  du  Corp.  inscr.  latin.  (CIL,  III,  Siippl. 
1420323)  ont  suppléé  [u7:a]tov  Tw[J.ai[wv]  au  lieu  d'  [àv6û;:a]T0v.  —  Pour  la 
restitution  de  l'inscription  latine  qui  accompagnait  la  dédicace  en  grec,  voir 
Pomtow,  Nachirage  zu  iJelphica,  II  (Berlin,  1909),  90,  92,  3;  Ad.  Reiiiach, 
BCH,  1910.  306  ;  Bourguet,  ibid.  171, 

2.  CIL,  111,  SuppL  7233  —  Explor.  arch.  de  Délos,  fasc.  V,  43-44  (fac-similé 
aux  Cg.  62-63).  P.  Roussel  a  restitué  avec  certitude  le  nom  de  1'  «  ami  »  de 
Billienus,  donateur  de  la   statue  {BCH,   1909,    444).  —  On  sait   que,  dans  une 


32  CHAPITRE   PREMIER 

M.  Anlonius  (le  même  dont  il  vient  d'être  parlé)  :  il  est 
appelé  [Mjapxcç  'Avtwvioç,  aipataYO?  à^hù~a[-:oç]  —  'Pwixaiwv  dans 
la  dédicace  d'une  statue,  élevée  à  un  marin  de  Rhodes  qui 
avait  pris  part  sous  ses  ordres  à  l'expédition  de  Cilicie  K 

Q.  Mucius  P.  f.  Scaevola  :  [Kôjivtcç  [Moûyao:  YIoz'/Sz'j  u-.b;] 
Sxa'iXaç,  — [ff-par^jvb?  i?:v6tjzaToç  'Po)[;.au.)v  (dédicace  d'une  sta- 
tue consacrée,  à  Olympie,  par  les  «peuples  »  et  les  «  nations  » 
de  l'Asie  -). 

L.  Julius  Caesar  :  [Aejjy.ioç  'lo'jÀioç  [KJaT^ap,  [(7]Tpar/;[Ys? 
à]vO[jTC]aTcç  'P(oiJ-at[fi)]v  (dédicace  d'une  statue  consacrée  par  la 
ville  de  Samothrace  ^). 

L.  Cornélius  L.  f.  Sulla  :  [A]£Ûxtc[ç  Kjjpvvaoç  Acuxtcu  u'.b[ç] 
^[ûJXXaç,  ffTpaTrfi'bç  àv9'J7caTcç  ['Plw[j-ai(i)v  (dédicace  d'une  statue 
consacrée  par  le  peuple  d'Halikarnasse)  ^.  —  Une  autre 
inscription,  placée  sur  le  socle  d'une  statue  qui  avait  été 
érigée  à  un  citoyen  de  Rhodes  (?)  par  le  Rhodien  Dionysios 
f.  de  Lysanias,  contient  ces  mots  :  —  [t'ov  osfva  ^upôaPejaavia] 
•Aoà  ["kOtJI  Asûxtov  Kopv'^Atcv  Asuxbu  [uîèv  SuXXav],  ŒTpaTaYOv 
àvôÛTraTOV  'Pa)[j,a[i](i)V  ^. 

Q.  Ancharius  Q.  f.  :  Koivxoç  ['AJv^apioç  Koivtou  u'.6ç,  aipar/;- 

autre  dédicace  pareillement  découverte  à  Délos,  C.  Billienus  porte  le  titre  de 
-psdpEUXTiç  T<o[Aatajv  :  CIG,  2285  Jb  =  Ch.  Picard,  BCH,  1910,  537,  n.  1  (avec 
fac-similé  à  la  fig.  1);  cf.  P.  Roussel,  BCH,  1909,  443. 

1.  Th.  Reinach,  Rev.  Et.  gr.  1904,  210,  n.  2;  P.Foucart,  Joiirn.  des  Savants, 
1906,  576. 

2.  Inschr.von  Olympia,  327  =  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1901,  86  (avec  des 
restitutions  nouvelles)  =  Ditienberger,  Or.  gr.  inscr.  439. 

3.  IG,  XII,  8,  241  (où  il  faut,  à  la  1.  5,  corriger,  avec  Hiller  von  Gartringen, 
a  fausse  lecture  ['P]w;j.atov  en    ['P]wu.atojv)  =r  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899, 

265.  —  Dans  l'inscription  IG,  XII,  8,  232,  il  s'agit  peut-être  du  môme  person- 
nage ;  mais  le  texte  a  été  récrit  à  une  basse  époque  :  noter  la  forme  arrondie 
des  £  et  des  a,  l'abréviation  du  praenomen,  le  titre  av6j;:aio;  Mazsoovtaç 
qui  n'est  en  usage  qu'à  partir  de  l'Empire  (cf.  Gabier,  Zeitschr.  fiir  Niimism. 
XX1II,172,  1). 

4.  Hula-Szanto,  Sitzungsber.  der  Wien.  Akad.  t.  132  (^894),  II,  29  = 
P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  262.  L'inscription  est,  à  parler  e.vactement,  le 
résumé  d'un  décret  rendu  en  l'honneur  de  Sulla,  plutôt  qu'une  dédicace. 

5.  IG,  XII,  1,  48=  Dittenberger,  Sylloge-,  332  —  P.  Foucart,  Rev.  Philol. 
1899,  266.  Dans  cette  inscription,  il  faut  certainement,  comme  l'ont  fait  Hiller 
von  Gartringen  {Wien.  Jahresh.  1898,  Beiblatt,  92-93),  Th.  Reinach  [Mithrad. 
Eupator,  474,  n.  22)  et  P.  Foucart  (ibid.  266-267),  rétablir,  à  la  fin  de  la  1.  1,  le 
nom  de  Sulla. 


DOCUMENTS    D  ORIGINE    GRECQUE  33 

Yoç  àvGJzaTo;  'Pwjxaiojv  (dédicace  d'une  statue  consacrée,  à 
Delphes,  parles  Amphiktions)  '. 

L.  Caipurnius  Piso  :  [Asjûxioç  KaATripvioç  Osw^wjv,  oxpcc-Tf-^oc 
àvO'jTTaTo;  (dédicace  d'une  statue  consacrée,  àDélos,  par  le  peuple 
athénien)  -. 

Chacun  de  ces  textes  ',  on  le  voit,  donne  au  personnage 
honoré  le  titre  de  (j-parr,Ybç  àvGJzaTo;  Pwf^.aiwv.  —  Or,  M. 
Minucius  Rufus  (cos.  110;  pro  cos.  109-107),  venu  en  Macé- 
doine comme  consul  pour  défendre  la  province  contre  les  bar- 
bares, y  demeura,  semble-t-il,  jusqu'à  la  fin  de  107  *;  C,  Bil- 

1.  Texte  inédit  communiqué  pai-  Ém.Bourguet  [=  Pomtow,  Klio,  1915,  126, 
n.  99.] 

2.  P.  Roussel,  5Cff.  1907,  337,  n.  2. 

3.  A  cette  liste  peut-être  faut-il  ajouter  Ser.  Cornélius  Ser.  f .  Lentulus. 
a-paT/,YÔ;  àv6j-aTC;  'PtoaaLwv,  dont  la  statue  fut  érigée  à  Délos  par  l'Athé- 
nien Dionysios,  f.  de  Nikon  {BCH,  1885,  379  =  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899, 
263).  C'est  au  même  personnage,  cette  fois  mentionné  sans  titre,  que  se  rap- 
porte, semble-t-il,  une  autre  dédicace,  qui  a  pour  auteurs  les  iils  de  Dionysios 
{BCH,  1912,  113,  3).  P.  Foucart  {Rev.  Philol.  1899,  263-264)  est  d'avis  que 
Ser.  Cornélius  Lentulus  fut  gouverneur  d'Asie  et  l'un  des  proches  succes- 
seurs de  M'.  Aquillius,  et  telle  paraît  être  aussi  l'opinion  de  Miinzer  (P-W, 
IV,  1376-1377,  s.  v.  Cornélius,  208  a-b).  Mais  P.  Roussel  a  montré  que  la  car- 
rière publique  de  Dionysios  correspond  à  la  fin  du  ii'^  siècle,  qu'il  ne  fut  épi- 
mélète  de  Délos  qu'en  110/109,  et  que  ses  fils  n'ont  guère  pu  élever  un  monu- 
ment à  Ser.  Cornélius  Lentulus  qu'après  106/105  {BCH,  1908,327,  n.  192; 
411;  1907,  455-456;  19J2,  113-114;  Délos  col.  athénienne,  109).  Dans  ces  condi- 
tions, le  gouvernement  de  Ser.  Cornélius  pourrait  se  placer  sensiblement 
plus  tard  qu'on  ne  l'a  d'abord  supposé. —  Quant  à  C.  Cluvius  L.  f.,  appelé 
aTpaTïiyô;  àv6ÛTcaTo;  'PwiAai'wv  dans  la  dédicace  de  la  statue  que  lui  érigèrent 
les  èv  Aïj'Xojt  lpYaÇdii.£vot  /.ai  y.à-ot/.ouvit;  {BCH,  1884,  119,  rectifié  dans  BCH, 
1887,  271  =  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  260),  on  ne  sait  à  quelle  époque  il 
a  géré  ses  fonctions  ;  Miinzer  (P-W,  IV,  119,  s.  v.  Cluvius,  2)  qui  en  fait, 
sans  donner  de  raisons,  un  gouverneur  de  Macédoine,  le  laisse  flotter,  d'ail- 
leurs arbitrairement,  entre  134  et  104. 

4.  Sur  le  séjour  de  M.  Minucius  en  Macédoine,  cf.  PomtoAv.  Philol.  1895,  232- 
233, 594-595  ;  Perdrizet,  BCH,  1896,  481  sqq.  ;  Dittenberger,  Sylloge-,  931  ;  Gabier, 
Zeitschr.  fur  Niimism.  XXIII,  167.  Il  défit  les  barbïires  de  Thrace  dans  deux 
expéditions  successives,  d'abord  les  Galates-Skordistes,  puis  les  Besses  et  les 
Thraces  (cf.  Bourguet,  BCH,  1911,  174),  et  obtint  le  triomphe  en  106.  Les 
deux  inscriptions,  en  grec  et  en  latin,  gravées  à  Delphes  en  son  honneur, 
sont  postérieures  soit  à  son  triomphe,  soit,  tout  au  moins,  à  ses  victoires 
(c'est-à-dire  à  109-107),  car  celles-ci  sont  commémorées  dans  les  deux  textes, 
et,  dans  le  second  (1.  6),  le  proconsul  porte  le  titre  d'imperaior.  II  est  remar- 
quable que  ce  titre  ne  figure  pas  dans  l'inscription  grecque,  où  l'on  s'est  borné 

HOLLEAUX.  STpaTTJYO;  'Jizcfzo;.  3 


34  CHAPITRE   PREMIER 

lienus  fut  gouverneur  de  Macédoine  ou  d'Asie  aux  approches 
de  Tannée  100  ';  M.  Antonius  fit  son  expédition  de  Cilicie  en 
102  ^;  Q.Mucius  Scaevola  administra  l'Asie  eu  98  ^;  L.  Julius 
Gaesar,  la  Macédoine  vers  93  ^  ;  les  deux  inscriptions  où  SuUa 
est  dit  (7Tpx--/)Ybç  àvO J-aTOç  'Po)iJ,aia)v  se  placent,  l'une  probable- 
ment en  84  ■*,  l'autre  en  82  (avant  novembre)  ^  ;  enfin,  Q. 
Ancharius  n'eut  le  gouvernement  de  la  Macédoine  qu'en  S5  ', 
et  L.  Calpurnius  Piso  ne  devint  proconsul   d'Asie  que  sous 


à  qualifier  M.  Minucius  de  arpaTi^yo?  àvÔÛTiaxoç  Tw[Aaiwv.On  serait  tenté 
d'en  conclure  que  les  Grecs  ne  savaient  encore  comment  rendre  le  mot  impe- 
rator.  De  fait,  dans  la  dédicace  rhodienne  de  Tan  82  (Ditlenberger,  Sylloge  '■*, 
332)  précédemment  citée,  on  l'a  simplement  transcrit  en  lettres  grecques  (I.  6  : 
t[jL7C£câ-:opa)  comme  aussi  dans  la  dédicace  de  Messène  (JG,  V,  1.  1454) 
qui  appartient  à  la  même  époque.  Les  plus  anciens  documents,  connus  de 
moi,  où  imperator  soit  traduit  par  auToxpârwo  sont  les  sénatus-consultes  dits 
de  Tabai  (Ditlenberger,    Or.  gr.  inscr.  442)  et  d'Oropos  [Sylloge-,  334). 

1.  La  date  approximative  du  gouvernement  de  C.  Billienus  a  été  déterminée 
par  P.  Roussel  [BCH,  1909,  443-444;  cf.  Explor.  arch.  de  Délos,  V,  43, 
1).  Billienus,  comme  l'avait  suggéré  Boeckh  (CIG,  2285  h),  peut  être  identifié 
avec  le  jurisconsulte  homonyme  qu'a  mentionné  Cicéron  (/JniL  175;  cf.  Klebs, 
P-W,  m,  253,  s.  V.  Bellienus,  3)  ;  il  fut  préteur  vers  107  et  probablement  chargé 
un  peu  plus  tard  d'administrer  la  Macédoine  ou  l'Asie.  C'est  à  tort  que  P.  Fou- 
cart  (Rev.  Philol.  1899,  264)  pense  qu'il  put,  en  Asie,  succédera  P.  Rutilius; 
le  gouvernement  de  celui-ci  semble  être  d'une  date  plus  ancienne,  111  ou  110 
("WaddingLon,  Fastes,  n.  5). 

2.  Klebs,  P-W,  I,  2590,  s.  v.  Antonius,  28,  rectifiant  Drumann,  Gesch. 
Roms,  I-,  44  (voir  la  remarque  de  Groebe,  ibicl.  note  7). 

3.  VVadduiglon,  Fasles,  n.  7;  cf.  Ditlenberger,  Or.  gr.  inscr.  437,  net.  3. 

4.  Gabier,  Zeilschr.  fur  Numism.  XXIIl,  171-J72;  cf.  Drumann-Groebe, 
Gesch.  Roms,  111  -,  116,  6. 

5.  C'est,  en  elïel,  pendant  le  séjour  de  Sulla  en  Asie  (85-84)  que  le  peuple 
d'Halikarnasse    dut  voter  en  son  honneur  le  décret  que  résume  l'inscription. 

6.  Sur  les  nombreuses  questions  qu'a  soulevées  l'inscription  de  Rhodes, 
voir  l'utile  résumé  de  Mi'inzer,  P-W,  IV,  1369-1371,  s.  v.  Cornélius,  194;  cf. 
,1.  Ilatzfeld,  BCH,  1912,  124-127  (sur  la  titulature  de  Sulla  dans  les  inscriptions 
de  Délos).  L'inscription  de  Rhodes,  comme  l'a  indiqué  Hiller  von  Giirlringcn 
{Wien.  Jahresh.  1898,  Beiblatt,  92  ;  cf.  Miinzer,  ibicl.  1370),  est  de  l'année  82, 
après  que  L.  Murena  eût  pris  le  titre  d'imperator  (1.  6)  et  avant  que  Sulla 
eût  reçu  celui  de  dictateur  (nov.  82). 

7.  Gabier,  Zeilschr.  fur  Numism.  XXIII,  182  ;  cf.  Klebs,  P-W,  1,  2102,  s.  v. 
Ancharius,  3.  —  Noter  que  le  prédécesseur  de  Q.  Ancharius  en  Macédoine, 
L.  Calpurnius  L.  f.  Piso  (Caesoninus)  (cos.58;  pro  cos.  57-55)  est  seulement 
appelé  ivQûjîaToç  dans  une  dédicace  des  Herma'istes  de  Délos  :  J.  Hatzfeld, 
BCH,  1909    504,  n.  19;  522-525. 


DOCUMENTS    D  ORIGINE   GRECQUE  35 

Auguste,  au  début  de  notre  ère  '.  Les  deux  litres  de  c^paxTi^oq 
àvOjxa-rsç,  cxpar^vb;  \jT.x-oq  'Pa)[;,atwv  ont  pu  demeurer  en  usage 
aussi  longtemps  l'un  que  l'autre  dans  les  inscriptions  honori- 
fiques :  la  preuve  vient  justement  d'être  faite  pour  M.  Anto- 
nius  ~.  Dès  lors,  rien  d'étrange  si,  au  début  du  i"  siècle  ou 
même  plus  tard,  des  consuls  ont  encore  été  appelés  a-:ç)'xvr,yo\ 
uTraxoi  par  certaines  de  ces  inscriptions. 

Mais  le  fait  ne  prouve  rien  pour  l'usage  public  de  ce  titre, 
non  plus  que,  pour  l'usage  public  du  titre  de  cTpoc-.r^'fo;,  àv9'j- 
T.ocTzq,  sa  présence  dans  les  dédicaces  tardives  que  je  viens 
d'énumérer  3. 

Effectivement,  nous  avons  vu  que  Q.  Mucius  Scaevola, 
qualifié  de  cTpaTr;Ybç  àvôÛTraxc;  'Pw;j.aîo)v  dans  la  dédicace  jointe 
à  la  statue  qui  lui  fut  élevée  à  Olympie,  s'intitule  lui- 
même  àvO  Jza-o;    PojiJ.aiojv  dans  les  suscriptions  des  lettres  qu'il 


1.  Pour  la  date  de  linscription  de  Délos,  voir  en  dernier  lieu  P.  Roussel, 
Délos  col.  athénienne,  116.  Apollonios,  f.  d'Apollonios,  de  Rhamnous,  fut 
épimélète  de  lîle  alors  que  Pamménès  était  prêtre  à  vie  d'Apollon  (de  13  av. 
J.-C.  au  début  de  notre  ère  ;  j/)(d.  339,  2)  :  c'est  sous  sa  magistrature  que  les 
Athéniens  consacrèrent  la  statue  de  L.  Calpurnius  Piso.  Diltenberg-er  Or.  gr. 
inscr.  467,  not.  1)  place  le  proconsulat  de  celui-ci  vers  l'an  10  ap.  J-C.  ;  cf.  Klebs, 
Prosop.  imp.  Rom.  I,  282-283,  n.  233  et  234.  Pendant  qu'il  gouvernait  l'Asie,  des 
monuments  lui  furent  élevés  à  Pergame  (Inschr.  von  Perg.  425  ;  Ath.  Milt. 
1899,  176,  n.  23),  à  Stratonicée  {BCH,  1881,  183,  n.  5)  et  à  .Mylilène  (/G,  XII,  2, 
219  =  Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  467);  on  notera  que,  dans  la  dédicace 
trouvée  à  Mytilène,  il  est  simplement  appelé  àv9j~aToç  (I.  4). 

2.  Avec  cette  nuance,  négligeable  à  mon  gré,  que  M.  Antonius  est  appelé 
a-paTT)yoç  avOû-a-o;  dans  une  inscription  composée,  non  en  son  honneur, 
mais  en  l'honneur  d'un  de  ses  officiers. 

3.  La  liste  bien  connue  des  marins  de  Kyzique  initiés  aux  Mystères  de 
Samothrace  [IG,  XII,  H,  189  =  Hiller  von  Gârtringen,  Wien.  Jahresh.  1898, 
Reiblatt,  90)  fait  mention  d'un  [aipaj-riyo;  àv6 j-aToç,  en  qui  l'on  doit  probable- 
ment reconnaître  un  gouverneur  d'Asie  :  {b,  1.  14-16)  [â~ÎTo3  ceïvoç  '.T:-ap/sjw, 
£-'.  paa'.Xî'w?  ôk  £v  Ha[ijLoOpatV.yi'.  -ou  Seivo;  7:ap?|(ja]v  oî  aToaTSuaàaevot  [l:rl 
(P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  269)  tou  Ocivo:  aTcaJ-riyoCi àvOursTOu — .11  s'agit, 
comme  on  le  voit,  d'une  indication  éponymique,  et  ce  texte  diffère  de  tous 
ceu.T  que  nous  avons  précédemment  passés  en  revue.  Mais  étant  donné  sa 
date  tardive  —  le  commencement  du  i"  siècle  selon  Fredrich  —  je  ne  doute 
pas  que,  comme  dans  les  dédicaces,  le  titre  complet  de  aTpaTTjyo;  avôûrato; 
n'ait  été  donné  au  magistrat  romain  dans  une  intention  de  flatterie  et  pour 
lui  faire  honneur.  — C'est  évidemment  de  même  façon  qu'il  faut  exj  liquer  le 
titre  de  aTcaTY]yôç  <^/.a!>  {ixTaToç  donné  à  César  dans  la  lettre,  déjà  mention- 
née (ci-dessus,  p.  9, note  1),  qu'a  reproduite  Josèphe,  Ant.  Jud.  XIV.  10.  8,  215. 


36  CHAPITRE   PREMIER 

adresse,  en  98,  aux  villes  de  Sardes  et  d"Éphèse  '.  Et  l'on  se 
rappelle  que  déjà,  aux  environs  de  Tan  116,  Q.  Fabius  Maxi- 
mus  (Eburnus),  gouverneur  de  Macédoine,  en  usait   de  même 
dans   sa  lettre   aux    habitants   de    Dymai  \   Ainsi,   les  actes 
oftîciels  des  gouverneurs  sont  ici  en  désaccord  avec  les  dédi- 
caces qui  les  concernent.  Le  même  désaccord  a   dû  exister, 
vers  le    même  temps,  entre  les   dédicaces    mentionnant    les 
consuls  et  les  actes  de  ceux-ci.  Du  titre  de  Gxparrrfoq   ^-x'oq 
attribué,  en  97  ou   un  peu  plus  tard,  à  M.  Antonms  par  la 
dédicace  de  Délos,  on  devra  donc  se   garder  de  conclure  que 
telle  fut  encore,   à  cette  époque,   l'appellation  publiquement 
donnée  aux  consuls.  Les»  Déliens  »,  clients  de  M.  Antonms, 
voulant  lui  faire  honneur,   remirent  en  usage  un  titre  déjà 
quelque  peu  suranné  ^. 

Au  contraire,  lorsque,  dans  une  inscription  honorifique,  un 
consul  est  qualifié  d'5:ra-o;  ^Pco'j.ai'^v  ou  d'u-aTOç,  c'est  le 
signe  certain  qu'à  l'époque  où  fut  composée  l'inscription,  ce 
titre  était  l'appellation  consulaire  solennelle.  Seulement, 
d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  doit  admettre  que  les 
inscriptions  honorifiques  retardent  ici  sur  les  actes  publics,  si 
bien  que  la  présence,  en  de  telles  inscriptions,  du  titre  Gra-oç 
'Pa)...a-a)v  ou  ^TraToc  ne  saurait  apporter  d'indication  précise  sur 
la  date  où  il  fut  reçu  dans  l'usage  officiel.  Cette  date  peut  être 
sensiblement  antérieure  à  celle  des  plus  anciennes  inscrip- 
tions honorifiques  où  le  titre  se  rencontre. 

1  Inschr.  von  Pergam.  268,  A-B=  Dittenberger,  Or.  gr.  ùiscr.  437,1  et  II, 

I.  1-2,  25-26  :  KotvTO;  Moixioç  Ho-Xiou  ui6;  S/.aid).aç,  ivÔûîiaTOç    Pcoaa^cov  x-A. 
Cf.    ci-dessus,  p.  16. 

2  Cf.  ci-dessus,  p.  14  et  suiv. 

3  On  peut  noter  une  «  survivance  ..  analogue  sur  les  monnaies  P'-oconsu- 
laires  de  C.  Asinius  C.  f.  Gallus  (ces.  8;  pro  cos.  Asiae,  6/5  ;  cf.  Klebs,  P-W, 

II,  1585,  s.  i>.  Asinius,  15;  Prosop.  Imp.  Rom.  I,  161,  n.  1017).  Asinius 
V  est  appelé  àv8Ô7:aTo;  Tcoj;.aûov,  bien  que  l'ethnique  Twaaiwv  eut 
cessé,  dès  le  courant  du  i"  siècle  avant  notre  ère,  détre  joint  aux  titres 
des  magistrats  romains.  -  Pareillement,  dans  l'épigramme  gravée  a  Per- 
game  sur  Thermes  du  consul  {siifreclus)  Attalos  (ii^  ou  iii"  siècle  de 
notre    ère   :  Hepding,  Ath.  MM.  1907,   362),  Attalos  est  encore   qualifie  de 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    GRECQUE  37 

Par  un  accident  regrettable,  il  y  a  disette  d'inscriptions  en 
l'honneur  de  consuls  (avec  titre  exprimé)  pour  la  fin  du 
II*  siècle  et  les  commencements  du  i".  C'est  pourquoi  nous 
n'avons  pas,  que  je  sache,  de  dédicace  offrant  'JTzaxzç  'Po)îJ.aio)v 
ou  j^raTOç  (au  lieu  de  aipa-Yj^bç  ■j-ol':oç  'Po);j.3:{wv)  avant  le  second 
quart  du  i*"""  siècle.  Le  premier  exemple,  à  moi  connu,  de  ce 
titre  dans  une  inscription  honorifique  est  le  suivant  : 

Dédicace  du  peuple  d'Oropos  en  l'honneur  de  P.  Servilius 
C.  f.  (Vatia)  Isauricus  (cos.  79  ;  pro  cos,  78  ;  imperator,  73)  :  '0 
ofi[).oq  QpwTT'lwv  rii-A'.cv  — scc'JiA'.cv  Fab'j  U'.bv  Içxjpi'AÔ'f,  'J-aTOV, 
aÙToxpâ-rspa  y.TA  ^.  Comme  P.  Servilius  porte  ici  le  titre  d'/m- 
perator  et  le  surnom  d'Isauricus,  l'inscription,  postérieure  à 
ses  victoires  de  Cilicie,  est  au  plus  tôt  de  l'an  73,  et  peut 
être  plus  récente  ~ . 

Pour  trouver  d'autres  exemples  de  l'appellation  consulaire 
dans  des  dédicaces,  il  faut  ensuite  descendre  jusqu'à  l'époque 
de  César,  où  le  titre  'jzx-s:  règne  sans  partage,  sauf  les  excep- 
tions qui  se  pourront  rencontrer  isolément  et  qu'implique  la 
présence  tardive  de  c-TpaTY)Y'sc  àvOJza-::;  dans  la  même  classe 
d'inscriptions. 

Quant  au  titre  àvOjTra-o:  'Pojy.aûov  ou  àvOj-a-::;  remplaçant 
7-pyL-r,';zç  àvOti^a-oç  'Paj|j.ai(i)v,  c'est,  je  crois,  en  82  qu'il  se  pré- 
sente pour  la  première  fois.  Nous  le  trouvons,  cette  année-là, 
attribué,  à  Pihodes,  à  L.  Cornélius  L.  f.  Lentulus,  lequel  fut 
peut-être  gouverneur  de  Cilicie  de  83  à  81  :   \=j7,'.oq  Kopv^Xisç 

Dans  l'inscription  rhodienne  ici  rappelée,  où  sont  successi- 
vement nommés   L.    Cornélius  Sulla  (1.  1-2)  et  L.  Cornélius 


1.  /G,  VII,  241. 

2.  II  me  paraît  évident  que.  clans  cette  inscription,  i~aTo;  signifie  consul,  et 
non  proconsul.  On  y  rappelle  donc  le  consulat  de  Servilius.  bien  qu"il  date 
d'au  moins  quatre  ans.  Le  cas  est  tout  à  fait  analogue  à  celui  de  M.  Antonius 
(ci-dessus,  p.  29  et  suiv.),  dont  les  «  Déliens  »  commémorent  le  consulat  (ann. 
99)  en  97  ou  même  plus  tard. 

3.  IG,  XII,  1,  48  =  Ditlenberger,  Sylloge-,  332  (inscription  déjà  mention- 
née et  citée).  1.  3-  i.  Sur  l'hypothèse  selon  laquelle  Sulla,  à  son  départ  d'Asie, 
aurait  donné  à  L.  Cornélius  Lentulus  le  gouvernement  de  la  Cilicie,  cf. 
P.  Foucart  {Rev.  Philol.  1899,  267;  Th.  Reinach,  Hermès,  1899.  159-160; 
Miinzer,  P-\V.  IV.  1371-1372,5.  v.  Cornélius,  194-195). 


38  CHAPITRE    PREMIER 

Lentulus  (1.  3-4),  on  observera  que  le  premier  est  dit,  comme 
nous  Tavons  indiqué  déjà,  G-:poL-r,Y^ç  àvôû-axo;  'Po)[j.aiMV,  et  le 
second,  deux  lig^nes  plus  bas,  àvOjTra-roç.  De  cette  singularité  on 
serait  d'abord  tenté  d'induire  que  la  dédicace  appartient  tout 
juste  à  l'époque  de  transition  où  l'ancien  titre  céda  la  place  au 
nouveau.  Mais  il  ne  paraît  pas  douteux  que,  lorsqu'elle  fut 
composée,  àvBù-a-oq  était  déjà  le  titre  ordinairement  donné 
aux  gouverneurs  dans  les  textes  de  même  sorte,  et  que  c'est 
seulement  pour  faire  honneur  à  Sulla  qu'on  l'a  qualifié,  à  la 
mode  ancienne,  de  u-par^yoç  àvÔÛTca-oç  '. 

La  substitution  d'àvGuTcaTûç  à  cTpaxriyoç  àv6'J7:a-cç  dans  les 
inscriptions  dédicatoires  avait  donc  commencé  de  se  faire 
avant  85-80,  date  minima  qui  n'est  ici  qu'un  terminus  ante 
quem  ;  et  la  même  conclusion  vaut  aussi  pour  la  substitution 
d'uTraToç  à  (TTpar/]Yoç  uira-oç.  11  est  probable  que  c'est  aux 
approches  de  l'an  100  qu'on  vit  JTratoç  et  àvÔJTrato;  prendre, 
dans  ces  inscriptions^  la  place  du  titre  primitif.  Mais  il  faut  se 
souvenir  que,  selon  toute  apparence,  le  changement  s'était 
accompli,  dans  les  pièces  officielles,  à  une  époque  un  peu  plus 
ancienne.  L'étude  critique  des  dédicaces  d'origine  grecque 
donne  ainsi  lieu  de  croire  qu'u-a-roç  'Po)|j.a'!o)v,  puis  uxaioç, 
devint  l'appellation  solennelle  des  consuls  dans  le  courant  du 
dernier  quart  du  ii^  siècle.  C'est  à  peu  près  à  ce  même  résul- 
tat que  nous  avait  conduits  l'examen  du  formulaire  employé 
par  les  consuls  dans  leurs  actes  publics. 

§    2,  Décrets  mentionnant  occasionnellement  des  consuls. 

Lorsque,  dans  les  actes  publics  des  cités  grecques,  il  n'était 
fait  qu'en  passant  mention  de  consuls,  il  est  clair  que  les 
rédacteurs  de  ces  actes  n'étaient  nullement  obligés  de  leur 
donner  leur  appellation  sulennelle.  Aussi  s'en  sont-ils  souvent 
dispensés, 

1.  Comp.  le  titre  de  droar/JYÔ;  il^waro;  donné  à  César  dans  la  lettre  aux  habi- 
tants de  Paros  signalée  plus  haut  :  Joseph.  Ant.  Jud.yiW.  10.8,  215.  Dans 
l'inscription  de  Délos  BCH,  XVII,  202  =  XVI,  158,  Sulla  est  simplement 
appelé  àv9J:taTo?  (1.  -4);  mais  cette  épigramme  en  vers  n'a  pas  de  valeur 
documentaire. 


DOCUMENTS    D'ORtGlNE    GRECQUE  39 

Le  célèbre  décret  des  Lampsakéniens  pour  Hégésias,  décret 
qui  date  de  196  ou  de  l'année  suivante,  mentionne  par  deux 
fois  T.  (Quinctius  Flamininus)  ^  Le  titre  officiel  de  a-rpa-r-rj-pç 
ijr.x-oq  'Po)[;.xu.)v  est  d'abord  joint  au  nom  du  proconsul  :  (1. 
67-6S)  [xYrf'^'ocy]tv  ajTo[ù]ç  r,  zj^c/j.r-.zq  "pbç  ■rb[v  -un  'Pfoij.aioiv 
(TTpar^Y]^'''  '^~a'cv  Trov — ;  mais,  un  peu  plus  loin  (1.  70), 
Titus  n'est  plus  appelé  que  6  aTpxf/jviç  :  èvsTuyev  (Hegesias) 
Ttoi  (jTpaTrjVwt  [y.al  zzlq  Oî'xa]  — , 

Dans  la  sentence  arbitrale  qu'ils  rendirent,  en  139  ou  133, 
en  faveur  de  la  ville  dTtanos  ~,  les  Magnètes-du-Méandre, 
reproduisant  la  suscription  d'une  lettre  du  consul  L.  Galpur- 
nius  L.  f.  Piso  3,  le  désignent,  comme  nous  l'avons  déjà  vu, 
par  son  appellation  solennelle  :  (1.  10-11)  y.aTa  --^v  àzoîTaXsî- 
Ta[v  è~'.!7T0A'/;v  67:0  A]£[L(y,'.o'j  RaXs-cpv(o'j  Asjyxbu  u'.oj  llsiawvoç 
(7-pa-r,Y0j  u-XTCJ  —  ;  mais,  quelques  lignes  plus  bas,  ils  se 
contentent  d'écrire  :  (1.  20)  [o-.a-açavTo;  S]è  ^rspi  tojtwv  y.al  tsu 
ffTpar^You  Asuy.bu  KaXoTrc[pvt2u  Aeuyio'j  uJ'.oO  n£t(T(i)[v]oç. 

Un  passage  du  décret  que  les  Priéniens  votèrent,  vers  l'an 
120,  en  l'honneur  d'Hérodès  ^,  citoyen  de  la  ville,  est  parti- 
culièrement notable;  on  y  lit  :  (1.  91^93)  [y.al  à]-2[c-/j;j.r,(7]aç 
(Herodes)  Tpb;  -bv  aj-rbv  7TpaT[vjY0v  Mâapxov  HepTcspjvav  Maapy.ou 
(7-pa-Y3Y2v  •<3;v6!>u::a-:[ov  sic  n£pYaiJ.cv  — ].  Nous  trouvons  ici 
appliquées  au  même  personnage,  le  consul  M.  Perperna  M.  f. 
(cos.  130),  et  l'ancienne  appellation  solennelle  (trtpa-yiYbç 
u-a-oc)  et  une  appellation  simplifiée  (axpa-r,YÔç),  celle-ci  précé- 


1.  Dittenberger,  Sylloge^,  276.  Dans  l'étude  de  cette  inscription,  il  faut 
tenir  compte  des  corrections  et  restitutions  faites  par  A.  Wilhelm  [Gôlt.  gel. 
Anz.  1900,  94-95)  et  par  moi-même  [Bev.  Et.  ane.  1916,  4  sqq.).  Bûttner-Wobst 
(167,  3)  parait  n'avoir  qu'une  médiocre  confiance  dans  la  restitution  que 
Lollinj^  et  Dittenberger  ont  proposée  pour  les  1.  67-68  ;  mais,  après  examen 
du  marbre,  je  puis  déclarer  qu'elle  ne  prête  à  aucune  critique;  celle  de  la 
1.  70  est  certaine  aussi;  peut-être  seulement,  au  début  de  la  1.  71,  la  lacune 
après  atpaTTiYÔJi  étant  un  peu  plus  grande  que  ne  la  marqué  LoUing,  convient- 
il  d'écrire  [y.at    auvoîxjXêyjl;    ajTOÏ?    ztX. 

2.  Dittenberger,  Sylloge  2,  929. 

3.  Ce  point  a  été  éclaire!  plus  haut,  p.  6,  note  3. 

4.  Inschr.  von  Priene,  109.  J'ai  déjà  mentionné  ce  texte  (ci-dessus, 
p.  13),  et  fait  observer  qu'  <av6>-G7:aTov,  au  lieu  d'ii-axov,  est  dû  à  une 
méprise  du  rédacteur  du  décret  ou  du  graveur  de  l'inscription. 


40  CHAPITRE    PREMIER 

dant  le  nom  propre,  à  la  mode  grecque,  celle-là  lui  faisant 
suite,  selon  Tusage  romain. 

Ces  trois  textes  sont,  à  ma  connaissance,  les  seuls  actes 
publics  d'origine  grecque  faisant  mention  occasionnelle  de 
consuls,  où  se  rencontre  le  titre  consulaire  officiel  (en  même 
temps  d'ailleurs  que  celui  plus  court  de  sTpaTr^vôç).  Dans  toutes 
les  autres  inscriptions  appartenant  à  la  même  catégorie,  les 
consuls  ne  sont  appelés  que  G-:px-r,^(oi  ou  JraTc. 

Les  décrets  des  villes  d'Asie  mineure  datant  du  dernier 
quart  du  ii*  siècle  les  qualifient  volontiers  de  jToaiYJYOt  *-  On 
lit,  dans  le  décret  bien  connu  des  Sestiens  pour  Menas  (peu 
avant  120)  "  :  (1.  20-22)  xa;  -i  Trpsîi^euç  k^noiixzo  -po6jixwç 
(Menas)  "îzpb:  ts  tijç  a-:pxTr,^(o-jz  toj;  xzo7-t'KK0'^.vKu:  ùtco 
Pu)[Aaia)v  S'.;  t-Jjv  Ao-îav  y.3.\  tûj;  -z[j-c\>.v/o'j:  -pza'^t'j-i:;  — .  Les 
T.pz(j^vj-xi  ici  mentionnés  sont  les  dix  commissaires  du  Sénat, 
qui,  de  concert  avec  M".  Aquillius,  organisèrent  la  province 
d'Asie  3  ;  par  suite,  les  G-px-r,ysi  dont  il  est  parlé  auparavant 
ne  peuvent  être  que  les  consuls  P.  Licinius  Grassus  Mucianus 

1.  Mommsen  ignorait  cet  emploi  du  terme  «JTpaTrjyd;  dans  les  inscriptions; 
cf.  Staàlsrecht,  II  ^,  194,  1  :  «  Als  voile  Titulatur  des  Consuls  kommt  arpaTr;- 
yo;  auf  Urkunden  meines  Wissens  nicht  vor...  »  De  même,  Mentz  (9;  12)  : 
«  Vocaiiiium  dTpaTTjYo;,  çuod  apud  Polyhium  saepe  consulem  significat,  in 
titulis  hoc  sensu  non  adhibetur.  —  Neqiie  vox  altéra  a-pa-riYo'ç  hoc  sensu 
unquam  in  titulis  vei-satur,  quare  Polybium  eani  non  e  sernione  legitimo 
sumpsisse  xed  ipsum  sibi  finxisse  censeo...  »  Cette  opinion  est  erronée, 
mais  Mommsen  et  Mentz  n'avaient  pu  connaître  ni  les  décrets  de  Priène 
ni  celui  de  Bargylia.  Magie,  qui  a  repris  leur  doctrine  à  son  compte  (8),  est 
peu  excusable  d'avoir  ignoré  le  dernier  document,  publié  deux  ans  avant  son 
mémoire,  d'autant  que  l'emploi  de  aTpatrpio'ç  au  sens  de  consul  y  avait  été 
signalé  par  Kornemann  (5er/.  philol.  Wochenschr.  1905,  674;  cf.  Zur  Gesch. 
der  Gracchenzeit,  55). 

2.  Dittenberger,  Or. STr.  mscr.  339. — Dans  le  décret  des  Amphiktions  récem- 
ment publié  par  G.  Blum  [BCH,  1914,  26-27),  il  ne  paraît  pas  douteux  qu'aux 
1.  15-16  et  25-26,  le  titre  de  aToa-riyo'' désigne  les  consuls.  Mais  il  ne  s'ap- 
plique point  exclusivement  à  ces  magistrats  :  les  axpaTrjYOi  mentionnés  dans 
ces  deux  passages  semblent  être  tout  à  la  fois  et  les  consuls  et  les  préteurs. 

3.  Pour  cette  interprétation,  contraire  à  celle  qu'a  proposée  Dittenberger 
{ibid.  not.  11),  cf.  P.  Foucart  [Mém.  Acad.  Inscr.  XXXVII,  i,  324,  2)  et  surtout 
G.  Cardinal!  {Saggi  offerti  a  G.  Beloch  :  La  morte  di  Attalo  III,  307,  3):  «  visto 
che  prima  degii  ambasciatori  sono  ricordati  i  comandanti  romani,  io  credo 
che  si  alluda  ai  dieci  commissari  insieme  coi  quali  M'.  Aquilio  regolo  defini- 
tivamente  la  provincia  d'Asia.  » 


DOCUMENTS    d'oRIGINE    GRECQUE  41 

(cos.  131),  M.  Perperna  (cos.  130),  et  M'.  Aquillius 'cos.  129). 
Le  décret  des  Priéniens  pour  Moschion  (ap.  129)  '  rappelle 
ainsi  l'arrivée  du  consul  M.  Perperna  en  Asie  :  (1.  223-225) 

Tsu  t[z  a]TpaT"(^YSu  'Po)|j.x»j)v  TrapavîvYjOévTOç  û:  Tr,v  Aaïav  \).z-oi. 
Buva[J.£a)v  '."-r/.ûv  'i  xat  7:cu'//,wv  Maapy.ou  IlspTuspva  Maap/ôu  ubu 
— .  Celui  des  Bargyliètes  pour  Posidonios  (ap.  127),  où  sont 
rappelées  quelques  circonstances  de  la  guerre  d'Aristonikos, 
désig-ne  de  la  même  façon  le  consul  M'.  Aquillius  ^  :  (a,  1.  13- 
14)  Mavbu  T£  Ay.'jAAb'j  toj  'Pco[J.a(wv  a-poc-Tf'fo'j   àvaî^£'j;avTsç  £~[i] 

Muaiaç    TYJç    7.aA0'j;x;vY]ç    'A^[^]oii-iooq    — ;  (/>,    1.  31)  [xai 

—  Mav{]o'j  'Ay.jAAiou  (7-paT-/;Ysî3  — •  Dans  ce  décret,  cTpat-^YÔ; 
répond  si  bien  à  consul  que,  pour  désigner  le  légat  consulaire 
Cn.  Domitius  (a,  1.  16),  on  a  fait  emploi,  comme  il  est  arrivé 
à  Polybe  en  pareil  cas,  du  terme  àv-wTpaTrjViç  ^• 

Notons  que  l'usage  est  semblable  s'il  s'agit  de  gouverneurs 
provinciaux.  On  dit  couramment  <j-py.rr,yo:  au  lieu  de  Gipx-T^'foq 
àvOô-aTcç,  tout  de  même  que  a-px--Q^(bq  au  lieu  de  jTpa-Yjybç 
uTCa-oç.  L'éditeur  des  inscriptions  de  Priène  a  très  bien 
observé  que,  dans  nombre  de  ces  inscriptions,  7-px-T,yb^  ne 
saurait  se  traduire  par  praetor  :  c'est  un  titre  attribué,  quel 
que  soit  son  rang,  au  gouverneur  de  YAsia  provincia  '.  Le  fait 

t.  Inschr.  von  Priene,  108.  La  restitution,  au  commencement  de  la  1.  223, 
demeure  incertaine  :  j'avoue  ne  pas  bien  comprendre  [k~£tT]a  to'j  •:[£  a]-pa.- 
Triyou   proposé  par  Hiller, 

2.  P.  Foucart,  La  formation  de  la  province  romaine  d'Asie  (Mém.  Acad. 
Inscr.  XXXVII,  i),  327-32S.  Cf.,  pour  les  1.  13-20,  23-27  de  la  même  inscription, 
Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  II  (add.),  551.  Je  me  propose  de  faire  une  étude 
nouvelle  de  ce  document,  dont  la  restitution  est  loin  d'être  partout  satisfai- 
sante. 

3.  Mém.  Acad.  Inscr.  XXXV'II,  i,  328,  a.l.  15-17  :  à-oX'.-o'vTO?  Se  (M'.Aquil- 
lio)  èv  T^[i  y(i)p]a  avT'.'JTpâ"riyov  Evaiov  Ao[i.£T!Ov  Fvaîo'j  xa;  Ttvaç  Twv  O'jva- 
[tjiîajv]  — .  P.  Foucart  (ibid.  329:  330,1)  a  traduit  deu.\  fois  àvttaToàTT.Yo; 
par  «  lieutenant  »,  une  fois  (330)  par  «  propréteur  ».  C'est  certainement  la 
première  interprétation  qui  est  la  bonne;  cf.  G.  Cardinali,  La  marie  di 
Allalo  IH,  317.  Si  avT'.T-paTTiyo;  signifiait  ici  propraetor,  il  est  clair  que  le 
texte  devrait  porter  tov  àvTiaTpdcTrjYov.  Pour  l'usage  semblable  fait  par  Polybe 
du  même  terme,  cf.  ci-dessus,  p.  10,  note  1. 

4.  Hiller  von  Gârtringen,  Inschr.  von  Priene,  111,  note  à  l'inscr.  n.  98  : 
«  aipaTriYOç  hier  wie  sonst  nicht  im  Sinnevon  Prâtor.  sondern  den  Prokonsul 
(c'est-à-dire  le  gouverneur  de  la  province  d'Asie)  bezeichnend  »;  cf.  p.  112, 
note  au  n.  117. 


42  CHAPITRE    PREMIER 

est  que,  dans  certains  décrets  des  Priéniens  (du  début  du 
1*'"  siècle  '),  nous  rencontrons,  alternativement  appliqués  à  un 
même  gouverneur,  par  exemple  à  C.  Julius  G.  f.  Caesar  (pro 
COS.  Asiae  c.  98-90)  -,  les  qualificatifs  d'àvOû-xToç  et  de  cxpa- 
T-rjvôç,  ce  qui  ne  permet  pas  d'hésiter  sur  la  signification  du 
second.  Ces  deux  dénominations  sont  tenues  pour  équiva- 
lentes, et  l'on  désigne  par  l'une  ou  l'autre,  indifféremment,  le 
magistrat  préposé  à  l'administration  de  la  province.  Dans  la 
même  série  de  décrets,  en  des  phrases  telles  que  celles-ci  : 
ù-îzooTiiJ.ifaxç  [e'iç  "Eçeœov  CTro;  vnù'/T,i  xo)'.]  (j-py.xr,^(m  /.ta.  —  ;  — 
'/.où  y.aTaTU£ip3£Çivtwv  {se.  -wv  3-/;[j.oau.)voJv  =  publicanis)  àst  -koxi 
TO'j[ç]  elç  'Afft'av  £[(7T]a[AîJ.£viuç  G-.]poi[-]rt^(0'jq,  èvTu[7livTwv  §è  7.«l 
Tw',  (j-par/;Ya)i  Asuy.ion  A£'j[/,]tAi(oi  Asuy.bu  [u'.]o)[i  —  —  — ],  on 
ne  doutera  guère  que  atpaTYJYÔç  doive  encore  s'interpréter  par 

1.  Inschr.  von  Priene,  111  (décret  pour  Kratès);117  (décret  pour  Héraklei- 
tos).  Je  transcris  d'abord  ce  qui  subsiste  des  1.  14-16,  21-22  du  premier  décret  : 
(1.  14-16)  —  —  T.^ôi  Patov  "Io'jÀiov  FaLOu  uîov  zal  |  —  —  —  —  [anoojï](j.YÎ- 
aaç   Eiç    nspYafiov    è7:oir)aa-o  |  —  —  —   loixz  tov    àvOûica-ov    èriToEfat  —  — 

(1.  21-22) [(JTpjaTYjyou  Fafou  'lo'jXîou  Taiou  utoij  |  —  —  [xal  taûrriv  "Ttiv 

7:]p£ajj£tav  ÈTéXEasv  Scopsav  —  — .  On  voit  bien  clairement  que,  dans  les  deux 
circonstances  ici  rappelées,  c'est  à  C.  Julius  Caesar  qu'eut  afl'aire  Kratès,  et 
qu'ainsi  ce  gouverneur  est  désigné  tantôt  par  le  titre  de  oxpaxifiYOç,  tantôt 
par  celui  d'àv0u7:aTo:.  Les  1.  115-119  du  même  décret  suggèrent  une  remarque 
semblable  ;  je  les  reproduis  avec  les  suppléments  que  j'ai  autrefois  proposés 
[BCH,  1907,  387)  :  —  [;:]apa-/.aXù)v  tov  àvOûnaTov  toïç  tj-iv  'j7:Ô  twv  àXwvwv  Xsyo- 
[j.='voi;  ar]  -po<s\[éyv.y,  à/.Épaia  8È  àçjïvjai  xwt  8rI[JLtoi  xà  TZoi-'fu.oLxi,  [J.éy_pt  àv 
£;:tYvtoa£v  xô  zpiô/jaoïisvov  u-sp  |  [aùxwv  -IkÔ  xfjç  auY/])>i^'xoy,  ïmiaiv  X£  xôv 
àv6'j:iaxov  zal  aùxô^  à::ocpr]vaa9ai,  oxt  ol'sxai  SsTv  8ia  ]  [zaxiycCjGat  xoù;  xo'-jouç 
u'^'  Yjijiwv'  TïàXtv  xe  xwv  8-^[Aoa[(ovwv  [iiiaaa[j.£Vojv  "/.aji)  rpocjaYayov  [  [xtov  zaô' 
rjULÔiv  iy.£X£;]av  xwi  axpaxrjyôji  zxÀ.  S'agit-il  encore  dans  ces  lignes  de  C.  Julius 
Caesar  ?  Nous  l'ignorons,  mais  il  importe  assez  peu  ;  ce  qui  est  sûr,  c'est  qu'il 
est  question  d'un  même  gouverneur  d'Asie,  lequel,  d'abord  et  par  deux  fois, 
est  dit  àv9j;:axoç  (1.  115,  117),  puis  qu'on  appelle  ensuite  axpaxr,yd;  (1.  119). 
Passons  au  décret  pour  Hérakleitos.  On  lit  aux  1.  13-17  :  'HpàxXstxov  xôv  [aèv 
axpaxriYÔv  —  —   —  |     xoiv    0£    '57]aoCTttJL)v(wv)    7:apaY£V0!X£[vwv]    —   —  —  |  ao- 

■/_dvxwv  xwXuadivxfov |   .[p!]av(?)  xaî  xpa'j;jLaxa  /.où  ço'vo'j;   .  .  c  —  — 

—  I  xou  àvOu~àxou  y.ax'  aîxt'aaiv  —  — .  Visiblement,  c'est  encore  à  un  même 
fonctionnaire,  c'est-à-dire  au  gouverneur  d'Asie,  que  se  rapportent  les  deux 
titres  axpatrjYo'ç  et  àv9'j::axo;  ;  cf.  le  commentaire  de  Hiller. 

2.  Il  n'est  pas  indifTcrent  d'observer  que  C.  Julius  C.  f.  Caesar,  qualifié  à 
Priène  de  axpa-Y)Yd;,  s'est  toujours  intitulé  lui-même  procousiW  pendant  son 
gouvernement  d'Asie  :  Mommsen,  Staatsrecht,  II  3,  648,  1  ;  cf.  C/L,  I  2,  p.  199, 
elog.  XXVIII;  BCH,  1899,  73,  n.  16:  1905,  IS. 


DOCUMENTS    o'ORtGlNE    GRECQUE  43 

«  g-ouverneur  »  K  Pareillement,  comme  on  le  voit  par  la  sup- 
plique des  Technites  dionysiaques  de  l'Isthme  insérée  au  séna- 
tus-consulte  de  l'an  112,  Cn.  Cornélius  Sisenna,  gouverneur 
de  Macédoine,  recevait  des  Grecs,  dans  le  langage  courant,  le 
titre  de  G-po:vr,yb:,  CTpa-'/JYÔç  k[).  Mav.coivi'xt  -,  bien  que  son  appel- 
lation officielle  ^  —  simpliliée  à  Rome  en  àwbùr^a-oq  —  fût  cer- 
tainement Q-pavCtYoz  àv6J7:a-oç  ^. 

Par  un  hasard  fâcheux,  il  ne  nous  est  guère  resté,  je  crois, 
d'actes  publics  des  cités  grecques  datant  du  ii®  siècle  ou  du 
commencement  du  i"'',  oîi.  dans  le  corps  du  texte,  le  titre 
consulaire  soit  rendu  par  ij-iza-o:.   Je  n'en  trouve  à  signaler 


1.  Inschr.  von  Priene,  124,  1.  6-7;  111,1.  135-136  (cf.  1.  142,  147);  voir  aussi 
121,  1,  21-22  (mais,  dans  ce  dernier  décret,  il  est  fait  un  abus  singulier  du  terme 
CTTpaTïiYo'i;,  puisqu'on  le  trouve,  à  la  1.  23,  appliqué  même  à  M.  (Junius  D.  f .  ?) 
Silanus,  questeur  de  L.  Murena). 

2.  Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  79,  n.  70  a  =  Dittenberger,  Sylloge  -, 
930,  1.32-33  :  — s;cItou  aTpa(TTi)yoù  â[jL  May.£|[8ovtat  rvaiou  KopvriXi'oj  StaÉvva] 
(restitution  de  Dittenberger);  cf.  1.  33,  34-35,37.  Pour  Texplicatiôn  détaillée  de 
ces  textes,  et  pou i  l'interprétation  de  la  phrase  —  è-E  rvaîoj  KocvriX-'ou  Sialvva 
axpaTïiYo[u]  rj  àvOuTTocTOu  h.zï  ûvtoç,  voir  les  remarques  que  j'ai  présentées 
dans  Rev.  El.  anc.  1917,  161  sqq. 

3.  La  comparaison  avec  les  fragments  d'actes  retrouvés  à  Delphes  et  signa- 
lés plus  haut  (Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  273,  n.  248  a,  1.  1  ;  cf.  aussi 
BCH,  1903,  168-169, 1.  1  ;  ci-dessus,  p.  17,  notes  1  et  2)  ne  permet  pas,  je  crois, 
de  douter  que,  dans  la  convention  conclue  à  Pella  par  l'entremise  de  Cn. 
Cornélius  Sisenna  (Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  83,  n.  70  b),  il  ne  faille  à 
la  1,  3,  suppléer  [iwt  oipaTriytiJi]  àvÔLinâxwt  Fvaiwt  KopvTiXîwt  Stasvvai;  cf.  Rev. 
Et.  anc.  1917,  159. 

4.  On  remarquera  que,  dans  le  décret  de  Kyzique  pour  M.  Cosconius,  gou- 
verneur de  Macédoine  (Cichorius,  Sitzungsher.  Berlin.  Akad.  1889,  367, 
1. 9-10),  et  dans  celui  de  Lété  pour  M.  Annius,  questeur  du  gouverneur 
Sex.  Pompeius  (Dittenberger,  SyWojre-,  318,  1.13),  le  titre  eu.  Ma/.sSovi'at  CTToa- 
irjYÔ?  (M.  Cosconius),  arpaTriyo;  (Sex.  Pompeius)  peut  sans  doute  être  traduit 
fort  correctement  par  jaraefor,  mais  qu'il  peut  tout  aussi  bien  être  pris  au  sens 
plus  large  de  «  gouverneur  ».  Même  remarque  pour  le  titre  de  aipaTriyd; 
appliqué  à  M.  Junius  D.  f.  Silanus,  gouverneur  d'Asie  en  76,  dans  un  décret 
de  Mylasa  (Le  Bas-Waddinglon,  III,  409).  On  s'est  demandé  (Waddington, 
Fasles,  n.  18;  cf.  Mommsen,  Slaatsrecht,  113,  648,  1;  240,  5,  s.  f.)  si  ce  titre 
répondait  au  latin  propraetor  ou  proconsul  ;  le  plus  probable  me  paraît  être 
qu'il  ne  répond  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  :  il  désigne  simplement,  comme  le  titre 
solennel  atpaTrjyoç  avÔÛTiato;,  le  gouverneur  romain  de  VAsia  provincia.  On 
peut  comparer  l'emploi  analogue  fait  du  terme  ^Tca-r;ydç  par  Strabon  (III.  4. 
20,  166),  en  parlant  du  gouverneur  de  Baetique  (cf.  Mommsen,  Slaalsr.  IP, 
240,5),  et  par  Plutarque  [Ciin.  2),  en   parlant  du  gouverneur  de  Macédoine. 


44  CHAPITRE  pre:\[ter 

qu'un,  lequel  provient  d'Halikarnasse  et  remonte  à  l'an  131. 
C'est  une  liste  de  citoyens,  qui  s'étaient  cotisés  pour  fournir 
l'équipage  d'un  vaisseau  mis  par  la  ville  à  la  disposition  de 
P.  [Liciniusl  Crassus  Mucianus  (cos.  131),  lorsqu'il  vint  en 
Asie  combattre  Aristonikos,  Elle  commence  par  ces  mots  :  (1. 1- 
4)  èTCi  '.cp£0)ç  BxaCheioou,  'EXsuôsptwvoç,  oÏ[oe]  -apay.A-/;6£v-sç  èTrvjY" 
YîfAavTî  owpsàv  ty]  r.ôXti  [rJ)V  z]Xrjp(i)[<j]iv  zf,q  vtMç  [""'/?]  à~ZGXzK- 
Aoyivr;;  irpoç  riû-Àtov  <C  OjaA.  lap.  >  (Aix'/nov)  Kpaaacv  {i-a-ov^. 
Voilà  le  seul  exemple  que  je  puisse  citer.  Mais  la  traduction 
constante  de  consul  par  ij-izoc-oq  dans  tous  les  documents  grecs, 
à  partir  du  courant  du  i^''  siècle,  suppose  d'innombrables  pré- 
cédents. Au  reste,  nous  venons  de  voir  que,  dans  des  décrets 
rendus  à  Priène  au  début  du  même  siècle,  le  g-ouverneur  de  la 
province  d'Asie  est  à  diverses  reprises  appelé  âvGÛTCaToç  (en 
même  temps  que  G-pocrri'-(ôq)  ~',  ceci  implique  l'usage  parallèle,  à 
la  même  époque  et  dans  les  textes  de  même  nature,  d'JTra-roç 
(en  même  temps  que  de  <:zpa-r,-{zç)    pour  désigner  le  consul  •''. 

1.  CIG,  2501  =  Wilhelm,  Wien.  Jahresh.  1908.  69,  n.  6.  Le  texte  est 
ici  donné  avec  les  corrections  excellentes  d'Ad.  Wilhelm,  qui  a  déterminé 
l'origine  et  la  date  du  document.  A  la  1.  3,  c'est  par  erreur,  comme  l'avait 
déjà  vu  Galland,que  le  marbre  porte  IldrX'.ov  OùaX.  Kpàaaov  :  il  y  a  eu  confu- 
sion entre  P.  Licinius  Crassus  et  L.  Valerius  Flaccus,qui  furent  l'un  et  lautre 
consuls  en  131.  —  Sur  les  circonstances  historiques  auxquelles  l'inscription 
fait  allusion,  cf.  G.  Cardinali,  La  morte  di  Allalo  III,  312-313.  — Le  décret 
d'une  ville  lydienne  inconnue,  voté  probablement  en  l'honneur  d'Antipatros 
de  Derbé,  (ju'ont  découvert  J.  Keil  et  A.  von  Prenierstein  {Denkschr.  der 
Wien.  Akad.  LIV  (1911),  Ber.  ûher  eine  ziueite  Beise  in  Lydien,  135,  n.  248). 
contient  à  la  I.  2,  les  mots  :  —  's'aTTiasv  zacdvTwv  zal  twv  GraTtov.  Mais  ce 
document  ne  paraît  pas  antérieur  au  milieu  du  i'"'  siècle. 

2.  Insclir.  ron  Priene,  111;  117  (textes  cités  ci-dessus).  Il  n'y  a  rien  à  tirer 
du  décret  de  la  Confédération  des  Magnètes  [IG,  IX,  2,  1104),  où  se  lisent,  à 
la  1.  20,  les  mots  xov  àvO'J7caT[ov]  ;  ce  texte  peut  appartenir  à  une  période 
avancée  du  i''  siècle.  Même  observation  pour  le  fragment  trouvé  à  Paphos 
{Journ.  Ilell.  slud.  1888,  247,  n.  91),  qui  contient,  à  la  1.  3,  le  mot  [àv]0u7:aiov. 

3.  Il  est  curieux  de  trouver  la  double  désignation  d'un  consul  par  arpaxiriyo; 
et  par  uTraxo;,  jusque  dans  un  document  de  l'époque  de  César.  L'acte, 
qui  porte  dans  Josophe  [Ant.  Jud.  XIV.  10.  14,  231-232)  le  titre  inexact  de 
tJ/TÎçiajxa  AriXttov  et  qui  est  en  réalité  un  y  priUaitatAo;  des  stratèges  athéniens 
(cf.    Plassart,  Bev.  Biblique,   1914,   533-534),   contient   ces    mots:   ■ — tojtoi; 

'Iou8a!o'.:  -oÀixat;  'Pdjaaiojv)  arjosl;  svo/Xt)  rspî  arpar^ta;,  8'.à  xô  tov 
{iTtaTov  Aojziov  Kopv7]Xcov  AÉvrXov  ostaioatuLOvta;  v/v/.a  a-oî.sXuy.évat  toÙç 
'louûaLou;  zf^ç  aTpaTSt'a;"  8tô  :z£i0ca6at  rjp.à'i;  od  t«3  a-paTrjyw.  On  voit  queles 
titres  u:iaTOç  et  aTpaxYjYdç^s'appliquent  l'un  et  l'autre  au  consul  L.  Cornélius 
Lentulus  (Crus^  (cos.  49). 


LE  TITRE  DU  CONSUL  CHEZ  POLYBE  4S 

Peut-être  vaut-il  la  peine  d'indiquer  que  l'habitude  d'em- 
ployer isolément  les  termes  aipaTrfp?  et  J-aToç  (ou  (/.i^'jt.x-.zz) 
a  fini,  à  la  longue,  par  faire  perdre  à  certains  lintelligence 
des  anciennes  expressions  composées  ffTpa-:r,Y'o;  'J~x-oz,  ^-pocrr,- 
ybç  àvQJza-:i;.  Une  preuve  intéressante  s'en  trouve  dans  une 
dédicace  g-ravée  à  Kypre,  dans  le  sanctuaire  d'Aphrodite 
Paphienne,  en  l'honneur  d'un  gouverneur  de  1  île,  L.  Coelius 
Tamphilus  (?),  du  reste  inconnu.  On  a  voulu  joindre  au  nom 
de  ce  magistrat  1  appellation  antique  et  complète  de  sa  fonc- 
tion, mais  on  n'y  a  que  fort  mal  réussi.  Le  rédacteur  de  la 
dédicace,  trompé  par  l'usage  courant,  voyait  dans  les  mots 
cTpaiYJYbç  àvOj-a-;ç,  non  les  deux  éléments  d'un  titre  unique, 
mais  deux  titres  distincts  ;  c'est  pourquoi,  au  lieu  de  les  jux- 
taposer, il  les  a  gauchement  rattachés  par  une  copule;  de  plus, 
il  en  a  interverti  l'ordre  normal  ;  bref,  il  a  abouti  à  cette 
monstruosité  :  'A(iipozi-r,i  llasiai  -q  ttôaiç  r,  Raç/iojv  Aejy.iov 
KotAiov  Tàpsivov  (?),  -bv  àvôÛTcatov  /.ai  ff-par/JY^v  '. 

IV.  —  Le  titre  du  consul  chez  Polybe. 

Dans  la  recherche  que  nous  poursuivons,  nous  n'avons  exa- 
miné jusqu'ici  que  des  documents  —  actes  publics  ou  inscrip- 

1.  E.  A.  G(ardner)  —  D.  G.  H(ogarth),  youra.  Hell.  stud.  1888,  243,  n.  68  i. 
Cf.  Groag,  P-W,  IV,  198,  s.  v.  Coelius,  26.  La  correction  TajxçtÀo;,  proposée 
par  les  éditeurs,  l'est  aussi  par  Groaj^.  Il  n'est  pas  tout  à  fait  sûr  que  L.  Coe- 
lius commandât  en  Kypre;  peut-être  faut-il  voir  en  lui  un  gouverneur  de 
Cilicie,  l'inscription  pouvant  être  antérieure  à  la  constitution  de  la  pro- 
vince insulaire.  Nous  manquons  du  reste  de  toute  indication  sur  sa  date  ; 
la  forme  des  lettres,  telle  quelle  est  donnée  par  les  éditeurs,  permettrait 
de  la  rapporter  au  ii'  siècle,  auquel  elle  ne  peut  cependant  point  apparte- 
nir. —  Du  titre  bizarre  àvGj-axo;  /.al  aTpaTTjydî  attribué  à  L.  Coelius,  on 
rapprochera  celui  de  aTpa-Tiyô;  <;y.al>>  iJra-oç  attribué  à  César  dans  la  lettre, 
déjà  citée,  de  «  Julius  Caius  »  (?)  aux  Pariens  (Joseph.  Ant.  Jud.  XIV.  10.  8, 
215).  Le  /■■xi,  que  Niese  supprime  avec  raison,  est  dû  à  quelque  interpolateur 
qui,  ne  comprenant  plus  le  titre  consulaire  solennel  (atpaTTQyo;  u;:aio;) 
donné  à  César  par  l'auteur  de  la  lettre,  sera  tombé  dans  une  erreur  pareille  à 
celle  du  rédacteur  de  l'inscription  de  Paphos.  Il  se  peut  d'ailleurs  que  l'erreur 
ait  été  facilitée  par  la  création,  v^ers  la  fin  de  l'époque  républicaine,  de  ces 
titres  grecs  de  promagistrats,  qui  comportaient  deux  substantifs  unis  par  une 
copule,  par  exemple,  -ix^iaç  /.ai  àvTtaTpâTTjyo;,  -ps-jjSsuT)",;  /.al  àvT'.aTpâTr,Yo;, 
etc. 


46  CHAPITRE    PREMIER 

lions  honorifiques  —  qui  nous  sont  parvenus  sous  forme  lapi- 
daire. Un  écrivain  doit  maintenant  retenir  notre  attention, 
c'est  Polybe. 

Polybe  est  le  plus  ancien  auteur  g^rec,  à  nous  connu,  qui  ait 
traduit  les  titres  des  mag-istratures  romaines.  11  est  vraisem- 
blable à  première  vue,  qu'en  les  traduisant  il  s'est  conformé 
à  l'usage  ordinaire  de  ses  contemporains.  Son  ouvrag-e,  on  le 
sait,  fut  composé  durant  le  second  tiers  du  u^  siècle,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  même  où  l'on  grava  la  majeure  partie  des 
inscriptions  que  nous  avons  étudiées.  Il  vaut  la  peine  de  véri- 
fier si,  dans  la  traduction  du  titre  consulaire,  il  y  a  concor- 
dance entre  ces  inscriptions  et  les  Histoires   de  Polybe. 

Observons  d'abord  que  Polybe  connaît  très  bien  l'expres- 
sion composée  7-pa.-r,Yoz  'j-xioq.  Seulement,  il  ne  s'en  est 
presque  jamais  servi.  Dans  la  partie  conservée  des  Histoires, 
on  ne  la  rencontre  qu'en  deux  passages  ^  dont  il  sera  reparlé 
tout-à-l'heure. 

Partout  ailleurs,  soit  dans  ses  narrations,  soit  dans  ses  con- 
sidérations politiques,  Polybe  donne  aux  consuls  ou  le  titre  de 
arpar^Y^?  °^  celui  d'uza-co;.  11  s'exprime  donc  comme  s'expri- 
maient, en  Grèce,  les  rédacteurs  d'actes  publics,  lorsque, 
dans  ces  actes,  ils  ne  faisaient  que  mention  occasionnelle  de 
consuls. 

Ici  se  pose  une  question.  Ces  deux  titres,  GipoL-r,yôq,  uTuaTOç, 
Polybe  s'en  sert-il  indifféremment  et  sans  choix,  ou  bien  fait- 
il  de  l'un  et  de  l'autre  un  usage  réfléchi  et  attribue-t-il  à  cha- 
cun une  signification  déterminée  ?  La  seconde  opinion  est  celle 
qui  prévaut  aujourd'hui.  Mentz,  Hultsch,  Bûttner-Wobst  ^ 
sont  d'avis  que,  pour  Polybe,  G-px-r,'{bq  est  le  consul  chef  de 
guerre,  investi  de  Vimperium  militiae,  j-ats;  le  consul 
«  magistrat    civil  »,  exerçant   Vimperium  domi.  Mentz  s'ex- 

1.  I.  52.  5;  VI.  li.  2.  On  a  dit  souvent  (voir,  par  exemple,  Mommsen,  Ges. 
Schriflen,  VIII,  260),  mais  à  tort,  que  Polybe  avait  employé  trois  fois  la 
locution  aTçaTr,YÔ;  jTzaTO;.  Le  troisième  passage  allégué  (XVIII.  46.  5)  n'est 
que  la  reproduction  d'un  document  d'origine  romaine  :  la  proclamation  faite 
aux  Isthmiques  de  196. 

2.  Mentz,  11-13;  Hultsch,  préface  du  t.  II  de  son  édition  de  Polybe  (1^2), 
xii-xv  ;  Bûttner-Wobst,  167-168. 


LE  TITRE  DU  CONSUL  CHEZ  POLYBE  4/ 

prime  en  ces  termes  :«....  u-x-o'.  consules  appellantur  a 
populo  creati  et  in  Urbe  versantes,  <jTpa--/;YOi  vero  cum  impe- 
rio  militiae  ad  bellum  profecti  i.  »  Cette  remarque  est  vraie 
d'une  vérité  générale  ;  mais  la  forme  qui  lui  est  donnée  est 
trop  absolue.  Il  s'en  faut  que  la  distinction  entre  •Jr.y.-.o-  et 
Qxçy.-r^-(bz  soit,  chez  Polybe,  aussi  précise  que  Mentz  le  prétend. 
J'ai  fait  le  relevé  de  tous  les  passages  des  Histoires  où  sont 
mentionnés  les  consuls.  Voici  les  résultats  les  plus  importants 
de  cette  laborieuse  enquête.  —  Polybe  désigne  constamment 
la  magistrature  consulaire  (le  terme  jr.xxzia  n'existant  point 
encore)  par  la  locution  uTraTs;  ^p'/J,-  H  donne  le  titre  d'j::aTct 
aux  deux  premiers  consuls  institués  après  la  chute  de  la 
royauté  ~.  Devenir  consul  se  dit  habituellement  chez  lui 
Xa[jL^âv£tv  (-otpaAa[j,,3av£tv)  rJjv  uTiaxov  cçiyr^i  ^  \  être  élu  consul, 
uTca-oç  y.aOïaxaffOai  ^  ;  exercer  le  consulat,  Tf,v  5-aTov  ipyrtv 
e-/£'.v  •'.  Il  ressort  de  là  qu'j-x-oç  est  l'appellation  régulière  du 
consul  *^,  celle  qui  lui  est  attribuée  dans  les  circonstances  nor- 
males, c'est-à-dire  en  temps  de  paix  et  quand  il  réside  à 
Rome.  —  Au  contraire,  le  consul  chef  de  guerre  est  appelé  le 
plus  souvent  irpaTr^vb;  'Po);xa'!a)v,  twv  P(x)[J.3:'1ojv  o-poi.--Q'(zç, 
ou,  absolument,  jxparrjYÔ^  ^.  C'est  pourquoi,  dans  un  chapitre 

1.  Mentz,  12.  Cf.  Hultsch  (.\ii-xin,  xiv),  qui  s'exprime  avec  plus  de 
réserve. 

2.  Pol.  III.  22.  1  :  —  Aïuxiov  loûv.ov  BpoyTOv  /.al  Map/.ov  'QpaTtov,  toj5 
'poiTO'jç  zaTaataôivTa;  'j-àxo'j;  [a-srà  Tf;V  xoJv  pajiÀiwv  /.aTOÎÀuŒtv. 

3.  PoL  III.  40.  9;    XXII.  3.  2;  XVIII.  42.  1,  etc. 

4.  PoL  I.  16.  1  ;  II.  31.  8:  34.  1;  III.  22.  1;  75.  5;  XVI.  24.  1;  XVIII.  11.  1  ; 
XXXV.  3.  7,  etc.  ; —  XI.  33. 8  :  tj  Èv  'Pw[xr)  zaTàaTaa-.j  xwv  u;:âxwv.  On  rencontre 
aussi  (VI.  19.  1)  i-ooef/.vûva'.  xoù?  (j-xto-j;. 

5.  PoL  II.  11.1;  VI.  19.  5;2L4;XXI.  8.  1.  On  trouve  aussi  (III.  106.  2) 
Oxap/ovxs;  (7cpo'j7:ap/ovx£?)  ujcaxot  et  (III.  116.11)  yeyovdxss  uîiaxoi. 

6.  Cf.  III.  87.  7:6  oh  Stxxdcxwp  xajtrjv  v/si  xrjv  otaçopàv  xCJv  G-âxcuv  xxX.  ; 
VI.  11.12;  12.  1  ;  13.  8,  etc.  —  On  sait  que  Polybe  a  quelquefois  appelé  le  consul 
àpywv  (I.  24.  9;  3S.  6;  39.  1  ;  III.  109.  1;  XXVIII.  16.  4),  mais  ce  terme  semble 
n'avoir  que  le  sens  de»  magistrat  suprême  ». 

7.  Notons  aussi  6  'Pwaaîwv  oxpa-uriyd;  (XXX.  25.  1).  Le  nom  du  consul 
précède  ou  suit  le  titre  :  par  exemple,  ô  oxpaxiriyôç  xwv  'Pwij.aîtuv  nd:iXto; 
KXajoto;  (I.  49.  3)  ;  IldîîXio;  —  ô  xtov  'I-*aj[i.aîtuv  axpaxïiYo's  (I,  50.  1)  ;  rvaïo;  ô 
<JxpaTr)Y6;  xcov  'Pwixat'cov  (XXI.  37.  1);  o  axpaxYiYÔ;  4>Xajj.îvto;  (II.  33.  7);  rvatoç 
ô  axpaxr,Yd?  (XXI.  39.  7).  11  faut  d'ailleurs  prendre  garde  qu'il  y  a  souvent 
équivoque  sur  la  signification  de  arpax/iY^ç,  le  terme  pouvant  être  traduit  par 


48  CHAPITRE    PREMIER 

bien  connu  du  1,  VI  (15),  le  titre  de  (jTparr^Yi;  (13.  6;  15.  8, 
15.  11)  remplace  celui  d'uTraxoç  (15.  2)  dès  qu'il  est  parlé  du 
consul  faisant  campagne  ;  c'est  pourquoi,  lorsqu'il  mentionne 
l'envoi  des  consuls  aux  armées,  Poljbe  se  sert  volontiers  de 
la  locution  toùç  (jTpaTVJYOÙç  (sva  xwv  orpzr/jYwv  vel  similia)  àzo- 
ffxéAAs'.v,  â^a-oa-iXXstv,  r/.-ÉixTustv,  Qiy.rA\j.T:tvi  {vel  similia)  '  ;  c'est 
pourquoi  l'on  voit  se  succéder  les  deux  termes  ù~i-o'.jç  et  ffxpa- 
-y;Y='^Ç  dans  la  phrase  suivante,  dont  la  rédaction  paraît  d'abord 
un  peu  étrang-e  :  (I.  16.  1)  y.aTaaTYjaavTî^  ÔTtiTOJç  Mavicv  '0~xy.i- 
/aov  y.al  Mâvicv  Oja/.ip'.cv  'ziq  xe  S'jvâ[j.£',;  xt.xz-jl:  âçazsaxcAXîv  xa\ 
xoùç  (7xpxx'/)Ycùç  àiJ.six£po'j(;  elç  xy]v  Zi/sAïav  ;  c'est  pourquoi, 
enfin,  a-p3L-r,^{îX^  signifie  «  être  consul  »  quand  il  sag-it  d'un 
consul  commandant  d'armée  ~. 

Mais  ce  sont  là  de  simples  habitudes  de  langage  :  elles 
n'ont  rien  de  rigoureux  et  souffrent  quantité  d'exceptions.  La 
nomenclature  de  Polybe  ne  vise  pas  à  une  exactitude  stricte 
et  ne  connaît  pas  de  règle  fixe;  les  inconséquences  v  sont  fré- 
quentes. En  nombre  de  cas,  les  deux  appellations  u-axcç  et 
axpaxr^Y^ç  sont  employées  l'une  pour  l'autre  dans  la  même 
acception. 

Il  arrive,  en  effet,  que  les  consuls,  même  résidant  à  Rome, 
soient  qualifiés  de  a-px-ri^oi  ^.   Le  verbe  jxpax-/;Y£^v  peut  être  le 

«  général  »  aussi  bien  que  par  «  consul  ».  Ajoutons  que  arpaTri-'d;  s'applique 
quelquefois,  non  au  consul,  mais  au  proconsul,  c'est-à-dire  soit  au  consul 
prorogé,  soit  au  particulier  investi  du  consiilare  imperium;  voir  notamment 
1.34.8;  34.  10  et  12  (M.  Atilius  Regulus,  cos.  256;  pro  cos.  255);  III.  97.  2 
(P.  Cornélius  Scipio,  cos.  218;  pro  cos.  217);  X.  17.  6;  34.  1;  40.  5  (?)  (P. Cor- 
nélius Scipio  (Africanus)  envoyé  en  Espagne  en  211,  avec  les  pouvoirs  de  pro- 
consul);  XXXVIII.  20.  1  ;  20.  5;  20.  7-8  (P.  Cornélius  Scipio  (Aemilianus), 
cos.  147;  pro  cos.  146). 

1.  Fol.  I.  39.  8;  41.  2;  61.  8;  VI.  15.  6;  XXXV.  3.  6.  Je  dois  iaire  observer 
que,  dans  la  phrase  souvent  citée  (I.  11.  3)  :  -po/sipuâLievot  rôv  âtîpov  xôjv 
•jTiâxwv  aipaxr,Ydv,  "A~7:'.ov  KàsjO'.ov,  â?a;:lai£tÀav  — ,  le  mot  axpaxïiydç, 
comme  le  notait  déjà  Schweighâuser  (Lex.  Polyb.  567),  n'est  pas  un  titre 
de  fonction,  mais  un  nom  commun,  ayant  le  sens  de  «  général  en  chef». 

2.  Pol.  III.  114.  6;  XXI.  29.  11  :  Mâpzou  (M.  (Fulvius  Nobilior),  cos.  189)  — 
xoS  xdxE  axpaxTjYo^vxoî. —  Dans  X.XXV.4.2  :  xou  —  Ko''vxou  (Q.  (Fulvius  Nobi- 
lior), COS.  153)  —  orxpaxrjyrlaavxoi;  âv  'ipïjptx,  le  verbe  axpaxrjyeiv  doit  se  tra- 
duire par«  exercer  le  commandement  ». 

3.  Pol.  I.  7.  12  (?);  11.  2  (les  mêmes  consuls  sont  appelés  Ci-axo'.  aussitôt 
après  :  11.  3)  ;  cf.  XXIII.  1.  8  :  2.  9  :  XXX.  18. 1  ;  XXXV.  4.  14  (toutefois,  il  y  a 


LE   ïtTRE   DÛ   CONSUL    CHEZ   POLYBË  49 

simple  équivalent  de  ty;v  u7:aTov  àp^vjv  ïyj.i'f  '.  On  trouve,  appli- 
quées aux  mêmes  personnages  ^,  les  expressions  oi  xpouTrapyov- 
Ts;  'jTra-îi  (111.  106.  2),  oî  tw  -pixspov  stsi  CTTpafOYCJV-csç  (114.6), 
0'.  Tb  TîpÎTspov  £To;  G-a-oi  YsyoviTs;  (116.  11).  Et  si,  parlant  des 
élections  consulaires,  Polybe  fait  volontiers  usage  de  la  locu- 
tion xaOïJxava'.  u-aTou;,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  dans  son 
texte  xaôiaTcicvat  (7-:py.Tr^-(oùq  ^.  —  Inversement,  le  consul  chef  de 
guerre  est  dit,  à  mainte  reprise,  u-a-^;;  au  lieu  de  arpat-^Y^?  ^• 
J'ai  noté  plus  de  trente  passages  qui  offrent  cet  emploi  d'uTuocTcç. 
On  peut  observer,  par  exemple,  que,  dans  les  chapitres  où 
sont  résumées  les  opérations  de  G.  Atilius  (Regulus)  (cos. 
225)  en  Sardaigne  et  en  Etrurie,  ce  consul  reçoit  trois  fois  le 
titre  d'jTraTiç,  une  seule  fois  celui  de  Gxpa-rt^bq  '•'  ;  que  C.  Ser- 
vilius  (cos.  217),  qui  fait  campagne  en  Etrurie,  est  appelé 
d'abord  uTcaxoç  et  seulement  ensuite  a-pccz-q^bç^;  et  que  les 
deux  titres  sont  donnés  tour  à  tour,  dans  les  chapitres  relatifs 
à  leur  expédition  d'Afrique,  aux  consuls  de  149,  M'.  Manilius 
et  L.  Marcius  Censorinus  ".  J'ai  signalé    plus  haut  l'usage  de 

quelque  doute  sur  le  sens  de  aTpaTïiYo;  dans  ces  quatre  derniers  passages  ;  il 
se  peut  qu'il  y  soit  question  de  préteurs  ou  de  préteurs  et  de  consuls). 

1.  Par  exemple,  dans  II.  21.  7,  où  il  est  parlé  de  M.  (Aemilius)  Lepidus 
(cos.  232).  En  revanche,  on  ne  trouve  qu'un  seul  cas  où  aTpaTTiY''a  remplace 
ÛTzaxoq  apyi^'  (XXIX.  7.  5).  Encore  ce  cas  est-il  douteu.\  :  il  se  peut  que  axpa- 
TT)Yta  signifie  là  «  prise  du  commandement  en  chef  ». 

2.  M.  (Atilius)  Regulus,  Cn.  Servilius,  coss.  217. 

3.  Pol.  I.  17.  6;  20.  4  ;  39.  15  ;  59.  8;  III.  106.  1  (atpeïaOat  et  y.aOtcjTavat  arpa- 
-rriYoû?). 

4.  Cf.  Hultsch,  xii-xin  :  <<  ...  cum  iisdem  (consulibus)  imperium  mili- 
tare  delatum  est,  non  desinnnt  qaidem  îi^aTot  passim  dici,  sed  proprie 
iam  CTirpaTiriYOt  appellantur.  » 

5.  Pol.  II.  23.  6  ;  27. 1  ;  27.   3  ;  28.  10. 

6.  Pol.  III.  86.  1;  88.  8. 

7.  Pol.  XXXVI.  3.9;  5.  8;  6.  1;  6.  3;  6.  5;  cf.  11.  3.  —  Le  titre  d'urarog  est 
aussi  attribué  à  L.  Scipio  età  Cn.  Manlius  pendant  leurs  campagnes  d'Asie 
(XXI.  10.  7  ;  24.9),  à  A.  Hoslilius  et  à  Q.  Marcius  pendant  leurs  campagnes  de 
Grèce  (XXVII.  16.  2;  XXVIII.  16.  3;  16.  6).  —  Noter,  d'autre  part,  la  phrase 
(II.  11.  1)  :  Tôjv  Ta;  uTuâtouç  àpyàç  èydvTojv  rvaïo;  [j.£v  «to'Xoutoj  (Cn. 
Fulvius  (Centunialus)cos.  229)  èÇsTiXet —  AuÀoç  5è  TloaToù^uoi;  -à;  T^srizà;  'éywv 
Suvàjj.£[ç  iÇwp;j.a  (A.  Postumius  =  [L.]  Postumius  (Albinus)  cos.  229).  On  lit 
au  contraire  (XXXVI.  3.  9)  :  toùç  (jTpaTr,Yoùç  wpji.Yiy.dTa;  ^sza.  tôjv  ouvaaewv , 
—  Dans  XXVII.  16. 2,  le  titre  ô  ■jT:aTo;  iwv    'PwjAai'wv  donné  à  A.  Hostilius  fait 

HoLLEAUx.   —  ilTpaiTiYÔç  u;:aTO;.  4 


50  CHAPITRE   PREMIER 

la  locution  -oùç  aT:px-T,yoh^  àTcca-riXAsiv,  £;3fn;c(7TSA).îiv,  etc.,  lors- 
qu'est  mentionné  l'envoi  des  consuls  aux  armées  ;  mais  il  faut 
reconnaître  que  ï\x-o'j^O.Ki'.v  {vel  simile)  toj;  û-iToyç  n'est 
guère  d'un  emploi  moins  fréquent  '.  Remarquons  enfin  que, 
dans  la  partie  du  1.  VI  qui  traite  de  re  Romanorum  militari, 
le  consul,  représenté  pourtant  dans  l'exercice  de  Vimperium 
mililiae^  est,  contre  notre  attente,  appelé  'jizxzo:  presque  aussi 
souvent  que  cTpaf/JYiç  "•  L'examen  des  textes  n'autorise  donc 
ici  que  des  conclusions  réservées.  Il  est  incontestable  que 
Polybe  applique  de  préférence  la  dénomination  de  a-ç>a-T,-{bq 
au  consul  «  chef  militaire  »,  et  celle  d'u-axcç  au  consul 
«  magistrat  civil  »  ;  mais  ce  qui  est  certain  aussi,  c'est  qu'en 
mainte  occasion  il  brouille  les  deux  titres,  les  tient  pour 
synonymes  et  ne  fait  point  entre  eux  de  ditrérence.  Son  usage 
est  alors  conforme  à  celui  des  chancelleries  grecques  qui,  dans 
la  pratique  courante  et  rjuand  elles  ne  donnaient  pas  au  consul 
son  titre  solennel,  l'appelaient  indilFéremment,  semble-t-il, 
(j-pa-r^Yû;  ou  j-rraTo;.  Il  est  évident  que,  bien  souvent,  Polybe 
n'a  été  guidé  dans  son  choix  que  par  le  désir  de  «  varier  son 
langage  »,  «  variandi  sermonis  studio  »,  comme  dit  Hultsch  '^. 
Et  tout  porte  à  croire  que  c'est  simplement  la  même  recherche 
de  variété  qui,  dans  nombre  de  cas,  fit  écrire,  en  Grèce,  aux 
rédacteurs  de  décrets  tantôt  \J::x-ùq  et  tantôt  cTpaTr^voç  '*. 

exactement  pendant  à  ô  (jTpaTTjyô;    twv    'Pwaat'wv,  ordinairement    employé 
quand  il  s'agit  d'un  consul  en  campaj^ne. 

1.  Par  exemple,  Pol.  II.  23.  5;  III.  107.  7;  XVIII.  12.  1;  XXV. 4.  1  (à::oaToÀ>| 
TÛv  ^"aiwv),  etc. 

2.  Pol.  VI.  31.  2:  31.  3;  32.  6;  32.  8  :  34.  5;  37.  7  (uTuaTOç);  —  27.  1  ;  33.  12: 
35.  2  ;  33.  3;  39.  2;  39.  6;  39.  9;   40.  2;  41.  2;  41.  6;  41.  7  (aTpar/iyd;) . 

3.  Hultsch,  .\iv. 

4.  Cf.  ci-dessus  mes  observations  sur  les  décrets  de  Priène  pour  Kratès  et 
pour  Héraklcitos,  où  l'on  voit  alterner,  sans  aucun  motif  discernable,  les 
termes  av9J7;a-oç  et  arpaTïjyo'ç.  Même  remarque  au  sujet  de  la  lettre  des  stra- 
tèges athéniens  '.Joseph.  Ant.  Jud.  XIV.  10.  14,  232),  qui  donne  au  consul  L. 
Cornélius  Lenlulus  (Crus"!  d'abord  le  titre  d'y~aToç, puis  celui  de  orpa-TjYo;. 
—  Il  se  peut  d'ailleurs  que,  comme  Polybe,  les  rédacteurs  de  décrets  aient  eu 
quelque  préférence  pour  (nriatïjY'iî  quand  il  s'agissait  d'un  consul  chef  d'ar- 
mée ;  la  présence  de  ce  titre  dans  les  décrets  de  Sestos  pour  Menas,  de  Priène 
pour  Moschion,  de  Bargylia  pour  Posidonios  (cf.  ci-dessus,  p.  40-41)  serait 
favorable  à  cette  opinion.  Mais  on  remarquera  que,  dans  le  décret  précédem- 


LE  TITRE  DU  CONSUL  CHEZ  POLYBE  51 

Ajoutons  deux  remarques.  —  Polybe,  qui  emploie  si  fré- 
quemment ■^r.ci-zq  au  sens  de  consul,  ne  s'est  pourtant  jamais 
servi  ni  du  verbe  br^oL-eJeiv,  ni  du  substantif  'j-a-dcc,  ni  de  l'ad- 
jectif u-aTiy.ôç.  Il  ignore  ces  néologismes,  preuve  manifeste  qu'à 
l'époque  où  il  écrivait,  ils  n'étaient  point  entrés  dans  la 
langue  et  que  le  mot  'j-azoç  ne  leur  avait  point  encore  donné 
naissance'.  Le  fait  n'est  pas  sans  intérêt  :  la  non-existence  de 
ces  dérivés  est  le  signe  que  le  titre  d'uTratcç,  donné  au  consul, 
n'était  point  lui-même  fort  ancien.  D'un  autre  côté,  une  par- 
ticularité montre  combien  était  ordinaire,  au  temps  de  Polybe, 
l'usage  de  cTpaT-r^viç  comme  équivalent  de  consul.  Voulant 
désigner  clairement  le  préteur,  appelé  aussi  cTpxT-/;Yi;  et  qu'il 
lui  arrive  parfois  de  nommer  de  la  sorte  ^,  il  a  risqué,  sans 
doute  à  1  exemple  de  beaucoup  d'autres  3,  l'expression  a-parr,- 
ybc  Éça-ÉXîy.'jr,  souvent  simplifiée  en  l;a-£A£/cuç^.  C'est  donc 
que  le  consul  était  regardé  comme  le  (jTpaTrffcç  /.a-'  klcyr^'^  et 
que  a-poi-:rj-(6ç,  employé  seul,  signifiait  naturellement  consul^. 

ment  cilé  d'Halikarnasse  (ci-dessus,  p.  44),  P.  Licinius  Crassus,  qui  vient 
combattre  Arislonikos  et  qui  est  l'un  des  arpatriyoî  du  décret  de  Seslos,  est 
appelé  ii-aToç.  Au  contraire,  L.  Calpurnius  Piso  (ces.  139  ou  133)  est  qualifié 
de  !JTf-aTr|Yo;  dans  la  sentence  des  Magnètes  (1.  20  ;  cf.  ci-dessus,  p.  39),  bien 
qu'il  réside  à  Rome.  Je  rappelle  que  le  même  titre  de  QXpi-r,-^oi  est  donné  aux 
consuls  (et  aux  préteurs)  présents  à  Rome,  dans  le  décret  amphiktionique 
(BCH,  1914,  26)  récemment  découvert  à  Delphes. 

1.  D'après  les  relevés  de  Magie  (75-76),  les  premiers  auteurs  qui  en  offrent 
des  exemples  sont  Diodore  et  Denys.  Magie  (9j  fait  observer  qu  en  dehors  du 
monument  d'Ancyre,  le  terme  'j7Z7.-doi  ne  se  rencontre  que  dans  les  inscrip- 
tions «  aetalls  infimae  »  ;  mais  il  faut  prendre  garde  que,  dans  les  inscrip- 
tions, on  n'avait  presque  aucune  occasion  d'en  faire  usage. 

2.  Par  exemple,  III.  85.  8;  118.  6;  Vil.  3.  1  ;  XXI  10.  4;  XXX.  4.  4;  22.  1  ; 
XXXVI.  4.  4;  4.  6;  5.  8. 

3.  Mommsen  a  d'abord  pensé  que  cette  expression  avait  pu  être  imaginée 
par  Polybe  (Ges.  Schriflen,  VIII,  261);  il  a  plus  tard  admis,  avec  plus  de 
raison,  qu'elle  pouvait  traduire  une  locution  populaire  (Staatsrechl  IP, 
19",  5).  Il  est,  toutefois,  douteux  que  Polybe  ait  traduit  par  éÇa-ÉXê/uç, 
comme  le  suppose  Mommsen,  le  terme  latin  sexfascalis,  puisqu'on  n'a  pas 
d'exemple  de  ce  terme  avant  le  Bas-Empire. 

4.  StpatTiYÔ?  éÇaziXr/.y?  :  Pol.  III.  106. 6  ;  XXXIII.  1. 5  ;  —  â^aniXszj?  :  II.  23. 
5;  III.  40. 11  ;  56.  6.  On  rencontre  aussi  ÔT^IJ^^^'  îÇa"iÀ£/.Jï  :  II,  24.  6;  III.  40.  14  ; 
É;a-ÉXcX.'j;  ^y/i\  (par   opposition  à  J-axo;  àp'/Tf)  :  III.  40.  9.  Cf.  Mentz,  27-30. 

5.  Rappelons,  à  ce  propos,  que  Polybe  se  sert  du  mot  «v-tarpaTr-iyoç  pour 
désigner  le  légat  consulaire  ou  le  général  subordonné  au  consul  :  XV.  4.  1  ; 
III.  106.  2  ;  cf.  ci-dessus,  p.  10,  note  1. 


o2  CHAPITRE    PREMIER 

—  Ces  deux  remarques  s'accordent  bien  :  elles  donnent  à 
penser  que,  dans  la  langue  usuelle,  le  terme  communément 
adopté  pour  désigner  le  consul  fut  d'abord  aTpaxYJYîç  et 
qu'uTuaxc;  est  une  appellation  plus  récente. 

Venons-en  maintenant  à  ces  deux  passages  des  Histoires 
où  se  trouve  l'expression  composée  a--pa-ï;Yoç  u-a-zz.  Il  les 
faut  citer  l'un  et  l'autre. 

1°)  VI.  14.  1  :  Ti?  ojx  av  î'r/,s-(oç  ï~lQ^-.r^'j^lt  r^ziy.  y.xl  tiç  tco-' 
àffxlv  -^j  Tw  0ViJ.<[)  xa-:aAst':ro[j.£v/;  y-spiç  èv  tw  TroXiTSÛjj.a-i,  (2)  t^ç  |ji.£v 
(juY^^^'ô"^'^  "^'^'^  "/axà  [Ji.c'poç  wv  £'tprj7.a[jL£v  xuptaç  ÛTCap^cjo-'/jç,  to  os 
jA^yw^s^j  ûtc'  OL'j-fiq  xal  tï;ç  c'.o-iocu  y.al  t-?;ç  è^iocu  '/£ipuc[;.£v/;ç 
âzâaïjç,  TÔv  c£  G--parr(Ywv  ÛTcdcttov  TîaXiv  aÙTOxpàxopa  [aèv  èy^ôvTWV 
S'Jvai;.iv  TTEpi  xàç  xou  TToAéfxou  TCapaay.Euxç,  aù-oxpaxopa  âè  x-/)v  èv  xoîç 
ÛTiaiOpoi;  È^ouffiav  xxX.  //^aec  cum  iVa  smf,  quis  non  çuaerat  hic 
meriio,  quae  et  qualis  pars  rei  puhlicae  curanda  populo  sit 
relicta  ? [2)  senatu  quidem  de  singulis  eoriim,  quae  diximus, 
auctoritate  sua  decernente,  et,  quod  maximum  est,  de  rediti- 
bus  aique  impensis  omnibus  statuente,  consulibus  vero  et  in 
urbe  cum  summo  imperio  hella  apparanfibus,  et  militiae  item 
cum  summo  imperio  gerentihus  cet.  —  Dans  ces  lignes, 
Poljbe,  résumant  ce  qu'il  a  précédemment  développé,  marque, 
en  termes  brefs  et  forts,  la  part  d'autorité  qui,  dans  l'Etat, 
revient  soit  au  Sénat,  soit  aux  consuls.  A  la  puissance  du 
premier  il  compare  et  oppose  l'autorité  des  seconds,  et  veut 
en  faire  sentir  toute  l'étendue.  Visiblement,  c'est  bien  ici  le 
cas  de  donner  aux  consuls  leur  titre  officiel  et  complet,  celui 
qui  exprime  pleinement  l'amplitude  de  leur  magistrature  ^  Si 
donc,  par  une  dérogation  à  ses  habitudes  qui,  d'abord,  paraît 
singulière,  il  les  qualifie  de  atpax-/;YC'  uTraxc,  il  n'y  en  a  d'autre 
raison  sinon  que  telle  est,  en  effet,  leur  plenior  appellatio, 
comme  dit  Mommsen-,  leur  appellation  solennelle. 

1.  L'explication,  subtile  et  forcée,  proposée  par  Hultsch  (xiv)  et  Biitt- 
ner-Wobst  (168),  pour  justifier  l'emploi  fait  de  aTpairjyol  u-axoi  en  ce  pas- 
sage, me  paraît  tout  à  fait  inadmissible. 

2.  Mommsen,  Ges.  Schriflen,  VIII,  260.  —  Noter  la  remarque  que  faisait 
déjà  Schweighâuser  {Lexic.  Polybian.  566,  s.  v.  aTpairiydç)  :  «  In  Romanarum 
rerum  historia,  HTpairiYoç  est  consul,  praecipue  ubi  junguntur  duo  vocab. 
a-pa~r)YÔç  unaxo?...  » 


LE    TITRE    DU    CONSUL    CHEZ    POLYBE  53 

2°)  I.  52,  4  :  o'j  \>,r,v  ol  Y^  'Pco[ji.afo'.,  -/MTizp  TOtO'j-wv  (sul).^^^r^- 
xÔTwv,  5ià  TYjv  ÛTcep  Twv  oXcov  5iAoTi[;.{av  cùSèv  àicéXstTov  twv  èvSe- 
70!J(.£vo)v,  à/.X'  e'.'^^ovTO  TÛv  iç^;;  rpaYl^-axcùv  "  (5)  Sto  xat  auvà'J^avTOç 
TOJ  y.aTà  tàç  àp'/aipstr'la;  -/pivcu,  ffxpar/JYOÙç  ÛTrairsuç  xaTaffr/juavTcç, 
TrapauTiy.a  tov  £Tîp:v  xjtwv  s^£-£[j.7rov  As'jy.isv  louvicv,  tx?  t£ 
o-iTapy^taç  -apay.oiJ.iÇovTa  tcîc  to  AiX'Jpaicv  xcXiopy.^uai  xtÀ.  Nihil 
tamen  Romani  hac  tanta  clade  sunt  deterriti,  quo  minus 
omnia  pro  viribus  experirentur,  ac  rerum  dehinc  agendarum. 
curara  sediilo  capesserent  :  tanto  ardehant  suinmae  rei  ohti- 
nendae  studio,  [o) Igitur  appetente  comitiorum  tempore,  e  crea- 
tis  consulibus  alterum,  L.  Junium,  mittunt,  qui  obsidentibus 
Lilybaeum  annonam  deferret  cet.  —  Il  s'agit  en  cet  endroit 
des  événements  qui  suivirent  la  bataille  de  Drépane.  Polybe 
fait  voir,  non  sans  éloquence,  quelle  fut  la  fermeté  des 
Romains  au  lendemain  de  leur  désastre.  Son  récit  est  écrit 
d'un  style  très  soutenu,  convenable  à  la  gravité  des  circons- 
tances relatées.  Par  là  s'explique  l'emploi  de  l'expression 
ïTp3crr,Yoi  jzaToi',  qui  n'est  encore  que  l'appellation  solennelle 
des  consuls,  naturellement  amenée  ici  par  l'allure  et  le  ton  de 
tout  le  morceau. 

En  somme,  il  résulte  simplement  de  la  lecture  de  Polybe 
ce  qui  résultait  de  l'étude  des  inscriptions  que  nous  avons 
examinées  en  dernier  lieu.  Au  cours  du  ii®  siècle,  les  consuls 
étaient  officiellement  désignés  par  le  titre  de  a-p^x-r^■^(o\  J-aTci  ; 
mais,  dans  le  langage  courant,  on  les  appelait  plus  brièvement 
ou  G~py.~r,'^oi  ou  \j-Oi~ci. 

Selon  Mommsen,  c'est  à  l'exemple  de  Polybe  que,  seuls 
parmi  les  écrivains  grecs  des  temps  postérieurs,  Denys  et 
Plutarque,  qui  à  l'ordinaire  appellent  les  consuls  jz-zto'., 
auraient  fait  usage,  le  premier  une  fois,  le  second  trois  fois, 

1.  L'emploi  de  cette  expression  à  cette  place  est  manifestement  intention- 
nel. Ailleurs  (l.  11.  3),  Polybe  écrit  : -po/stptaâaEvoi  xôv  étsoov  twv  u-ârwv 
a-pa-YiYov,  "A;:-;ov  KXaûStov,  £;a:;£aTE'./.av  /.EXêJiavTs;  xxX.  ;  et,  dans  un  cha- 
pitre voisin  (I.  16.  1),  il  fait  encore  usajïe  dun  tour  analogue  :  xarajxr^aavuc; 
•jT^aTO'j;  Mâvtov  "OtaxîX'.ov  xa'.  Mâv.ov  OùaXÉotov  —  i^a-S'JTsXXoy  —  toj?  3tpa- 
Triyoù;  aa-ioripouç  v.ç  trjv  Sr/.^Xîav.  C'est  sûrement  à  dessein  que,  dans  le  pas- 
cage  transcrit  ci-dessus,  il  s'exprime  d'autre  sorte  et  rapproche  aioaTYiYOj;   et 


54  CHAPITRE    PREMIER 

de  la  locution  arpaTr^yo;  oTCaxoç  '.  Je  doute,  à  vrai  dire,  que, 
dans  les  quatre  passag^es  allégués,  cette  locution  soit  un 
emprunt  fait  à  Polybe  ;  mais,  quoi  que  vaille  Thypolbèse  de 
Mommsen,  il  est  à  propos  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  textes 
qui  l'ont  suggérée  et  de  voir  ce  qu"j  peut  signifier  arpaxiQYàç 
uiraTOç. 

Plutarque  [Titus,  la,  1)  raconte  comment  M'.  Acilius  Gla- 
brio  fut  chargé  de  la  conduite  de  la  guerre  contre  Antio- 
chos  III;  il  écrit  :  s- pa-i-q^fo^  \t.ïw  uTCaxov  tou  ■noké^i.ou  Màviov 
'A-AïAiov  y.a-É'Kcix'l/av,  irp£a^£U"Y]v  âè  Ttxov  âià  toùç  "EXX-/;vaç.  — 
Dans  la  Vie  de  Marins,  au  moment  de  rappeler  la  part  que 
Marius  prit  à  la  guerre  de  Jugurtha,  il  s'exprime  ainsi  :  (7.  1) 
ETCs'c  Ss  Kcxî/ao?  MétsXac;  k~zozi'/H'.z,  £7:1  tsv  xaTà  'lo'JYCjpOa 
ttÔXeixov  u-ÂraToç  (sxpair^-foz  ûz  At^'J'^v  k-r^-{y^(^-o  r.pz(y^vj~r,^ 
Mapiov  /.TA.  Ailleurs  [Apophth.  reg.  et  imper.  197  E),  rappor- 
tant la  belle  réponse  du  consul  P.  Licinius  (cos.  171)  aux 
envoyés  de  Perseus,  il  commence  en  ces  termes  :  llÔ7:)ao? 
AfAi'vioç  u'TiaToç  (TxpaTY)  YÔç,  YjTTr^ÔElç  ûtcô  n£p<J£toç  toÏ  Max£00- 
vMv  j3aaiA£wç  xta.  —  A  ces  trois  passages  j'en  joindrai  un  der- 
nier, qu'il  est  tout  naturel  d'en  rapprocher  :  [Marius,  34)  — 
•jcapaYaYWv  (Sulpicius)  Màpwv  àz£S£Î/.v'j£V  àvôÛTraTov  ^xpaxT, ybv 
£1:1  Mtôpicax'ov. 

Sur  ces  textes  il  n'y  a  que  peu  à  dire.  Je  suis  tout  à  fait 
d'avis  que  c-px-Tifo:  j-axo;  ou,  comme  Plutarque  écrit  plus 
volontiers,  jzaxo;  (jxpaxyjYÔc  y  est  un  ressouvenir  de  l'antique 
appellation  des  consuls.  Mais,  ce  qui  ne  semble  pas  moins  cer- 
tain, c'est  que  Plutarque  ne  comprend  plus  cette  appellation  et 
qu'il  lui  prête  une  acception  dont  il  a  seul  la  responsabilité. 
On  serait  porté  à  croire^  sur  la  lecture  de  nos  deux  premières 
citations,  que  7-paxY]Yb;j-axo;,  Jîraxo;  axpaxr^Yoç,  opposé  chaque 
fois  à  T:pea'^-uTrjq  [lecfatus],  a  chez  lui  le  sens  de  «  généralis- 
sime »,  «  chef  suprême  de  la  guerre  »  ;  pourtant,  la  quatrième 
autorise  une    explication  différente  et,  je  crois,  préférable.  Il 

1.  Mommsen,  Staalsrecht,  IP,  76,  1;  Ges.  Schriflen,  VIII,  261  :  <■  Apud 
auclores  posLeriores  eae  locutiones  ibi  redeunt,  ubi  Polybium  compilarunt 
imilative  sunt  ;  ita  Flaminiuus  aToa-riyô;  ilnaioç  dicitup  apud  Plularchum  Tit. 
10  ia  eo  ipso  edicto  de  Graecia  liberaiida  eqs.  »  II  faut  remarquer  que,  dans 
Tit.  10,  Plutarque  ne  fait  que  reproduire  d'après  Polybe  un  document  officiel. 


LE   TITRE    nu    CONSUL    CHEZ    POLYRR  o5 

semble  bien  qu'en  ce  dernier  passage,  Plutarque  veuille  dire 
que  Sulpicius  nomma  Marius  tout  ensemble  «  proconsul  et 
général  »  de  l'armée  envoyée  contre  Mithradates  ;  ainsi,  ît^z- 
royic  j-a-::;  —  ou  plutôt  -j-x-zz  jTpxTY;-.';;  —  signifierait  pour 
lui  «  consul  et  général»,  consul  dux  helli,  comme  traduisait 
Boeckh  '. 

Le  texte  de  Denys  a  un  tout  autre  intérêt.  Denys  imagine 
une  correspondance  entre  Pyrrhos,  roi  d'Epire,  et  le  consul 
P.  Valerius  Laevinus.  Pyrrhos  adresse  au  consul  une  lettre 
hautaine  et  menaçante,  qui  commence  ainsi  :  BaatXey;;  'H-£i- 
p(OTo)v  llùppoç,  jjaj-'.AÉo)?  AlxvJ.ozo  J'.iç,  yT.pzvt  risTiXia)  OjaXspîo) 
Tw  'Pa);j.a(wv  j-i-rw  -.  Laevinus  veut  c  rabaisser  cette  arrogance 
et  faire  éclater  la  majesté  de  Rome  »  ;  il  réplique,  et  met  à  sa 
lettre  cette  suscription  :  Yloz'/j.z:  OjaXés',:;  Aa,3'/nîc,  G-pTt-Ti'foç 
uTzcx-cç  Tco;j.a'!cov,  ^olgO.-'.  TUppo)  yaîpEiv  ^.  Voilà  qui  est  parfaite- 
ment clair.  Denys,  ou  l'auteur  qu'il  suit,  a  voulu  que  le  consul 
donnât  au  roi  une  leçon  de  courtoisie,  et  l'on  voit  en  quoi  elle 
a  consisté.  A  Pyrrhos,  qui  ne  l'appelait  que  ITô-a'.o;;  OjoùJp<.oç 
z  Pcoy.x'.wv  JzxTîç,  cependant  que  lui-même  se  complaisait  dans 
lénumération  de  tous  ses  noms  et  titres,  Laevinus  répond  en 
abrégeant  quelque  peu  la  titulature  royale,  mais  en  complétant 
son  propre  nom  par  l'addition  du  cognomen  Aaji'-v'.î?  *,  et  en  se 
qualifiant  de  z-.py.-r,'{zz  jttxt:;  'Po);j.a'wv.  Le  roi  avait,  de  cava- 
lière façon,  simplifié  et  le  nom  et  le  titre  de  son  correspon- 
dant :  double  inconvenance  que  celui-ci  s'empresse  de  relever. 
Ainsi,  Denys  nous  apprend  que,  de  même  que  tout  Romain 
devait  être  publiquement  désigné  par  ses  prénom,  gentilice  et 
surnom,  tout  consul  avait  droit  au  titre  officiel  de  (jTpa-rYjvbç 
ij-arcç,  —  ■Jr.T.-.zz  n'étant  qu'une  appellation  courante  et  quasi 
familière.  Et,  venant  d'un  écrivain  aussi  érudit,  cette  indica- 
tion n'est  pas  négligeable.  Elle  s'accorde,  au  reste,  avec  tout 
ce  que  nous  avons  observé  jusqu'ici. 


1.  CIG,  H,  p.  979,  Ad  n.  3800;  cf.  I,  p.  649,  ad  n.  1325;  p.  862,  ad  n.  1770. 

2.  Dionys.  Halic.  Ant.  Rom.  XIX.  9. 

3.  Dionys.  Halic.  Anl.  Rom.  XIX.  10. 

4.  Cette  addition  semble,    du  reste,    comme  nous  lavons  déjà  dit,  être  un 
anachronisme. 


56  CHAPITRE    PREMIER 


V.  —  Résumé  et  Conclusions. 

Résumons  les  observations  qui  précèdent,  et  voyons  ce  qui 
s'en  dégage. 

1.  Un  premier  point  est  parfaitement  clair.  Aussi  haut  que 
nos  documents  nous  permettent  de  remonter  (commencement 
du  II® siècle  avant  notre  ère),  l'appellation  solennelle  usitée,  en 
langue  grecque,  pour  désigner  les  consuls  est  (7TpaT-/;Yb;  uizoltcç 
('Pco[;.ai(ov). 

C'est  elle  qu'on  trouve  seule  employée  dans  les  formules 
des  actes  consulaires  depuis  le  séjour  de  T.  Quinctius  en 
Grèce  (198-194)  jusque  vers  l'an  130,  et,  à  l'exemple  de  ces 
formules,  dans  les  plus  anciennes  inscriptions  d'origine 
grecque  (dédicaces)  en  l'honneur  des  consuls,  comme  aussi, 
quand  leur  titre  y  est  exprimé,  dans  les  plus  anciennes 
inscriptions  dédicatoires  des  consuls  eux-mêmes,  à  la  réserve 
d'une  exception  unique  qui  est  de  l'an  147. 

L'emploi  régulier,  jusqu'après  le  milieu  du  ii®  siècle,  de 
(jTpa-YJYbç  uTTaToç  comme  appellation  solennelle  des  consuls  est, 
d'autre  part,  démontré  par  l'usage  fait  du  titre  similaire  de 
ffTpa-Yjvb;  àv6û-aTo;  ('Pco[;.a(o)v)  pour  désigner  les  proconsuls, 
préteurs  ou  propréteurs,  chargés  de  grands  commandements 
militaires  ou  commis  à  l'administration  des  provinces. 

De  la  lecture  de  Poiybe  et  même  de  celle  de  Denys,  il  res- 
sort aussi  que  les  consuls,  aux  temps  anciens,  étaient  dits 
officiellement  !7-saTY;Yci  'jzatsi. 

2.  Depuis  le  i''''  siècle,  on  ol:)serve  que  l'appellation  consu- 
laire s'est  modifiée  :  ce  n'est  plus  c!-px-r,Y-~  O-ol-oç  ('Pw;j.a(Mv), 
mais  y-axoç  (Pw'iJ.aiwv)  — titre  qui,  même  dans  les  documents 
rédigés    en    terre  grecque,   devient    iJ-aToç    sans    addition  de 

Pw[ji.ai(ov. 

Cette  modification  est  attestée  :  par  le  formulaire  des  actes 
des  consuls  ;  par  les  éponymies  consulaires  inscrites  dans  les 
dédicaces  des  corporations  italiques  de  Délos  ;  par  l'emploi 
du  titre  'j-xizq  dans  les  dédicaces  gravées  en  l'honneur  des 
consuls;  par  la  transformation    contemporaine    du    titre  des 


RÉSUMÉ    ET    CONCLUSIONS  57 

ffTpaTYjYO'  àvôÛTCatoi,  lesquels  se  disent  et  sont  dits  maintenant 

A  la  vérité,  durant  le  cours  du  i^""  siècle  et  jusqu'au  début 
de  notre  ère,  il  est  arrivé,  dans  les  divers  pays  grecs,  que  les 
rédacteurs  d'inscriptions  honorifiques  fissent  encore  quelque- 
fois usag-e  du  titre  ancien  de  T-rpaTYjvb;  'j-yr.oz,  (et  de  (jTpar/jvc; 
àvSû-aToç)  ;  mais  il  s'agit  là  d'une  sorte  d'anachronisme,  borné 
à  une  classe  spéciale  de  monuments  i,  qui  s'explique  par  des 
raisons  particulières,  et  n'a  point  de  signification  historique. 

3.  C'est  après  l'an  130  et  avant  l'an  100  (dates  approxima- 
tives) qu'a  dû  s'accomplir,  dans  l'appellation  solennelle  des 
consuls,  la  modification  signalée. 

Dès  129-127,  le  consul  (et  proconsul)  M'.  Aquillius  s'inti- 
tulait officiellement  u~x-zz  'Pwij.aîwv  ;  mais  il  est  douteux  que, 
dans  les  années  qui  suivirent,  son  exemple  ait  été  généralement 
imité.  Si  les  Priéniens,  aux  environs  de  120  -,  qualifient  M.  Per- 
perna  de  ffTpaTr,Yb;  àv9û-aToç  (par  erreur,  au  lieu  de  a-rpa-rv^Ysç 
uzaxoc),  c'est,  semble-t-il,  qu'en  ce  temps-là,  la  primitive  appel- 
lation des  consuls  et  des  gouverneurs  provinciaux  était  encore 
d'un  usage  ordinaire.  Vers  120-1 IS,  la  présence  d'àvOJTraTo;  dans 
les  suscriptions  d'actes  de  gouverneurs,  implique  la  présence 
parallèle  à''j-y.-z-  dans  les  intitulés  d'actes  consulaires.  Seule- 
ment, l'emploi  fait  d'àvOjzaTo;  n'a  rien  d  exclusif  :  à  la  même 
époque,  des  intitulés  d'actes  donnent  à  des  gouverneurs  le 
titre  de  G'^y.-r,^{tz  àv6j-a-:c;,  d'où  il  faut  conclure  à  l'emploi 
possible,  à  la  même  époque,  de  jTpaTy;-;^;  uraTi;  dans  les  inti- 
tulés des  actes  consulaires.  Il  est  visible  que  nous  sommes  là 
dans  la  période  de  transition  entre  l'ancien  et  le  nouveau  mode 
d'appellation.  Mais,  dès  les  premières  années  du  i*"'"  siècle 
(ann.  97,  94,  93),  les   dédicaces  des  collegia  de    Délos  sont 


1.  Toutefois,  les  titres  de  arpaririyôç  O'-aroî  (et  CTTpaTYJYOî  àvâuraro;)  peuvent 
et  pourront  encore  se  rencontrer,  par  accident,  ailleurs  que  dans  les  inscrip- 
tions honorifiques  :  se  rappeler  la  lettre  citée  par  Josèphe  {Ant.  Jud.  XIV.  10. 
8,  215) où  César  est  qualifié  de  aToaTT^Yo;  <;xal>  ÛTiaTo;. 

2.  Inschr.  von  Priene,  109,  1.  92-93;  cf.  ci-dessus,  pp.  13,  39.  A  l'époque  où 
est  rendu  le  décret,  M.  Perperna  a  quitté  l'Asie  depuis  une  dizaine  d'années  ; 
ce  n'est  donc  point  par  flatterie  qu'on  lui  donne  le  titre  de  UToaTriyo; 
<<xv6>>J;:aT0;. 


38  CHAPIIRE    PREMIER 

datées  par  l'éponymie  kT:\  jtcxtwv  (twv  oeîvwv)  ;  et,  d'autre  part, 
peu  après  le  commencement  de  ce  siècle,  on  rencontre  àvO^^zatoç 
(au  lieu  de  aTpa-YjY^?  àv6j-aTcç)  dans  des  inscriptions  compo- 
sées en  l'honneur  de  gouverneurs.  C'est  la  preuve  assurée, 
bien  qu'indirecte,  qu'jra-îç  était  alors,  et  depuis  un  certain 
temps,  le  titre  officiel  ré<julièrement  porté  par  les  consuls. 

4.  Il  reste  à  expliquer  le  changement  dont  nous  venons 
d'essayer  de  marquer  l'époque  probable. 

C'est  le  sort  des  expressions  doubles  de  se  simplifier  par  la 
chute  de  l'un  des  éléments  qui  entrent  dans  leur  composition. 
Il  semble,  a  priori,  naturel  que  l'expression  ctpar/iYÔç  'j-Kaioq 
n'ait  point  échappé  à  cette  règle.  Et  nous  avons  vu  effective- 
ment, par  quantité  d'exemples,  qu'elle  n'y  échappa  point 
lorsque,  dans  le  corps  d'un  texte,  il  était  fait  mention  inci- 
dente de  consuls. 

A  la  vérité,  nous  ignorons  comment,  en  pareil  cas,  dans  les 
actes  consulaires  d'époque  ancienne,  le  titre  du  consul  était 
exprimé;  nous  ne  savons  s'il  était  simplifié  ni,  par  conséquent, 
en  quelle  manière  il  le  pouvait  être.  Mais,  dans  les  actes  des 
cités  grecques,  quand  des  consuls  ne  sont  mentionnés  que  par 
occasion,  nous  avons  observé  que  leur  titre  est  constamment 
abrégé.  Il  l'est  par  un  double  procédé,  par  la  suppression  soit 
du  second,  soit  du  premier  élément  de  l'appellation  solen- 
nelle ;  en  sorte  qu'ils  sont  dits  ou  bien  a-py.-Tiyzi  ou  bien 
u-a-zi.  —  Chez  Polybe  aussi,  on  l'a  vu,  même  système  de 
simplification.  L'expression  a^pavriyoç  iJr.a-oq  lui  était  connue  ; 
mais  il  la  constamment  «  démembrée  »  :  sans  cesse,  dans 
ses  Histoires,  pour  désigner  les  consuls,  il  s'est  servi  soit  de 
G-:p(x--Q^ôq.  soit  d'jTraxoç. 

S'autorisant  de  ces  faits  et  raisonnant  par  analogie,  on  est 
enclin  à  croire  que  le  changement  apporté,  dans  le  formulaire 
même  des  actes  consulaires,  à  la  primitive  appellation  solen- 
nelle, autrement  dit  la  substitution,  comme  titre  officiel, 
d'u-atsç  à  ffTpa-YjYoç  j-axoç  ne  fut  que  l'effet  d'une  abréviation. 

Comme  les  Grecs,  les  Romains,  après  avoir  d'abord 
qualifié  publiquement  le  consul  de  aTpatr^vbç  ■Jzx-oç,  après 
avoir,  plus   ou   moins  longtemps,   employé   cette   dénomina- 


RÉSUMÉ    ET    CONCLUSIONS  59 

tion  officielle,  l'auraient  abrégée  en  uTzy.zoç.  C'était  proba- 
blement ce  qu'à  Rome,  dans  l'usage  courant,  on  avait  com- 
mencé de  faire  d'assez  bonne  heure,  et  cela  pour  deux  raisons 
très  simples  :  parce  que  c-poc-r^Y^z  j-xtoç  était  un  titre  trop  long; 
puis,  parce  que,  dans  ce  titre  double,  le  second  ternie  —  li-a- 
To?  —  était  le  mot  utile  et  topique,  permettant  de  distinguer 
tout  de  suite  le  consul  du  préteur,  appelé  pareillement  a-px- 
rr;YÔç  '.  Il  y  avait,  pour  la  clarté  du  discours,  avantage  à  lais- 
ser tomber  a-pocTr^^^b:  qui  prêtait  à  équivoque,  et  à  ne  retenir 
qu'uTiaTOç.  Quelques  consuls,  comme  P.  Scipio  Aemilianus, 
auraient  les  premiers,  vers  le  milieu  du  ii''  siècle,  dans  des 
inscriptions  qui  n'avaient  point  un  caractère  officiel,  joint  à 
leur  nom  l'ancien  titre  ainsi  simplifié,  et  risqué  la  transforma- 
tion de  GTpy.Tr,-(oç,  ii-aroç  en  j-a-:;;  d'autres,  comme  M'.  Aquil- 
lius,  auraient,  quelque  vingt  ans  plus  tard,  fait  un  emploi 
public  d'u-axo;  et  créé  par  là  la  nouvelle  appellation  solen- 
nelle. Avant  la  fin  du  ii^  siècle,  c'est  cette  appellation  que  le 
gouvernement  romain  aurait  régulièrement  admise  dans 
l'usage  officiel. 

Cette  explication  n'a  rien  d'original.  Comme  elle  est  tout 
de  suite  suggérée  par  l'étude  des  textes,  comme  elle  se  pré- 
sente, pour  ainsi  dire,  d'elle-même,  il  n'est  pas  surprenant 
qu'on  s'en  soit  promptement  avisé  et  qu'on  l'ait  volontiers 
adoptée.  C'est  ainsi  qu'elle  est  vite  devenue  et  qu'elle  est  jus- 
qu'à nos  jours  demeurée  classique.  Mais,  dans  ces  temps  der- 
niers, elle  a  été  l'objet  de  vives  critiques  et  d'un  essai  de 
réfutation  en  règle. 

Si  elle  est  bonne,  nous  en  devons  trouver  la  confirmation 
dans  les  actes  du  Sînat.  Nous  devons  observer,  dans  ces  actes, 
une  évolution  du  titre  consulaire  conforme  à  celle  qui  vient 
d'être  signalée  ;  nous  y  devons  voir,  pendant  la  plus  grande 
partie  du  ii'^  siècle,  l'expression  axpxvQ'(hç  u-a-o;  employée 
comme  appellation  solennelle,  puis  remplacée  par  le  titre  plus 
bref  d'u-xTQç,  lequel,  d'abord  usité  en  manière  d'appellation 
courante,  serait  à  la  longue  devenu  le  seul  titre  officiel. 

1.   Remarquer,  à  ce  propos,  cette  phrase  où    Polybe   oppose  le  consul  au 
préteur  :  fVI.  53.  7;   ixv  JrxTo;  r]  TipaT/iYÔ;  jj  ysy^voi;.  Ct".  Ilultsch,  xv. 


CHAPITRE    DEUXIÈME 

La  traduction  grecque  du  titre  consulaire 
dans  les  actes  du  sénat. 

Théorie  nouvelle  sur  le  sujet. 

Or,  c'est  précisément  là  ce  qui  est  contesté.  Suivant  une 
théorie  récente  ^,  à  Rome,  le  titre  grec  des  consuls  n'aurait 
jamais  varié.  11  n'aurait  jamais  été  abrégé;  il  n'y  aurait  point 
eu  substitution  d' JzaTîç  à  7-p:xxr,Yoz  -J-x-o:.  Ceux  qui  l'ont  cru 
seraient  dupes  d'une  illusion,  faute  d'avoir  fait  une  distinction, 
nécessaire  et  facile,  entre  les  «  actes  officiels  »  rédigés  à 
Rome  et  les  documents  rédigés  en  Grèce,  à  l'usage  des  Grecs 
ou  par  des  Grecs. 

Dans  ses  actes,  le  gouvernement  romain  ~,  déclare-t-on,  a 

1.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  254  sqq.  —  La  première  idée  de  celte  théo- 
rie se  trouve  dans  Waddington  {Inscr.  d'Asie  mineure,  III,  n.  588,  p.  197)  : 
«...  A  Rome,  il  ne  pouvait  y  avoir  de  a-rpatriyô;  ur.axoç.  »  Elle  a  été  acceptée, 
d'emblée  et  sans  examen  critique,  par  G.  Colin  (BCH,  1900,  lOZ,  2 \  Fouilles 
de  Delphes,  III  (2),  82-83;  Dicl.  des  Anliq.  IV,  1530,  au  mot  stratège)  et  par 
V.  Chapot  {La  prov.    rom.  d'Asie,   5,   5).    H.  Dessau   (dans  Mommsen,  Ges. 

Schriflen,   VIII,   260,  3)   penche  à    l'admettre,    mais   non  sans  réserves.  Th. 
Reinach  (flei'.  Et.  (jr.  1900,  123)  est  d'avis  qu'elle  «  soulève  des  objections  ». 

2.  Comme  j"ai  classé  à  part,  pour  la  commodité  de  mon  e.xposé,  les  actes 
des  magistrats  (consuls),  les  «  actes  du  gouvernement  romain  »  à  considérer 
maintenant  devraient  être  :  d'un  côté,  les  actes  du  Peuple  (si  je  puis  risquer 
cette  appellation),  c'est-à-dire  les  lois;  et  de  l'autre,  les  actes  du  Sénat,  c'est' 
à-dire  les  sénatns-consultes  et  les  lettres  du  Sénat.  En  fait,  il  ne  sera  question, 
dans  les  pages  qui  vont  suivre,  que  des  actes  du  Sénat  (sauf  une  excep- 
tion unique,  le  traité  de  189  avec  l'Aitolie,  qui  peut  être  considéré  comme 
étant  à  la  fois  un  acte  du  Sénat  et  du  Peuple).  Ce  n'est  pas  qu'à  rencontre  de  ce 
que  pensait  Mommsen  (S^ia^srec/iMII,  1007  et  note  1),  les  lois  romaines,  lors- 
qu'elles concernaient  le  monde  hellénique,  n'aient  été  quelquefois  traduites 
en  grec;  mais  il  ne  nous  est  parvenu,  dans  un  état  de  mutilation  lamentable, 
qu'une  traduction  de  celte  sorte,  et  qui  ne  nous  instruit  en  rien  sur  l'histoire 
du  tilre  consulaire.  Je  veux  parler  de  la  traduction  grecque  de  la  loi 
sur  la  répression  de  la  piraterie,  qui  fut  volée  à  Rome  en  l'année  100,  sous 
le  consulat  de  C.  Marius  et  de  L.  Valerius  Flaccus.  On  sait  que  sept 
fragments  de  cette  traduction,  provenant  de  l'exemplaire  gravé  à  Delphes 
sur  le  monument  consacré  par  L.  Aemilius  Paullus,  ont  été  découverts  lors 


THÉORIE    NOUVELLE    SUR    LE    SUJET  61 

toujours  et  dès  l'origine  traduit  le  titre  consulaire  par  le  seul 
mot  j^aToç  K  C'est  de  quoi  témoignent,  paraît-il,  les  sénatus- 
consultes  traduits  du  latin  en  grec  dans  «  les  bureaux  de  la 
questure  »  :  dans  ces  documents,  dont  le  plus  ancien,  à  nous 
parvenu,  date  de  l'année  170,  on  n'a  jamais  rencontré  qu'jTraT:; 
pour  signifier  consul.  Mais  le  mot  JzaT;;,  employé  ainsi  d'une 
façon  absolue  et  quelque  peu  «  artificielle  »,  risquait  de  n'être 
point  compris  des  Grecs  ;  aussi,  pour  s'en  faire  entendre,  for- 
gea-t-on  l'expression  composée  ci-p:c-r,'foc  ij-y-zz,  laquelle  fut 
probablement  imaginée  par  les  premiers  consuls  qui  résidèrent 
en  Grèce,  peut-être  par  T.  Quinctius.  Dans  cette  expression, 
le  second  élément  —  ij-x-cq  —  a  seul  une  valeur  officielle  : 
c'est  la  traduction,  selon  la  règle  posée  par  la  questure,  de 
l'appellation  consulaire  ;  le  premier  —  7-:pa-:r,YÔç  —  n'est 
qu'une  concession  au  «  parler  populaire  »  des  Grecs,  une 
«  addition  d'un  mot  qui  leur  était  familier  »,  faite  en  vue  de 
«  leur  donner  l'idée  de  la  magistrature  romaine  ».  Cette  sorte 
de  «  périphrase  »  n'a  été  usitée  que  dans  les  documents 
«  rédigés  en  Grèce  par  les  Grecs,  et  dans  ceux  où  des  géné- 
raux romains  s'adressent  directement  aux  Grecs,  sans  expri- 
mer d'abord  leur  pensée  en  latin  ».  A  Rome,  on  ne  l'a  jamais 
admise  dans  l'usage  public. 

Ainsi,  le  titre  d'j7:a-:cç,  qui  finit  par  être  seul  adopté  dans  le 
formulaire  des  actes  consulaires  et,  sans  doute  à  l'exemple  de 


de  rexploratioli  française  du  sanctuaire  delphique  (cf.  C.R.  Acad.  Inscr.  1904, 
532-533;  \Vilhe\m,  Beilr.  286).  Je  dois  à  rextrcnie  oblijjeance  de  mon  ami  Ém. 
Bourguet,  qui  a  bien  voulu  les  transcrire  à  mon  intention,  la  connaissance  de 
ces  fragments  Le  mot  u-aTo;  s'y  rencontre  certainement  deux  fois  (fragm. 
3588,  1.  16;  3139,  1.  1)  et  peut-être  quatre  (fragm.  700,1.  2?;  3439,  1.  7?),  mais 
chaque  fois  dans  le  corps  du  texte,  la  pmescriplio  ayant  disparu.  Au  reste, 
étant  donné  la  date  tardive  de  la  loi,  il  n'est  pas  douteux  que,  dans  la  prae- 
scriplio  elle-même,  consul  ne  fût  traduit  par  'J-aToç,  sans  qu'on  puisse,  bien 
entendu,  rieu  induire  de  là  pour  le  courant  du  ii°  siècle.  —  Il  faut  renoncer  à 
discerner  le  caractère  de  l'acte  bilingue,  remontant  probablement  à  58  av. 
J.-C,  qu'on  a  récemment  découvert  à  Mykonos,  et  qui  conférait  aux  habitants 
de  Délos  certaines  immunités  (cf.  P.  Roussel,  Délos  col.  alhénienne,  333  et 
note  5  ;  33i  et  notes  3-4).  Le  titre  qu'il  donne  au.x  consuls  est  unaT[o!]  (partie 
grecqie,  1.  2),   comme  il   est   naturel  en  raison  de  sa  date. 

1.  Dans  le  résumé  qui  suit,  j'ai  reproduit,  autant  qu'il  m'a  été  possible,  le 
langage  même  de  l'auteur  de  la  théorie,  P.  Foucart. 


62  CHAPITRE    DEUXIÈME 

ce  formulaire,  dans  tous  les  documents  en  langue  grecqvie  —  et 
qu'on  trouve  employé  dès  le  courant  du  ii"  siècle  par  P.  Scipio 
Aemilianus  et  M'.  Aquillius,  —  ne  saurait  être  tenu  pour  une 
simplification  du  titre  plus  ancien  de  G-po^-r,'(oç  'jt:x-oç.  Il  ne 
serait  autre  chose  que  le  titre  donné  de  tout  temps,  à 
Rome,  aux  consuls,  lequel  —  après  une  période  transitoire  oii, 
dans  une  classe  spéciale  de  documents,  il  fut  allongé  en  ctpa- 
r/jvbç  j-atoç  —  aurait  définitivement  prévalu  sous  sa  forme 
originelle. 

Cette  doctrine  est  ingénieuse  et  plaît  par  son  apparente  sim- 
plicité. Est-elle  exacte  et  correspond-elle  aux  faits?  C'est  ce 
que  nous  examinerons  plus  loin.  Ce  qu'on  peut  dire  tout  de 
suite,  c'est  quelle  implique  bien  des  singularités,  soulève  bien 
des  questions  qu'elle  laisse  sans  réponse,  pose  bien  des 
éniarmes,  heurte  bien  des  vraisemblances. 


I.  —  Objections  préliminaires. 

1"  On  a  vu  que  jTpaTYjvbç  {JTzazoq  fut,  à  l'époque  ancienne, 
l'appellation  solennelle  des  consuls.  Tel  aurait  été  aussi  le  cas 
d"'j-a-o;.  Il  y  aurait  donc  eu  simultanément,  en  langue  grecque, 
deux  appellations  solennelles  pour  désigner  ces  magistrats  : 
Œxpar/jYb;  j-rraTs;  d'une  part.  uzaTo;  de  l'autre.  Voilà  qui  est 
paradoxal  et  contraire  à  l'idée  même  d'  «  appellation  solen- 
nelle ». 

2°  Il  existerait  une  distinction  tranchée,  comportant  deux 
terminologies  différentes,  entre  les  actes  du  Sénat  traduits  en 
grec  et  les  communications  faites,  en  grec,  par  les  consuls 
aux  populations  de  la  Grèce.  Mais  on  n'aperçoit  la  raison 
ni  de  cette  distinction,  ni  de  cette  doable  terminologie.  Les 
actes  du  Sénat  traduits  en  grec  ne  s'adressaient  pas  moins 
aux  Grecs  que  les  communications  consulaires.  Apparem- 
ment, ce  n'était  pas  pour  son  usage,  mais  pour  celui  des  Grecs, 
que  le  gouvernement  romain  faisait  traduire  en  leur  langue 
les  sénatus-consultes,  et  leur  en  remettait  ou  leur  en  expédiait 
la  traduction.  Pourquoi,  les  documents  de  l'une  et  de  l'autre 


OBJECTIONS    PRÉLIMINAIRES  63 

catégorie  s'adressant  au  même  public,  n'aurait-on  pas,  dans 
toutes  les  deux,  usé  du  même  formulaire  ? 

3°  Afin  de  l'expliquer,  on  insiste  fortement  sur  ce  fait  que 
les  actes  du  Sénat  ont  été  rédigés  à  Rome.  "YiraTiç  serait,  k 
Rome,  l'unique  traduction  de  consul;  a-pa-Tf-foç  j-axo?  se  trou- 
verait seulement  dans  les  documents  rédigés  en  terre  g-recque. 
Mais,  sur  le  dernier  point,  il  y  a  erreur  manifeste.  C'est  de 
Rome  que  le  consul  C.  Fannius  écrivit  en  161  aux  magistrats 
de  Kos  '  ;  c'est  de  Rome  que  le  consul  L.  Calpurnius  Piso 
écrivit  en  139  ou  133  aux  Ilaniens  et  aux  Hiérapytniens  "~. 
Or,  l'un  et  l'autre,  en  tète  de  leurs  lettres,  se  sont  qualifiés  de 
ffTpaTYjvb;  j-a-co;  ;  l'un  et  lautre  ont  pris,  à  Rome,  le  même 
titre  que  T.  Quinctius,  L.  Cornélius  Scipio,  L.  Mummius  écri- 
vant, en  Grèce  ou  en  Asie,  à  des  Grecs  Un  consul  pouvait  donc 
le  mieux  du  monde  être  dit  G-px-Tf^oq  'Jr.cn-o:  dans  un  document 
rédigé  à  Rome.  Et,  dès  lors,  le  fait  que  les  actes  du  Sénat 
furent  «  rédigés  à  Rome  »  n'autorise  aucune  conclusion. 

4°  La  forme  dilférente  donnée  au  titre  officiel  des  consuls 
dans  les  actes  du  Sénat  et  dans  les  actes  consulaires  se  pour- 
rait expliquer,  à  la  rigueur,  si  les  actes  du  Sénat,  d'une  part, 
et  ceux  des  consuls,  de  lautre,  avaient  été  rédigés  isolément 
par  deux  pouvoirs  indépendants,  opérant  chacun  de  son  côté. 
On  concevrait,  encore  que  la  chose  fût  surprenante,  que  le 
Sénat,  rédigeant  ses  actes  à  sa  guise,  y  eût  désigné  les  con- 
suls par  un 'certain  titre,  et  que  les  consuls,  n'ayant  cure  des 
actes  du  Sénat,  se  fussent,  dans  les  leurs,  désignés  par  un 
autre.  Mais  personne  n'ignore  qu'il  n'en  allait  point  ainsi.  On 
sait  que  le  Sénat,  qui  n'agissait  jamais  par  lui-même,  mais 
seulement  par  l'entremise  des  magistrats  •%  n'intervenait  pas 
dans  la  rédaction  des  sénatus-consultes,  qu'il  s'en  déchargeait 
après  chaque  séance  sur  le  magistrat  qui  l'avait  présidé  ^,  et  que 
celui-ci,  assisté  de  quelques  sénateurs  qui  se  portaient  garants 
de  l'autuenticité  du  libellé  ■',    était    l'auteur,   au  moins  appa- 

1.  Cf.  ci-dessus  p.  5  et  ci-après,  p.  92  et  suiv. 

2.  Cf.  ci-dessus  p.  6  et  ci-après,  p.  94  et  suiv. 

3.  Cf.  Mommsen,  Slaatsrecht,  III,  1025. 

4.  Cf.  Mommsen,  ibid.  III,  1004  sqq. 

5.  Ce  sont  ceux  dont  il  est  dit  scribendo  adfuerunt  (Ypaço[j.£V{o  ::ap7;aav). 


64  CHAPITRE    DEUXIÈME 

rent,  de  cette  rédaction,  si  bien  qu'on  pouvait  dire  et  qu'on 
disait  de  lui  qu'il  avait  «  fait  »  tel  ou  tel  sénatus-consulte  *  ; 
et  Ton  sait  aussi,  sans  doute,  que,  le  plus  souvent  ou  fort  sou- 
vent, le  mag^istrat-président  était  l'un  des  consuls,  de  sorte 
qu'en  pareil  cas  c'était  ce  consul  qui  veillait  à  la  mise  par 
écrit  des  sénatus-consultes;  et,  enfin,  il  est  à  peine  besoin  de 
rappeler  que,  chaque  fois  qu'un  consul  avait  présidé  le  Sénat, 
son  nom  suivi  de  son  titre  figurait  nécessairement  dans  la 
formule  introductive,  dans  le  praescriptum,  de  chacun  des 
sénatus-consultes  votés  sous  sa  présidence  :  ce  praescriptum 
commençait  alors  par  les  mots  N.  consul  senatum  consu- 
luit.  11  résulte  de  là  que  c'est  aux  consuls  qu'incomba  le 
soin  de  déterminer,  d'accord  avec  les  scribes  placés  sous 
leurs  ordres,  en  quelle  forme  serait  officiellement  exprimée, 
en  tête  des  plus  anciens  sénatus-consultes  traduits  en  grec, 
l'appellation  consulaire;  ce  furent  eux  qui  firent  choix  du 
terme  grec  qui,  dans  les  praescripta  de  ces  actes,  répondit 
à  consul.  Et  ainsi  la  théorie  aboutit  à  ce  paradoxe  :  Ce  sont 
les  consuls  qui,  dans  les  actes  du  Sénat,  ont  voulu  s'appeler 
officiellement  j-atoi,  cependant  qu'eux-mêmes  s'appelaient 
QT:poi-r,yol  o-y.-oi  dans  les  suscriptions  de  leurs  actes  et  de  leurs 
lettres  ;  ce  sont  eux  qui  ont  pris  soin  qu'il  y  eût  désaccord 
dans  l'énoncé  de  leur  titre  exprimé  en  grec.  La  théorie 
attribue  aux  consuls  un  caprice  bien  inattendu  -.  En  réalité, 
si  elle  le  leur  attribue,  c'est  qu'elle  part  de  la  fausse  idée  que 
les  sénatus-consultes  formaient  une  classe  à  part  et  sui  gene- 
ris  ;  c'est  qu'elle  oublie  que  la  rédaction  des  actes  du  Sénat 
ressortissait  aux  magistrats  et,  en  premier  lieu,  aux  consuls. 
5°  Pour  justifier  cette  différence  de  terminologie  qui  fait  le 
fond  de  la  doctrine,  on  suppose  que  la  «  périphrase  »  a-px-r,- 
Yo?  u~y.-oq  fut  imaginée  parce  que  le  terme  J^aToç,  employé 
exclusivement,    assure-t-on,    dans  les  actes   du   Sénat,  n'eût 

1.  Cf.  Mommsen,  Staatsrecht.  III,  995,  1.  où  sont  cilcs  les  te\los  ;  1004. 

2.  C'est  ici  le  lieu  de  rappeler  l'objection  de  Mommsen  à  Waddington  {Ges. 
Sc/irj/fen,  VIII,  262)  :  «  Neque  enim  video,  quo  iure  posuerit...  Romanum 
magistratum  in  senatus  consiiltis  qiiidem  légitima  appellatione  designari 
debuisse,  at  in  titulis  ei  dedicatis  ipsisque  epistulis  ah  eo  dafis  sufficere 
quodvis  non  proprium  vocabulum  rei  aptum,  » 


Ofe.lP;CTiONS    PRÉLÎMINAIÎIËS  68 

pas  été  «  intelligible  dans  la  langue  hellénique  ».  Ceci  revient 
à  dire  que,  dans  les  traductions  —  destinées  aux  Grecs  —  des 
actes  du  Sénat,  on  se  serait  servi  délibérément  d'un  terme 
que  les  Grecs  n'eussent  pu  entendre.  Il  faut  convenir  que  la 
chose  serait  plus  qu'étrang-e  ;  j'ajoute  que  le  cas  eût  été  unique, 
aucun  autre  titre  g-rec  de  magistrature  romaine  n'offrant  rien 
dont  un  Grec  pût  s'étonner  •. 

6°  Mais,  en  fait,  on  ne  peut  raisonnablement  douter  que  le 
mot  'J-oL-oq,  désignant  le  consul,  ne  fût  très  vite  devenu  com- 
préhensible aux  Grecs.  Il  est  sûr  que  ce  terme  leur  était  fami- 
lier dès  le  courant  du  ii^  siècle.  Ce  qui  suffirait  à  le  prouver, 
c'est  que  Polybe,  qui,  vraisemblablement,  voulait  être  entendu 
de  ses  lecteurs,  l'emploie,  nous  l'avons  vu,  à  tout  moment, 
comme  très  souvent  aussi  l'expression  'jr.oL-oq  xpy-q.  Je  rappelle 
d'ailleurs  qu'û-a-ca  àp-/â  se  trouve  déjà  dans  l'épigramme  en 
l'honneur  de  M.  Claudius  Marcellus  -,  laquelle  fut  gravée  à 
Lindos  —  en  terre  purement  grecque  —  au-dessous  de  la  sta- 
tue du  consul,  sans  doute  peu  après  sa  mort,  c'est-à-dire  peu 
après  208.  Et  je  rappelle  encore  que  le  titre  d'y-ax:;  sans  plus 
est  celui  que,  dès  147,  s'attribue  P.  Scipio  Aemilianus  dans 
sa  dédicace  aux  Himéréens  de  Thermae  -^  Il  ressort  clairement 
de  là  qu'un  consul,  au  ii®  siècle,  n'avait  nul  besoin,  pour  don- 
ner aux  Grecs  «  l'idée  de  sa  magistrature  »,  de  s'intituler 
cTpaTYjvbç  uTîaTo;.  Pourquoi,  dès  lors,  les  consuls  ^  ont-ils  fait, 
avec  tantde  fermeté  et  jusque  bien  après  le  milieu  de  ce  siècle, 
usage  de  cette  dénomination  dans  lespraescripta  de  leurs  actes 
publics?  On  se  l'explique  si  elle  était  la  seule  autorisée  par  le 
formulaire  officiel,  si  elle  était  l'unique  appellatio  légitima. 
Mais  l'explication  échappe  si,  comme  le  veut  la  théorie, 
c'était  le   mot  j-aToç  qui  avait  ce  caractère.    Ajoutons    que, 

1.  Peut-êlre,  à  la  vérité,  le  mot  8r|ixapyo?,  au  sens  où  il  fut  employé  à 
Rome,  était-il  fait  pour  surprendre  les  Grecs  de  la  Grèce  propre.  Mais  on  sait 
que,  dans  les  villes  ^^recques  de  Gampanie,  le  même  ternie  désignait  la  princi- 
pale magistrature  populaire,  et  l'on  admet  généralement  que  c'est  de  là  qu'il 
passa  chez  les  Romains;  cf.  ci-après,  p.  67,  note  5. 

2.  Plutarch.  Marcellus,  30.  6  =  FIIG,  III,  272,  fragm.  46  (Poseidonios)  ;  cf. 
ci-dessus,  p.  1,  note  2. 

3.  Dittenberger,  Syllocje^,  311  ;  cf.  ci-dessus,  p.  22. 

4.  A  l'exception,  peut-être,  de  M'.  Aquillius. 

HOLLEAUX.     i]TfatT]YO;   UTiaTOÇ.  ^ 


66  CMAPltRE    DEUXIÈMK 

par  surcroît,  on  n'entend  plus  rien  au  texte  de  Denys  que 
j'ai  précédemment  cité  '.  Nous  avons  vu  que,  chez  Denys, 
P,  Valerius  Laevinus,  répondant  à  Pjrrhos  qui,  dans  une 
lettre,  l'a  simplement  qualifié  d'ij-a-rcç,  aiîecte  de  se  dire  cr-rpa- 
-Tiyhç  UKa-;;  Ptoy.auov.  Assurément,  son  dessein  n'est  pas 
de  se  faire  mieux  entendre  du  roi  ;  s'il  le  reprend,  c'est 
qu'uTCato;  nétait  pas,  en  la  circonstance,  le  terme  correct  qu'il 
convenait  d'employer.  Mais  la  théorie  nouvelle,  faisant  d'ii-aTc; 
le  terme  correct  et  de  aTpaTr^vcç  uTraTcç  le  terme  incorrect, 
rend  les  choses  inintellig-ibles. 

7**  D'après  la  doctrine,  le  mot  consul  n'aurait  jamais  été 
«  traduit  »  en  grec  que  par  GraToç.  Il  faut,  par  suite,  que 
ffTpaTYjYOç  j-a-roç  soit  une  «  périphrase  »  et  ne  soit  pas  une 
traduction.  Et  l'on  déclare,  en  conséquence,  que  les  consuls, 
lorsqu'ils  ont  fait  emploi  de  ce  titre,  n'avaient  point  au  préa- 
able  «  exprimé  \eur  pensée  en  latin  »,  car,  en  ce  cas,  il  y 
aurait  eu  «  traduction  ».  Mais  voilà  qu'il  est  plus  aisé  d'affir- 
mer que  de  prouver.  Comment  reconnaître  si  les  consuls 
avaient  ou  non  commencé  par  «  exprimer  leur  pensée  en 
latin  »?  Je  veux  bien  que  le  '(  philhellène  »,  r«  Ainéade  » 
Flamininus  ait  pu,  du  premier  coup,  écrire  en  grec  aux  gens 
de  Ghyretiai  ;  et  je  veux  bien  que  L.  Scipio,  autre  «  philhel- 
lène »,  ait  renouvelé  cette  prouesse  quand  il  correspondit  avec 
les  Ilérakléotes-du-Pont.  Mais  s'il  s'agit  de  C.  Fannius,  de 
L.  Piso,  ou  de  L.  Mummius,  j'ai  des  doutes.  J'ignore  absolu- 
ment ce  que  pouvaient  savoir  de  grec  ces  personnages  ; 
j'ignore,  et  tout  le  monde  ignore,  si  les  letties  en  grec  que 
nous  avons  deux  n'ont  point  été  traduites  d'originaux  latins. 
Et  pour  celles  des  deux  premiers,  l'une  et  l'autre  écrites  à 
Rome,  c'est  assurément  le  plus  probable;  on  peut  même,  sans 
témérité,  croire  que  ces  deux  lettres,  jointes  chacune  à  un 
sénatus-consulte  %  furent  traduites  dans  les  «  bureaux  de  la 
questure  ».  En  tout  cas,  ce  qu'on  ne  saurait  guère  contester, 
c'est  que  tous  ces  Romains  que  je  viens  de  nommer  pensaient 
en  latin.  T.  Quinctius   lui-même,  au  moment  d'écrire  cTpar/;- 


1.  Dionys.  Afi<.  Rom.  XIX.  10;  cf.  ci-destius,  pp.  4,  55. 

2.  Cf.  ci-après,  p.  92  etsuiv. 


OBJECTIONS    PRÉLIMINAIRES  67 

YÔc  J^raTc;.  avait  consul  dans  l'esprit.  Quoi  qu'on  dise,  cette 
expression,  si  longtemps  employée  dans  les  actes  des  consuls, 
n'y  put  jamais  être  qu'une  <(  traduction  »  ^  ou,  si  Ion  veut, 
une  «  adaptation  »,  plus  ou  moins  consciente,  plus  ou  moins 
réfléchie,  de  leur  titre  romain.  Et  l'on  cherche  vainement 
pourquoi  la  même  traduction  ou  «  adaptation  »  n'aurait  pu 
trouver  place  dans  les  actes  du  Sénat,  décalqués  du  latin  en 
grec. 

8°  A  la  doctrine  nouvelle  s'opposent  des  difficultés  d'ordre 
linguistique  qui  méritent  l'attention.  —  Observons  d'abord 
que  tous  les  titres  de  magistratures  romaines  ont  été  rendus 
en  grec  par  des  substantifs -.  On  ne  voit  guère  pourquoi  celui 
du  consul  eiU  fait  seul  exception  et  pourquoi  son  équivalent 
grec  eût  été, dès  l'origine,  un  adjectif  employé  substantivement. 
11  faut  même  dire  plus  :  qu'un  adjectif  ait,  d'emblée,  servi  de 
titre  à  un  magistrat,  voilà,  sitôt  qu'on  y  réfléchit,  qui  paraît 
extraordinaire  •^.  Je  sais  qu'on  fait  intervenir  à  ce  propos  le 
langage  «  artificiel  »  des  scribes  grecs  de  la  questure,  lequel, 
«  bien  souvent,  ressemblait  »  moins  «  à  du  grec  »  qu'à  «  un 
plat  mot-à-mot  du  latin  »  ^.  Mais,  sans  compter  qu'on  n'a  pas 
démontré,  qu'on  ne  saurait  démontrer  et  qu'il  n'y  a  nulle 
apparence,  que  l'appellation  grecque  du  consul  ait  été  une 
«  création  »  de  ces  scribes  •'',  les  artifices  de  leur  langage  ne 

1.  Il  échappe  d'ailleurs  à  l'auteur  de  la  théorie  décrire  ces  mots 'i?er.  Phi- 
lol.  1S99,  257)  :  «  On  voit...  que  Flamininus  traduisait  de  la  sorte  :par 
OTpaTY)Yo:  ■j-ol-oi]  le  mot  de  consul. . .  ». 

2.  Il  ne  viendra,  je  pense,  à  l'esprit  de  personne  d'objecter  que  senfl/us  a  été 
traduit  par  ajyx/.rjTo;,  mot  qui  n'est  originairement  qu'un  adjectif  (Tjy-/.Xr,To; 
Èz/.XriOÎa).  SjyzÀr|To;  avait,  depuis  bien  longtemps,  perdu  son  caractère  d'ad- 
jectif et  pris,  dans  le  vocabulaire  politique  des  Grecs,  rang  de  substantif, 
quand  on  en  fit  l'équivalent  grec  de  senatus  ;  et  tel  n'eût  point  assurément,  été 
le  cas  du  mot  j'aTo;  lorsq  l'on  s'en  serait  servi  pour  désigner  le  consul. 

3.  Cf.  ci-après,   chap.  111.  n.  i. 

4.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  255,  256  et  note  I  :  <<  . . .  L'expression 
[•j-aTo;]  qui  traduisait  consul. . .  est  une  création  artificielle  des  scribes  cher- 
chant à  rendre  par  un  seul  mot  le  titre  de  la  magistrature  romaine.  » 

5.  On  ne  voit  pas  du  tout  que  la  terminologie  grecqu2  adoptée,  dès  le  v  et 
le  vi'  siècle  de  la  Ville,  pour  les  magistratures  romaines  doive  rien  aux 
«  bureau.x  de  la  questure  ».  C'est  chez  les  Grecs  de  la  Grande-Grèce,  spéciale- 
ment chez  ceux  de  la  Gampanie.  qu'il  en  faut  suituut  chercher  l'oiigine, 
comme  l'a  depuis  longtemps  établi  Mommsen  [Staatsrecht,  lll,  1 15  et  note  2  ; 


68  CHAPITRE   DEUXIÈME 

sauraient  ici  rien  expliquer.  Ce  lang-age  où,  dans  Tensemble, 
on  retrouve  simplement  le  grec  hellénistique  de  l'époque  tar- 
dive ',  est  «  artificiel  »  en  ce  sens  et  dans  cette  mesure  que, 
s'appliquant  du  mieux  qu'ils  pouvaient  à  reproduire  dans  tous 
ses  tours  la  phraséologie  traditionnelle  du  formulaire  romain, 
les  scribes  publics  ne  se  sont  fait,  pour  y  réussir,  aucun  scru- 
pule de  violenter,  chaque  fois  qu'ils  le  jugeaient  utile,  le  génie 

646  et  note  2;  1006  et  note  7;  C/L,  X,  p.  171  sqq.  ;  cf.  pour  le  titre  de  8r|;jLap/oç, 
von  Schoeller,  P-W,  IV,  2712,  s.  i'.  Demarclioi,  2-3)  ;  ce  sont  ces  Grecs  qui  ont 
imaginé  orî[j.apyo;  pour  désigner  le  tribunus  plebis  et  probablement  aussi 
aYOpavôiAOî  pour  rendre  aedilis,  en  même  temps  que  ajyxÀrjTo;  pour  signifier 
senatus.  «  Magisti-atuum  Romanoruni  vocabula,  dit  avec  raison  Mommsen, 
credibile  est  mature  Graecis  ita  innotuisse,  ut  in  eorum  lingua  converterentur 
non  pro  lubitu  cuiusvis,  sed  consuetudine  recepta  et  usu  sollemni  »  {Ges. 
Schriflen,  VIII,  259).  11  ne  faut  pas  amplifier  démesurément  le  rôle  des  inter- 
prètes de  la  questure  ;  leur  lâche  a  consisté  à  rendre  en  grec  les  actes  officiels, 
mais  le  vocabulaire  public,  au  moins  dans  ses  parties  les  plus  anciennes,  n'est 
pas  leur  ouvrage. 

1.  C'est  ce  qu'indiquait  déjà  très  bien  Mommsen  (Staalsrecht,  III,  1007)  et 
ce  qui  s'est  trouvé  confirmé  par  les  études  de  plus  en  plus  exactes  dont  la 
langue  hellénistique  a  été  l'objet  dans  ces  dernières  années.  Nombre  de  «  lati- 
nismes »,  qu'on  avait  cru  d'abord  apercevoir  dans  les  actes  rédigés  à  Rome 
en  langue  grecque,  se  sont  évanouis  à  l'examen.  Ceux  qui  subsistent  —  et,  à  la 
vérité,  il  en  subsiste  beaucoup  et  de  très  choquants  —  s'expliquent  par  l'obli- 
gation qu'on  s'imposait  de  reproduire  mécaniquement,  et  dans  ses  moindres 
détails,  un  formulaire  immuable.  Voir  là-dessus  les  justes  observations  de 
A.  Thumb,  Die  griech.  Sprache  ini  Zeilalt.  des  Hellenismus,  152,  153-154  : 
«  Sogar  die  Sprache  der  griechischen  Urkunden  des  rômischen  Staates  ist  in 
grammatischer  Bezichung  vom  Lateinischen  nur  wenig  berijln-t  worden  :  man 
darfsich  nicht  durch  den  àusseren  Schein  irrefiihren  lassen...  Dass  aber. . . 
die  Uebersetzung  von  Begrillen  des  rômischen  Staatslebens  rômischen  Geist 
atmet,  ist  eine  so  selbstverslandliche  Sache,  dass  wiv  uns  wundern  miissten, 
wenn  es  anders  ware.Nur  sklavisches  und  ungeschickles  L'ebersetzergriechisch 
hat  gelegentlich  gànzlich  ungrieciiische  Lalinismeu  ^\ie  z.  B.  die  Nachahmung 
des  Ablativus  absolutus  in  AvjyJ.M  Aévtàw  raûo  Map /.iXÀti)  uTzaTotç,  oder  die 
Wiedergabe  von  quo  minus  mit  wi  "s'Xaaaov  hervorgerufen ...  »  On  peut 
remarquer  à  ce  propos  que  les  lettres  des  magistrats,  même  écrites  à  Rome, 
et  celles  du  Sénat  i^voir  ci-après,  §  5)  sont  rédigées  dans  une  /.otvT]  fort  correcte. 
—  On  a  dit  que  «  certaines  phrases  ^du  sénatus-consulte  pour  les  Thisbéens) 
auraient  été  difficilement  comprises  des  contemporains  de  Déniosthènes. . .  » 
(P.  Foucart,  3/em.  Acad.  Inscr.WXX  II,  ii,314).  Ilest  vrai;  mais  aussi  nétait- 
ce  point  aux  contemporains  de  Démoslhènes  que  s'adressait  le  Sénat  : 
c'était  aux  contemporains  de  Polybe.  Et  les  philologues,  trop  rares  encore,  qui 
possèdent  la  langue  de  Polybe,  savent  qu'elle  se  rapproche  singulièrement 
(quelques  formules  «  de  style  »  une  fois  mises  à  part)  de  celle  des  sénatus-con- 
sultes. 


OBJECTIONS    PRÉLIMINAIRES  69 

de  la  langue  grecque.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que,  pour 
rendre  scrihendo  adfuerunt,  ils  ont  eu  la  hardiesse  d'écrire 
Ypa5sj;.£vw  r,(xç%QOiv,  qu'ils  ont  traduit  ante  diem  par  zoo  rjiAîpûv, 
et  e  re  publica  fideque  sua  par  ix  -rwv  oy;;j.25UL)v  r.zy.^;\j.7.-(<ri  y.aî 
-:r;ç  '.c'ia;  r.'.'-tMz  ',  etc.  '<  Legiiimum  sermonem  suum,  a  dit 
Mommsen  -,  prudenter  et  fortiter  magis  quam  apte  et  perite  ei 
quoque  ling-uae  (se.  graecae)  intulerunt  (Romani)-^...».  Mais 
il  ne  s'ag-issait,  en  l'espèce,  de  rien  de  pareil,  et  la  question 
n'était  pas  d'habiller  en  grec  quelque  formule  ou  locution  con- 
sacrée du  legitimus  sermo.  Les  scribes  de  la  questure,  à  sup- 
poser —  ce  que  je  ne  crois  nullement —  qu'on  les  doive  mettre 
en  cause,  n'avaient  besoin,  pour  traduire  le  titre  consulaire,  de 
recourir  à  aucun  <(  artifice  »  :  ils  n'avaient  qu'à  prendre  dans 
le  vocabulaire  hellénique  un  substantif  plus  ou  moins  conve- 
nablement approprié,  lequel,  quoi  qu'on  ait  dit,  n'eût  point  été 
bien  difficile  à  découvrir^.  Ce  qu'on  ne  conçoit  pas,  c'est  que 
soit  eux,  soit  d'autres  n'aient  pas  procédé  de  façon  si  simple, 
mais  que,  contrairement  à  l'usag'e  toujours  suivi  en  cas  sem- 
blable, on  ait  emprunté  au  g'reCiau  lieu  de  substantif,  un  mot 
qui  n'était  qu'un  qualificatif. 

1.  Il  est  à  propos  de  noter  que  Polybe  n'a'point  hésité  à  faire  accueil  dans 
son  texte  à  la  formule  w;  aÙTw  Soxsï  Q-jiioiçiv/  Iv.  tt);  îSiarîiîjTcw;  (XXVIII, 
1.9). 

2.  Mommsen,  Ges.  Schriften,  VIII,  281. 

3.  Le  mot  floma/ii,  dans  cette  phrase,  désigne  en  réalité  les  scribes  grecs 
aux  ordres  des  Romains. 

4.  «  Le  titre  de  consul  »,  a-t-on  dit,  «  était  difficile  à  rendre  en  grec  » 
(P.  Foucart;  Rev.  Philol.  1899,  256;  cf.  Mommsen,  ibid.  260\  Cela  serait  exact, 
s'il  s'était  agi  de  «  rendre  »  le  «  titre  »  lui-même,  proprie,  comme  dit  Momm- 
sen, c'est-à-dire  d"en  exprimer  la  signification  littérale.  Il  eût  alors  fallu,  en 
raison  de  l'étymologie  généralement  admise  qui  faisait  venir  consul  de  consa- 
lere,  recourir  à  tjuîîo'jXo;  ou  à  "oo'PojÀoç,  recommandés  par  Denys  (IV.  76.  2), 
ce  qui  n'eût  été  qu'un  expédient  assez  malheureux.  Mais  le  problème  ne  se 
posait  point  ainsi.  Comme  j'aurai  occasion  de^le  rappeler  (ci-après,  chap.  III, 
n.  Il),  les  Grecs,  à  l'époque  ancienne,  ne  s'évertuaient  pas  à  traduire  les  titres 
des  magistrats  romains  :  il  leur  suffisait  de  les  interpréter.  C'est  pourquoi 
un  mot  tel,  par  exemple,  que  aoycov,  employé  parfois  par  Polybe  ;I.  24.  9; 
38.  6;  39.  1,  etc.;  cf.  Dionys.  Ant.  Rom.  IV.  76.  2)  et  que  Hultsch  croit,  à  la 
vérité  sans  preuve,  avoir  été  d'abord  joint  à  -j-xto;  cf.  ci-après,  chap.  IIL 
n.  i),  eut  été  un  équivalent  passable  de  consul.  Si  le  terme  choisi  fut,  comme 
nous  le  dirons  plus  loin,  arpatriyd;,  c'est  qu'il  rendait  assez  exactement 
l'idée  que  les  Grecs  se  firent  d'abord  de  la  magistrature  consulaire. 


70  CHAPITRE    DEUXIÈME 

D'autant  que  ce  mot  n'eût  pas  été,  il  s'en  faut,  des  mieux 
choisis.  Que,  «  cherchant  à  traduire  par  une  expression  unique 
le  titre  de  la  magistrature  romaine  »,  on  ail  d'abord  u  pré- 
féré î;::aT3;  »  \  c'est  ce  qu'il  est  bien  malaisé  de  croire  :  car  ce 
terme,  s'il  exprimait  à  la  rigueur  la  situation  éminente  du  consul 
dans  l'Etat  2,  avait  le  fâcheux  défaut  de  ne  rien  laisser  discer- 
ner des  pouvoirs  qu'il  exerçait.  Ajoutons  que  si  vraiment, 
comme  on  l'a  pensé,  «  les  scribes  de  la  questure  »  s'étaient 
tenus  satisfaits  de  rendre,  en  grec,  consul  par  «  le  Suprême  », 
ils  auraient  manqué  singulièrement  au  principe,  qui  leur  était 
cher,  de  modeler  leur  grec,  au  plus  juste,  sur  le  latin  des  for- 
mules romaines.  A  coup  sûr,  la  traduction  de  consul  par  Gira- 
To;  serait  tout  autre  chose  que  du  «  mot-à-mot  ».  L'idée  la 
plus  naturelle,  n'est-ce  pas  que  le  mot  utcx-oc,  qui  fut 
vite  pris  substantivement  et  qui  l'était,  au  moins  par  Poljbe, 
jusque  dans  la  locution  u-.çtxvq-foq  'Jr^y.-zz,  ^  ne  fut  pour- 
tant, à  l'origine,  qu'un  qualificatif,  accompagnant  un  substan- 
tif dont  il  précisait  le  sens  et  que,  de  bonne  heure,  on  put  sous- 
entendre  ^?  C'est  ce  substantif,  déterminé  par  uTraTsç,  qui  aurait 
été  proprement  le  nom  grec  du  consul  '', 

9"  On  peut  remarquer  enfin  que  la  théorie  nouvelle  ne  tient 
pas  un  compte  suffisant  du  fait,  cependant  très  notable,  que 
les  préteurs  portaient  à  Rome,  dans  la  langue  officielle,  le 
titre  grec  de  (j-pa-iïjYOi-  Ce  titre  ne  leur  convenait  guère,  ou, 
pour  mieux  dire,  ne  leur  convenait  nullement,  la  préture  (en 
dépit  de  V éiym.o\o^\Q  praelor-praeitor)  étant  tout  autre  chose, 
en  son  principe,  qu'une  fonction  militaire.  Si  les  Romains 
l'adoptèrent,  ce  ne  put  être,  semble-t-il,  qu'à  l'imitation  des 
Grecs,  lesquels,  voyant  parfois  des  préteurs  exercer  le  com- 


1.  P.  Foucart, /{eu.  philol.  1899,  256  et  noie  1  :  cf.  Bûttner-Wobst,  167-168. 
Sur  celte  queslion,  cf.  ci-après,  chap.  III,  n.   i. 

2.  C'esl  re.xplicalion  que  donne    Denys    (IV.    76.  2);    mais   on   n'est  point 
obligé,  sans  doute,  de  l'en  croire  sur  parole. 

3.  C'est  ce  qu'ont  montré  Hullsch  et  Biittner-Wobst  :  cf.  ci-après,  chap.  III, 
n.  I, 

4.  Cette  objection  a  été  prévue,  mais  non  point  écartée,  par  l'auteur  de  la 
théorie  {Rev.  Philol.  1899,  256,  2). 

5.  Cf.  ci-après,  chap.  III,  n,  i. 


DISCUSSION    DE    LA    TIIÉORTF.  71 

mandement  militaire,  les  avaient  qualifiés  en  conséquence  ^ 
Mais,  ce  même  nom  de  ç-po^rr^-^'oi  que  les  Grecs  donnèrent  aux 
préteurs,  n'est-il  pas  logique  de  penser  qu'ils  l'avaient,  aupa- 
ravant et  tout  d'abord,  donné  aux  consuls  auxquels  assurément 
il  s'appliquait  beaucoup  mieux?  Et  dès  lors  on  se  demande 
pourquoi  les  Romains,  qui  suivirent  l'exemple  des  Grecs  en 
qualifiant,  fort  improprement,  les  préteurs  de  Q-pa-r,'(ci,  ne 
l'auraient  pas  suivi  encore,  et  plus  à  propos,  lorsqu'il  s'agis- 
sait des  consuls.  Etablir,  au  moyen  d'un  déterminatif,  la  dis- 
tinction nécessaire  entre  les  stratèges-consuls  et  les  stratèges- 
préteurs  n'avait  sans  doute  rien  que  d'aisé.  Fort  naturelle- 
ment on  est  porté  à  croire  que  le  mot  j-aTCç  joua,  en  cette 
occasion,  le  rôle  de  déterminatif  ~. 

Tant  y  a  que  la  doctrine  nouvellement  professée  n'est  pas 
de  celles  qui  s'imposent,  comme  on  dit,  par  leur  évidence; 
elle  éveille  plutôt  de  justes  inquiétudes.  Mais  enfin  on  assure 
qu'elle  s'autorise  de  faits  précis  ;  on  affirme  que,  dans  les 
actes  du  Sénat,  on  n'a  jamais  rencontré  qu'  j-axo;  pour  signi- 
fier consul.  C'est  ce  qu'il  faut  vérifier. 


II.  —  Discussion  de  la  théorie. 

Commençons  par  reconnaître  qu'à  partir  des  dernières 
années  du  ii"^  siècle,  dans  les  actes  à  nous  connus  du  Sénat, 
l'appellation  solennelle  des  consuls  n'est  pas  aipxzTi'foq  y^aTc?, 
mais  uTcatoç. 

Ceci  est  démontré  par  les  praescripta  de  ces  actes.  L'indi- 
cation éponymique,  en  particulier,  ne  contient  que  les  mots 
ï-kI  ÙTCa-wv.  C'est  ce  qu'on  peut  voir  en  lisant  le  préambule  du 
traité  avec  les  Astypalaiens  (ann.  105)  ^  et  le  préambule  du 

1.  Cf.  ci-après,  chap.  III,  n.  m. 

2.  Cf.  ci-après,  chap.  III,  n.  i  et  m. 

.3.  /G,  XII,  3,  173  =  Viereck,  XXI,  I.  15.  —  Le  titre  Cinaio;,  appliqué  au 
consul  P.  Rutilius,  se  trouve  aussi  dans  le  texte  (1.  6  et  10)  du  sénatus-con- 
suUe  qui  précède  le  traité  :  mais  nous  ne  considérons  ici  que  la  rédaction  des 
formules. 


72  CHAPirUK    DEUXIÈME 

traité  avec  les  Thjrréens  (ann.  94)  i,  préambules  qui  ne  sont, 
l'un  et  l'autre,  que  le  bref  résumé  d'un  sénatus-consulte  ~  ;  le 
sénatus-consulte  pour  Asklépiadès,  Polystratos  et  Méniskos 
(ann,  78)  '■^  ;  les  résumés  des  actes  du  Sénat  (ann.  80  et  74) 
insérés  dans  l'acte  appelé  inexactement  «  sénatus-consulte 
d'Oropos  »  (ann.  73)  ^,  etc. 

Il  n'y  a  rien  là  qui  nous  doive  étonner  :  les  autres  docu- 
ments examinés  dans  la  première  partie  de  cette  étude  nous 
avaient  montré,  en  effet,  qu'au  début  du  i*"''  siècle  et  même 
avant  la  fin  du  ii^,  la  dénomination  ofïicielle  des  consuls  était 
•jxaToç.  Ce  qui  reste  à  savoir,  c'est  si,  à  Rome,  dans  le  formu- 
laire des  actes  publics,  ils  n'avaient  jamais  porté  que  ce  titre, 
ou  si,  à  une  époque  plus  ancienne,  ils  n'y  étaient  pas  appelés 

§  1.  Examen  critique  des  textes  allégués. 

Pour  établir  la  théorie,  on  se  fonde  :  sur  le  sénatus-con- 
sulte pour  les  Thisbéens  (ann.  170)  •',  où  le  titre  -jt.x-oç  est 
donné  à  A.  Hostilius  (Mancinus)  (cos.  170),  dans  la  phrase 
(1.  42-43)  :  -Kzpl  TOÛTSU  Toij  T^pi'-([j.!X':oq  "Kpbç  A'JXov  ['OjatiXiov 
uTuaTov  Ypa;j.[;,aTa  à-co-xeîÀx'.  ioo^sv  — ;  sur  le  sénatus-consulte 
pour  les  Narthakiens  et  les  Mélitaiens  (c.  ann.  140)  **,  où  le 


1.  IG,  IX,  1,  483  =  Viereck,  XXII  =  Dittenberger,  Sylloge  "-,  327,  1.  1. 

2.  Sur  ce  point,  cf.  les  explications  détaillées  de  Tiiubler, ///ij3.  liomanum, 
I,  365  :  «  Das  Wesen  solcher  Priiskripte  besteht  darin,  dass  sie  den  Inlialt 
vorausgeliendei-  Senatsbeschliisse  wiedergeben...  um  ihre  Ausfiihrung,  soweit 
sie  die  Aufstellung  und  Aushandigung  betrilï't,  zu  bezeugen.  « 

3.  IG,  XIV,  951  =  Viereck,  XVII,  1.  1  (cf.  3,  5). 

■l.  IG,  VII, 413  =  Viereck,  XVIII  =  Dittenberger,  Sy«osre^  334,1.4  (mention 
résumée  d'un  sénatus-consulte  de  74)  ;  1.  53  (résumé  d'un  sénatus-consulte  de 
80);  cf.,  dans  \e  praescriplumdu  sénatus-consulte  de  73,  les  I.  63-64. 

5.  IG,  VII,  2225  =  Viereck,  XI  =  Dittenberger,  Sylloge-,  300.  Le  te.xte  le 
plus  correct  a  été  donné  par  P.  Foucarl,  Mém.Acad.  Inscr.  XXXVII,  ii,  310-312 
=  Bruns-Graden\vitz,  Fontes  iuris  Rom.~  160,  n.  37  =  Mommsen,  Ges.Schrif'ten, 
VIII,  275-279.  L'acte  qu'on  est  convenu  d'appeler  «  sénatus-consulte  pour  les 
Thisbéens  »  comprend  en  réalité,  comme  on  sait,  deux  décisions  successives 
du  Sénat  ;  c'est  de  la  seconde  qu'il  s'agit  ici . 

6.  IG,  IX,  2,  89=  Viereck,  XII  =  Dittenberger,  Sylloge  2,  307.  C'est  le 
sénalus-consulte  dit  de  Xarthakion.  Pour  la  date,  voir  Kroog,  De  foed.  Thés- 


EXAMEN    CRITIQUE    DES    TEXTES  73 

même  titre  est  attribué  à  T.  Quinctius  (Flamininus)  (cos. 
198;  pro  cos.  197-194)  dans  la  phrase  (1.  31-52;  cf.  64)  : 
o[u];  v[ô[j,]cuç  TiTc;  Kci'(Y-izq  ^[-jxto;  ir.b  -:f,ç  T[àiv]  osv.a  Trpea- 
[l^JsuTwv  Yva)[^'.]r,;  e5(D7.[£v]  — ;  sur  l'extrait  du  sénatus-consulte 
pour  les  Messéniens  et  les  Lacédémoniens  (c.  ann.  138  ou  un 
peu  plus  tôt)  inséré  dans  la  sentence  arbitrale  des  Milésiens 
en  faveur  des  Messéniens  ',  où  nous  voyons  le  même  titre 
porté  par  L.  Mummius  (cos.  146;  pro  cos.  145)  dans  la  phrase 
(1,  63-65;  cf.  1.  53-55)  :  o-t  Aeûxio;  Msjj.y.io;  u-aTcç  r,  àvOJzaTOç 
[àjv  £/.£tvY;t  -Yji  è-apysut  £Y£V£-:o  —  ;  sur  le  sénatus-consulte 
pour  les  Samiens  et   les  Priéniens  (ann.  135)  ~,  où  le  même 

salor.  praetoribus  (diss.  Halle,  1908),  20.  Le  sénatus-consulte  fut  rendu  sous 
la  stratégie  de  Thessalos,  fils  de  Thrasymédès,  de  Plierai,  et  publié  sous  celle 
de  son  successeur,  Léon,  fils  d'Agésippos,  de  Larisa  ;  or,  la  stratégie  de  Thes- 
salos se  doit  placer  vers  140  (Kroog,  20;  cf.  59).  Kroog  fait  observer  avec  rai- 
son qu'il  n'y  a  aucune  raison  de  poser  ici  comme  terminus  ante  quem  l'année 
147/146,  puisqu'il  est  maintenant  démontré  que  la  Confédération  thessalienne 
subsista  après  146  (cf.  Niese,  III,  356,  8;  Nachmanson,  Ath.  Mitt.  1907,  58 
sqq.;  Svvoboda,  Staalsallert.  239).  D'autre  part,  C.  Hoslilius  Mancinus,  qui 
présidait  le  Sénat  en  qualité  de  préteur  lorsque  fut  voté  le  sénatus-consulte, 
ayant  été  consul  en  137,  il  n'est  pas  vraisemblable,  quoi  qu'ait  pensé  Ditten- 
berger  {Sylloge  -,  307,  not.  4),  que  sa  préture  ait  de  beaucoup  précédé  l'année 
139.  —  Ed.  Cuq{Mém.  Acad.  Inscr.  XXXIX,  145,  3),  ignorant  tous  les  travau.\ 
récents  concernant  la  question,  fait  remonter  le  sénatus-consulte  jusque  vers 
150. 

1.  "Viereck,  XXV  =  Dittenberger,  Sylloge\  314,  III  =  /G,  V,  1,  p.  xv 
(testimon.).  C'est  le  sénatus-consulte  dit  de  Messène  ;  je  ne  sais  pourquoi  Ed. 
Cuq  [ihid.  145,  3)  l'appelle  «  sénatus-consulte  d'Olympie  »,  nom  qui  n'a  aucun 
sens.  La  date  approximative  du  document  se  déduit  du  fait  que  Q.  Calpurnius 
C.  f.  (Piso)  —  nommé  aux  1.  41-42  de  la  sentence  des  Milésiens  —  était  préteur 
lorsque  le  Sénat  rendit  son  décret,  et  devint  consul  en  135.  En  vertu  de  la 
règle  du  hiennium,  la  préture  de  Q.  Calpurnius  tomba  au  plus  tard  en  138  ; 
telle  est  la  date  minima  du  sénatus-consulte.  Mais  il  est  clair  qu'il  peut  être  un 
peu  plus  ancien,  (J.  Calpurnius  n'étant  pas  devenu  nécessairement  consul 
deux  ans  après  sa  préture  (cf.  Mïmzer,  P-W,  III,  1386,  s.  v.  Calpurnius,  86). 
Niese  (III,  356)  et  Kolbe  (/G,  V,l,  p.  xiv  ;  cf.  260)  le  placent  donc  avec  raison 
«  peu  après  140  ». 

2.  Hiller  von  Gârtringen,  Inschr.  von  Priene,  41  =  Viereck,  XI"V  =  Ditten- 
berger, Sylloge  2,  315.  Ser.  Fulvius  Q.  f.  (Flaccus),  qui  présida  le  Sénat,  est  le 
consul  de  135;  il  est  singulier  que  Ed.  Cuq  (ibid.  145,  3°,  4°  et  5°)  laisse  flotter 
la  date  du  sénalus-consulte  «  vers  136/618  et  135/619  »  :  Ser.  Fulvius  ne  peut 
pourtant  pas  avoir  été  consul  deux  ans  de  suite. —  C'est  à  dessein  que  j'omets 
en  ce  moment  de  citer  la  1. 2  du  sénatus-consulte,  où  paraît  d'abord  Ser.  Fulvius 

qualifié  de    at[ jj-aTo;  ;  ce  passage  fera  plus  loin  l'objet  d'un  examen 

spécial  (ci-après,  p.  101  et  suiv.). 


74  CHAPITRE    DEUXIÈME 

titre  est  appliqué  à  Ser.  Fulvius  (Flaceus)  dans  la  phrase  (1. 12- 

13)  :  TO'JTCi;  te  ^sviov  si;  éy.aijrrjv  7:p£0-,3ct3:v  —  [^Ép:'Ji:ç  'î^jô/v- 
[o]ui;ç  Kcivtoij  uTîa-roç  xbv  Tap-'.av  à-oa-etXai  y,£[/,£'jjaT(o].  A  ces 
quatre  textes  on  pourrait  ajouter  le  sénatus-consulte  pour  les 
Technites  dionysiaques  (ann.  112)',  où  le  titre  -j-y-zz  est 
encore  donné  à  M.  Livius  (Drusus)  et  à  L.  Calpurnius  Piso 
(Caesoninus)  (coss.  112)  dans  les  deux  phrases  (1.  62-63  ; 
64-65)  :  cTTwç  -^0^  Maapy.îv  Asi^iov  ii-aTJv  -po[(7J£X6(o7iv  (Tech- 
nitarum  legati)  —  ô-w;  xt  Asr/.'.oç  lva/,7::pvi;ç   u-aTo;  ^évia  xarà 

De  la  présence  du  mot  'jr.a-zç,  dans  ces  textes,  on  conclut  : 
que  «  les  scribes  au  service  des  Romains  n  ont  Jamais  employé 
pour  consul  »  qu'  uTca-cç  ;  que  le  titre  de  «  consul,  dans  les 
actes  officiels  »  du  Sénat,  a  «  toujours  été  traduit  par  le  seul 
mot  yTratoç»;  que,  dans  les  sénatus-consultes,  «  on  n'a  Jamais 
rencontré  que  j-aTo;  '^  ». 

Mais  la  conclusion  sera,  avec  raison,  jug;ée  téméraire. —  En 
premier  lieu,  le  plus  ancien  des  documents  allég^ués,  le  séna- 
tus-consulte dit  de  Thisbé,  ne  remontant  qu'à  Tan  170,  est  de 
près  de  soixante  ans  postérieur  aux  premiers  rapports  des 
Romains  avec  les  Grecs  d'Europe  —  pour  ne  point  parler  de 
ceux  d'Italie  et  de  Sicile;  il  ne  prouve  rien  pour  l'époque  qui 
l'a  précédé,  et  ne  donne  donc  pas  droit  d'affirmer  qu'en  tout 
temps  et  dès  l'origine,  les  actes  du  Sénat  n'ont  donné  aux 
consuls  d'autre  appellation  qu'  uraisç.  —  En  second  lieu  et 
surtout,  il  semble  qu'on  ait  nég-ligé  ici  la  question  capitale,  à 
savoir  si,  dans  les  sénatus-consultes  auxquels  on  se  réfère,  le 
terme  désignant  la  magistrature  consulaire    se   trouve    dans 

1.  Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  78,  n.  70  a  =  Dittenberger,  Sylloge  -, 
930  =:  G.  Klaiïenbach,  Symhoiae  ad  hislor.collegior.  arlific.  Bacchioruni,  29- 
32  (avec  quelques  restiluLions  nouvelles). 

2.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  256,  259,  255.  Ces  conclusions  de  P.  Foucart 
sont  assez  nettes  pour  ne  point  laisser  place  à  l'équivoque.  Cependant, 
d'après  Ed.  Guq  (ibid.  111, 1),  il  en  ressort  que  «  dans  les  traductions  grecques 
des  ac/e.s  officiels  romains,..,  le  consul  est  appelé  ^TpaTriyo;  oTiaTo;  n,  et  le 
savant  critique  renvoie  à  P.  Foucart,  fier.  Philol.  1899,  p.  254.  Je  doute  qu'il 
soit  possible,  en  citant  un  auteur,  de  lui  faire  dire  plus  exactement  le  contraire 
de  ce  qu'il  a  dit.  —  On  s'étonne  de  trouver  la  même  erreur  dans  les  Inscr.  gr. 
ad  res  roman,  pertinentes,  IV,  n.  179,  p.  69. 


EXAMEN    CRITIQUE    DES    TEXTES  75 

une  formule  officielle  ou  dans  le  cours  d'un  texte  développé, 
et,  partant,  s'il  doit  être  nécessairement  tenu  pour  l'appella- 
tion solennelle  ou  s'il  ne  peut  pas  être  une  appellation  simpli- 
fiée. 

Or,  on  s'aperçoit  au  premier  coup  d'œil  que  les  phrases,  ci- 
dessus  transcrites,  des  sénatus-consultes  pourThisbé,  Nartha- 
kion,  Messène  et  Priène  font  partie,  non  d'un  formulaire,  non 
d'un  intitulé  ou  de  praescripta,  mais  du  texte  développé  de 
ces  documents,  et  que  c'est  occasionnellement  qu'y  sont  nom- 
més des  consuls.  En  sorte  qu'il  y  a  possibilité  que,  dans  ces 
phrases,  le  mot  ■j-x-z:  soit,  non  pas  du  tout  le  titre  consulaire 
officiel,  mais  la  forme  abrégée  de  ce  titre.  C'est  une  hypothèse 
qui  vaut  au  moins  d  être  examinée. 

On  conviendra  qu'elle  n'a  rien  d'absurde,  si  l'on  prend 
garde  que  les  magistrats  romains  dont  il  est  parlé  dans  le 
corps  des  actes  du  Sénat,  spécialement  des  actes  rédigés  en 
grec,  n'y  sont  d'ordinaire  désignés  que  sommairement  et  sans 
beaucoup  d'exactitude;  et  si  l'on  se  rappelle  aussi,  d'une  façon 
générale,  que  la  recherche,  parfois  excessive,  de  la  brièveté 
semble  avoir  été  le  souci  dominant  des  traducteurs  grecs 
qu'employait  la  chancellerie  romaine. 

Considérons,  pour  préciser  le  dernier  point,  un  seul  séna- 
tus-consulte,  celui  qui  fut  rendu  en  faveur  des  habitants  de 
Thisbé.  On  sait  que  Mommsen,  dans  son  célèbre  commen- 
taire, y  a  relevé  nombre  d'abréviations  arbitraires  qu'a  fait 
subir  le  traducteur  même  aux  formules  solennelles  '.  —  Et 

1.  Mommsen,  Ges.  Schriflen,  Vllf,  2SI-282  :  «  Eo  autem  nomine  Graeca  haec 
versio  magnopere  dilTert  a  senatusconsultis  quae  habemus  Latine  scripta, 
quod  cum  haec  formulas  soUemnes  legriLimasque  suis  locis  accurate  et  plene 
ponant,  Graeci  hominis  eiiismodi  sertnonis  imijatienlia  vel  in  hoc  instrumento 
quodammodo  cernilur  iniiLlis  earum  vel  in  compendiuin  redactis  vel  praeler- 
missis  eqs.  Ita  ipsa  légitima  praescripdo  in  posleriore  senalusconsalto 
omissa  est  sola  die  excepta,  scilicet  quod  reliqua  verba  eadem  sunt  atque  in 
priore  eqs.  »  —  Dans  le  sénâtus-consulte  de  73  en  faveur  des  Oropiens  (Dit- 
tenberger,  Sylloge  -,  334, 1.  60-69),  la  formule  finale  (1.  68-69)  a  été  aussi  abré- 
gée à  l'excès;  cf.  Bruns,  Fontes  '',  177,  l.  — On  voit  par  là  qu'il  est  excessif 
d'affirmer  que  «  la  traduction  »  eu  j?rec  des  sénatus-consultes  est  «  absolu- 
ment littérale  »,  les  «  tournures  et  les  expressions  latines  »  ayant  été  «  ren- 
dues mot-à-mot  »  (P.  Foucart,  Méni.  Acad.  Inscr.  XXXVII,  ii,  314).  Gela  peut 
être   vrai  de  certains  sénatus-consultes.  par  exemple,  de  celui  pour  Asklé- 


76  CHAPITRE     DEUXIÈME 

voici,  d'un  autre  côté,  des  particularités  dignes  de  remarque  ! 
G.  Lucretius  (pr.  171)  est  simplement  appelé  Vr.o;  Az/.pi- 
-'.c;  (1.  22-23),  sans  que  le  titre  de  sa  fonction  soit  donné  '  ;  les 
ambassadeurs  de  Thisbé  ne  sont  pas,  contre  l'ordinaire, 
nommément  désig-nés;  des  quatre  particuliers  dont  il  est  parlé 
dans  le  texte,  trois  sont  mentionnés  en  termes  très  peu  expli- 
cites :  deux  des  femmes  de  Thespies,  Xénopithis  et  Mnasis 
'1.  47),  n'ont  pas  de  patronymique,  et  (juant  à  l'Italien  (?) 
appelé  Vv^'z;  I1xvo:jîviç  l\.  oi),  cette  désignation  trop  brève 
ne  permet  pas  de  démêler  si  Davocjîvo;  est  son  nom  ou  son 
ethnique  '-.  —  Les  choses  étant  ainsi,  et  lorsque  nous  rencon- 
trons dans  un  seul  document  tant  de  simplifications  ',  sans 
doute  imputables  pour  la  plupart  à  la  négligence  du  traduc- 
teur, est-il  incroyable  que  le  titre  grec  que  portait  le  consul 
A.  llostilius  ait  été  abrégé  aux  1.  42-43,  et  qu'on  y  ait 
appelé  ce  consul  jzairo;  au  lieu  de  cjTpaTVJYb?  u-a-sc  ? 

piadès,  mais  d'autres,  comme  le  sénatus-consulte  dit  de  Thisbé,  ressemblent 
fort,  en  quelques-unes  au  moins  de  leurs  parties,  à  un  abrégé  ou  à  un  résumé 
de  l'original. 

1.  Cf.  1.  52.  Mais,  en  ce  dernier  passage,  l'omission  du  titre  peut  s'expliquer 
par  le  fait  qu'il  ne  s'agit  plus  de  C.  Lucretius  préteur,  mais  de  C.  Lucretius 
après  sa  sortie  de  charge. 

2.  Cf.  Mommsen,  ihid.  287  ;  P.  Foucart,  ibid.  341-342.  —  Même  imprécision, 
autant  que  le  texte,  trop  mutilé,  permet  d'en  juger,  dans  la  désignation  des 
personnages  thessaliens  ou  macédoniens  que  mentionne  le  sénatus-consulte 
dit  de  Narthakionaux  1.  27-29;  cf.  Dittenberger,  Si)lloge-,  307,  not.  16,  18. 

3.  Une  locution  qui  a  été  volontiers  et  capricieusement  simplifiée,  dans  les 
sénatus-consultes  en  grec,  est  celle  qui  désigne  les  ambassadeurs  des  peuples 
alliés — socii  et  amici  {cL  L.E.  Matthaei,  Class.  Quarterly,  1907,  185).  La  voici 
dans  sa  forme  correcte  (par  exemple,  sénatus-consulte  dit  de  Xarthakion,  1. 
16  sqq.,  39  sqq.)  :  av5p£;  xaXo'i  /.àYaOol  xaî  «ptXoi  r^ixpa.  OY;ao'j  y.'xXou  zayaôou 
xal  çpt'Xo'j  CT'j;x[j.âyo'j  xz  f||j.£-î'pou.  Mais  on  trouve  dans  le  sénalus-consulle  dit  de 
Magnésie  (1.  40-11):  [avSpe;  zaXoi  /.àya6]o'.  zapà  ôr|ao'j  x.aXou  /.a!  ayaGou  zaî 
œfXou  aua[aâ70u  Tê  -/jUSTEpou]  —  :  il  y  a  là  suppression  de  "/.aï  çÎAO'.  (cf.  1.  43). 
Dans  le  sénatus-consulte  relatif  à  l'alliance  avec  Astypalaia  (/G.  XII,  3,  173  ^4, 
1.  3-4),  on  lit  :  avopa  zaXov  xaE  àyaôov  [r.apà  or^aou]  xaÀou  -/.aï  àyaOoj  xa!  oîXou 
:rpoaayo[péJCTat  xrX.]  —  :  il  y  a  suppression,  dune  part,  de  xa;  çiXov  et,  de 
l'autre,  de  aLitj.ij.ay ou  tî  rjasrÉpou  II  est  vrai  que,  par  une  altération  inverse, 
la  même  formule  a  été  parfois  indûment  allongée.  On  trouve  dans  le  sénatus- 
consulte  dit  de  Lagina  (1.  68-69)  :  avSpa;  xaXoù;  xal  àyaÔoj;  xal  çtXou;  (j'j[j.u.â- 
you;  TE  f,(j.£T£pou;  xxX.  Dans  le  «  sénatus-consulte  d'Oropos  »  (1.  17),  Hermo- 
doros,f.  d'01ympichos,est  appelé  à  tort  ajvtj.ayoç  au  lieu  de  otXoç  ;  cf.  Momm- 
sen, Siaaisrec/i<,  111,652,1. 


ëxamén  critiqué  des  textes  77 

Passons  à  d'autres  sénatus-consultes  en  langue  grecque,  et 
voyons  de  quelle  manière  mention  y  est  faite  des  magistrats 
romains  nommés  dans  le  corps  du  texte.  Le  parti  pris  d  abré- 
viation s'y  marque  en  diverses  façons.  Non  seulement,  comme 
c'est  aussi  le  cas  dans  les  originaux  latins,  le  prénom  du  père 
est  régulièrement  passé  sous  silence  ',  mais  il  arrive  encore 
qu'on  supprime  ou  le  prénom  ou  le  gentilicium  des  magis- 
trats'. —  L'omission  du  titre  est  aussi  très  fréquente.  De 
même  que  C.  Lucretius,  comme  on  vient  de  voir,  n'est  pas 
qualifié  de  préteur  dans  le  sénatus-consulte  pour  Thisbé,  de 
même  Cn.  Manlius  (cos.  189;  pro  cos.  188)  est  simplement 
dit  MâvX'.oç  dans  le  premier  sénatus-consulte  pour  Priène, 
antérieur  à    135  (1.    4-5)3,  et  Fvaîo;   MavXiiç   dans   le  second 

1.  11  y  a  d'ailleurs  des  exceptions,  dont  la  raison  n'apparaît  pas  et  qui 
montrent  seulement  que  la  rédaction  des  sénatus-consultes  en  lanf,'ue  grecque 
ne  saurait  être  ramenée  à  une  rè^^e  uniforme.  Dans  le  sénatus-consulte  dit  de 
Magnésie  (Dittenberger,  >ylloge-,  928),  le  préteur  M.  Aemilius  est  toujours 
appelé  (1.  47,  49,  58,  61)  Mâap/.o;  A'.txûXto;  Maap/.oj  jîoç  aTpaTïiyoç.  Dans  le 
sénatus-consulte  dit  de  Priène,  à  lai.  13,  on  lit:  [SÉpouto;  (ï)]o'){o]'jio;  Koîv- 
TO'j  uTûaTo;,  avec  suppression  de  'J'-ô;,  mot  qui  se  trouve  après  Ko'.vxou  à  la 
1.  2.  Dans  le  sénatus-consulte  dit  deLagina,  Sulla  est  appelé  une  fois,  dans  le 
texte  développé  (1.  34),  [Aeuztwt  KopvïiXi'wi  Ajîuztou  uîwt  SûXXai  'E-acppo- 
5tTwt,  etc. 

2.  Omission  du  prénom  de  Cn.  Manlius,  comme  il  est  indiqué  ci-après,  dans 
le  premier  sénatus-consulte  pour  Priène  (1.  4-5),  si  toutefois  la  restitution  pro- 
posée par  Ililler  flnschr.  von  Priène,  40)  doit  être  admise.  —  Omission 
du  gentilicium  (Kopvvto;)  de  Sulla,  aux  1.  20,  22,  26,  52  des  actes  relatifs  à 
l'affaire  d'Oropos  (Dittenberger, S(///o.qre  -,  334),  les  deux  premières  fois  dans  le 
plaidoyer  d'Hermodoros,  prêtre  d'Amphiaraos,  la  troisième  dans  le  plaidoyer 
de  L.  Domitius  Ahenobarbus  pour  les  publicains.  la  dernière  dans  la  citation 
de  l'intitulé  dun  sénatus-consulte  de  l'an  80,  seul  passage  où  l'on  rencontre 
le  cognomen  'ETzaspdSiTo;.  Le  gentilicium  est  indiqué,  en  revanche,  aux  1.  39, 
42  et  55,  dans  la  citation  de  la  lex  censqria,  dans  le  titre  du  decrelum  de  Sulla 
concernant  le  territoire  consacré  à  Amphiaraos,  et  dans  la  citation  du  séna- 
tus-consulte de  80.  L'onomastique  de  Sulla  se  trouve  ainsi  soumise,  dans 
cette  série  de  documents,  aux  plus  capricieuses  variations  ;  cf.  Mommsen, 
Hermès,  1885,  282-283.  Dans  le  sénatus-consulte  dit  de  Lagina,  le  gentilicium 
KopvrJX'.o:  ne  manque  qu'une  fois  (Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  441,  1.  94).  — 
Omission  du  gentilicium  des  consuls  de  73  dans  le  sénatus-consulte  de  la 
même  année  (Sglloge  -,  334,  1.  63)  :  tandis  que  ces  consuls  s'appellent,  l'un, 
Mâap-z.o;  TspÉvT'.o;  Oùâppwv  Asj/'.oXXo;,  et  l'autre,  Fâio;  Kâaio:  Aovyïvo;, 
en  tête  de  leur  lettre  aux  Oropiens,  ils  ne  sont  appelés  que  Mâap/.o;  AcjxoXXoç 
et   rotio;  Kâjio;   dans    le     pruescriptum    du  sénatus-consulte  de  73. 

3.  HiUer  von  Gàrlringen, /fisc/ir.  von  Priène,  40. 


78  CHAPITRE    DEUXIÈME 

(1.  6).  Ser.  Sulpicius,  ambassadeur  en  Crète  peu  après  146, 
ne  porte  pas  de  titre  dans  le  fragment  de  sénatus-consulte, 
cité  par  les  arbitres  magnètes  qui  jugèrent  la  querelle  des  Ita- 
niens  etdes  Hiérapytniens  '.  On  voit  paraître  comme  éponyme, 
dans  le  sénatus-consulte  de  H 2  relatif  aux  Technites  diony- 
siaques (1.  20-2\}  ',  un  magistrat,  P.  Cornélius,  dont  rien 
n'indi(|ue  la  fonction,  ce  qui  ne  laisse  pas  d'être  embarrassant  : 
on  a  pu  légitimement  hésiter  entre  P.  Cornélius  (P.  f.  Nasica 
Serapio)  (cos.  138)  et  P.  Cornélius  (P.  f.  Scipio  Africanus 
Aemilianus)  (cos.  134)^;  en  fait,  il  semble  bien  qu'il  ne 
s'agisse  ni  de  l'un  ni  de  l'autre,  mais  d'un  troisième  P.  Cor- 
nélius, préteur  urbain  après  loO  ^  En  cinq  endroits  (1.  20, 
22,  26,  42,  oo)  du  document  improprement  appelé  «  sénatus- 
consulte  d'Oropos  »,  Sulla,  nommé  tantôt  Aejy.toç  HôAAaç, 
tantôt  AîJy.icr  K:pvr,/acç  -jAAxr.  ne  porte  pas  le  titre  d'fm- 
perator  (a'j'::/,pâTo)p)  qui  devrait,  semble-t-il,  lui  être  attribué. 
—  Comme  complément  à  ces  remarques,  il  y  a  intérêt  à  com- 
parer la  suscription  de  la  lettre  que  César  adressa  en  4o  aux 
Mytiléniens,  en  leur  expédiant  le  sénatus-consulte  rendu  en 
leur  faveur,  avec  le  passage  de  ce  sénatus-consulte  où  le 
même  César  se  trouve  nommé  •^.  En  ce  dernier  passage,  on 
ne  l'appelle  que  Vxizz  Kaiszp  aj-ro7.pa-:wp  (1.  23  24),  au  lieu 
qu'en  tête  de  la  lettre  aux  Mytiléniens,  il  est  ainsi  désigné  : 
[Pâte;  'loJA'.cç  KaïiTxp  ajT0x,p3tT](op,  oiy.TâTwp  T[b  rpÎTCv  y.-X.  (1.1). 
P.  Viereck  ^  a  très  bien  expliqué  cette  divergence  :  «  Denomi- 
natio  vero  inus'itata  (Fâtoç)  KaC-ap  aj-roxpâ-r^p  hoc  modo  expli- 
cari  potest.  In  praescriptis  enimsenatus  consulti',  cum  omnes 


1.  Dittenberfîer,  Sylloge-,  929,  1.  53. 

2.  Diltenberi,'ei',  Si/lloge  2,  930,  1.  21.  Il  est  vrai  que  ce  passa^je  est  un  extrait 
du  plaidoyer  des  Techniles  dionysiaques  d'Athènes  ;  mais  le  Sénat,  qui  fit 
insérercet  extrait  dans  le  sénatus-consulte,  néy;lijfea  d'en  compléter  les  indica- 
tions insuffisantes. 

3.  Colin,  Fouilles  de  Delphes,  III  (21,  81,  3  :  cf.  BCH,  1899,  40. 

4.  KlafTenbach,  Symbolae  etc.  34-35;  cf.  Pomtow,  A'ito,  1914,  302-303. 

5.  /G,  XII,  2,  33  b;  cf.  Mommsen,  Sitzunçfsher.  Berl.  Akad.  1895,  893. 

6.  Viereck,  53,  note  à  la  1.  10  du  n.  XXX. 

7.  Il  s'agit,  en  réalité,  de  l'intitulé  de  la  lettre  de  César  formant  introduction 
au  sénatus-consulte  ;  c'est  ce  qu'ignorait  encore  Viereck.  et  ce  qu  a  fait  voir  la 
publication  plus  complète  du  document. 


EXAMEN    CRITIQUE    DES    TEXTES  79 

et  p^enae  Caesaris  adlatae  fuerint  denominaiiones^  posfea  in 
medio  senatus  consulta  ipso  non  omnes  repetitae  sunt,  sed  satis 
visum  est  hoc  allcro  loco  simplicem  denomina/ionem  xj-.zv.pi- 
-(op  adferre.  »  On  peut  croire  qu'on  procéda  souvent  de  la 
sorte.  C'est  dans  les  praescrip/a  qu'avaient  place,  avec  leur 
nomen  Icgitimuni,  les  appellations  solennelles  et  complètes 
des  magistrats  ;  dans  le  corps  du  texte,  les  rédacteurs  des 
actes, aumoins  les  rédacteurs  grecs, pouvaientou les  supprimer 
ou,  s'il  était  loisible  de  les  abréger,  n'en  retenir  qu'une  partie. 
Dès  lors  y  a-t-il  paradoxe  à  supposer  que,  dans  les  passages 
plus  haut  rapportés  de  quelques  sénatus-consultes,  le  titre 
consulaire  stsaT-^vcç  ■j-y.-.zt  ait  été  ramené  à  la  forme  plus 
brève  j-a-rcç? 

Peut-être  cependant  objectera-t-on  que  l'emploi,  dans  les 
actes  du  Sénat,  de  deux  appellations,  1  une  complète  et  1  autre 
abrégée,  pour  signifier  une  même  magistrature  exprimée  en 
latin  par  un  titre  unique,  eût  été  chose  anormale,  non  compa- 
tible avec  la  rigueur  qui  présidait  —  ou  qui  est  censée  avoir 
présidé  —  au  libellé  de  ces  actes.  Mais  il  apparaît  déjà  qu'on 
ne  doit  pas  se  faire  une  trop  haute  idée,  au  moins  s'il  s'agit 
des  sénatus-consultes  traduits  en  grec,  de  cette  rigueur  de 
rédaction.  Et  l'on  devra  se  souvenir  que  l'habitude  qu'avaient 
les  scribes  d'incorporer  à  ces  documents,  telles  quelles  ou  à 
très  peu  près,  les  requêtes  soumises  au  Sénat  par  les  ambas- 
sades grecques  •  a  plus  d'une  fois  entraîné,  dans  la  façon  de 
désigner  les  magistrats  romains,  dt  s  inconséquences  qui  ne 
laissent  pas  de  surprendre.  G  est  ainsi,  par  exemple,  que,  dans  le 

1.  Voir,  à  ce  propos,  les  bonnes  remarques  de  Viereck  sur  le  sénatus-con- 
sulte  de  Tabai  (//er/nes,  1890,  628  sqq.)  ;  cf.  Dittenbergrer,  Or.  gr.  inscr.  ik'i, 
net.  1  s.  f.  Il  y  a  lieu  d'observer  que  l'établissement  des  sénatus-consultes,  par 
lesquels  il  était  fait  réponse  aux  poslulala  de  citoyens  grecs  ou  d'Etats  de  la 
Grèce,  était  chose  un  peu  difl'ércnlo  de  ce  qu'on  suppose  d'ordinaire.  L'exem- 
plaire grec  n'était  pas  tout  entier  traduit  du  latin,  puisqu'on  y  insérait,  en  leur 
langue  originale,  les  requêtes  adressées  au  Sénat;  d'autre  part,  celles-ci 
devaient  être  traduites  en  latin  pour  prendre  place  dans  l'exemplaiie  en 
langue  latine.  Chacun  des  deux  exemplaires  comportait  ainsi  une  partie  origi- 
nale et  une  partie  traduite.  On  donne  des  faits  une  idée  inexacte  lorsqu'on  se 
borne  à  dire  que  «  l'original  latin  était  traduit  en  grec  ».  Cf.  les  observations 
analogues  de  Tàubler  Imp.  Roinanum,  I,  356,  1)  sur  la  tjaducLion  en  latin  des 
traités  dont  le  texte  original  était  en  grec. 


80  CtîAt'ltRÉ    DEUXlÈMp; 

sénatus-consulte  de  112,  Gn.  Cornélius  Sisenna  est,  à  quatre 
reprises  (1.  32,  33,  34-35,  37),  appelé  a-py.~ri';bç,  bien  que  le 
Sénat,  comme  il  est  expressément  indiqué  aux  1.  59-60,  lui 
donnât  le  titre  d'àvOj-aT:ç  '.  Pareillement,  dans  le  sénatus- 
consulte  dit  de  Lag-ina,  le  gouverneur  de  la  province  d'Asie 
est  désigné  de  deux  manières  :  une  fois  (1.  59),  dans  la  requête 
des  députés  de  Stratonikée,  par  le  titre,  beaucoup  trop  impré- 
cis,de  à  àsytov  b  sic  'Atrtav  ■::op£u:;;.£vsr,  une  autre  fois  (1.  111), 
dans  la  réponse  du  Sénat,  par  celui,  officiel  à  cette  époque, 
d'  àv9jT:atoç  ottiç  àsi  'AcCav  irapyîiav  Bu/aTsysi.  Voilà  des 
variantes  d'appellation  -  beaucoup  plus  singulières  et  moins 
excusables  que  celle  que  se  fussent  permise  les  scribes  en 
qualifiant  le  consul  tantôt  de  axpy.vr,yo^  j-raTOç,  tantôt  d'y^aio;. 
Toutefois,  nous  n'en  sommes  encore  qu'aux  présomptions. 
L'hypothèse  selon  laquelle  'Jr.xzc:  aurait  été,  dans  les  séna- 
tus-consultes  du  ii''  siècle  ci-dessus  mentionnés,  une  abrévia- 
tion de  cjtpaTY;';;;  j-x-zç  peut  être,  je  crois,  regardée  comme 
plausible.  Mais  la  vérité  n'en  est  pas  établie  ;  et,  par  suite, 
elle  ne  saurait  dès  maintenant  être  tenue  pour  valable. 

§  2.    La  traducùon    du    titre    consulaire    dans    le    traité   de 
189  avec  les  Aitoliens. 

Pour  éclaircir  la  question,  il  importe  de  tenir  grand  compte 
d'un  document  public,  auquel  on  n'a  pas  prêté  jusqu'ici  une 
suffisante  attention. 

Il  s'agit  du  traité  de  189  entre  Rome  et  les  Aitoliens,  traité 
que  Polybe  a  inséré  au  XXI'^  livre  de  ses  Histoires  •^. 

1.  Cf.  Rev.  El.  une.  1917,  157  sqq. 

2.  Ajoutons  qu'on  peut  se  demander  si,  dans  le  st-natiis-consulte  dit  de 
Narthakion  (1.  51,  64),  le  titre  d'  'Jr.<x-zoi,  au  lieu  d'  àv0j7:aToç,  na  pas  été 
appliqué  par  erreur  à  T.  Quinctius;  les  premiers  auteurs  de  l'erreur  seraient 
les  députés  de  Narthakion  qui,  dans  leur  requête  au  Sénat  (1.  35-59),  auraient 
à  tort  emploj'é  ce  titre. 

3.  Pol.  XXI.  32.  2-14.  Les  trois  premières  clauses  (2-3-4)  présentent, comme 
on  sait,  des  lacunes  chez  Polybe;  cf.  Liv.  (P)  38.  11.  2 — 9.  La  traduction  de 
T.  Live,  bien  qaentachée  de  grossières  inexactitudes,  demeure  utile  parce 
qu'elle  a  été  faite  sur  le  texte  complet  de  Polybe,  et  qu'elle  permet,  en 
quelque  mesure,  d'en  suppléer  les  parties  manquantes. 


LE   TRAITÉ    DE    189    AVEC    L*A1T0L1E  81 

Les  critiques  ^,  autant  que  je  puis  voir,  tombent  d'accord 
que  Polybe  Ta  donné  dans  sa  teneur  authentique.  C'est  ce 
qu'on  pourrait  déjà  conclure  de  l'affirmation  si  précise  : 
(XXI.  32.  1)  -y.  0$  -Ly-y.  [J.spîç  -^v  twv  ffUvÔYjy.wv  TajTX  2.  Et  c'est 
ce  qui  semble  démontré  par  la  fréquence  de  l'hiatus  dans 
toutes  les  parties  du  texte  ;  par  le  style  du  document,  con- 
forme dans  l'ensemble  à  celui  des  traités,  à  nous  parvenus  en 
original,  qui  furent  conclus  entre  Rome  et  divers  Etats 
grecs  3;  enfin  et  spécialement,  par  le  formulaire  des  deux 
premières  clauses,  qu'on  retrouve,  très  analogue,  dans  les 
traités  avec  Mytilène,  Astypalaia   et  Méthymna  ^.  A  la  vérité, 

1.  Viereck,  90  ;  KIotz,  Berl.  philol.  Wochenschr.  1908,  446-ii7:  Schulte, 
De  raiione  quae  intercedit  inter  PoU/hium  et  tabulas  puhlicas  (diss.  Halle, 
1909),  21  (et  les  auteurs  qu'il  cite).  Cf.  Nissen,  Krit.  Unters.  20  :  « —  einige 
Vertrâge,  die  von  Polybios  nach  dem  \\'ortlaut  der  Urkunden  angefûhrt 
werden  »  ;  Tâubler,  Imp.  Ronianum,  I,  62  sqq.  ;  374  sqq.  —  Les  objections 
de  Mentz  (13,  1),  sur  lesquelles  je  reviendrai  plus  loin,  sont  sans  valeur.  Tâu- 
bler (ibid.  375)  est  d'avis  que  Polybe  n'a  pas  directement  connu  le  texte  du 
traité,  mais  l'a  reproduit  d'après  ses  <>  sources  grecques  »,  «  die  auf  die 
ôffentlich  aufgestellten  Vertrâge  zuriickgingen...  »  11  suppose  {ibid.  64,  379), 
mais  sans  en  donner  aucune  preuve,  que  ce  texte  a  pu  subir  quelques  légères 
altérations. 

2.  Cf.  les  observations  de  A.  Schulte  {ibid.  21  ;  cf.  18). 

3.  Cf.  Viereck,  90;  Schulte,  21.  —  Je  signale  que  des  mots  Tto  aîv/ovri  tw  Iv 
Kep/.jpa  (32.  6)  —  que  T.  Live  n'a  pas  compris  et  qu'il  a  traduits  si  sottement 
par  Corcyraeorum  magistratibus  (38.  11.  5)  — on  peut  rapprocher  ceu.\-ci  : 
[xwi  àép]-/ovT[t  TJà)!  £Î;  'Ajt'av  -oghuo;j.£vw.,  qui  se  lisent  dans  le  sénatus-con- 
sulte  dit  de  Lagina  (1.  59),  et  encoi-e  ceux-ci  :  Toù;  àpyovTa;  xoù;  f,a£T£pou;, 
0'.'TtVc;  'Aaiav  Mazeoovt'av  è-aoyeta;  oia/atÉ/oujiv,  qu'on  trouve  dans  le  scna- 
tus-consulte  pour  Asklépiadès  (1.  29). 

4.  Les  rapprochements  faits  par  Tàuhler  {Imp.  Romanum,  I,  49-51:63-65) 
rendent  ici  les  comparaisons  aisées.  — La  première  clause,  ou  «  clause  de 
majesté  «  (32.  2),  doit  probablement  être  complétée  comme  il  le  propose 
{ibid.  63)  :  6  8^[j.o;  6  xwv  Aitwâôjv  ttjv  àry/r^y  xat  xr^v  ôuvaaTct'av  toj  orJ[j.O'j  tou 
'Pojaaîwv  [Ôtao'jXaaai-rw  avsu  SoXou  -ovr,pou].  Pas  plus  que  Tâubler  (ibid.  64- 
65),  je  ne  doute  que  la  première  clause  du  traité  avec  Mytilène  (IG,  XII,  2,  35 
d,  1.  1-2)  contînt  une  formule  analogue;  la  restitution  de  Cichorius,  citée  par 
Tâubler  (thirf.  64),  semble  préférable  à  celle  de  Mommsen  et  de  Paton,  et  doit 
approcher  beaucoup  de  la  vérité.  —  Pour  la  seconde  clause,  ou  «  clause  de 
neutralité  »  (32.  3),  comp.,  dans  Tâubler  (ièiVi.  49-51),  les  traités  entre  Rome  et 
Méthymna  (/G,  XII,  2,  510  —  Dittenberger,  Sylloge  2,  319),  1.  1  ;  entre 
Rome  et  Astypalaia  {IG,  XII,  3,  173),  1.  29  sqq.  ;  entre  Rome  et  Mytilène 
{IG,  XII,  2,  35  d),  1.  3  sqq..  Voir  aussi  le  traité  avec  Antiochos  III  :  Pol. 
XXI.  43.  2. 

HoLLEAUX.  —  Sxpa-riyo;  vi-axo;.  Ô 


82  CHAPITRE    DEUXIÈME 

P.  Viereck  ^  a  fait  observer  que  le  traité  de  189  est  écrit  dans 
un  grec  plus  pur  que  les  actes  de  même  sorte  dont  nous  pos- 
sédons des  transcriptions  épigraphiques  ;  il  suppose,  en  con- 
séquence, que  Poljbe  prit  soin  d'améliorer  par  quelques 
retouches,  d'ailleurs  discrètes,  le  texte  officiel  du  document. 
Mais  cette  hypothèse,  déjà  contredite  par  la  présence  de  nom- 
breux hiatus,  n'a  rien  du  tout  de  nécessaire.  La  grécité  cor- 
recte du  traité  se  peut  expliquer  très  simplement  par  le  fait 
que  la  rédaction  en  fut  principalement  l'ouvrage  de  deux 
Grecs,  les  plénipotentiaires  aitoliens  Phainéas  et  Damotélès, 
qui  conduisirent,  comme  on  sait,  toute  la  négociation  avec  le 
consul  M.  Fulvius,  et  qui  arrêtèrent,  après  entente  avec  lui,  le 
texte  des  accords  préliminaires,  presque  intégralement  repro- 
duits dans  la  convention  définitive  ^.  Il  n'existe,  en  somme, 
aucune  raison  de  croire  que  Polybe  ait  apporté  quelque  chan- 
gement notable  à  la  forme  originale  du  traité  -K 

1.  Viereck,  90. 

2.  Voir  Thistoire  du  traité  de  189  dans  T.  Live  (P.)  38.  8  —9.2,  et  dans 
Polybe,  X.\I.  29  -  30.  13;  cf.  Niese,  II,  766-767.  —  Pour  rétablissement  du 
traité  préliminaire  :  Pol.  XXI.  30.  1-6.  Ce  premier  traité  fut  rédigé  sous  une 
forme  très  précise,  article  par  article  —  xauxa  [i.£v  oùv  'jjzst'j-ojÔïi  totts  y.scpa- 
Xatojow;  TTEpt  Tfov  otaXJaîwv  (30.  6;  cf.  1-5)  — ,  en  grec  en  même  temps  qu'en 
latin,  ou  peut-être  seulement  en  grec.  Ce  qui  est  sûr,  c'est  que  le  texte  que 
Damotélès  porta  du  camp  romain  en  Aitolie  et  soumit  à  l'ai^probation  des 
Confédérés  était  en  langue  grecque  (30.  6-7).  Et  il  n'est  pas  moins  sûr  que  ce 
texte  avait  eu  pour  auteurs  Damotélès  lui-même  et  son  collègue  Phainéas, 
lesquels,  peut-être  assistés  des  ambassadeurs  athéniens  ou  rhodiens  (29.  9), 
l'avaient  élaboré  au  cours  de  leurs  conférences  avec  M.  Fulvius  (30. 1  sqq.).  Or, 
comme  on  le  peut  voir  par  la  comparaison  de  Pol.  XXI.  30.  2-5  et  32.  2-1  i, 
c'est  le  traité  préliminaire,  abstraction  faite  de  quelques  détails,  qui  forma 
tout  le  fond  du  traité  définitif,  dont  Polybe  donne  la  teneur  au  chap.  32.  2-11. 
Ainsi,  le  texte  grec  du  traité  de  189  est  d'origine  tout  hellénique  ;  on  ne  sau- 
rait s'étonner  que  sa  rédaction  en  porte  témoignage. 

3.  On  peut  se  demander,  dans  le  premier  moment,  si  Polj'be  n'a  pas  abrégé 
le  texte  du  traité.  On  serait  tenté  de  croire  qu'après  la  clause  interdisant  aux 
Aitoliens  de  livrer  passage  sur  leur  territoire  aux  ennemis  de  Rome  ou  de  les 
aider  en  quelque  manière  (32.  3),  et  qu'après  celle  leur  enjoignant  de  les  com- 
battre (32.  4),  l'instrument  authentique  renfermait,  chaque  fois,  une  «  clause 
de  réciprocité  »,  que  Polybe  aurait  passée  sous  silence.  Il  est  vrai  que  ces 
clauses  de  réciprocité,  dont  nous  constatons  ici  l'absence,  se  trouvent  dans  les 
traités  avec  Kibyra  (Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  762),  Méthymna,  Aslypalaia 
et  Mytilène  (voir  les  citations  assemblées  par  Tiiubler,  Imp.  lîonianum,  I, 
49-51  ;  55-57);  mais  on  doit  prendre  garde  que  le  traité  avec  les  Aitoliens  ne 


LE    TRAITÉ    DE    480    AVEC    l'aITOLIE  83 

Or,  voici  ce  qu'on  y  lit  :  (XXI.  32.  8)  oÔTwcav  se  Aitw- 
Xol  àp^fopiou  ;j.kv  /îipovoç  Attixo-j  T:apa-/p-^[;.a  |j.£v  -raXxvTa  Ej[iot/,à 
Staxôffia  TÛ  cr-cpaT'/] yÇ>  tw  èv  tTj  EX/vâci  •/.ta.  — ;  (32.  lOy  cstco- 
aav  AWwXol  ô[j.-(^pouç  tw  a-rpaTYjYÛ  TS-TapxxovTa  xt/v.  — ;  (32. 
43)  C7X'.  yOpxi  y.où  •TriAîiç  y.ai  avcpîc,  clç  cOtc,  kypSivxo^  gtcI  Aeuxiou 
Kciv-bu  xal  rvaiGU  Ag[j.£tig'j  (jt  p  aT-/;  vôjv  -/^  uaTîpcv  laXo)(jav  -/^  sic 
çtXuv  *^XGov  'PcoiJ.xbi;  xtX.  ^  —  En  ces  trois  passag-es,  le  mot 
(jxpaTr^YÔ?  est  l'équivalent  de  consul.  Il  est  question,  dans  le 
premier  et  le  second  (:  c-:p3L-r,yh:  c  h  -f^  EXXaoi,  o  G-poL-r^^b:), 
de  M.  Fulvius  (Nobilior)  (cos.  489)  ;  dans  le  troisième,  de  L. 
Quinctius  (Flamininus)  -  et  de  Cn.  Domitius  (Ahenobarbus) 
(coss.  492).  La  notation  éponymique  —  ètzi  cxpaxr^Ywv  et  non 
kr:':  ù-a-TMv  —  est  particulièrement  digne  de  remarque. 

Voilà  donc  un  acte  ayant  au  plus  haut  degré  le  caraclère 
public,  sanctionné  à  Rome  par  le  Sénat  et  le  Peuple  3,  sans 
doute   arrêté    en    sa   forme  définitive   dans  les  bureaux  de  la 


rentre  pas  dans  la  même  catégorie  que  ces  traités  et  qu'il  fut  conclu  en  des  cir- 
constances difféientes.  Le  peuple  romain  l'imposa  aux  Confédérés.  Ce  ne  fut 
donc  point,  comme  les  traités  précédemment  rappelés,  un  pacte  damitié  et 
d'alliance  ;  il  n'eut  point  le  caractère  bilatéral.  L'insertion  de  la  «  clause  de 
majesté  »  en  tête  de  l'acte  est,  à  cet  égard,  sig;nilicative.  Contraints  d'entrer 
dans  la  societas  romaine  après  dedilio,  les  Aitoliens  se  trouvent  placés  par 
rapport  à  Rome  dans  un  état  nettement  marqué  d'infériorité  :  ils  doivent  s'en- 
gager envers  les  Romains,  au  lieu  que  ceux-ci  n'ont  à  prendre  envers  eux 
aucun  engagement  (cf.  Mommsen,  Staatsrecht.  III,  663-664,  665,  671  et  note  1  ; 
Matthaei,  Class.  Quarterly,  1907,  203;  et  les  remarques  de  Tàubler,  ibid.  63, 
65,  tout  à  fait  concordantes  aux  miennes). 

1.  Ce  dernier  texte  est  cité  par  Mommsen  {Ges.  Schriften,  VIII,  2611  et 
l'avait  été  déjà  par  Perizonius  [Animadv.  hislor.  34-35.  Amstelod.  1685)  dans 
ses  intéressantes  observations  sur  la  traduction  grecque  du  titre  consulaire. 
Le  singulier,  c'est  que  ni  le  vieil  érudit  ni  Mommsen  ne  paraissent  avoir 
remarqué  qu'en  ce  passage  ce  n'est  point  Polybe  qui  parie,  mais  qu'il  fait 
simplement  une  citation. 

2.  Pour  la  faute  connue  de  T.  Live,  qui  a  remplacé  Acjxtoç  Koiv-.oç  (Pol. 
XXI.  32.  13)  par  T.  Quinctius  (38.  11.  9),  voir  l'explication  de  Nissen,  Krit. 
Unters.  203,2.  Cette  faute  a  pour  pendant  celle  qui  se  trouve  chez  T.  Live  (38. 
9.  10)  dans  la  reproduction  du  traité  préliminaire;  là  encore  T.  Quinctius  est 
mentionné  indûment,  au  lieu  de  L.  Cornélius  (Scipio)  (Pol.  XXI.  30.  4)  ;  cf. 
Nissen,  ibid.  L'essai  d'explication  récemment  tenté  par  H.  J.  Miillep,  dans  sa 
réédition  (1907)  du  T.  Live  de  Weissenborn,  ne  me  paraît  pas  heureux. 

3.  Pol.  XXI.  32.  1  :  SoÇavTo;  OÈ  tw  Œuvsoptw,  xal  -ou  orjaou  (T'JV£ztiï)çpÎCTavTOî 
xtX. 


o4  CHAPITRE    DEUXIEME 

questure,  où  des  consuls  sont  dits  c-paTy;Yct  '.  La  chose  est 
propre  à  causer  quelque  surprise,  car  elle  demeure,  au  moins 
jusqu'à  présent,  sans  analogue  '-.  Comme  les  Grecs,  ainsi  que 
nous  l'avons  appris  par  maint  exemple,  ont  volontiers  donné 
ce    titre   aux    consuls,   on    pencherait  à    croire   que    l'emploi 

1.  Mentz  (13,  1)  met  à  ce  propos  Polybe  en  cause;  il  veut  que  ce  soit  lui 
qui,  dans  le  texte  du  traité,  ait  substitué  a-pair^dç,  aipaTYivoi'  à  uTiatoç, 
UTtaTot.  Mais  rien  absolument,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  ne  permet  de 
croire  que  Polybe  ait  altéré  le  document  qu'il  a  reproduit.  Ajoutons  qu'en  soi 
l'hypothèse  de  Mentz  n'offre  aucune  vraisemblance  :  pourquoi  Polybe,  qui 
fait  lui-même  un  si  fréquent  emploi  d'JT^aToç,  n'aurait-il  pu  souffrir  ici  la  pré- 
sence de  ce  mot?  Ce  n'est  point  le  souci  d'éviter  l'hiatus  (toj  ûkiitm,  Ao[jL£xtou 
UTzdxcy/)  qui  le  lui  aurait  fait  écarter,  puisque  le  texte  du  traité  en  offre 
de  nombreux  exemples.  Dira-t-on  qu'ayant  plus  haut  qualifié  M.  F"ulvius  de 
aiparriyoç  (XXI.  29.  8-9;  29.  11;  29,  14),  conformément  à  la  règle  qui  lui 
fait  appeler  «  stratège  »  le  consul  en  campagne  (cf.  ci-dessus,  p.  47  sqq.),  il  a 
voulu  lui  conserver  le  même  titre  dans  le  texte  du  traité  ?  L'explication  pour- 
rait, à  l'extrême  rigueur,  valoir  pour  rem[)loide  aipaTriyoç  dans  32.  8  et  32.  10  ; 
mais  il  resterait  à  comprendre  pour  quel  motif  L.  Quinctius  et  Cn.  Domitius, 
qui  ne  firent  point  la  guerre  en  Grèce,  qui  ne  quittèrent  pas  l'Italie,  qui  ne 
figurent  dans  le  traité  qu'en  qualité  d'éponymes  et  non  point  du  tout  comme 
chefs  des  armées  romaines,  auraient  reçu  de  Polybe  un  titre  qui,  d'après  la 
règle  même  qu'il  s'était  prescrite,  ne  leur  convenait  pas. 

2.  Il  convient,  toutefois,  d'être  attentif  au  passage  suivant  du  sénatus-con- 
sulte  pour  les  Thisbéens  :  (1.  41-43)  oî'xtvE;  etç  otÀXa;  -dXgi?  àTirp^oiav  /.aï  o\)/\ 
Tipoç  tÔv  Tiap'  T1JJ.WV  aTpaxriyov  7:ap£y£vovxo,  or.MÇ  [j.7)  sic  laÇiv  xaTaTrooEucov-at  ' 
Tcspt  TOUTOU  Tou  TipayLiaTo;  ;:pô;  AûÀov  [  'OJuTi'Xiov  unaTov  YpajjLijLaTa  àrioaTsïXat 
eSoÇev  xtX.  P.  Foucart  {Mèm.  Acad.  Inscr.  XXXVII,  ii,  335)  le  commente 
en  ces  termes  :  «  Les  mots  tov  -ap'  fjfX'jJv  ŒTpaTriydv  ne  peuvent  désigner  un 
magistrat  siégeant  à  Rome,  mais  le  préteur  que  les  Romains  avaient  envoyé 
sur  le  théâtre  de  la  guerre,  Lucretius  en  171,  Ilortensius  en  170 «  L'expli- 
cation me  paraît  inexacte'ou,  tout  au  moins,  incomplète.  Il  est  évident  que 
les  Thisbéens  visés  dans  ces  lignes  sont  ceux  qui,  à  l'heure  actuelle,  n'ont 
point  encore  fait  leur  soumission  à  l'autorité  romaine,  —  autorité  représentée 
pour  le  moment  par  le  consul  A.  Hostilius.  «  Il  semble  »,  dit  avec  raison  P.  Fou- 
cart, «  qu'une  sommation  leur  »  avait  été  «  adressée  de  comparaître  devant 
le  préteur,...  Lucretius  en  171,  Hortensius  en  170...  »  Mais,  après  le  départ 
de  ces  deux  préteurs,  la  même  sommation  les  obligeait  à  comparaître  devant 
le  consul.  Par  suite,  il  ne  paraît  guère  douteux  que  le  mot  aipaTrjyo';,  dans  la 
phrase  oùyl  7:p6ç  tov  Tcap'  rjjj-wv  CTTpaTrjyov  ztX.  (1.  41),  désigne  A.  Hostilius 
aussi  bien  que  les  deux  préleurs  auxquels  il  a  succédé.  Il  est  possible  que  les 
rédacteurs  de  l'acte  aient  emprunté  cette  phrase  à  la  requête  déposée  par  les 
ambassadeurs  de  Thisbé  ;  en  tout  cas,  il  semble  que  nous  ayons  ici  un 
nouvel  exemple  du  titre  de  aTpaTriyo'ç  appliqué  à  un  consul,  exemple  qui  se  ren- 
contrerait, cette  fois,  dans  un  sénatus-consulte.  A.  Hostilius  serait  successi- 
vement qualifié,  par  le  sénatus-consulte  pour  les  Thisbéens,  de  (îTpaTriydç 
(1.  41)  et  d'u;:aTo;  (1.  43). 


LE    TRAITÉ    DE    189    AVEC    [/aTTOLIE  8o 

ici  fait  de  a-parr^Yoç  est  dû  à  Phainéas  et  à  Damotélès,  puisque 
ces  Aitoliens,  comme  nous  l'avons  rappelé,  eurent  la  plus 
grande  part  à  la  rédaction  du  traité.  Je  tiens  l'explication 
pour  plausible  ;  mais,  quoi  qu'elle  vaille,  le  fait  instructif  et 
qu'il  faut  retenir,  c'est  qu'à  Rome  on  ne  fît  nulle  difficulté 
d'admettre,  dans  le  texte  grec  d'un  instrument  public,  la  tra- 
duction de  consul  par  7-py.-r,'(i:.  Ce  titre  ne  fut  pas  jugé 
moins  correct  ni  moins  acceptable  que  celui  d'j-na-riç. 

Ce  qui  ressort  immédiatement  de  là,  c'est  que  cette  règle 
stricte,  ne  souffrant  aucune  dérogation,  en  vertu  de  laquelle 
on  aurait,  à  Rome,  dès  les  temps  les  plus  anciens,  rendu 
consul  par  uTraTcç,  cette  règle  dont  on  a  fait  le  fondement  de 
tout  un  système,  est  imaginaire.  En  réalité,  au  moins  au 
commencement  du  ii'^  siècle,  il  put  y  avoir  et  il  y  eut  quel- 
quefois variation  dans  l'usage,  lorsque,  dans  le  texte  déve- 
loppé d'un  document  public,  il  était  fait  mention  de  consuls  ; 
en  pareil  cas,  pour  désigner  ceux-ci,  il  arriva  qu'on  se  servit 
du  mot  j-rpxr^yiç  aussi  bien  que  du  mot  u-aicç. 

Cette  première  remarque  en  suggère  une  autre.  On  ne  peut 
raisonnablement  supposer  que  le  gouvernement  romain  ait, 
par  caprice  et  selon  l'occasion,  appelé  officiellement  les 
consuls  tantôt  ur.a-ci  et  tantôt  TTpa-:Y;Yo(.  Par  suite,  ni  le 
titre  de  aTpaT-/;Ys;  —  qui  leur  est  donné,  dans  le  corps  du 
texte,  par  le  traité  de  489  — ,  ni  celui  d'  uTratoç  —  que  leur 
attribuent,  dans  le  corps  du  texte,  les  sénatus-consultes  pour 
Thisbé,  Narthakion,  Messène  et  Priène  —  ne  sauraient  être 
considérés  comme  des  titres  officiels.  Il  ne  faut  voir  dans 
i7-py.T-q-[ôq  et  dans  jttxtcç  que  deux  abréviations  différentes 
d'une  même  appellation  solennelle. 

Mais  si  cette  appellation  a  pu  être  abrégée  parfois  en  c-pa- 
TY^yoç,  parfois  (et  sans  doute  beaucoup  plus  souvent)  en  jTraTcç, 
c'est  qu'étant  complète  elle  comprenait  les  deux  termes.  L'abré- 
viation s'est  faite  par  la  suppression  de  l'un  ou  de  l'autre,  — 
du  second  dans  le  traité  de  189,  du  premier  dans  les  sénatus- 
consultes  ci-dessus  mentionnés  ;  l'appellation  complète,  for- 
mée de  leur  rapprochement,  était  7-:poL-r,';lq  ■jr.oi-zq,  c'est-à-dire 
la  même   dont  les  consuls   ont  fait,  nous   l'avons  vu,   un  si 


86  CHAPITRE    DEUXIÈME 

fréquent    et  si  long-  usage  dans   le  formulaire  de    leurs  actes. 

Par  une  induction  qui  semble  sans  reproche,  nous  sommes 
amenés  ainsi  à  penser  qu'au  commencement  du  ii"^  siècle, 
le  Sénat  romain,  lorsqu'il  donnait  aux  consuls  leur  appella- 
tion solennelle  en  langue  grecque,  les  qualifiait  de  <7-cpaxY)Yol 
'JTzxToi.  Mais  il  est  sûr  que  des  preuves  formelles  seraient 
ici  préférables  à  toute  induction. 

Ces  preuves  ne  manquent  point.  Des  documents  nous  ont 
été  conservés,  qui  nous  en  offrent  plusieurs.  On  peut  consta- 
ter, en  effet,  qu'il  a  été  fait  emploi  du  titre  de  axpavqY'^q  ^^^" 
TOC  comme  appellation  solennelle  des  consuls  :  dans  un  décret 
rendu,  au  nom  et  sur  l'ordre  du  Sénat,  par  ses  représentants  ; 
—  dans  deux  lettres  consulaires  qui,  jointes  à  deux  sénatus- 
consultes,  en  reproduisent  certainement  le  formulaire;  — 
dans  une  lettre  écrite  par  le  Sénat  ;  —  enfin,  dans  un  sénatus- 
consulte. 


§  3.  La  traduction    du   titre  consulaire   dans    la  Proclama- 
tion de  Corinthe. 

Je  crois  devoir  dire  quelques  mots  de  la  célèbre  «  procla- 
mation »  faite  aux  Isthmiques  de  196.  Il  semble,  en  effet, 
qu'on  se  soit  parfois  mépris  sur  la  nature  du  document  publié 
à  Corinthe,  document  où  le  consul  (alors  proconsul)  T.  Quinc- 
tius  est  appelé,  comme  on  sait,  ffTpatvjYbç  u-a-roç.  Je  ne  puis 
assez  admirer,  je  l'avoue,  qu'on  l'ait  voulu  mettre  à  part  des 
«  actes  officiels  »  du  Sénat. 

Le  texte  nous  a  été  transmis  par  Polybe,  et  l'on  ne  peut 
douter  qu'il  l'ait  donné  en  sa  forme  authentique.  Ceci,  à  la 
vérité,    ne  résulte  pas  du  tout,  ainsi  qu'on  l'a  prétendu  *,  du 

1.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  257  :  «  La  concordance  du  texte  cité  par 
Polybe  et  par  Plutarque  [Tilus,  10]  en  garantit  raulhenticité  (de  la  procla- 
mation)... »  :  cf.  Colin,  Rome  et  la  Grèce,  72,  1  :  «  Même  texte  (que  dans 
Polybe),  sauf  des  modifications  sans  importance,  dans  Plut.  FLimin..iO,  etc.  » 
La  relation  critique  qui  existe  entre  la  Vie  de  Tiliis  et  Polybe  a  été  depuis 
longtemps  définie  par  Nissen,  Krit.  Untersuch.  290,  §  3  :  «  Hauptquelle  (des 
Plutarchos)  ist  Polybios,  in  zweiter  Linie  ein  Annalist,  dann  eine  Reihe  von 
Bemerkungen  und  Anekdoten  aus  seinem  umfassenden  Excerptenschatz.  — 
G.  10  nach  Polybios  [XVIII.  45-46],  abgesehen  von  zwei  Anekdoten  «.Une  faut 


LA    PROCLAMATION    DE    CORINTIIE  87 

fait  qu'on  le  retrouve,  sans  variante  notable,  dans  la  Vie  de 
Titus  par  Plutarque,  car  il  est  connu  de  longue  date  que 
Plutarque  n'a  fait  que  l'emprunter  à  Polybe  comme  tant 
d'autres  parties  de  la  même  biographie.  Mais  il  est  sûr  que 
des  copies  multiples  de  la  «  proclamation  »  de  Corinthe  furent 
répandues  par  toute  la  Grèce,  et  il  est  très  probable  aussi 
qu'on  la  grava  maintes  fois  sur  le  marbre  '  ;  rien  ne  fut  si  aisé 
à  Polybe  que  d'en  connaître  la  teneur  exacte  et  de  s'en  pro- 
curer une  transcription  fidèle. 

Voici  cette  «  proclamation  »  telle  qu'on  la  lit  dans  son 
ouvrage  :  (XVIII.  46.  5)  r,  GJ-(yj.-q~oq  r,  'Pw[jLauov  ~  -Acà  Ti-oq 
KoîvTioç,  (jTpa-crjvbc  u-aT5ç,  •/,aTa7:oA£;rf,(javT£ç  ^ocdCAéoi,  *ï>rAiTCâov  y.y.1 
May.csivaç,  àstàjcv  iXs'jOspou;,  àspo'jprjTcuç,  àçop2AOY"^-;uç,  v2[X2iç 
"/pM'xÉvou;  Tcîç  T:a-pÎ2iç  KipivÔiiuç,  'i^or/Axz,  Acxpijç,  K'j^osiq, 
AyoLiojq  ~oi)ç    'POioKaç,  ^ly.'^vr,-y.:,  @i--y.'/.zj:,  Ylsppy.'.'^zJq. 

Si  l'on  a  égard  aux  circonstances,  rapportées  par  Polybe  \ 
qui  précédèrent  la  publication  de  lacté  de  Corinthe,  et  si  l'on 
est  attentif  aussi  à  sa  rédaction,  il  ne  sera  point  possible  d'hé- 
siter sur  son  vrai  caractère.  —  Ce  qu'on  appelle,  d'un  terme 
vague,  la  «  proclamation  »  ou  <(  déclaration  »  de  Corinthe,  ou 
encore,  par  une  plus  fâcheuse  impropriété,  la  «  proclamation 
de  la  liberté    hellénique    »  ^  fut  en  réalité  la  communication, 

donc  pas  dii-e  qu'il  y  a  concordance  entre  Polybe  et  Plutarque  :  il  y  a,  ce  qui 
est  fort  dînèrent,  emprunt  de  Plutarque  à  Polybe.  —  Je  ne  rappelle  que  pour 
mémoire  les  formes  diverses  données  à  la  «  proclamation  »  de  Corinthe  par 
T.  Live  (33.  32.  5),  Appien  (Maced.  9.  4)  et  Val.  Maxime  (4.  8.  3).  T.  Live  n"a 
fait  que  traduire  Polybe:  on  sait  que  les  chap.  27  —  35  de  son  1.  33  en 
sont  presque  entièrement  extraits  (Nissen,  Krit.  Unters.  144-145).  Sa  tra- 
duction, médiocrement  exacte  (cf.  Weissenborn,  ad  Liv.  33.  32.  5),  ne  pré- 
sente qu'une  particularité  intéressante  :  il  semble  qu'il  n'ait  pas  com- 
pris l'expression  aToaT/iyo;  îi-aro;,  qu'il  rend  par  imperator.  —  Le  texte  qui 
se  trouve  chez  Appien  est  déjà  gi'avement  altéré  :  ô  OTjtxo;  ô  'Ptij!j.aLtjjv  x.af  tj 
(jjy/.XïjTo;  /.ai  «tÀaa'.vrvo;  ô  aT^ia-riyo;  —  koiS.'s:  triv  'EÀÀâôa  àopo'jprjtov  /.tX. 
Celui  de  Val.  Maxime  n'a  presque  aucun  rapport  avec  l'original;  T.  Quinctius 
y  est,  comme  chez  T.  Live,  qualifié  d'imperator. 

1.  Comp.  ce  qui  eut  lieu   pour  la  proclamation,  tout  à  fait  analogue,  faite 
par  Néron  le  28  novembre  67. 

2.  L'expression  auy/.Àr)TOç  'Poj[j.atwv  est  attestée  par  maint  exemple  ;  je  crois 
seulement  que  l'addition  de  l'article,  après  ayy/.XrjXo:,est  due  à  Polybe. 

3.  Pol.  XVIIL  44.  1  ;  45. 

4.  Sur  l'erreur  ordinairement  commise  à  ce  sujet,  cf.  les  bonnes  remarques 


88  CHAPITRE    DEUXIÈME 

faite  aux  Grecs  assemblés,  d'une  décision  qui  intéressait  les 
nations  de  la  Grèce  propre  jusque  là  dépendantes  de  Philippe  et 
tombées  au  pouvoir  de  Rome.  Cette  décision,  comme  on  le  voit 
tout  au  long  dans  Polybe,  fut  prise  —  au  nom  du  Sénat  et 
conformément  à  ses  instructions  '  —  par  ses  représentants 
autorisés,  c'est-à-dire  par  les  dix  commissaires  qu'il  avait 
envoyés  en  Grèce  pour  y  veiller  à  l'exécution  du  traité  accordé 
à  Philippe  et  pour  y  régler,  avec  le  concours  de  T.  Quinctius, 
les  questions  qu'elle  devait  soulever. 

Examinons,  aussi  bien,  la  teneur  même  du  document.  11 
n'est  pas  permis,  pour  les  besoins  d'une  thèse,  de  passer 
outre  à  la  particularité  très  significative  qu'on  y  rencontre 
d'abord  :  c'est,  à  savoir,  que  le  Sénat  y  est  nommé  en  premier 
lieu,  comme  en  étant  le  premier  et  véritable  auteur  ~.  T. 
Quinctius  n'y  figure  qu'en  deuxième  place  ;  effectivement,  il  ne 
joue  ici  qu'un  rôle  secondaire.  Comme  le  magistrat  qui  préside 
à  Rome  le  Sénat,  il  a  présidé  les  réunions  des  commis- 
saires sénatoriaux,  mais  sans  avoir  autorité  sur  eux.  S'il  a 
pu  collaborer  à  leur  decretum  ■^,   ce  décret  n'est  pas   son   ou- 


de  Holm,  Griech.  Gesch.  IV,  450,  6,  et  de  Tâubler,  Imper.  Romanum,  i,  437. 
Polybe,  comme  l'ont  bien  vu  ces  deux  critiques,  est  le  premier  responsable 
de  cette  erreur;  le  résumé  qu'il  fait  (XVIII.  46.  15)  de  l'acte  de  Corinthe  en 
donne  la  plus  fausse  idée  :  ôià  xYipûyiiaTOç  évo;  a::avTa;  zal  xoùç  ttjV  'Aaîav 
•/.a-roty.oùvTa;  "E)wX-^vaç  -/.aï  Toù;  T7]v  Eùf.oj-rjV  èXeuôépouç,  açpouprJTOUç,  açopo- 
XoyrjTO'j;  ■^v/i<^Q<x:,  voij.oiç  ypoiaivouç  lOt;  lOtotç. 

1.  Ces  instructions  (ÈvToXaî)  sont  mentionnées  nettement  par  Polybe,  qu 
en  note  la  précision  (pTjTa;)  :  XVIll.  45.  10.  C'est  seulement  au  sujet  de  Chal- 
kis,  de  Corinthe  (avec  l'Acrocorinthe)  et  de  Démétrias,  que  le  Sénat  avait 
laissé  aux  Dix  la  liberté  de  se  décider  sur  place  d'après  les  circonstances  (Pol. 
ibid.).  Comp.  ce  que  dit  T.  Live  (45.  17.  7  ;  Ann.)  à  propos  des  légats  envoyés 
en  Macédoine  et  en  Illyrie  en  167  :  —  in  senatu  quoqiie  acfilatae  sunl  siimmae 
consiliorum,  ut  inchoala  omnia  legali  ab  domo  ferre  ad  imperaiores passent . 

2.  Le  fait  est  d'autant  plus  remarquable  qu'il  est  contraire  à  l'usage  habi- 
tuellement suivi.  Comme  on  l'indiquera  plus  loin,  lorsque  le  Sénat  adresse 
quelque  communication  à  l'étranger  par  l'intermédiaire  d'un  magistrat,  il  est 
de  règle  qu'il  ne  soit  mentionné  que  le  dernier  dans  la  suscriplion  de  la  mis- 
sive: cf.  ci-après,  §  5.  —  Mommsen  [Slaalsrechf,  III,  1147,  1)  insiste  avec  rai- 
son sur  la  forme  particulière  de  la  déclaration  de  Corinthe. 

3.  C'est  à  bon  droit  que  Taubler  (Imp.  Romanum,  I,  437,  438)  qualifie  de 
«  décret  »  ou  de  «  décret  sénatorial  »  la  déclaration  faite  aux  Isthmiques  ;  le 
terme  d'edictum,  employé  une  fois  par  Mommsen  (Ges.  Schriften,  VIII,  261),  ne 


LA    PROCLAMATION    DE    CORINTHE  89 

vrage  '  ;  en  fait,  il  n'a  d'avis  que  celui  des  Dix  '^  et  n'est  que 
l'exécuteur  de  leur  volonté,  c'est-à-dire  de  celle  du  Sénat. 

On  doit  rapprocher  ce  qui  eut  lieu  à  Gorinthe  en  196,  de  ce 
qui  se  passa,  en  167,  à  Amphipolis.  L.  Aemilius  Paullus,  ayant 
convoqué  dans  cette  ville  les  principaux  de  la  Macédoine,  leur 
fît  publiquement  connaître  quel  serait  désormais  le  sort  de 
leur  nation.  T.  Live,  traduisant  Polybe,  décrit  ainsi  la  scène  : 
ipse  {L.  Aemilius)  —  cum  decem  legatis,  circumfusa  omni 
multilndine  Macedonum,  in  tribunali  consedit. —  Paullus  — 
quae  senatui,  quae  sibi  ipsi  ex  consilii  sententia  ^  visa  essent, 
pronunliavit  '*.  Voilà   qui   nous   éclaire  parfaitement    sur    la 

paraît  pas  correct.  Cf.  Liv.  (P.)  33.  34.  5  :  décréta  decem  legatorum  in  civita- 
tes  nominalim  pronunliabaniur  ^  Pol.  XVIII.  47.  5  :  Ta  odÇavra  tG>  auveSpt'w 
Sisaâçouv  [decem  legati]  — ;  rapprocher  aussi  Liv.  (P.)  39.  29.  1  (ann.  1S5)  :  si 
decem  legaioruin  decreto  Eumeni  datas  civitates  essent  eqs.  —  Dans  Liv.  (P.) 
33.  3L  1,  les  mots  decretiim  legatorum  sont,  au  contraire,  une  impropriété  ; 
il  s'agit  là  du  sénatus-consulte  relatif  à  la  paix  avec  Philippe  ;  cf.  Pol.  XVIII. 
45.  1. 

1.  Voir,  sur  les  rapports  des  généraux  avec  les  commissaires  du  Sénat,  les 
remarques  de  Mommsen,  Staat.ij-echt,  II  3,  693  (et  note  1)  :  «  — formell  zwar 
sind  die  Zehnergesandlschaften  des  Sénats  nichts  als  das  Gonsilium  des  den 
Frieden  abschliessenden  Feldherrn,  aber  derselbe  ist  an  ihre  Entscheidung 
gebunden  und  es  steht  alsohier  den  Gesandten  redit  eigentlich  die  Beschluss- 
fassung  zu  —  «  ;  cf.  ibid.  III,  1168-1169,  où  Mommsen  insiste  sur  ce  fait  que 
«  la  commission  est  liée  par  les  instructions  du  Sénat,  et  le  général  par  la 
décision  de  la  majorité  des  commissaires.  »  —  On  sait  de  reste  que  le  magis- 
trat assisté  d'une  commission  sénatoriale  n'agit  que  de  ou  ex  legatorum  consi- 
lio  ou  sententia  ;  voir  les  textes  cités  par  Mommsen  [ibid.  \\^,  693,  notes) 
et  par  Adamek  [Die  Senatsbolen  der  rôni.  Republik  (Progr.  Graz,  1882-1883), 
18-19  et  les  notes).  On  remarquera  dans  T.  Live  (30.  44.  13;  Ann.), la  phrase:  — 
ut  quae  ab  se  (P.  Cornelio  Scipione)  ex  decem  legatorum  sententia  acta  essent, 
ea  palrnm  auctoritale  populique  iussu  confirmarentur. 

2.  La  réponse  de  T.  Quinctius  aux  envoyés  d'Antiochos,  en  195,  est  parti- 
culièrement significative  (Liv.  34.  25.2;  P.):  Anliochi  legatis  —  respondit 
nihil  se  absentibus  decem  legatis  sentenliae  habere.  —  Lorsqu'en  196,  il  se 
produit,  au  sujet  d'Oréos  etd'Erétrie,  un  dissentiment  entre  Titus  et  les  Di.x 
(Pol.  XVIII.  47.  10),  le  proconsul  n'a  pas  qualité  pour  trancher  le  différend: 
la  question  est  renvoyée  au  Sénat,  qui  décide. 

3.  Nul  doute  que,  dans  l'expression  ex  consilii  sententia,  le  mot  consilinm 
ne  désigne  la  commission  des  decem  legati.  Il  est  probable  que,  dans  le  texte 
interprété  par  T.  Live,  Polybe,  parlant  de  cette  commission,  employait  le 
mot  «JuvsSptov  =  consilium  ;  cf.  Pol.  XVIII,  45.  8  :  TivayxâÇEXo  Trotsïaôai  Xdyou; 
6  Tito;  èv  tw  a'jvsSpt'w  —  ;  ib.  10  ;  45.  12  ;  47.  5,  etc. 

4.  Liv.  (P)  45.  29.1  ;  29.3.  Cf.  Diod.  XXXI.  8.  3  :  ïoo^s  Trj  auy/.XrJTO)  toÛ;  xs 
MazeSdvaç  xal  to'j;  'IXXuoio'j;  èXjyGîoouç   àesivat  '/.tX. 


90 


CHAPITRE    DEUXIEME 


nature  de  la  déclaration  faite  à  Corinthe  :  ce  qu'on  y  publia, 
ce  fut,  comme  à  Amphipolis,  la  volonté  du  Sénat  —  quae 
senatui  visa  esseni  — ,  notifiée  et,  sur  quelques  points,  précisée 
par  ses  dix  délégués,  assemblés  en  un  consiliuni  dont  le  pro- 
consul-président était  le  mandataire. 

Il  suit  de  là  que  la  «  déclaration  »  de  196  est,  au  premier 
chef,  un  «  acte  officiel  »  du  Sénat  —  un  acte  fort  analogue, 
partant,  aux  sénatus-consultes,  et  qu'il  convient  sans  doute 
d'en  distinguer,  mais  qu'on  en  doit  étroitement  rapprocher. 

On  a  voulu  que  cette  déclaration  eût  été  u  d'abord  rédigée 
en  grec  et  non  traduite  du  latin  »  K  C'est  une  hypothèse  qu'on 
a  faite  tout  exprès  pour  justifier  la  théorie  selon  laquelle  l'ap- 
pellation ffTpaTYjvsç  'jzy.-::,  ici  donnée  à  T.  Quinctius,  n'appa- 
raîtrait que  dans  les  documents  où  les  «  généraux  romains 
s'adressent  directement  aux  Grecs  »,  sans  avoir  auparavant 
«  exprimé  leur  pensée  en  latin  ))2.  Mais  outre  que,  dans  le  cas 
présent,  il  s'agit  de  tout  autre  chose,  on  vient  d-e  le  voir,  que 
d'une  communication  d'un  «  général  romain  à  des  Grecs  », 
on  s'aperçoit  sans  peine  que  cette  hypothèse,  qui  n'est 
appuyée  d'aucun  argument,  a  contre  elle  toutes  les  vraisem- 
blances. Je  n'ai  pas  réussi,  je  l'avoue,  à  découvrir,  dans  le 
texte  de  la  déclaration,  les  latinismes  que  L.  Hahn  y  discerne 
avec  une  subtilité  inquiétante  ^  ;  mais,  en  revanche,  il  est 
quelques  remarques  fort  simples  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de 
faire.  Les  instructions —  les  IvTsXai  dont  parle  Polybe  * — ,  que 
le  Sénat  remit  aux  Dix  et  qui  leur  traçaient  leur  conduite, 
étaient  rédigées  en  langue  latine.  Aux  légats  eux-mêmes, 
apparemment,  le  latin  était  plus  familier  que  le  grec.  Pour  ces 
deux  motifs,  c'est  en  latin  qu'ils  durent  délibérer  et  discuter. 
Gomment  douter,  après  cela,  que  le  decretum,  issu  de  leur 
commun  travail  et  qui,  pour  tout   l'essentiel  \  ne  faisait  que 


1.  P.  F'oiicart,  /Jeu.    Philol.    1899,    257;  de   même,  Colin,  Rome  el  la.  Grèce, 
72,  1  :  «  Le  texte  original  est  probablement  le  texte  grec.  » 

2.  P.  Foucart,  ihid.  256. 

3.  Hahn,  Rom  iind  Romanismus,  35,  5  ;  43.  Voir,  en  sens  contraire,  Schulte, 
De  ratione  quae  intercedit  eqs.  33. 

4.  Pol.  XVIII.  45.  10. 

5.  Gomp.  ce  qui  a  lieu  en  189,  lorsqu'est  conclue  la  paix  avec  Antiochos  ; 


LA    PROCLAMATION    DE    COR[NTHE  91 

reproduire  les  instructions  du  Sénat,  ait  été  écrit  en  latin? 
Comment  douter  que  ceux  des  légats  qui  n'entendaient  qu'im- 
parfaitement le  grec  aient,  avant  la  clôture  des  délibérations, 
exigé  l'établissement  d'un  texte  en  leur  langue,  qui  leur  per- 
mît de  vérifier  si  le  décret  exprimait  fidèlement  la  volonté  du 
Sénat  et  la  leur,  et  qui  servît  de  modèle  au  texte  grec?  Aussi 
bien,  puisqu'il  est  avéré  que,  chaque  fois  que  le  Sénat 
traitait  quelque  affaire  relative  à  des  Grecs,  ses  décisions, 
d'abord  consignées  en  latin,  n'étaient  qu  ensuite  traduites 
en  grec',  pourquoi  ses  représentants  en  Grèce  se  fussent-ils 
départis  de  cette  procédure  traditionnelle?  A  quoi  l'on  peut 
encore  ajouter  ceci  :  Les  Dix  ne  purent  moins  faire  que  de 
mander  au  Sénat  le  texte  de  leur  decretum  ;  il  est  clair  que 
l'exemplaire  qu'ils  lui  en  adressèrent  était  en  latin  ;  il  y  eut 
ainsi,  de  toute  nécessité,  une  rédaction  latine  de  ce  décret  : 
n'est-il  pas  évident  que  cette  rédaction  latine  en  dut  précéder 
la  rédaction  en  grec?  —  Au  surplus,  le  raisonnement  par  ana- 
logie étant  ici  plus  que  légitime,  reportons-nous  une  nouvelle 
fois  à  la  déclaration  que  L.  Aemilius  fît,  en  167,  aux  Macé- 
doniens assemblés  àAmphipolis.  Silentio per praeconem  facto, 
dit  T.  Live  d'après  Polybe  -,  Paullus  latine,  quae  senatui, 
quae  sibi  ex  consilii  sententia  visa  essent,  pronuntiavif  ;  ea  Cn. 
Ocfavius  praetor  [nam  et  ipse  aderat)  interpretata  sermone 
Graeco  referebat.  Le  décret  des  dix  commissaires  délégués 
auprès  du  vainqueur  de  Perseus  fut,  on  le  voit,  rédigé  en 
latin  ;  c'est  de  ce  texte  latin  que  L.  Aemilius  donna  lecture 
aux  Macédoniens;  cependant,  au  fur  et  à  mesure,  Gn.  Octa- 
vius  le  leur  traduisit  en  grec.  Sans  aucun  doute,  en  196,  le 
décret  des  Dix  reçut  pareillement  la  forme  latine  ;  puis  on  en 
fît  en    grec    cette     traduction,    certainement    résumée,    que 


Liv.  (P.)  37.  55.  7  :  decem  lerf^tos  hos  decreverunt  (paires) — ;  (56.  ï)his,  quae 
praesentis  disceptationis  essent,  libéra  mandata;  de  summa  rerum  senatus 
constituit  eqs.  Gomme  l'ont  remarqué  Nissen  [Kril.  Unlers.  199-200)  et  Niese 
(II,  748,  3),  la  traduction  de  T.  Live  reproduit  ici  le  te.xte  de  Polybe  avec 
plus  de  fidélité  que  le  résumé  de  l'épitoniateur  (X.X.I.  24.  4  sqq.  =  Exe.  de 
légat.,  pars  II,  §  18,  p.  257   De   Boor). 

1.  Mommsen,  Siaatsrecht,  III,  10o6-]007. 

2.  Liv.  (P.)  43.  29.  3. 


92  CHAPITRE    DEUXIÈME 

Polybe  nous  a  transmise  et  que  récita  le  héraut  dans  le  stade 
isthmique.  —  Ainsi,  nous  avons  tout  droit  de  penser  que 
l'expression  a-:pa-:Y;Yb;  •j-y.-.oz,  jointe  au  nom  de  T.  Quinctius 
dans  la  proclamation  de  Corinthe,  traduisit  simplement  le 
mot  consul  qui  se  trouvait  dans  le  décret  original  des  légats. 

Mais  au  reste  laissons  ce  point.  En  quelque  idiome  qu'ait 
d'abord  été  rédigé  l'acte  publié  à  Corinthe,  c'en  est  l'origine 
et  la  nature  qu'on  doit  d'abord  considérer.  Or,  en  raison  de 
son  origine  et  de  sa  nature,  que  j'ai  rappelées  et  précisées,  il 
parait  assuré  que  le  formulaire  n'en  devait  pas  différer  de 
celui  qu'on  avait  accoutumé  d'employer  dans  les  actes  du 
Sénat  traduits  en  langue  grecque.  Si  donc  T.  Quinctius  y  est 
appelé  (j-paTv;Ybç  jza-oç,  c'est  que  telle  devait  être  la  forme 
solennelle  donnée  au  titre  consulaire  par  les  sénatus-consultes. 

Voilà  ce  que,  dès  maintenant,  il  semble  loisible  d'affirmer. 
Pour  justifier  cette  affirmation,  nous  pouvons  d'ailleurs  pro- 
duire d'autres  arguments,  soit  indirects,  soit  directs. 

§  4.   Nouvel  examen  des  lettres  des  consuls  C.  Fannius  et  L. 
Calpurnius  Piso. 

Il  y  a  lieu  dc^  revenir  ici  sur  deux  lettres,  déjà  connues,  qui 
ont  pour  auteurs  des  consuls  :  celle  de  C.  Fannius  (Strabo) 
(cos.  461)  aux  magistrats  de  Kos  ',  et  celle  de  L.  Calpurnius 
Piso  (cos.  139  ou  133)  aux  Itaniens  et  aux  Hiérapytniens  -.  Il 
importe  de  bien  déterminer  dans  quelles  circonstances  ces 
deux  lettres  furent  écrites  et  d'en  avoir  présents  à  l'esprit 
l'objet  et  le  caractère. 

Voyons  d'abord  la  lettre  de  C.  Fannius.  Dès  qu'on  la  par- 
court, on  reconnaît  nettement  à  quelle  occasion  ce  consul 
l'expédia  ■^.  Voici  ce  qu'elle  nous  apprend  : 

Le  Sénat  a  rendu  un  sénatus-consulte  en  faveur  des  Juifs,  à 


1.  Ci-dessus,  p.  5. 

2.  Ci-dessus,  p.  6. 

3.  Voir,  en   général,  le  judicieux  commentaire  de  Niese  {Oriental.  Studien 
Th.  Nôldeke  gewidmet,  II,  821  sqq.). 


NOUVEL    EXAMEN    DES    LETTRES    DE    C.    FANNIUS    ET    L.    PISO       93 

la  prière  d'une  ambassade  venue  de  Judée  '.  Il  a.  de  plus, 
décidé  •  qu'il  serait  remis  aux  ambassadeurs  des  lettres  de 
recommandation  '  pour  les  peuples  amis  de  Rome,  dont  ils 
toucheraient  le  territoire  à  leur  retour  dans  leur  pays.  —  Au 
moment  de  quitter  Rome,  les  ambassadeurs  sont  allés  trouver 
le  consul  G.  Fannius —  très  certainement  parce  que  c  était  lui 
qui  les  avait  introduits  dans  le  Sénat  et  y  avait  fait  la  relatio 
qui  les  concernait  — ,  et  l'ont  prié  de  leur  faire  tenir  le  texte 
du  sén;itus-consulte.  Le  consul  a  naturellement  acquiescé  à 
cette  demande  ;  il  leur  a  donné  copie  du  décret  du  Sénat.  En 
outre,  comme  le  Sénat  l'avait  prescrit,  il  a  rédigé  et  remis  aux 
ambassadeurs  ces  lettres  de  recommandation  dont  ils  devaient 
être  munis  à  leur  départ  ^.  C'est  l'une  d'elles,  adressée  aux 
mag-istrats  de  Kos,  qui  nous  a  été  conservée  ;  à  cette  lettre, 
comme  à  toutes  les  autres,  se  trouvait  jointe,  en  guise  de  pièce 
justificative,  la  copie  du  sénatus-consulte  '', 

Nous  avons  donc  ici  l'exemple  d'une  lettre  consulaire  com- 
posée à  Rome,  peut-être  d'après  un  original  latin,  probable- 
ment dans  les  bureaux  de  la  questure,  en  tout  cas,  par  la 
volonté  expresse    du  Sénat  ^.    Si  l'on   regarde   au  fond  des 

1.  Pour  le  pluriel  "ri  Tj-r/Xr^-o-j  oo'yaaTa  tx  T.fA  OLj-Cy/  ('louSaicov)  YîyovoTa, 
voir  l'explication  de  Niese  iihid.  II,  826)  ;  cf.  Mendelssohn,  Senaii  consulla 
Rumanorum  Acta  socief.  philol.  Lipsienxis,  voL  V),  155.  Il  s'agit  d'un  séna- 
tus-consulte composé  d'une  série  de  résolutions  (oovjAaTa)  votées  séparément. 

2.  Cette  décision,  comme  le  remarque  avec  raison  Niese  {ihid.  826),  dut  faire 
l'objet  d'un  décret  spécial  du  Sénat;  c'est  ce  décret  qui  est  rappelé  par  les 
mots  :  zata  to   -?,;    a'jyy.Àr|TO'j  odya-a. 

3.  Pour  cet  usag:e,  comp.,  en  général,  Mommsen,  Staalsrecht,  111,1156; 
Niese,  ibid.  821-822  ;  sénatus-consulle  pour  les  Thisbéens,  1.  56-60;  Joseph, 
Ant.  Jud.  XIII.  9.  2,  263,  265  sénatus-consulte  de  131?);  XIII.  5.  8,  165  : 
(t^;  JjOuÀ^;)  Sojar,;  Èr-.'JTO/.à;  ~poç  a-avxa;  TO'Jç  [îaai/.êîi;  x^;  'Aaia;  zat 
Eùpoi-rj;  xal  -lov  -o'Àswv  apyovxa;  xjto?;  x.oiiîreiv,  otzwç  àa^aÀoij;  t^;  s!;  -r)v 
oîxetav  y.ouLiSrj;  ot'  ajxwv  X'j/ojatv  —  :  XIV.  10.  22,  251-253  (décret  de  Pergame). 

4.  Cf.  'Siese.ibid.  821-822. 

5.  C'est  ce  que  montrent  bien  les  mots  :  j-oxÉxa/.xa;  0£  xà  OîôoYaéva.  Cf. 
Joseph, yln<.  Jud.  S.IV.  10.  22,  252  (décret  de  Pergame)  :  à-oÀapo'vx£;  des  stra- 
tèges de  Pergame)  xî  x/,'/  £-;!jxoÀr,v  -as'  ajxou  (l'ambassadeur  juif)  xai  xô  xr)ç 
ouyzXrJxou  ôdyjxa. 

6.  Cf.  le  sénatus-consulte  pour  les  Thisbéens,  1.  56-60.  Dans  le  texte  de 
Josèphe  cité  plus  haut,  noter  les  mots  :  (xr;;  jJojX:^;)  oojjt,;  à-'.JXoÀà;  zxX. 
C'est  le  Sénat  qui  est  censé  avoir  délivré  lui-même  aux  ambassadeurs  les 
lettres  de  recommandation  qui  assureront  leur  sécurité  pendant  leur  voyage 
de  retour. 


94  CHAPITRE    DEUXIÈME 

choses,  on  la  peut  presque  considérer  comme  un  acte  d'ori- 
gine sénatoriale  :  en  effet,  le  consul  qui  la  rédigea  ne  fit  que 
suivre  les  ordres  des  Patres  et  servir  à  ceux-ci  d'interprète  '. 
Or,  nous  avons  vu  que,  dans  la  suscription,  c'est-à-dire  dans 
une  formule  solennelle,  C.  Fannius  s'intitule,  non  point  j-a- 
Toç,  comme  feront  plus  tard  les  consuls  en  des  cas  ana- 
logues ^,  mais  arpaT-zj^b;  •J-aT2ç. 

Passons  maintenant  à  la  lettre,  mentionnée  dans  une  sen- 
tence arbitrale  des  Magnètes-du-Méandre,  que  le  consul  L. 
Calpurnius  Piso  adressa  aux  Itaniens  et  aux  Hiérapytniens, 
après  que  ces  peuples  eurent,  pour  la  seconde  fois,  saisi  le 
Sénat  de  leur  querelle.  Il  est  à  propos  de  citer  les  passages 
de  la  sentence  des  Magnètes  qui  sont  relatifs  à  cette  lettre 
(Sz/Z^ogre-,  929,  1.  9-11)  :  y.v/v.^z-zvr^ij.viuy)  /.al  xjtcov  (arbitris  a 
Magnetibus  electis)  û-b  xou  cr;;/:j  (Magnetum)  cuàtrai  Kp-^alv 
'lT[avbt;  TE  v.aij  'l[£p]a7:uiv[tciç  7.7.-%  zz  vEYojvbç  'J7:b  --^ç  (S'^Y^J.TiXZM 
oÔYJj-a  y.ai  y.atà  r/jv  à-oaTaX£Îa-a[v  Itcic-oayjv  6-b  A]£[uxtou  KaXcirop- 

v(su  Acj'jy.b'j  'j'.ij  riîîa-Mvo;  îTparr,Y2o  û-aiî'j  — (1.  18-23) 

T-?;ç  8à  TuvxXrjTOu  a-3t'/;tj[a"/;?  ~%i  -ap'  éa'jjT-r;'.  Tr[pc;  à'-av-a;  àvÔpo')]- 
7::u;  6-ap73'Jff-^'.  of/.a'.;ff'jvir;t,  oz'jcr^ç  xp'.T-J;v  a'jT[oî;  xbv  rj[;.£t£p]o[v] 
c['^;xov,  o'.aTâ^avTo;  c]s  -spi  tojtwv  y.ai  toj  aTpxTr^You  Ae'jxic'j  KaAo- 
7:o[pvfo'j  As'jy.bu  u]bj  nci7(o[v]s[ç,  xaO]iTi  Ta  àzocsôiV-a  r^\jXv  ùz' 
éxaTspwv  Ypaixij.aTa  r^zp'.iy^v.,  h  ot,[j.o^  r,ixw[v],  toù  ts  Ù7:b  P(0[;.2uov 
TÛv  y.or,v(I)v  £j3pY£-.ÔL)v  où  -avTbç  Ypx3);;j.£vc',ç  ^  zEi^EjOai  7;piaipo'j- 
[j.£voç, (1-2'^)  £~:tr(!7aT0  r};v  aïpEjiv  tsj  ciy.ajrr^ptcu. 

Les  circonstances  rappelées  brièvement  dans  ces  lignes 
n'ont  rien  d'obscur,  l'histoire  d'autres  différends  qui  se  pro- 
duisirent entre  cités  grecques  et  qui  furent  réglés  par  l'inter- 
vention du  Sénat,  nous  fournissant  ici  des  indications  paral- 
lèles et  complémentaires  ''.  —  Le  consul  L.  Calpurnius  Piso  a 

1.  On  sait  que  le  Sénat  ne  fait  jamais  de  communications  que  par  Tintermé- 
diaire  des  magistrats  qui  l'ont  présidé  :  «  neque  omnino  senalus  cum  populis 
agit  nisi  per  consules  »  (Mommsen,  CIL,  I,  196,  p.  44;  cf.  SUialsrechl,  III, 
1026-1027). 

2.  Se  rappeler  la  lettre  des  consuls  de  73  aux  Oropiens,  ci-dessus,  p.  8. 

3.  L'expression  xà  Û7:ô  Toiu-aîwv  ypaçôasva  est  la  même  dont  Polybe  fait 
un  si  fréquent  usage  en  parlant  des  communications  du  Sénat  :  xa  7:apa 
'Pcuaat'tuv  YpaÇOI-i-Éva. 

4.  Se  rappeler  notamment  le  litige  de   Priène  et  de  Magnésie-du-Méandre 


NOUVEL    EXAMEN    DES    LETTRES    DE    C.    FANNTUS    ET    L.    PlSO       95 

introduit  dans  le  Sénat  les  députés  d'Itanos  et  de  Hiérapytna, 
lesquels  y  ont  fait  l'exposé  contradictoire  de  leurs  griefs.  Le 
Sénat,  avant  ainsi  pris  connaissance  de  la  querelle  des  deux 
villes  Cretoises,  a  rendu  à  leur  sujet  un  sénatus-consulte.  Par 
cet  acte,  il  a  décidé  de  soumettre  leur  litige  à  l'arbitrage  des 
Magnètes-du-Méandre  et  donné  à  cet  effet  ses  instructions  au 
consul  ',  qu'il  a  chargé  de  régler  toute  la  suite  de  l'afTaire,  L. 
Piso  a  donc  écrit  aux  Itaniens  et  aux  Hiérapytniens  -  ;  il  leur 
a  transmis  le  texte  du  sénatus-consulte  qui  les  concernait  '\ 
les  a  avisés  de  la  procédure  arrêtée  par  le  Sénat  en  vue  de 
terminer  leurs  disputes,  et  leur  a  fait  connaître  les  démarches 
qu'ils  devaient  accomplir  auprès  des  Magnètes,  désignés  pour 


au  sujet  d'un  territoire  conteste,  peu  après  188  Dittenberfrer,  Sylloge  ^,  928  = 
Hiller  von  Gartringen,  Ins(  hr.  von  Priene,  531),  et  celui  de  Messène  et  de 
Lacédémone  (Dittenberger,  Sylloye  -,  314,  III  =  7G,  V,  1,  p.  xv,  testimon.) 
concernant  V ager  Denihe liâtes.  —  G.  Colin  (Home  et  la  Grèce,  509-510)  a  donné 
un  bon  résumé  de  l'affaire  relative  à  Priène  et  à  Magnésie,  sur  laquelle  nous 
sommes  particulièrement  renseignés  :  «  Les  députés  des  deux  villes  se  sont 
d'abord  rendus  à  Rome,  où  ils  ont  sollicité  une  audience  du  Sénat;  ils  l'ont 
obtenue,  et,  introduits  par  le  préteur  M.  Aemilius  [qui  ne  peut  être,  quoi 
qu'ait  cru  G.  Colin,  M.  Aemilius  Lepidus  pr.  urb.  143].  ils  ont  exposé  con- 
tradictoirement  leur  cause.  Là-dessus,  un  sénalus-consulte  a  été  rendu,  dont 
le  préteur  adresse  la  copie  aux  habitants  de  M^lasa,  et  dont  une  bonne 
partie  ..  nous  a  été  conservée.  Le  Sénat  se  refuse  à  rien  prononcer  directe- 
ment :  il  décide  que  le  préteur  M.  Aemilius  investira  des  fonctions  d'arbitre 
un  peuple  libre  au  choix  des  deux  villes,  si  elles  peuvent  s'entendre, 
ou  à  son  propre  choix,  si  elles  n'arrivent  pas  à  s'accorder.  Le  peuple- 
arbitre  verra  s'il  y  a  lieu  d'attribuer  aux  uns  ou  aux  autres  des  indemnités 

M.  Aemilius  écrit  à  Magnésie  et  à  Priène  qu'elles  doivent  se  soumettre  à  lar^ 

bitrage,  et  aux  gens  de  Mylasa  qu'ils  ont  à  constituer  un  tribunal ».  —  De 

même,  le  Sénat  ayant  décidé  par  sénatus-consulte  de  déférer  la  querelle  des 
Messéniens  et  des  Lacédémoniens  à  l'arbitrage  des  Milésiens,  le  préteur  Q. 
Calpurnius  (Piso)  a  reçu  mandat  de  réglerions  les  détails  de  la  procédure:  il 
a  écrit  aux  Milésiens,  leur  a  communiqué  le  texte  du  sénatus-consulte  et  les  a 
invités  à  jouer  leur  rôle  d'arbitres;  il  a  dû  aussi,  dans  le  même  temps,  écrire 
aux  Messéniens  et  aux  Lacédémoniens,  afin  qu'ils  se  missent  en  rapports 
avec  les  arbitres  désignés  par  le  Sénat. 

1.  Certaines  de  ces  instructions,  qiXi  étaient  consignées  dans  le  sénatus- 
consulte,  sont  rappelées  aux  l.  87-88  de  la  sentence  des  Magnètes. 

2.  L.  10-11;  cf.  1.  20-21.  Il  est  très  vraisemblable  —  bien  que  la  chose  ne 
soit  pas  indiquée  —  que  L.  Piso  écrivit  aux  Magnètes  en  même  temps  qu'aux 
deux  peuples  crétois. 

3.  Deux  passages  du  sénatus-consulte  sont  cités  littéralement  aux  1.  51-54, 
79,  de  la  sentence  des  Magnètes  ;  un  troisième  est  résumé  aux  1.  87-88. 


96  CHAPITRE    DEUXIÈME 

leur  servir  d'arbitres.  Tel  a  été  l'objet  de  cette  sttwtoXv^  du 
consul  ^,  à  laquelle  se  réfèrent  les  y.piTai  de  Magnésie,  et  qui 
leur  fut  communiquée  en  double  exemplaire  et  par  les  Ita- 
niens  et  par  les  Hiérapytniens  (1.  21). 

Ainsi,  voilà  encore  l'exemple  d  une  lettre  qu'écrivit  un  con- 
sul, non  point  en  Grèce  et  proprio  motu  comme  T.  Quinctius 
s'adressant  aux  Chyrétiens  ou  L.  Mummius  aux  Technites 
dionysiaques,  mais  à  Rome  et  pour  se  conformer  aux  instruc- 
tions du  Sénat.  Cette  lettre  n'est  qu'une  sorte  d'introduction 
et  de  commentaire  au  sénatus-consulte  qu'elle  accompagne  et 
dont  elle  est  inséparable.  Or,  dans  l'adresse,  I^.  Piso,  agissant 
au  nom  et  sur  l'ordre  du  Sénat,  a  pris,  comme  tout-à-l'heure 
C.  Fannius,  le  titre  de  a~Çla-r^-fzq  jz^tcç. 

De  ces  faits  il  semble  naturel  de  conclure  que  aTpar/jYoç 
u'TraTiç  était  bien,  en  161  (date  du  consulat  de  C.  Fannius)  et 
en  139  ou  133  (année  où  L.  Piso  fut  consul),  le  titre  officiel 
donné  aux  consuls  dans  les  actes  du  Sénat.  Sitôt  qu'on  y  réflé- 
chit, on  s'aperçoit  que  cette  conclusion  n'est  pas  seulement 
naturelle,  mais  nécessaire.  Nous  avons  vu  qu'à  la  lettre  deC. 
Fannius  et  à  celle  de  L.  Piso  était  annexé  le  texte  d'un  séna- 
tus-consulte —  sénatus-consulte  en  faveur  des  Juifs  dans  le 
premier  cas,  sénatus-consulte  relatif  à  Itanos  et  à  Hiérap3'tna 
dans  le  second.  Nous  savons,  de  plus,  que  C.  Fannius  présidait 
le  Sénat  lorsqu'audience  y  fut  donnée  aux  ambassadeurs  juifs, 
et  que  L.  Piso  le  présida  quand  y  furent  entendus  les  députés 
d'Itanos  et  de  Hiérapytna.  Ce  qui  suit  de  là,  c'est  que  cha- 
cun des  deux  consuls  était  mentionné  avec  son  titre  dans 
le  praescriptum  du  sénatus-consulte  qu'accompagnait  sa 
lettre.  Or,  n'est-ce  pas  chose  évidente  que  ce  titre  était  le 
même  dans  ce  praescriptum  que  dans  la  suscription  de  la 
lettre?  Imagine-t-on  qu'il  y  ait  eu  désaccord  sur  ce  point 
entre  les  deux  documents,  matériellement  joints,  expédiés 
ensemble  aux  mêmes  destinataires,  traduits  tous  deux  à  leur 
usage,  faits  pour  être  consultés  par  eux  en   même  temps,  et 

1.  Même  cas  pour  la  lettre  du  préteur  M.  Aemilius  jointe  au  sénatus-con- 
sulte dit  de  Magnésie;  même  cas  pour  celle  du  préteur  Q.  Calpurnius  (Piso) 
jointe  au  sénatus-consulte  dit  de  Messène. 


TRADUCTION   DU   TITKE   CONSULAIRE  DANS  LES    LETTRES  DU   SÉNAT     97 

qui  se  complétaient  l'un  l'autre  ?  Gomment  croire  que  le 
consul-président,  à  qui,  ne  l'oublions  pas,  avait  été  confiée  la 
rédaction  du  sénatus-consulte  et,  par  conséquent,  la  surveil- 
lance des  scribes-traducteurs,  s'y  fût  appelé  jza-sc,  tandis 
qu'il  s'appelait  7Tca-:r,Yb;  j-aToç  en  tête  de  sa  lettre?  Comment 
croire  que,  par  exemple,  les  magistrats  de  Kos,  qui  prirent  à 
la  fois  connaissance  de  la  lettre  de  G.  Fannius  et  du  sénatus- 
consulte  transcrit  à  sa  suite  ',  et  qui  les  durent  authentiquer 
par  comparaison,  aient  été  mis  dans  le  cas  singulier  de  lire, 
d'une  part:  Tiio:  'î'y.^/'.oq  Toiizj  ulôç,  J-aTcc,  ty;  (7'j'f/.X-/-T(.)  ïjvîlicj- 
\vjGOL-o  £V  y,o'^.z-ûo  -/.-A.,  et,  dc  l'autre  :  Faior  •ï'aw.oç  Faiou  u'.ir, 
sTpaTr^vbç  j-a-oç,  Kwmv  ap/ojc.  -/atoiiv?  Gette  discordance  de 
libellé  n'eût  été  propre  qu'à  leur  causer  un  très  naturel 
embarras  et  qu'à  éveiller  leurs  défiances.  L'admettre,  ce 
serait  admettre  labsurde,  chose  qu'autant  que  possible  il  sied 
d'éviter.  Puisque  G.  Fannius  s'est  désigné  par  le  titre  de 
c-py-r,'.'l;,  ■jt.cc-z:  dans  les  suscriptions  des  lettres  qu'il  remit 
aux  ambassadeurs  de  Judée,  puisque  L.  Piso  s'est  donné  le 
même  titre  en  tête  de  la  lettre  qu'il  écrivit  aux  Itaniens  et 
aux  Hiérapytniens,  la  raison  veut  qu'ils  aient  été  ainsi  quali- 
fiés, l'un  en  tête  du  sénatus-consulte  rendu  à  la  requête  des 
Juifs,  l'autre  en  tête  du  sénatus-consulte  relatif  au  litige 
des  deux  villes  Cretoises. 

§  5.  La   traduction  du    titre  consulaire  dans  les  Lettres  du 
Sénat. 

Il  y  a  lieu  maintenant  de  considérer  une  classe  d'actes  du 
Sénat  que  les  critiques  ont  beaucoup  trop  négligée  -  :  je  veux 
parler   des  lettres  adressées  à  l'étranger  par  cette  assemblée. 

Lorsque  les  Patres  ont  pris  quelque  décision  concernant  des 

J.  On  lit  dans  la  lettre  de  C.  Fannius  :  j-OTïTaxTa;  o\  Ta  Oîooyaîva  (t^ 
cxjy/.À/j-o)). 

2.  Voir  les  indications,  trop  sommaires,  de  Biittner-^^^obst,  De  legationi- 
bus. .  .Romam  missis,  63,  3,  et  de  Mommsen, S<aa<srec/if,  II 3,  273,  2  ;  314,  1  ;  cf. 
III,  1007,  D  ;  1027  et  note  1 .  Il  est  singulier  que,  dans  son  ouvrage  sur  le  Sénat 
(Le  Sénat  de  la  République  romaine,  t.  II;,  P.  Willems  n'ait  point  touché  ce 
sujet. 

IIoLLEAUX.  —  STpaT/iyo;  -j-aio:.  7 


98  CHAPITRE    DEUXIÈME 

étrangers,  ils  peuvent  la  notifier  aux  intéressés  par  deux 
procédés  différents. —  Ils  peuvent  leur  faire  tenir  le  texte  inté- 
gral du  sénatus-consulte  rendu  à  leur  sujet  :  c'est  de  quoi  il  y 
a,  comme  on  sait,  de  multiples  exemples  '.  Ils  peuvent  aussi 
leur  adresser  une  lettre  où  se  trouve  résumé,  plus  ou  moins 
sommairement,  le  sénatus-consulte  qui  les  concerne.  Ce  sont 
là  les  7:apà  t"^ç  a"JYXAr,Tou  •^pi[t.\j.oi.~.(X^  les  Ypas5;j,£va  Tcapà  'Pwpiaitov, 
dont  il  est  fait  chez  Polybe   de    si  fréquentes  mentions  -. 

Nous  possédons  trois  lettres  de  cette  sorte  en  langue 
grecque.  Deux  sont  connues  depviis  longtemps  :  l'une  a 
été  écrite  en  103  aux  Téiens,  afin  de  conférer  à  leur  ville 
le  privilège  de  YàGjKix  sacrée;  l'autre,  à  une  date  incer- 
taine, aux  Amphiktions  de  Delphes,  pour  ratifier  certains 
jugements    qu'ils    venaient    de    prononcer  \    Je  pense    avoir 


1.  Telle  est  l'origine  de  tous  les  sénalus-consultes  rédigés  en  grec  qui  nous 
ont  été  conservés.  Sur  [la  questioji,  cf.  en  général  Bùttner-Wobst,  ihid.  65 
sqq.  ("  Legatis  datiir  sciiiin  scriplum  »). 

2.  Cf.,  par  exemple,  Pol.  XXII.  12.6;  12.7;  XXIV.  8.  1,  etc.  Noter  les 
textes  suivants  :  XXll.  i.  5  :  (T.  Quinctius)  è^EÎpyauTO  yf(X'|ai  Trjv  a'jyxÀr)Tov 
lotî  BoifjjToïç  ztÀ.  —  :  4.  9  :  -sîajis'jaav-o?  auxoîS  lou  Zc'j^'.tztzou  ~ç>6i  t/jv  Guy- 
xXyjTov,  oî  'pM[j.ixXot.  xrjv  Ttov  Boiwtwv  Trpoaîpsatv  k'ypaJ/av  Tîpoç  te  toÙ;  AÎtco- 
Xoù;  zat  Ttpôç  'Ayato'jç,  zsXsûovceç  xatayciv  ZcûÇtrrov  s!;  trjv  otxst'av  — ; 
XXIV.  1.5:  ~.o'(i  oï  ç'jyàcîtv  (Èz  Aa-/.îOa!;jLOvciç)  £;;-qyyciXaTO  {-/j  oûyxXiQTOÇ) 
ypâ'istv  -pô;  TOJ;  'Ayatoù;  z"X.  — ;  10.  6  :  où  pidvov  xoi;  'Ayatot;  k'ypaJ/S 
(■/]  CTÛy/.Xriioç)  Tîapay.aXouja  auveTztayjjstv,  àXXx  zal  toi?  AiiwXoî';  zal  toïç 
'II~£ip'ÔTat;  xtX.  —  Il  est  question  d'une  lettre  du  Sénat,  remise  aux 
ambassadeurs  de  Lampsaque,  dans  le  décret  de  cette  ville  pour  Hégésias  : 
Dittenberger,  Sylloge-,  276,  1.  62  ;  66  :  [-/.aûd]-:!  xal  a[ÙTol  (=  fj  aûyxÀYiTo;) 
ypjoî'fojstv. —  Il  est  probable  que  les  lettres  de  recommandation  données 
aux  représentants  des  États  étrangers  (cf.  ci-dessus,  p.  93,  note  3)  furent 
souvent  écrites  au  nom  du  Sénat.  —  Un  exemple  intéressant  (et  apocryplie) 
de  lettre  du  Sénat  nous  est  fourni  par  cette  vêtus  epislula  graeca  semitus 
popiiliqiie  liumani,  adressée  au  roi  Séleucus  (?),  dont  fait  mention  Suétone 
{Claud.  25). 

3.  Viercck,  II  =  Dittenberger,  Sylloge-,  279.  —  BCJI,  1900,  103  =  Rev.  Et. 
anc.  1917,  77.  Pour  la  restitution  de  l'intitulé,  voir  mes  remarques  dans 
Rev.  Et.  anc,  ibid.  11  et  suiv.et  249,  note  2. —  L'Epistala  ad  Tibiirtes  {CIL,  I, 
201;  XIV,  3584  =  Bruns-GradenAvitz'^,38)  est  un  document  d'un  caractère  ana- 
logue, mais  d'une  forme  assez  dillérente.  Le  préteur  L.  Cornélius,  qui  est  le 
seul  auteur  apparent  de  cette  lettre,  a  reproduit  intégralement  le  sénatus- 
consulte  rendu  en  faveur  des  Tiburtins  et  l'a  même  fait  précéder  de  son 
praescriptum  ;  toute  sa  peine  s'est  bornée  à  substituer,  dans  la  reproduction 


TRADUCTION  DU   TITRE  CONSULAIRE  DANS    LES  LETTRES   DU    SÉNAT    99 

établi  ^  qu'à  ces  deux  lettres  on  en  doit  ajouter  une  troisième_, 
écrite  probablement  au  commencement  de  l'année  188:  c'est 
celle  qui  octroie  aux  Hérakléotes-du-Latmos  ïzAtu^epix  et  l'au- 
tonomie, et  que  W.  Henzen  a,  par  erreur,  attribuée  à  Cn. 
Manlius  Volso  et  aux  dix  légats  sénatoriaux  envoyés  en  Asie 
pour  l'assister  2. 

Nul  ne  contestera  que  ces  trois  lettres  doivent  être  considé- 
rées comme  des  actes  du  Sénat  ^.  Non  seulement  chacune 
n'est  que  le  résumé  d'un  sénatus-consulte  ^,  mais  le  Sénat  est 
expressément  désigné  dans  l'intitulé  comme  étant  l'auteur 
de  la  lettre.  Cet  intitulé  contient  toujours  :  1°  la  men- 
tion nominative  du  magistrat  patricio-plébéien  (consul  ou  pré- 


de  cet  acte  du  Sénat,  la  seconde    personne    du   pluriel  à    la  troisième  (cf. 
Mommsen,  CIL,  I,  p.  108  ;  Staatsrecht,  III,  1027,  1  ). 

1.  Mon  essai  de  démonstration  {Rev.  Et',  anc.  1917,  237  et  suiv.)  est  repro- 
duit cn  Appendice  à  la  fin  du  présent  mémoire. 

2.  Viereck,  III  =  Dittcnbcrper,  Sylloge  ",  287  =  Haussoullier,  Rev.  Philol. 
1899,  277  et  suiv.  —  La  lettre  circulaire  du  consul  L.  (Calpurnius  Piso)  (cos.  139 
ou  133)  en  faveur  des  Juifs,  qui  se  trouve  dans  /  Macc.  15.  16-21  fcf.  Viereck, 
93),  pourrait,  si  elle  a  quelque  caractère  d'authenticité,  se  placer  dans  cette 
catégorie.  Mais,  en  ce  cas,  l'adresse  —  qui  est  d'ailleurs  manifestement  incom- 
plète —  aurait  dû  porter  :  Aîjzto;  [KaÀ-opv.o;]  y.-'),,  [/al  Sr[ii.apyo'.  za'.  rj  qjv- 
•/.Àritoç]  •/.-)>. 

3.  Viereck  (II,  p.  2)  rang-e  inexactement  la  lettre  aux  Téiens  parmi  les 
Episiiilae  maçfistraluam  Romanorum.  Mommsen,  au  contraire,  la  qualifie 
avec  raison  de  «  lettre  du  Sénat»  {Staatsrechl,  II 3,  273,  2  ;  311,  1).  Le 
magistrat  nommé  le  premier  dans  l'adresse  n'est,  en  effet,  que  le  porte- 
parole  du  Sénat,  comme,  par  exemple,  le  préteur  mentionné  en  tète  de  VEp. 
ad  Tihurtes  (cf.  Mommsen,  CIL,  I,  201,  p.  108)  ou  les  consuls  auteurs  de  VEp. 
de  Bacchanalihus  [ihid.  196,  p.  4i).  Assurément,  ici  comme  toujours,  1'  «  acte 
du  Sénat  >>  est  en  même  temps  l'acte  d'un  magistrat;  il  n'en  saurait  être 
autrement,  puisque  le  Sénat  ne  peut  agir  qu'avec  la  coopération  et  par 
l'entremise  d'un  magistrat:  mais  il  est  évident  que  c'est  au  Sénat  qu'appar- 
tient toute  l'initiative.  Le  cas  est  le  même  que  pour  les  sénatus-consultes, 
qu'on  peut  considérer  comme  des  décrets  de  magistrats  rendus  sur  l'avis 
des  Paires  (cf.  Mommsen,  Siaatsrecht,  III,  995,  997),  bien  qu'ils  n'expriment 
en  fait  que  la  volonté  du  Sénat.  —  Il  est  digne  de  remarque  que,  dès  1816, 
Visconti  avait  reconnu  le  vrai  caractère  de  la  lettre  aux  Téiens  :  il  écrivait 
{Journ.  des  Savants,  1816,  27)  :  «  Cette  lettre  a  été  adressée  de  la  part  du 
Sénat  et  du  peuple  romain  à  la  ville  de  Téos...  » 

4.  Cela  est  si  vrai  que,  par  exemple,  dans  la  lettre  aux  Amphiktions,  on 
trouve  (1.  10-11)  des  emprunts  textuels  faits  au  sénatus-consulte  qu'elle  résume 
(cf.  Rev.  Et.  anc.  1917,  78,  note  3). 


;|IIBUOTHECA 

Ottavlensia^ 


100  CHAPITRE    DEUXIÈME 

teur)  '  qui  présidait  le  Sénat  lorsqu'y  fut  voté  le  sénatus-con- 
sulte  résumé  dans  la  lettre  :  c'est  par  les  soins  de  ce  magis- 
trat que  la  lettre  est  rédigée  "^  ;  —  2°  la  mention  collective 
des  tribuns  de  la  plèbe  (âr,[ji.ap)roi)  ■^;  —  3°  la  mention  du 
Sénat  (ffÛY"/-Ar,Tîr). 

Or,  dans  l'intitulé  de  la  lettre  aux  Hérakléotes-du-Latmos, 
le  consul  (inconnu)  qui  est  nommé  en  premier  lieu,  avant  les 
tribuns  et  le  Sénat,  est  qualifié  de  :;-z:x-r,';b;  j-a-riç  ^.  Telle 
était  donc  l'appellation  solennelle  des  consuls  dans  cette  caté- 
gorie d'actes  du  Sénat. 

On  ne  peut  raisonnablement  supposer  qu'elle  variât  d'une 
catégorie  à  l'autre,  et  fût  différente  dans  les  lettres  du  Sénat  et 
dans  les  sénatus-consultes.  Il  va  de  soi  que,  lorsque  le  titre 
consulaire  est  exprimé  dans  l'intitulé  d'une  lettre  du  Sénat,  il 
l'est  en  la  même  forme  que  dans  le  praescripium  du  sénatus- 
consulte  dont  cette  lettre^donne  le  résumé.  Si  le  consul  nommé 
dans  l'adresse  de  la  lettre  aux  Hérakléotes  est  dit  a-px-r,Yoç 
'JTraToç,  on  en  doit  conclure  que  tel  était  son  titre  en  tête  du 
sénatus-consulte  voté  en  faveur  de  la  ville  d'Héraklée,  et, 
plus  généralement,  que  cTpaTYjYoç  'Jza-oç  fut  la  forme  d'abord 
donnée  au  titre  consulaire  dans  les  praescripta  des  séna- 
tus-consultes votés  sur  la  relatio  d'un  consul. 

Au  reste,  s'il  subsistait  ici  quelque  incertitude,  un  témoi- 
gnage direct,  qu'on  s'est  très  vainement  efforcé  de  récuser, 
suffirait  à  la  dissiper. 


1.  Ce  magistrat  peut  représenter  à  lui  seul  tous  les  mai,'istrats  patricio- 
plébéiens  (consuls  et  préteurs);  j'ai  cru  à  tort  [Rev.Et.  anc.  1917,  79,  2)  que, 
lorsqu'un  consul  est  nommé  en  premier  lieu,  son  nom  doit  être  nécessaire- 
ment suivi  delà  mention  des  préteurs. 

2.  Cf.  Mommsen,  Slaaisrecht,  III,  1026-1027. 

3.  La  mention  des  tribuns  est  ainsi  expliquée  par  Viei-eck  (II,  p.  2,  note)  : 
«  Inde  quod,  praeter  praetorem  tribuni  —  commemoi-antur,  intelleg-itur  ius 
asyli  Teiis  plebis  scito  —  concessum  esse.  »  Cette  interprétation  est  entière- 
ment erronée  ;  cf.,  au  contraire,  Mommsen,  Staatsrecht,  II  ^,  273,  2  ;  314, 1 . 

4.  L'intitulé  doit  être  ainsi  rétabli:  [N.],  a-pa-riyô?  û-aro?  'Pio^aaicov,  [xal 
or[[j.ap-/ot  za;  f,  ajv/.XrjTjo;  'Hoa/AîtoTtuv  T^i  [io'jÀfji  x.al  Tîot  ôrjjio);  yaipetv. 
Cf.  ci-après,  Appendice,  p.  131  et  suiv. 


TRADUCTION    DU    TITRE    CONSULAIRE    DANS    LE    S.-C.    DE    iZTt       101 


§  6.  La    traduction  du   titre  consulaire  dans  le  sénatus-con- 
sulte  de  135. 

Parmi  les  sénatus-consultes  du  ii''  siècle  en  langue  grecque, 
il  n'en  existe  qu'un  seul  où,  dans  le  praescriptum,  mention 
soit  faite  d'un  consul.  Le  sénatus-consulte  dont  il  s'agit  est 
celui  dit  de  Priène  (ann.  135)  ^,  qui  fut  rendu  sur  la  relatio 
de  Ser.  Fulvius  (Flaccus). 

Nous  avons  vu  que  ce  consul  y  est  une  fois  appelé  {iTra-coç. 
Ce  titre  lui  est  donné  dans  une  phrase  (1. 13)  qui  se  lit  vers  la 
fin  du  document  :  to^toiç  ts  çéviov  e::  vmG~r^v  r.peaÇtzi(X'f  ewç  ocizo 
o-/3(7T£p-:iwv  votJ.(ov  èy.aTov  s'izoji  [Sspouioç  •Ï>Jîa[o]uioç  Koivtou  u-aTc; 
Tov  Ta[xi'av  à-oa-zîhai  7.£[X£U7âT(i)  y.-X.].  Mais  ce  n'est  pas  cette 
phrase,  c'est  l'intitulé  de  l'acte  qu'il  convient  d'abord  de 
considérer. 

La  pierre  porte  à  la  1.  2  ^  :  IlÉpij'.cç  $6Xc'ji:r  Kc(vtcu  ulc;  ZT 
(lacune  d'environ  8  lettres)  r.xzoq  zf,'.  Q\)y/,Kr,-on  c'jvz^cSkvjqix-o 
b(  yi.o\).z-JM<.  XTA.  —  Waddington  avait  suppléé  ^-[z'/j.y-'vfx. 
'j]-aTo;  ^.  Mais,  outre  que  cette  restitution  est  un  peu  trop 
longue,  l'indication  de  la  tribu  n'est  jamais  jointe,  dans  les 
pièces  officielles,  au  nom  des  magistrats  ^.  Le  supplément 
de  Waddington,  manifestement  fautif,  n'a  trouvé  personne 
qui  le  défendît.  La  leçon  véritable  a  été  rétablie  par  Momm- 
sen  et  reproduite,  à  son   exemple,  par  les  épigraphistes  ^  fort 

1.  Ci-dessus,  p.  74.  Pour  la  date  (ci-dessus,  p.  73,  2),  cf.  Hiller  von  Gartrin- 
gen,  Inschr.  von  Priene,  p.  309  :  «  gehort  [das  S.  C]  ins  Jahr  135  (nicht  136), 
wie  die  KonsullisLe  CIL,  I  -,  p.  148  erweist...  » 

2.  Voir  le  fac-similé  de  la  partie  gauche  de  l'inscription  dans  Hiller,  ihid. 
41  :  à  la  1.  2,  les  lettres  2T    sont  parfaitement  lisibles. 

3.  Waddington,  Inscr.  d'Asie  mineure,  III,  n.  193,  p.  77;  il  a  essayé  ailleurs, 
mais  sans  succès,  de  justifier  cette  restitution  (iit'd.  n.  588,  p.  197). 

4.  Voir  Mommsen,  Ephem.  epigr.  I,  156  (mémoire  qui  n'a  pas  encore  été 
reproduit  dans  les  Ges.  Schriften]  :  «  Supplemento,  quod  proposuit  Waddington , 
2T[£XXaTtva  iiJTzaxo;  obstat,  quod  in  instrumentis  publicis  magistratuum 
nominibus  numquam  quod  sciam  tribus  adscribitur  »  ;  cf.  P.  Foucart,  Mém. 
Acad.  Inscr.  XXXVII,  ii,  319,  4  ;  Bev.  Philol.  1899,  238. 

5.  Hicks,  Inscr.  Brit.  Mus.  III,  405  a:  Viereck,  XIV  ;  Dittenberger,  Sylloge^, 
313;  Hiller  von  Gârtringen,  Inschr.  von  Priene,  41  ;  cf.  Miinzer,  P-W,  VII, 
248,  s.  V.  Fulvius,  64. 


102  CHAPITRE    DEUXIÈME 

nombreux  qui,  depuis  Waddington,  ont  réédité  le  texte  du  séna- 
tus-consulte,  notamment  par  les  deux  plus  dilig-ents,  E.  L. 
Hicks  et  Fr.  Hiller  von  Gartringen,  qui,  l'un  et  l'autre,  ont 
publié  le  document  d'après  l'orig-inal  \  Cette  leçon  est  a-\poL- 
TY]Ybç  ujza-oç  ;  elle  ne  peut  faire  doute  un  instant  2,  Si  on  l'a  con- 
testée, sans  du  reste  y  rien  substituer,  c'est  simplement  qu'elle 
avait  le  tort  d'être  en  désaccord  avec  un  système  préconçu. 

La  restitution  de  Mommsen,  a-t-on  dit  ^,  «  est  d'autant 
moins  acceptable  ici  que,  dans  le  même  acte,  nous  trouvons 
à  la  1,  13  la  traduction  officielle  [Hapouioç  <I>]ôa[s]uioç  Kcivtou 
uTraicç  ».  Raisonnement  étrang-e,  inspiré  par  un  parti-pris 
trop  déclaré,  et  qui  n'est  qu'une  pétition  de  principe  quelque  peu 
audacieuse.  On  commence  par  décider,  pour  écarter  axparrjYÔç 
uzaToç,  qu'  uTraxoç  est  la  traduction  officielle  ou  même  la  seule 
traduction  possible  de  consul  '*  :  c'est  le  sûr  moyen  d'avoir 
cause  gagnée.  Mais,  cependant,  voyons  les  choses  comme  elles 
sont.  Le  sénatvis-consulte  offre  deux  traductions  différentes  de 
consul  :  dans  le  praescriptum^  a-Tpa-'/iyb;  ii-aTcç,  et,  dans  le 
corps  du  texte,  u7;aTCç.  Des  deux,  quelle  est  la  traduction 
officielle  ?  En  raison  de  la  place  qu'elle  occupe,  c'est  manifes- 
tement la  première;  et,  dès  lors,  il  est  clair  que  la  seconde 
n'est  qu'une  traduction  simplifiée. 

On  voit  sans  peine  quelles  conséquences  se  doivent  tirer  de 
là.  H.  Dessau,  l'éditeur  des  Gesammelfe  Schriften  de  Momm- 
sen, admettant,  comme  il  est  nécessaire,  la  restitution  a-paT-zjYOç 
ij7:aT5ç,  estime  que  le  sénatus-consulte  de  Priène  demeure, 
dans  la  théorie  nouvelle  que   nous   discutons,  «  une  énigme 


1.  Hicks  écrit  (i/)£d.)  :  «  In  Une  2  aT[patYiYÔç  u]7i:aToç  is  the  certain  reslora- 
lion  of  Mommsen. .  .  » 

2.  La  restitution  est  si  naturellement  indiquée  que  l'idée  en  était  venue 
d'abord  à  Waddington  [Inscr.  d'Asie  mineure,  111,  n.  58S,  p.  197)  :  «  On  serait 
tenté  peut-être  d'écrire...  a~pa-riyo;  uTraxo;,  mais  ce  serait  une  grave  erreur.  » 

3.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1899,  259.  Le  même  savant  (ibid.)  exprime, 
d'ailleurs  avec  grande  réserve,  Thypothèse  qu'il  y  eut  peut-être  «  une 
erreur  dans  la  copie  remise  au  lapicide  »,  erreur  qui  aurait  consisté  dans 
l'addition  de  aTpa-rjyo;  devant  uTiaToç.  L'hypothèse  n'a  aucune  vraisemblance; 
si  le praescriptnm  du  sénatus-consulte  avait  été  retouché,  on  n'eût  pas  man- 
qué d'ajouter  'Pwaat'wv  après  ur.xxoi. 

4.  P.  Foucart,  i/)it7. 


CONCLUSION  1 03 

insoluble  •  ».  Ce  n'est  point  assez  dire.  Le  sénatus-consulte 
de  Priène  fait  paraître  k  plein  la  vanité  de  cette  théorie.  Il 
suffit  de  le  lire  pour  voir  s'évanouir  toutes  les  inductions 
qu'on  avait  pensé  tirer  de  la  présence  d'J7:aTs;  dans  les  séna- 
tus-consultes  pour  Thisbé,Narthakion  et  Messène.  En  effet,  le 
titre  ■JTza.xcç  est  employé,  dans  ces  trois  documents,  hors  des 
praescripta,  dans  le  corps  du  texte,  in  nai'ratione,  c'est-k- 
dire  de  la  même  façon  exactement  qu'à  la  1.  13  du  sénatus- 
consulte  de  Priène.  Or,  puisque  l'emploi  qu'on  en  a  fait  en 
ce  dernier  passag-e  n'empêche  pas  que  (j-:py.-:r,^(cç  uTra-rcç 
figure  dans  le  praescriptum  de  l'acte,  l'emploi  fait  du  même 
terme  dans  les  passages  analogues  des  trois  autres  séna- 
tus-consultes  ne  saurait  empêcher  que  atpaTTjVbç  uTraToç  fût, 
quand  on  les  vota,  le  titre  officiel  des  consuls.  Ce  que  montre 
le  sénatus-consulte  de  Priène,  c'est  qu'  'jr.yr.oz  n'est  partout 
qu'un  titre  abrégé,  une  appellation  courante  ~.  Si,  lorsque 
furent  rendus  les  sénatus-consultes  pour  Thisbé,  Narthakion 
et  Messène,  un  consul  aA^ait  présidé  le  Sénat,  il  eût  été  dit, 
dans  les  intitulés  de  ces  trois  actes,  jTpaTYjYo?  O'raToç,  comme 
ce  fut  justement  le  cas  pour  Ser.  Fulvius  Flaccus  ;  et  il  est 
sûr  à  présent  qu'ainsi  que  l'indiquaient  les  suscriptions  de 
leurs  lettres,  C.  Fannius  et  L.  Galpurnius  Piso  furent  dési- 
gnés de  la  sorte  en  tête  des  deux  sénatus-consultes  relatifs, 
l'un  aux  Juifs,  et  l'autre  aux  villes  d'Itanos  et  de  Hiérapytna. 

III.  —  Conclusion. 

Nous  pouvons  donc  affirmer  ce  qui,  a  priori,  paraissait  si 
vraisemblable  :  l'évolution  du  titre  consulaire  a  été  la  même 
dans  les  actes  du  Sénat  que  dans  ceux  des  consuls. 

1.  Mommsen,  Ges.  Schriften,  VIII,  260,  3  :  «  AUerdings  bildet  dann  das 
Senatusconsult  ans  Priène  ein  ungelostes  Ràtsel  »  (Note  de  H.  Dessau). 

2.  Même  interprétation  chez  Mommsen,  des.  Schriften,  VIII,  261  ;  Ephem. 
epigr.  I,  156  ;  chez  Viereck,  21,  2  ;  chez  Mentz,  8;  chez  Magie,  8.  Je  cite  Mentz, 
qui  est  particulièrement  précis  :  «  Quod  ita  factum  est,  ut  antiquiini  nomen  in 
quihusdam  formulis  sollemnihiis  adhiberelur  :  a-paTTiyo;  ■j;:aTo;  tr;  a'JY'CArlxM 
auvePouXsJaaTO, —  arpaTTriyôç  uTtaroç  x^  PouXt)  xal  tw  otÎjxw...  yatpsiv  similibus, 
ceterum  vero  recentibiis  nomen  magis  trilum  esset;  quod  npfime  observare 
possumns  in  Scto  de  Prienensihus  anuo  ôiQ/lSô  fado,  cuius  in  initia  adest 
formula  sollemnis  —  ;  sed  paullo  post  in  coniextu  idem  vir  appellalur 
SÉpouto;  <î»oXo'j!o;  KoÎvtoj  'J-7.-0;.  >' 


104  CHAPITRE    DEUXIÈME 

Au  temps  le  plus  ancien  que  nous  puissions  atteindre 
(premières  années  du  ii"^  siècle),  le  titre  solennel  attribué  dans 
ces  actes  au  consul  fut  a-poL-Ti'^lz  'j-x-c^ç,  le  même  dont  fai- 
saient emploi  les  consuls  en  s'adressant  aux  Grecs,  le  même 
dont  se  servirent,  par  exemple,  T.  Quinctius  et  L.  Cornélius 
Scipio.  C'est  ce  que  montre  notamment  la  déclaration  de 
Corinthe.  Mais,  dans  le  langage  courant,  ce  titre  devait  s'abré- 
ger et  s'abrégea. 

Nous  avons  constaté  qu'en  189,  peut-être,  à  la  vérité,  par 
l'effet  d'une  influence  hellénique,  c-py:-r,-(h:;  •Jr.oizoq  se  trouve 
remplacé,  dans  le  corps  d'un  acte  public,  par  c-rpa-r^yic.  Cepen- 
dant, la  forme  abrégée  du  titre  consulaire  fut,  à  l'ordinaire  et 
régulièrement,  •jr.x-oç.  J  ai  dit  pour  quelle  raison  cette  forme 
devait  être  préférée  :  elle  permettait  de  distinguer  immédiate- 
ment le  consul  du  préteur.  C'est  le  sénatus-consulte  de  170 
pour  les  Thisbéens  qui  en  offre,  dans  le  corps  du  texte,  le 
plus  ancien  exemple. 

A  la  longue,  ce  titre  simplifié  devint  l'appellation  solen- 
nelle et  prit  place  dans  les  praescripta  des  actes  sénatoriaux  ; 
uTraToç  se  substitua,  dans   ces  praescripta,  à  aipaT-^YC?  uT^axcç. 

Ce  changement,  comme  on  le  voit  par  le  sénatus-consulte 
dit  de  Priène  (ann.  135),  où,  dans  l'intitulé,  Ser.  Fulvius  est 
encore  dit  G-py.-r,'(z:  uzaTs;,  ne  se  produisit  qu'après  135-130. 
Il  est  probable  qu'il  s'accomplit  dans  le  dernier  quart  du 
II*  siècle.  Il  se  pourrait  toutefois  que,  par  attachement  à  la 
tradition,  on  eût  maintenu  l'ancien  titre  de  (7Tpar/)Ybç  u-iza-oq 
dans  la  terminologie  officielle  des  sénatus-consultes  jusqu'aux 
approches  du  i*^""  siècle.  Mais,  faute  de  documents,  c'est  un 
point  que  nous  ne  saurions  décider.  Nous  sommes,  par 
exemple,  hors  d'état  de  savoir  si,  dans  le  sénatus-consulte  de 
112  pour  les  Technites  dionysiaques —  où,  dans  le  corps  du 
texte,  se  trouve  deux  fois  le  mot  'jr.oi-oç  (1.  62,  64)  — ,  c'est 
c-px-T,yhç  j-a-raç  ou  JzaTo;  qui  doit  être  rétabli  à  la  1.  3  ',  après 
le  nom  de  L.  Calpurnius  Piso  (Caesoninus). 

1.  G.  Colin  avait  d'abord  admis  la  première  restitution  (BCH,  1899,  17)  ; 
depuis,  il  a  préféré  la  seconde  Fouilles  de  Delphes,  III  (2),  7S  ;  82-83\  mais 
simplement  ])our  se  conformer  à  la  théorie  maintenant  en  vogue.  Notons  que 
ce  changement  l'oblige  à  donner  à  L.  Calpurnius  ses  deux  cognomina,  Piso  et 
Caesoninus,  ce  qui,  en  raison  de  la  date  du  document,  ne  laisse  pas  d'être  peu 
vraisemblable  (voir  la  remarque  de  G.  Colin  lui-même,  ibid.  83). 


CHAPITRE    TROISIÈME 

Observations  critiques  sur  l'appellation 

STPATuros  rriATOS. 

Il  est  établi  que  aipa-r'/iYoç  uTra-oç  fut  le  terme  de  la  langue 
officielle,  qui,  en  Grèce  et  à  Rome,  dès  le  commencement  du 
II''  siècle  et  certainement  plus  tôt,  servit  à  désigner  le  consul. 
Je  me  propose,  dans  les  pages  qui  suivent  — où  l'hypothèse 
tiendra  nécessairement  une  assez  grande  place  — ,  de  recher- 
cher comment  est  née  cette  appellation,  d'en  expliquer  la  for- 
mation, la  signification  première  et  l'origine. 

I.  — Analyse  grammaticale  de  rappellation. 

11  importe,  à  cet  effet,  de  la  soumettre  à  une  exacte  analyse. 
Le  premier  élément,  a-po^x-q^^ô:,  est  manifestement  un  sub- 
stantif. Mais  quelle  est  la  valeur  grammaticale  du  second, 
uTra-ro;?  Ce  mot  est-il  un  adjectif  attributif  qualifiant  cxparr;- 
vôç,  ou  un  adjectif  employé  substantivement,  devenu  substan- 
tif et,  comme  tel,  joint  à  G-py.xr,^(bq  par  apposition'?  Autre- 
ment dit,  la  locution  a-t-elle  été  formée  d'un  substantif 
(a-paTr,Y2ç),  et  d'un  adjectif  ['jr.aio:)  qui,  se  rapportant  à  a-pa- 
TYJYÔ;,  le  détermine,  ou  bien  réunit-elle  deux  substantifs  jux- 
taposés (aipa--/;';;;,  u~y-oz)2 

Autrefois,  les  critiques  —  à  la  seule  réserve  de  Boeckh  ~  — 
n'hésitaient  point  à  croire  qu'  j-a-sç  fût  un  adjectif  déter- 
minant   aTpatr,Y;;.    C'est    ainsi    que    Perizonius  ■",    devançant 

1.  Dans  la  théorie  récente  qne  j'ai  combattne,  il  est  évident  qu'  uTtaioç 
est  considéré  comme  étant  dès  roriy:ine  un  adjectif  pris  substantivement.  Par 
là  cette  théorie  se  rattache  à  celles  de  Boeckh,  de  Biittner-Wobst  et  de 
Hultsch. 

2.  Boeckh,  CIG,  I.  ad  n.  1770,  p.  862. 

3.  Perizonius,  Animadv.  hislor.  (Amstelaed.  1685),  35-36.  Il  vaut  la  peine  de 
citer  ici  —  Mommseu  s'en  étant  dispensé  —  le  texte  de  Perizonius  (ihid.  36)  : 
<.  Immo  et  conjunctim  dicebant  (Graeci)  QZpcLxr^-^ôi  ujraToç,  plane  ut  Latini 
Praelor  MaxLiniis,  quo  vim  imperii  si^uificari  et  eum  qui  maximi  sit  imperii, 
h.  e.  in  ordinario  imperio  Consulem,  in  exlraordinario  Dictatorem  designari  e 
Festo  scimus.  » 


106  CHAPITRE    TROISIÈME 

Mommsen,  traduisait  (7Tpar/;vbç  u^aTOç  par  praetor  maximus  ; 
Visconti,  par  «  commandant  suprême  de  l'armée  »  ^  ;  Wad- 
dington,  par  «  g^énéral  en  chef  )->  -.  Mommsen  s'est  prononcé 
pour  praetor  ma.rimus'\  et  cette  interprétation,  que  nous 
discuterons  plus  loin,  est  pendant  longtemps  demeurée  clas- 
sique. Aucun  de  ces  auteurs  n'a  donc  douté  du  sens  attributif 
du  mot  J-aToç.  Mommsen  déclare  expressément  que  ce  mot  est 
un  «  adjectif  »  ^. 

Mais,  dans  ces  récentes  années,  Hultsch  et  Bûttner-Wobst 
ont  soutenu  une  opinion  différente.  Tous  deux  ont  porté  leur 
attention  sur  cette  phrase  de  Polybe  (VI.  14.  2)  :  -rwv  cï  c-pa- 
TqyS>w  û-â-wv  Tîâ/av  aÙTOxpaiopa  [xèv  â-/iv-o)v  oiJva[j.f.v  v.tâ.,  et  ils 
ont  reconnu  sans  peine  —  ce  qui  semble  avoir  échappé  à 
Mommsen  —  f^ue,  dans  cette  phrase,  uza-rsç  ne  peut  être 
qu'un  substantif  formant  apposition  à  crtpa-rrjYcç^.  — Effecti- 
A^ement,  si  ono^ioç,  était  ici  un  adjectif,  il  n'eût  pas  été  plus 
loisible  à  l'historien  d'écrire  tûv  oï  c-par^Ytov  û-kCctwv  que,  par 
exemple,  tûv  àvcpwv  aYaOoJv.  La  correction  du  langage  eût 
nécessairement  exigé,  soit  twv  oè  GTpaTrjVÔJv  -ïwv  ÛTraTojv,  soit 
Twv  o'  67;aT(i)v  (j-cparq-fSiv.  Donc  nul  doute  que,  pour  Polybe, 
'J-3C-0Ç,  dans  l'expression  G-py-Ti'fo:  u-a-zq,  soit  un  substantif. 

La  chose,  aussi  bien,  n'a  rien  d'inattendu.  Nous  avons  vu 
que  chez  Polybe,  G-axoç,  employé  seul,  est  très  souvent  pris 
substantivement  au  sens  de  consul  et,  plus  spécialement,  de 


1.  Visconti,  Joiirn.  des  Savants,  1816,  24. 

2.  Waddington,  Inscr.  d'Asie  Mineure,  III,  n.  588,  p.  197. 

3.  Mommsen,  Ges.  Schriflen,  \lll,  260;  Staatsrecht,  U^,  76;  194.  ^'oi^  ci- 
après,  p.  114  et  siiiv. 

4.  Ges.  Schriften,  VIII,  260  :  «  Deinde  —  in  praelore  maxinio  substanti- 
vum  omitti  coeptiim  est,  adiectivo  solo  retento.  » 

5.  Hultsch,  xiii  :  «  Nam  si  u-aTwv  hic  adiectivi  quod  attribiitivum  vocant 
loco  Polybius  adhibuisset,  ciim  articule  tôjv  a-paxr,Ywv  urà-wv  non  magis 
poluissetscribere  quam  exempli  fj^ratia  twv  av5pwv  ayaOïTjv  eqs.  »  ;  —  Biittner- 
Wobst,  167  :  «  Wenn  Polybios,  wie  Mommsen  >vill,  unter  arpaTriyôç  G-aTo; 
den  praetor  maximus  verstanden  batte,  so  miisste  u::axo;  selbstverstiindUch 
das  attributive  Adjectiv,  aTpa-Yiyô;  das  Substantiv  sein.  Dann  wâre  es  aber 
nach  den  Gesetzen  der  griechischen  Sprache  unmoglich  tûv  §£  Qzç,azf\-(S'yj 
ujcaTwv  zu  sagen,  sondern  entweder  hatte  Polybios  xwv  oè  a-parriytov  twv 
u~aTcov  oder  Ttov  ô'  uzàitov  aipaTrjYÔJV  schreiben  miissen  »  ;  —  cf.  Mentz,  14. 


ANALYSE  DE  l'appellation  STPATHrOS  THATOS        107 

consul  exerçant  Vimperium  clomi  '.  Puisque  Poiybe  a  d'or- 
dinaire, comme  eût  dit  Vaug-elas,  <(  substantifîé  »  ce  mot,  on 
n'a  pas  lieu  dètre  surpris  que,  le  joignant  à  aTpaTYJYs;,  il  en 
ait  encore  fait  un  substantif.  C'est  ce  que  Mentz  explique  très 
bien  ~  :  «  ...  permultis  locis  Polybius  vocabulum  substantive 
usurpât...;  itaque  cum  îl-aioç  sua  aetate  substantive  iani 
adhiberetur,  a-py-r,yl'^  ■Jr.y.-.zv  duo  esse  substantiva  putavit 
atque  ita  adliibuit^  vel  singula,  vel  eliam  coniuncta.  » 

Dans  les  inscriptions  où  se  rencontre  l'expression  aTpaTVJYo; 
uTCaTOç  (ou  TTpxr/jvb;  àv6jzaTcç),  il  est  déjà  moins  sûr,  comme 
l'ajustement  remarqué  Mentz  ^^  qu'  uTraTOc  (ou  àvGj-aTcç)  soit 
un  substantif.  Effectivement,  l'usag-e  qui  y  est  fait  de  cette 
expression  ne  laisse,  en  général,  rien  discerner  à  cet  égard. 
On  la  trouve  placée,  soit  avant,  soit  après  un  nom  propre, 
sans  que  arpaT'/;';:;  soit  précédé  de  l'article.  En  de  telles  con- 
ditions, rien  n'empêcherait  qu'  u7:aTc;  fût  un  adjectif  détermi- 
nant cTpaTYjviç.  Toutefois,  G-xt:;  ayant  pu  d'assez  bonne 
heure  être  employé  substantivement,  comme  abréviation  du 
titre  consulaire,  dans  les  documents  épigraphiques,  on  croira 
volontiers  que,  de  même  que  Poiybe,  les  rédacteurs  de  ces 
documents  donnaient  à  ce  mot,  même  joint  à  a-upaT-^Y^î)  ^^ 
valeur  d'un  substantif. 

Le  décret  de  Lampsaque  en  l'honneur  d'Hégésias  ''  semble 
même  fournir  une  indication  précise  en  ce  sens.  Les  1.  67-68 
ont  été  restituées  comme  il  suit  :  [àvvfavjev  ajTo[ù]ç  y;  q'j'(%\t,- 
Toç  '^pbç  Tb[v  ':wv  'Po)[j.a'i«v  jTpa-rf/Jbv  uTraTOv  Titov  xtà.  •''  Ces 
suppléments,  que  j'ai  contrôlés  sur  le  marbre  et  les  estam- 

1.  Cf.  ci-dessus,  p.  -16  et  suiv. 

2.  Mentz,  14-13.  Cf.  Hultsch,  xiv  :«...illud,  quod  olim  adiectivum  fuit  ita  in 
substantivi  usum  abiisse  existimo,  ut  etiam  ad  a-patrivov  appositum  vim  sub- 
stantivam  servaverit.  » 

3.  Mentz,  14  :  «  Neque  vero  ob  id,  quod  scriptor  (Polybius)  axpaTTjyoy 
û-aTov  duo  esse  substantiva  in  structura  appositiva  copulata  putat,  etiam  in 
titulis  eodem  modo  usurpatum  esse  existimare  debemus.  » 

4.  Dittenberger,  Sylloge  ",  27b. 

3.  On  remarquera  qu'à  la  1.  67,  il  est  indispensable  de  restituer  twv  avant 
PwjjLaiwv  ;  comp.  1.  17  ;  [twi  atJpa'ïJYtut  xwv  'Po>[j.xtcov  Twt  £7:1  tûv  va[u"t/.tov 

AE'JXiOJl]. 


10(S  CHAPITRE    TROISIÈME 

pages,  peuvent  être  acceptés  avec  confiance  '  ;  la  place  fait 
certainement  défaut  pour  insérer  tsv  après  G-px-r,ybv  et  avant 
u'Â;aTov.  Ainsi,  dans  ce  décret,  qui  date  de  l'année  196  ou  qui 
est  à  peine  plus  récent,  le  mot  ur.x-o:  est  traité  comme  un 
substantif;  il  est  probable  qu'il  en  a  été  de  même  dans  les 
autres  inscriptions  de  la  même  époque.  Aussi  haut  que 
remontent  nos  documents,  l'expression  G-pocrti^foç  •Jzxzoq  appa- 
raît donc  comme  formée  d'un  substantif  et  d'un  adjectif  pris 
substantivement. 

Mais  en  avait-il  été  ainsi  de  tout  temps?  et  le  mot  uTraioç, 
uni  à  îTpaTY;Yiç,  a-t-il  toujours  tenu  l'emploi  de  substantif? 

C'est  ce  qu'ont  prétendu.  Hultsch  ~  et  Biittner-Wobst  >^, 
reprenant  et  développant  une  indication  de  Boeckh  ^.  «  Pour 
exprimer  l'idée  contenue  dans  le  mot  consul,  dit  Bûttner- 
Wobst,  les  Grecs  se  sont  servis  de  deux  substantifs  ^.  »  11 
ajoute  que  le  fait  ne  laisse  pas  d'être  «  singulier»,  et  cet  aveu 
a  son  prix.  Ce  qu'on  doit  dire,  c'est  que  le  fait,  s'il  était 
avéré,  serait  extraordinaire.  Mais  il  s'en  faut  que  la  vérité  en 
soit  établie.  —  En  effet,  Bûttner-Wobst  n'est  parvenu  à 
expliquer  ni  pour  quelle  raison  le  titre  de  aipar^vi;  aurait  dû 
être  originairement  renforcé  d'un  second  titre,  ni  quelle  aurait 
été  la  signification  de  ce  second  titre  —  'Jr.xioç  —  qu'on  y 
aurait  joint.  Faute  de  mieux,  il  se  trouve  réduit  à  reporter  et, 
si  l'on  peut  ainsi  parler,  à  projeter  dans  le  passé  le  plus  loin- 
tain la  distinction  factice  que  Polybe  s'est  plu  souvent  (mais 
non  toujours)  à  établir  entre  a-pa-ri^b:  et  jTTaTcç  ^  ;  il  est  d'avis 
qu'à  Rome  le  consul,  selon  qu'il  exerçait  ses  fonctions  en  paix 
ou  en  guerre,  prenait  le  titre  ou  de  consul  ou  de  praetor  ;  il 
déclare  qu'en  conséquence,  «  dès  les  temps  les  plus  anciens  », 

1.  Je  rappelle  que  les  inquiétudes  critiques  exprimées  par  BiUlner-Wobst 
(167,  3)  ne  sont  pas  justifiées  ;  cf.  ci-dessus,  p.  39,  note  1. 

2.  Hultsch,  xni-xiv. 

3.  Biittner-Wobst,  167-169. 

4.  Boeckh,  CIG,  l,  ad  n.  1770,  p.  862. 

5.  Biittner-Wobst,  167  :  «  Somit  ■wilrde  sich  die  eigentûmiiche  Thatsache 
erg-eben,  dass  die  Griechen,  um  den  BegrilT  consul  oder  nach  dem  alten 
Sprachgebrauch  praetor  ausz.udriicken,   sich  zweier  Substantiva  bedienten.  » 

6.  Bïlttne^-^^'obst,  167-169.  Sur  l'emploi  spécial  que  fait  volontiers  Polybe 
des  termes  arpaTriyo';  et  u-aToç,  cf.  ci-dessus,  p.  46  et  suiv. 


ANALYSE    DE    LAPPELLATION    STPATIIfOS    l'IIATOS  i  09 

uTca-Toç  désignale  consul  pourvu  de  V imperiuni  clomi  [consul), 
tandis  que  aTpar/JYÎç  s'appliquait  au  consul  muni  de  Yimpe- 
rium  militiae  [praetor),  et  qu'ainsi  la  double  dénomination  de 
a-pocvqYoq  uTûaToç  fut  imaginée  pour  donner  idée  de  la  double 
compétence,  militaire  et  administrative,  du  consul  *.  Mais  il 
est  difficile  de  prendre  au  sérieux  ces  assertions  qui  ne  sont 
que  des  hypothèses.  Encore  qu'elles  en  aient  grand  besoin, 
leur  auteur  néglige  de  les  appuyer  d'aucune  preuve.  Comme 
le  dit  Magie,  «  quo  modo  factuni  sit,  ut  vocahulum  {IzaTc;  eum 
qui  imperium  domi  habet  sive  consulem  signifîcet  non  docet, 
et  mihi  quideni  nihil  probare  videtur  ~  ».  Et  l'on  jugera  sans 
doute  assez  fondée  cette  observation  de  Mentz  :  «  ...  ego 
Romanos  tertio  a.  C.  vel  priore  saeculo  tanta  diligentia  et  ele- 
gantia  potestatem  duplicem  consulis  significasse  vel  omnino 
signifîcare  potuisse  credere  non  possum...  ^  » 

Au  reste,  comme  j'ai  eu  déjà  l'occasion  de  l'indiquer  ^,  il 
ne  serait  pas  concevable  que  le  mot  uTîaTo;  qui,  de  sa 
nature,  n'est  autre  chose  qu'un  adjectif  au  superlatif  '^,  fût 
devenu  d'emblée  le  titre  d'un  magistrat,  celui-ci  occupât-il 
le  plus  haut  rang  dans  la  hiérarchie  des  fonctions  publiques. 
Boeckh  '%  commentant  1  expression  (jipaTYJYÔç  UTraxoç,  a  bien 
pu  dire,  avec  une  concision  excessive  et  sans  donner  ses 
raisons  :  u  u7:a':s;  me  indice  non  summus  est  adiective... 
sed  consul  »  ;  et  l'on  a  pu  déclarer  ",  après   lui,  qu'  u7îa-oç, 

1.  Biittner-Wobst,  168  :  «  So  wurde  mit  deni  zwiefachen  Titel  aT^a-riyôç 
û-axo;  in  nicht  ungeschickter  Weise  die  eigentiinaliche  Doppelnatur  des  Con- 
suls, insofern  er  das  imperium  militiae  und  domi  hatte,  ausgedriickt.  » 

2.  Magie,  6,  not.  7. 

3.  Mentz,  14-15. 

4.  Ci-dessus,  p.  67. 

5.  Sur  le  caractère  superlatif  du  mot  uraTo;  (:^  ursoTaToç),  cf.  Kûhner- 
Blass,  Ausfûhrl.  Grammat.  I,  574. 

6.  Boeckh,  ibid.  :  «  ...  Sollemni  denominatione  vocatur  a  sese  (T.  Quinc- 
tius)  aTpaTT)Yo;  uTcaTO^  'Pcoij-aîtov,  omnibus  locis  post  consuiatum  :  nihilominus 
uTiaxoç  me  iudice  non  summus  est  adiective,  quod  volebat  Viscontus,  sed 
consul, quod  nndum  avOjTrato;  dicebatur  ea  aetate.  » 

7.  Bûttner-Wobst,  167-168  :  <i  Eigentûmlich  ist  die  zweite  Bcnennung 
UTiaxo;,  womit  natiirlich  ursprûnglich  «  der  Hochste  »  bezeichnet  wird. . . 
Genug  ÙTcaTo?  verlor  frùhzeitig  die  ursprûngliche  Bedeutung  und  bezeichnete 
als  staatsrechtlicher  Kunslausdruck  substantivisch  den  Consul,  adjectivisch 
das  was    zum   Consul  gehôrt.» 


110  CHAPITRE    TROISIÈME 

adjectif  qui  «  sig-nifiait  naturellement  le  plus  c7cue',  perdit  très 
tôt  ce  premier  sens  »  et  devint  «  artificiellement  »,  sous 
forme  de  substantif,  la  traduction  ou,  selon  Bûttner-Wobst  et 
Hultsch,  Tune  des  deux  traductions  de  consul.  Mais  c'est  ce 
qu'il  importerait  de  démontrer.  Les  essais  d'explication  tentés 
par  Bûttner-Wobst  sont  d'une  niaiserie  pitoyable.  «  Peut-être, 
écrit-il  -  sérieusement,  l'emploi  du  mot  uza-oç  pour  sig-nifier 
consul  doit-il  son  orig-ine  à  un  certain  servilisme  des  Grecs  de 
la  Basse-Italie  »  ;  ou  a  peut-être  ceux-ci  »,  lorsqu'ils  s'avisèrent 
de  faire  usag-e  de  ce  mot,  «  avaient-ils  présent  à  l'esprit  le 
consul  en  costume  triomphal,  image  vivante  de  luppiter  Capi- 
tolinus  ...»  Ce  serait  perdre  sa  peine  que  de  discuter  ces 
rêveries.  Du  moins  Bûttner-Wobst  s'est-il  aperçu  de  la  diffi- 
culté qu'avait  esquivée  Boeckh.  Il  s'est  rendu  compte  qu'entre 
\j~a-zq  adjectif,  et  j7;a-o;  substantif  traduisant  consul,  la  dis- 
tance est  grande.  Il  confesse  implicitement,  par  les  étrangetés 
de  son  exégèse,  qu'il  ne  sait  comment  elle  fut  franchie. 

Sitôt  qu'on  y  fait  réflexion,  il  paraît  évident  qu'avant  de  se 
transformer  en  substantif  et  de  prendre  place,  en  cette  qua- 
lité, dans  la  locution  GXpaxr,Yoi  •jr.axoq,  le  mot  G-axoç  aurait  dû 
faire  partie  de  quelque  autre  expression  composée,  où,  en 
qualité  d'adjectif,  il  aurait  déterminé  un  substantif  susceptible 
de  servir  de  titre  à  un  mag-istrat  et  désignant  le  consul.  C'est 
seulement  par  l'ellipse  de  ce  substantif  qu'il  serait  à  son  tour 
devenu  substantif  et  l'équivalent  de  consul. 

Ceci  a  été  bien  vu  par  Hultsch.  Il  suppose  qu'à  la  plus 
ancienne  époque,  'Jr.axzç,  adjectif,  était  joint  à  cipy^bi^K  Le  con- 
sul aurait  été  d'abord  appelé  apy/ov  'J-y.-.oç^.  Puis,  ap'/o)v  serait 
sorti  de  l'usage,  et  le  déterminatif  u-raTcç,  se  muant  en  sub- 
stantif, aurait  gardé  à  lui  seul  tout  le  sens  de  l'ancienne 
expression  composée.  C'est  alors  qu'on  l'aurait  fait  précéder 
de  a-paroyi;  et  que  serait  née  l'expression  nouvelle  a-par/jybç 

1.  Sur  le  rapport  qui  existe  entre  Clraxo;  et  siimmns,  siipremus,  cf. 
H.  Schniidt,  Ilandb.  der  latein.  und  griech.  Synonymik  (Leipzig,  1889),  425- 
426. 

2.  Bûttner-Wobst,  168. 

3.  Hultsch,  XIV  :  «  ...  consoles  olim  ap/ovtE;  jzaroi,  tum  brevius  aut 
apyovTs;  aut  'j/:a-o'.  appellati  esse  videntur  eqs.  » 


ANALYSE  DE  l'appellation  STPATHrOS    rOATOS       111 

uTraTo;.  —  L'explication  a  le  mérite  d'être  logique  ;  mais  on 
voit  tout  de  suite  quelle  repose  sur  un  postulat  qui,  pour 
être  nécessaire  à  la  thèse,  n'en  est  pas  moins  dénué  de 
toute  vraisemblance.  Pour  faire  comprendre  comment  Jzx- 
Tc;  finit  par  jouer  à  côté  de  a-px-r,';bq  le  rôle  de  substantif, 
Hultsch  —  et  ce  sera  le  cas  de  quiconque  tentera  la  même 
démonstration  —  est  obligé  d'imaginer  un  changement 
radical  apporté  à  l'interprétation  en  grec  du  titre  consulaire, 
changement  dont  il  n'existe  nul  indice  et  dont  la  raison 
échappe.  Il  assure  qu'à  apyojv  'jr.a-oq,  expression  qui,  à  notre 
connaissance,  ne  fut  jamais  reçue  dans  la  titulature  officielle  ', 
s'est  substitué,  en  dernier  lieu,  G-px-ri';oç  •j-y.-.zz  :  on  serait 
curieux  de  savoir  pourquoi.  Si  le  consul  avait  d'abord  été  dit 
en  grec  apywv  îizaTOç,  tout  invite  à  croire  que  cette  dénomi- 
nation (sauf  à  s'abréger  dans  l'usage  ordinaire  en  jzaToç) 
serait  restée  fort  longtemps  son  appellation  solennelle.  On  ne 
conçoit  pas  la  prompte  et  complète  disparition  du  titre  apytà^ 
primitivement  adopté,  et  moins  encore  l'apparition  ultérieure 
du  titre  nouveau  de  c-py.-.r^^'^ôq,  de  sorte  que  la  formation  du  titre 
composé  (s-py-r^^fzz  -j-y-zz  demeure  toujours  une  énigme.  Notons, 
en  outre,  que  le  dédoublement  de  l'appellation  consulaire  en 
deux  substantifs  est  ici  chose  d'autant  plus  singulière  que, 
selon  la  théorie,  l'abréviatif  uzaTs;  serait  vite  devenu  à  lui 
seul,  par  la  chute  d'ap/iov,  l'équivalent  intégral  d'ap-/wv  iJzaTsç, 
c'est-à-dire  de  consul.  Sans  doute,  Hultsch,  dont  les  conclu- 
sions se  trouvent  d'accord  avec  celles  de  Bûttner-Wobst,  est 
d'avis  que,  par  le  titre  nouveau  de  tj-px-x-q-fb:,  on  prétendit 
mettre  en  relief  le  caractère  militaire  du  consulat.  Mais  c'est  à 
quoi,  semble-t-il,  on  aurait  du  d'abord  penser;  et,  assurément, 
on  n'y  aurait  guère  pensé  aussi  longtemps  qu'on  se  serait  con- 
tenté d'appeler  le  consul  j:p-/o)v  'j-a^zç,  puis  'j-rzx-oq  tout  court 
(avec  ellipse  d'à'pywv).  Il  est  superflu  d'ajouter  que  Hultsch, 
qui  affirme,  comme  Bûttner-Wobst,  que  le  substantif  'jzocizq, 

1.  L'emploi  fait  par  Polybe  et  par  l'auteur  de  répigramme  en  l'honneur  de 
Marcellus  d'  j-aTo;  ip/i^,  'j~i~oi  à.o/i  ne  prouve  naturellement  rien  pour 
l'usage  public.  L'emploi,  signalé  par  Hultsch  (xiv),  d'  «.y/o'j-zi  au  sens  de 
consumes  dans  quelques  passages  de  Polybe  (I.  24.  9  ;  38.  6  ;  39.  1  ;  IIL  109. 1  ; 
XXVIII.  16,  4  ;  cf.  ci-dessus,  p.  47,  note  G)  n'a  pas  plus  de  signilication. 


112  CHAPITRE    TROISIÈME 

faisant  suite  à  (j-rpaT-^Y^^?  désigne  expressément  le  consul 
exerçant  ïimperiu m  domi  i,  ne  réussit  pas  plus  que  lui  à  jus- 
tifier cette  téméraire  affirmation. 

La  théorie  de  Hultsch  n'est  donc  pas  recevable.  Et,  pour 
conclure,  c'est  s'engager  en  des  embarras  sans  issue  que 
d'attribuer  au  mot  u-aTCç,  dans  la  locution  c7Tpa-y;Yc;  uTraToç,  la 
valeur  originelle  d'un  substantif.  Telle  est,  à  la  vérité,  la 
valeur  du  mot  chez  Polybe  et  sans  doute  aussi  dans  nos  plus 
anciennes  inscriptions;  mais  c'est  là  un  état  de  choses  rela- 
tivement récent,  qui  ne  saurait  rien  prouver  pour  l'époque  où 
fut  créée  l'expression  composée.  Dans  cette  expression,  uTraxoç 
ne  put  être  d'abord  qu'un  qualificatif  de  cj^pavr^^bq.  Un  fait 
intéressant  sur  lequel  je  reviendrai  ^,  mais  qu'il  faut  signaler 
dès  maintenant,  confirme  cette  opinion  :  ainsi  qu'en  témoigne 
une  inscription  qui  sera  produite  en  son  lieu,  la  titulature  en 
usage  dans  les  cours  hellénistiques  a  fait  emploi  du  mot  j-aisç 
(avec  la  variante  û-spTa-oç),  et  c'est  comme  adjectif  attributif 
qu'elle  l'a  employé.  —  Au  reste,  chez  Polybe  lui-même, 
bien  qu'  u7ïa-cç  y  fasse  régulièrement  figure  de  substantif,  la 
signification  «  adjective  »  du  mot  n'a  pas  disparu  tout 
entière.  Nous  avons  dit  que  Polybe  se  sert  parfois  de  la  locu- 
tion uT.ocxoq  ôipyq  ^,  où  l'on  retrouve  u-jcto?  adjectif  avec  sa 
valeur  première,  celle  qu'il  avait  quand  on  commença  de  le 
joindre  à  uzpaxTiyôq.  D'autre  part,  le  fait,  déjà  signalé  ^  et  dont 
il  faut  se  souvenir,  qu'au  temps  de  Polybe  les  dérivés  \jr.0L-:da, 
ûzaxsjî'.v,  (j-xxvAÔq  n'existaient  point  encore,  est  aussi  l'indice 
que  l'emploi  «  substantif  »  d'  j-a-c;  ne  remontait  pas  très 
loin  dans  le  passé. 

La  conclusion  à  tirer  de  ces  remarques,  c'est  qu'on  dut 
tout  d'abord  dire  et  écrire,  non  pas  c  aTpar/;Ybç  -Jr^axoç,  mais 
b  jTpar^Y°5  °  u~ai^2?-  ^^  avait  cessé  de  s'exprimer  ainsi  dès 
le  commencement  du  ii®  siècle  et,  sans  doute,   depuis  quelque 

1.  Hultsch,  xii-xiv.  Comme  Bïittner-Wobst,  Hultsch  ne  peut  se  préva- 
loir que  de  l'usage  de  Polybe. 

2.  Ci-après,  p.  127-129. 

3.  Pol.  H.  11.  1;  ni.  40.  9;  VI.  19.  5;  21.  -4,  etc.;  cf.  ci-dessus,  p.  47.  Cette 
expression  se  trouve  aussi  chez  les  écrivains  postérieurs  ;  cf.  Magie,  76. 

4.  Ci-dessus,  p.  51. 


ANALYSE  DE  l'appellation  STPATHrOS  THATOS        113 

temps  déjà.  L'article  était  tombé,  qui  devait  précéder  G-ztsç; 
on  disait  et  on  écrivait  6  a-pa-r^Yo;  u-axoq  ;  l'ancien  adjectif 
s'était  «  substantifîé  ». 

Ce  chang-ement  apporté  à  la  forme  de  l'expression  primitive 
s'explique  par  diverses  raisons  :  par  l'habitude  qu'on  prit 
d'isoler  'jr^x-oq  de  a-rparrjYoç  et  de  s'en  servir  comme  d'abrévia- 
tif;  — par  l'influence  d'expressions  similaires,  faites  de  deux 
substantifs  juxtaposés  :  il  est  naturel  qu'on  ait  dit  G-p7.rr,'(hq 
•j-axoc  comme  on  disait  G-py.rQ'-foq  c(.-j-.o-/.ç>!x-iùÇ)  ;  —  par  le  fait 
que  a'ipa--r]Yb;  j-aToç  était  une  formule  stéréotypée  du  vocabu- 
laire officiel  :  les  inscriptions  montrent  que,  dans  les  formules 
de  cette  sorte,  à  l'époque  hellénistique  avancée,  on  laissait 
volontiers  tomber  l'article  '.  Mais,  plus  que  tout  le  reste 
peut-être,  c'est  l'emploi  fait,  dans  les  actes  publics  et  dans  les 
dédicaces,  de  l'appellation  cTpa-:/; vb;  j-aToç,  qui  contribua  à  don- 
ner le  change  sur  sa  vraie  nature  et  à  en  modifier  l'aspect. 
Dans  les  actes  publics  se  rencontraient  des  indications  épony- 
miques  telles  que  celles-ci  :  ï-::\  a-:paTT,Y(T)v  j-axwv  '[nomS]^  —  ; 
ï-l  [noms]  cjTpaTTjYwv  ÛTratcov  — ;  des  formules  comme  les  sui- 
vantes :  \_Nom\^  (TTpaT"/jYO?  'j-aTOç,  t^  GU^(^ù^T^':^ù  (Tuv£(jOuX£U(ja-:o —  ; 
repl  (I)v[/iom],  ff-pa-YjYO^  u-a-05,  asy^'J^  à-oir,7a-o  — ;  [A^'om],  axpa- 
TfjYO^  {irato;,  —  [tw  oeïvi]  —  yaipstv.  Quant  aux  dédicaces,  elles 
étaient  toutes  conçues  sur  ce  même  type:  [Nom\^  c-px-r^^fo-^  u7:a- 
Tov  'Pw[j,a{())v,  [_■(]  rShiq  —  6  of,\).oq  —  0  âoîva].  Bref,  dans  la  très 
grande  majorité  des  cas,  a-py-r^-f':,-  j-a-ro;  formait  apposition  à 
un  nom  propre.  Par  suite,  et  très  correctement,  l'article  man- 
quait devant  'j-poi-■^^-riz^  d'où  il  résultait  qu'il  manquait  aussi 
devant  l'adjeclif  attributif.  On  comprend  qu'à  la  long'ue,  sous 
l'influence  de  tels  exemples,  on  ait  omis  l'article,  même  lors- 
qu'il aurait  dû  être  inséré  entre  les  deux  éléments  de  l'appel- 
lation, et  qu'ainsi  ■j-y.-.oq  ait  pris  l'apparence  d'un  substantif 
uni  à  (7Tpa-r,Yi;  par  apposition. 


1.  Sur  cette  chute  de  l'article,  Viereck,  60;  Thumb,  Griech.  Sprache  ini 
Zeitall.  des  Ilellenismus,  152,  etc.  Noter  qu'à  Rome  les  scribes  grecs,  subis- 
sant l'influence  des  modèles  latins  qu'ils  traduisaient,  ont  dû  enchérir  encore 
sur  cette  tendance  générale. 

HOLLEAUX.    —  STpaxïiyoç  UTZaTOÇ.  8 


H4  CHAPITRE    TROISIÈME 


II .  —  STpoc-oYo;  u-aToç  est-il  la  traduction 
de  Praelor  maximus  ? 

Critique  de  la  théorie  de  Mommsen. 

Mommsen,  qui  a  bien  discerné  la  valeur  première  du  mot 

'Jr.oL-o^  dans  la  locution  Gzparriyoq  uTcatcç,  a  donné  de  Torigine 
de  cette  locution  une  explication  célèbre  que  nous  devons  exa- 
miner. Selon  lui,  (j-paTVjYsç  u'kxzoç  reproduirait  le  titre  latin  de 
praetor  maximus  \ 

La  doctrine  de  Mommsen  peut  se  résumer  ainsi  ^  ;  Les 
magistrats  dénommés  à  Rome  praetores  (préteurs)  ont  été  dits 
en  grec  ffTpar/îyoL  La  raison  en  est  que  cxpx-r^^p:;  est  la  tra- 
duction exacte  du  terme  praetor.  Puisque  les  consuls  ont 
d'abord  été  appelés  en  grec  tsxçiavq^oi  (uTuaTOi),  c'est  qu'à 
l'époque  où  l'on  traduisit  leur  titre,  ce  titre  était  en  latin  prae- 
tor. ElFectivement,  on  a  de  solides  raisons  de  croire  que /)rae- 
tor  fut  l'appellation  d'abord  adoptée  pour  désigner  les  hauts 
magistrats  de  la  République  constitués  en  collège,  savoir  :  le 
dictateur  (magistrat  extraordinaire)  ^  et  les  deux  consuls 
(magistrats  ordinaires).  Lorsqu'en  367  {==  387  a.  V.)  le  col- 
lège fut  complété  par  l'adjonction  d'un  troisième  magistrat 
ordinaire,  de  rang  inférieur  aux  deux  plus  anciens,  qu'on 
chargea  spécialement  de  rendre  la  justice,  ce  magistrat  reçut 
aussi  le  nom  de  praetor.  Le  collège  se  trouva  comprendre  ainsi, 
outre  le  dictateur,  deux  praetores  maiores  ou  maximi,  qui 
étaient  les  consuls,  et  un  praetor  minor  ou  praetor  sans  épi- 
thète,  qui  fut  le  «  préteur  »  proprement  dit  (le  futur /)?'ae^or 
urhanus)  ^.  —  C'est  ce  qu'exprima  la  terminologie  par  laquelle 

1.  Cette  explication  a  été  proposée  pour  la  première  fois  dans  l'article  bien 
connu  de  ÏEphemeris  epigraphica,  I,  223-226  =  Ges.  Schriflen,  VIII,  259- 
264  (StpaTriyôç  îi-aToç) . 

2.  Cf.  Siaatsrecht,  II^,  75-76;  193  ;  194,  1;  Ges.  Schriflen,  VIII,  259-260. 

3.  On  ne  croit  plus  guère  aujourd'hui  que  le  dictateur  ait  été  le  collega 
maior  des  consuls  :  voir  le  résume  de  Liebenam,  P-W,  V,  372,  382  ;  mais  je 
n'ai  point  à  entrer  dans  l'examen  de  cette  question. 

4.  Mommsen,  Staalsrechl,  IP,  75-76;  78;  193-194;  Ges.  Schriflen,  VIII,  259- 
260. 


CRITIQUE   DE    LA   THÉORIE   CE   MOMMSEN  US 

les  Grecs  désig-nèrent  les  hautes  magistratures  romaines  '  : 
(TTpaTYJY^;  uTzy.-oq  répondit  à  praetor  maximus  ;  (j-paTrffôç,  non 
accompagné  de  déterminatif,  fut  le  nom  donné  aux  simples 
praetores,  dont  le  premier  avait  été  créé  en  367. 

Cette  doctrine  est  au  moins  spécieuse.  Elle  compte,  encore 
aujourd'hui,  nombre  d'adhérents  ~.  Mais  il  est  visible,  dès  le 
premier  moment,  qu'elle  offre  large  prise  à  la  critique. 

1°  Que  les  consuls  se  soient  d'abord  appelés  praetores,  il 
n'y  a  point  lieu  d'en  douter  ;  mais  qu'ils  aient  porté  le  titre  de 
praetores  maximi,  c'est,  comme  Mommsen  en  doit  convenir,  ce 
que  n'atteste   sûrement  aucun  document  d'origine  romaine  ^. 

2°  Mommsen  est  d'avis  que,  peu  après  l'année  387  a.  V. 
(=  367  avant  notre  ère),  le  titre  officiel  de  consul  remplaça 
celui   de  praetor  ^.  Y  a-t-il  apparence  qu'antérieurement    à 

1.  Mommstn,  Staatsrecht,  IP,  75-76;  194,  1. 

2.  Voir,  en  dernier  lieu,  Mentz,  7;  L.  Hahn,  Rom  und  Bomanismus,  44,  etc. 
Magie  (6-8)  admet  bien  que  le  consul  s'est  d'abord  appelé  praetor  maximus 
et  que  ce  titre  a  été  rendu  en  grec  par  CTpaTTjyo;  {i-axo;,  mais  il  s'écarte  de 
Mommsen  en  ce  qu'il  ne  voit  pas  dans  arpa-ifiYOç  la  traduction  de  praetor. 
Pour  lui,  l'emploi  fait  de  a-paTrjydç  s'explique  par  la  ressemblance  des 
fonctions  afférentes  aux  praetores  romains  (consuls  et  préteurs)  et  aux  stra- 
tèges grecs.  Cette  opinion,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  est  juste  dans 
l'ensemble,  mais  c'est  par  une  évidente  erreur  que  Magie  retire  au  mot 
aTpaTïiydç  son  sens  militaire. 

3.  Mommsen,  Staatsrecht,  IP,  75,  4  ;  cf.  Bïittner-Wobst,  166  :  «  Allein 
Mommsen  musz  selbst  zugeben,  dass  die  lateinischen  Quellen  fur  diesen 
Sprachgebrauch  (praetor  maximus,  praetor  maior  bezw.  mmor). vorhandenen 
Belege  «  ungenûgend  »  sind  etc.  Lassen  wir  die  lateinischen  Zeugnisse  als 
nicht  beweiskrâftig  bel  Seite  etc.  » 

4.  Mommsen,  Slaatsrecht,  11^,  78  :  «  "Wahrscheinlich  wird  die  Einfiihrung 
des  dritten  ausschliesslich  fiir  die  Rechtspflege  bestimmten  Oberbeaniten  im 
J.  387  die  Veriinderung  der  Terminologie,  wenn  auch  nicht  unmittelbar,  her- 
beigefiihrt  haben  etc.  «  —  Mommsen  [ihid.)  rappelle  que  le  titre  officiel 
de  consul  est  déjà  donné,  dans  son  inscription  funéraire,  à  L.  Scipio 
Barbatus,  cos.  298.  La  substitution  de  consul  à  praetor  devait  donc  s'être 
accomplie  avant  le  milieu  du  v=  siècle  de  la  Ville.  —  Selon  Herzog  [Gesch. 
und  System  der  rôm.  Staatsverf.l,  689),  cette  substitution  dut  nécessairement 
coïncider  avec  l'établissement  de  la  préture  proprement  dite  :  «  ...  als  das 
Richleramt  von  der  obersten  Magistratur  abgezweigt  wurde,  war  der  Titel 
«  Konsul  »  ofl'enbar  bereits  so  herrschend  geworden,  dass  man  den  iilteren 
«  Priitor  »  fur  das  neue  Anit  verwenden  konnte.  Von  diesem  Zeitpunkt  an 
jedenfalls  war  «  Konsul  »  dereinzige  Amtstitel.»  Il  faut  reconnaître  que  cette 
opinion  est  fort  raisonnable. 


116  CHAPITRE   TROISIÈME 

cette  époque  reculée,  il  existât  déjà  en  grec  une  nomencla- 
ture arrêtée  pour  exprimer  les  titres  des  magistratures 
romaines,  nomenclature  où  le  titre  attribué  au  consul  aurait 
répondu  à  praetor  maximus"!  Mommsen  lui-même  ne  nous 
engage  nullement  à  le  croire,  car,  suivant  lui,  c'est  seulement 
«  dans  le  courant  du  v*  siècle  de  la  Ville  »  ^  (354-255  avant 
notre  ère),  c'est-à-dire  aux  environs  de  l'an  300  ~,  que  se  fixa 
cette  nomenclature. 

3''  Puisque,  selon  Mommsen,  le  titre  de  praetor,  désignant 
le  consul,  tomba  de  bonne  heure  en  désuétude  ^,  pourquoi  la 
traduction  de  ce  titre  aurait-elle  continué  d'être  usitée  dans  la 
terminologie  grecque  ?  N "est-il  pas  plus  vraisemblable  que  le 
titre  nouveau  de  consul,  remplaçant  praetor,  aurait  donné 
naissance  en  grec  à  un  titre  correspondant,  qui  se  serait  sub- 
stitué à  ff-cparr^vi;,  de  façon  qu'aucune  confusion  ne  fût  pos- 
sible entre  les  consuls  et  les  préteurs  ? 

Ces  remarques  rendent  déjà  passablement  douteux  que  le 
titre  de  o-ipaTYJYo;  'j-koc-cç  reproduise  celui  de  praetor  maximus. 
Mais  il  convient  d'aller  plus  avant.  La  théorie  de  Mommsen 
soulève,  dès  qu'on  l'examine  de  près^  une  objection  plus 
générale  et  plus  grave. 

Il  s'en  faut  que  Mommsen  ait  démontré  la  proposition  qui 
fait  le  fond  de  sa  thèse,  à  savoir  que  G-px~r,ybq  ait  été,  dans  la 
nomenclature  grecque  des  magistratures  romaines,  la  «  tra- 
duction »  de  praetor. —  Son  argumentation,  qu'il  n'a  fait  qu'in- 
diquer, est  manifestement  la  suivante  :  Praetor  [=  prae-itor) 
était  à  l'origine,  comme  en  fait  foi  l'étvmologie,  le  synonyme 

1.  Staatsrecht,  IP,  194,  1  :  «  . . .  als  dicse  j^i-iechisclie)  Terminolojjie  sich 
feststellte,  vielleicht  im  Lauf  des  5.  Jahrh.  der  Stadt...  »  Le  mot  vielleicht 
signifie  évidemment  que  la  date  proposée  est  une  date  mnxima.  Mommsen 
(même  passage)  ajoute  :  «  ...  unterschied  also  die  lateinische  (Terminolo- 
gie) die  drei  Oberbeamten  als  praetores  ma.rimi  und  praetor  schlechtweg.  » 
Mais  ceci  paraît  peu  conciliable  avec  ce  qui  est  dit  dans  Staatsreclit,  113, 
78  (passage  cite  plus  haut). 

2.  Cf.  ce  que  dit  Mommsen  du  titre  grec  de  Srjaapyo;  désignant  les  tribuns 
{Staatsrecht,  III,  145,  2)  ;  il  ^pense  qu'il  n'entra  en  usage  que  «  postérieure- 
ment à  la  loi  Ilorlensia  »  (ann.  2S7). 

3.  Mommsen,  Slaatsrecht,  IP,  78-79. 


CRITIQUE    DE    LA    THÉORIE    DE    MOMMSEN  117 

de  dux  ;  ce  titre  désignait  le  «  chef  de  guerre  ».  En  grec,  j-rpa-rv;- 
Yîç  avait  un  sens  identique  '.  Le  titre  de  a-:paTY]Y:ç,  que  nous 
trouvons  attribué  constamment  aux  préteurs  et  anciennement 
aux  consuls,  fut  donc  choisi  par  les  Grecs  comme  le  plus  propre 
à  rendre  l'idée  contenue  dans  le  mot  latin  practor.  Entre  prae- 
tor  et  ffTpxTYjv;-  il  existe  une  corrélation  nécessaire.  D'où  il 
faut  conclure  que  l'emploi  fait  par  les  Grecs  de  s-^3.-T{^hz  pré- 
suppose toujours  l'emploi  fait  par  les  Romains  de  praetor. 
Appliqué  aux  consuls,  G-:px-r,yi;  a  dû  «  traduire  ^^  praetor,  tout 
de  même  qu'il  le  «  traduit  »  quand  il  est  appliqué  aux  préteurs. 

A  première  vue,  rien  là  que  desimpie.  Mais,  à  la  réflexion, 
cette  argumentation  ne  paraît  pas  fort  solide. 

Elle  implique  d'abord  un  postulat  des  plus  hasardeux. 
Considérer  a-rpar/jyôç  comme  la  «  traduction  »  de  praetor, 
c'est  admettre,  dès  les  temps  les  plus  anciens,  l'existence 
d'une  terminologie  grecque  respectueuse  de  la  signification 
étymologique  des  mots  latins  qu'elle"  interprète,  et  se  super- 
posant de  la  façon  la  plus  exacte  à  la  titulature  romaine.  Or, 
les  faits  sont  bien  éloignés  de  nous  montrer  rien  de  semblable. 
Ce  qui  paraît  avéré,  c'est  que  les  Grecs  ne  prirent  point 
d'abord  souci  de  traduire  les  titres  des  magistrats  romains. 
Pour  les  exprimer  en  leur  langue,  ils  recoururent  —  ce 
qui  était  fort  différent  —  au  système  des  équivalents  '-.  Ils 
visèrent,  autant  que  la  chose  leur  fut  possible,  à  rendre  mani- 
feste le  caractère  de  chaque  magistrature  romaine  tel  qu'il 
leur  apparaissait,  en  appliquant  à  celui  qui  l'exerçait  le  titre 
du  magistrat  grec  dont  les  fonctions  semblaient  offrir  avec  les 
siennes  le  plus  d'analogie  ^.  Ils    firent  comme  nous-mêmes, 

1.  Voir,  notamment,  Staalsr-echt.  IP,  74,  etnote  2  :  «  Praetor  isl  prae-itor, 
der  Heerfûhrer. ..  »  ;  «...in  "  Herzo^  »,  aTpaTr,Yo;,  dux,  dieselbe  AufTassung 
zu  Grundc  liegt. . .  » 

2.  On  peut  voir  là-dessus  de  bonnes  obervations  de  Mag:ie,  2  :  «  Tribus 
enim  modis  Graece  reddita  esse  Romanorum  vocabula  sollemnia  —  ;  pri- 
mum  per  comparationem,  qua  vocabula  sollemnia  iuris  publiai  Graeci  ad 
mag'istratus  institutaque  Romana  ita  usurpabantur,  ut  similia  siinilibns  con- 
ferrentar,  et  appellationes  Graecae  ad  munera  Romana  congruentia  trans- 
ferrentur.  » 

3.  Se  rappeler,  par  exemple,  ce  que  Denys  (VI.  90.  3)  dit  des  édiles: 
aysôov  ko'.y.oLi'.  roj;  y.aTà  Ta  tzkv.^jtt.  toï;  r.xo'  "EXXr,aiv  àyopavou-Oi;. 


118  CHAPITRE    TROISIÈME 

lorsque  nous  «  traduisons  )>  First  Lord  of  the  admiralty  par 
ministre  de  la  marine  ;  speaker  par  président  ;  Kreisbe- 
hurde  par  autorité  cantonale  ;  sindaco  par  maire  ;  carabiniero 
par  agent  de  police  ;  apsic;  Tcàyoç  (néo-grec)  par  cour  rfe  cassa- 
tion; ycùpo<pjXoc^  (néo-grec)  ^ar  gendarme;  mazkir  ^  (hébreu) 
par  chancelier,  etc.  A  vrai  dire,  ce  ne  sont  aucunement  là  des 
«  traductions  »  ;  ce  ne  sont  que  des  équivalences  onomas- 
tiques,  des  synonymies  assez  grossières,  suggérées  par  la 
comparaison  de  la  fonction  ou  de  l'institution  étrangère  avec 
ses  similaires  français.  Pareillement,  Ta;xb.ç  n'est  pas  la  «  tra- 
duction »  de  quaestor  (on  risqua  plus  tard  ^r^r/jr/^;),  ni 
âp^ispeu;  celle  de  pontifex  maximus,  ni  àyopocvôiJ.zç  celle  d'ae- 
dilis  *,  ni  oT,[j.ocpyoq  celle  de  tribuniis  plebis,  ni  yiKiocpyoç  celle 
de  tribunus  milituni  ^. 

Toutes  ces  appellations  furent  créées  sans  qu'on  eût  égard 
au  sens  étymologique  des  mots  latins  qu'elles  rendaient  en 
grec.  Elles  ne  furent  que  des  «  équivalents  »,  nés  dune  com- 
paraison sommaire  entre  la  fonction  romaine  et  quelque  fonc- 
tion hellénique  '*,  Les  Grecs,  lorsqu'ils   les  mirent  en  usage, 

1.  Au  propre,  «  celui  qui  fait  souvenir  ».  [Indication  fournie  par  M.  Lods.] 

2.  Cf.  Mommsen,  Staatsrecht^lV,  497,  1  :  « \ . .  sprachlich  beide  Ausdriicke 
{aedilis,  àyopavoyoç)  sicli  keineswegs  decken.  »  Il  reconnaît  que  l'interpréta- 
tion d\%edilis  par  àyopavdjjLO;  doit  seulement  son  origine  à  la  «  sachliche  Ana- 
logie beider  Aemter.  » 

3.  Dans  le  cas  des  tribuns  de  la  plèbe  et  des  tribuns  militaires,  il  y  a  lieu 
de  noter  que  les  traducteurs  grecs  ne  tinrent  aucun  compte  de  l'homo- 
nymie, résultant  d'une  étymologie  commune,  qui  existait  dans  le  latin.  Le 
même  terme,  Irihunus,  tiré  du  même  radical,  tribus,  servait  d'appellation  et 
aux  chefs  de  la  plèbe  et  aux  commandants  des  légions  ;  mais  c'est  à  quoi  les 
Grecs  ne  prêtèrent  nulle  attention.  II  semble  pourtant  que,  d'après  la  théorie 
de  Mommsen,  un  titre  grec  unique,  formé  à  l'image  de  tribunus  (par  exemple, 
çjXapyo;),  et  différencié  par  un  déterminatif  répondant,  ici  à  plebis,  et  là  à 
militum,  aurait  dû  désigner  les  deux  sortes  de  tribuni.  Il  n'en  fut  rien  parce 
que  ces  deux  magistratures  romaines  ne  pouvaient  point  être  rapprochées 
d'une  même  magistrature  hellénique.  Sans  avoir  égard  à  l'homonymie  latine, 
on  observa,  d'une  part,  que  les  tribuni  plebis  étaient  les  chefs  de  la  plèbe, 
identifiée  par  les  Grecs  avec  le  of^ixoç  (cf.  Mommsen,  S<aa^srec/i<,  III,  145), — 
d'où  le  nom  de  or)[Aap/ot  qui  leur  fut  donné  —  ;  et,  de  l'autre,  que  les  tribuni 
militum,  commandants  des  légions,  étaient  des  chefs  militaires  comparables 
aux  chiliarques  des  armées  macédoniennes  :  c'est  pourquoi  on  les  appela 
ytXi'apyot. 

i.  On  sait  que,  selon  l'opinion  courante  qui  remonte  à  Mommsen,  le  titre  de 


CRITIQUE    DE    LA   THÉORIE    DE    MOMMSEN  H9 

avaient  dessein  de  «  traduire  »,  non  les  titres  des  mag'is- 
trats  romains,  mais  l'idée  qu'ils  se  faisaient  de  la  charge  gérée 
par  chacun.  Les  choses  étant  ainsi,  on  se  demande  pourquoi, 
lorsqu'ils  désignèrent  en  leur  langue  les  consuls  et  les  préteurs, 
ils  auraient  procédé  d'autre  sorte,  pourquoi  le  nom  de  cTpar^- 
Y©'!,  donné  par  eux  à  ces  magistrats,  aurait  été  calqué  sur  leur 
titre  latin,  et  pourquoi,  par  une  exception  qui  resterait 
presque  unique,  tjtpaT-^Y^?  serait  la  traduction  rigoureuse, 
conforme  à  l'étymologie,  de  praetor. 

C'est  là,  dira-t-on,  une  singularité;  rien  n'empêche  qu'elle 
se  soit  produite.  Mais  voici  deux  observations  dont  il  vaut  la 
peine  de  tenir  compte. 

1°  Il  convient  de  prendre  garde  à  l'emploi  fait  du  mot 
a-px-ri^(ôq  dans  la  locution  ffxpar/JYàç  àvÔJ-aT:;  que  nous  avons 
précédemment  expliquée  K 

Mommsen  a  pensé  que,  dans  cette  locution,  axpoL~r,ybq  était, 
comme  lorsqu'on  l'emploie  seul  ou  joint  à  uTraxoç,  la  traduc- 
tion de  praetor.  La  logique  voulait  qu'il  en  jugeât  ainsi  :  pour 
lui,  G'poc~-q'(zq  répond  toujours  à  praetor;  en  conséquence, 
aipavri-foq  àv6j7:xToç  doit  signifier  praetor  pro  consule  -.  Mais 
sur  ce  dernier  point  son  erreur  est  certaine.  Comme  on  l'a 
récemment  fait  voir  ■%  le  titre  de  a-pxrrj'^iç  précédant  àvOÛTraioç 
peut,  suivant  l'occasion,  être  porté,  soit  par  un  préteur  (ou 
propréteur),  soit  par  un  consul  prorogé  (proconsul).  Or,  il  n'est 
pas  besoin  de  dire  qu'à  l'époque  où  la  locution  (jTpar/jYoç  àv9j- 
zaïoç  entra  dans  l'usage  '»,  les  consuls  (ou  proconsuls)  n'étaient 
plus  à  Rome  appelés  praetores  ;  en  sorte  qu'il  est  évident  que 
<j-rpar^Y°?'  ^^^  ^  àvOû-aToç,  ne  traduit  point  le  latin  praetor.  En 
réalité,  dans  cette  locution,  le  mot  G-px-r,^(bq  n'a  pas  de  signi- 
fication officielle  rigoureusement  déterminée  :  c'est  un  titre  un 
peu  vague,  qui, peut  être  indifféremment  attribué  à  deux  sortes 

SrjAapyo;  aurait  été  emprunté  au  vocabulaire  public  des  Néapolitains.  Il  est 
permis,  toutefois,  de  se  demander  si  or|;j.ap/05  n'est  pas  un  terme  artificiel, 
une  pure  création  verbale  (orjjxou  apyd:). 

1.  Cf.  ci-dessus,  p.  10  etfsuiv. 

2.  Mommsen,  Staatsrecht,  IP,  650;  cf.  ci-dessus,  p.  12,  note  1. 

3.  Cf.  la  démonstration    décisive   de  P.  Foucart,   Rev.  Philol.  1S99,    262,  et 
ci-dessus,  ibid. 

4.  Cf.  ci-dessus,  p.  10  etsuiv. 


120  CHAPITRE    TROISIÈME 

de  magistrats  :  préteurs  (ou  propréteurs)  d'une  part,  procon- 
suls de  l'autre.  N'est-il  pas  vraisemblable  que,  dès  l'origine, 
employé  seul  ou  accompagné  de  l'adjectif  u-aTs;,ce  mot  n'eut 
pareillement  qu'une  signification  mal  définie?  N'est-il  pas  vrai- 
semblable qu'au  lieu  de  correspondre  strictement  à  praeéor, 
il  put  servir  à  désigner,  tantôt  le  magistrat  appelé  en  latin 
praelor,  tantôt  celui  que  les  Romains  nommaient  déjà  consul  ?  Si 
(7-p3£TY;Yî;  ne  «traduit  »  pas  praetor  quand  il  est  suivi  d'àvôyiwa- 
To;,  on  se  demande  pourquoi  il  le  «  traduirait  »  quand  il  est 
suivi  d'j-aTo;  ou  se  trouve  dépourvu  de  déterminatif. 

2°  Il  est  bien  vrai  que  praetor  vient  de  prae-itor  et  qu'éty- 
mologiquement  le  mot  a  le  même  sens  que  tjTpar^YÔç.  Seule- 
ment, ce  sens,  le  gardait-il  encore  quand  s'établit  la  terminolo- 
gie grecque  désignant  les  principales  magistratures  romaines  ? 
Non  assurément.  La  preuve  en  est,  comme  l'explique  très 
bien  Mommsen  lui-même  ',  qu'en  367  le  titre  àe  praetor  fut 
donné,  puis,  un  peu  plus  tard,  réservé,  à  ce  magistrat  nou- 
vellement adjoint  aux  consuls,  dont  les  attributions  devaient 
en  principe  être  «  exclusivement  judiciaires  »  -  et  qui  fut  le 
«  préteur  »  de  l'époque  historique.  On  l'appela,  dit  Momm- 
sen,  de  cet  ancien  nom  de  praetor,  «  jadis  commun  à  tout  le 
collège  des  magistrats  supérieurs,  dont  la  primitive  significa- 
tion militaire  avait  depuis  fort  longtemps  cessé  d'être  com- 
prise »  ^.  Retenons  bien  les  derniers  mots  :  vers  367,  la 
signification  militaire  du  mot  praetor  avait,  depuis  fort  long- 
temps, cessé  d'être  comprise  à  Rome.  Et  rappelons-nous, 
d'autre  part,  que  la  terminologie  grecque  des  magistratures 
romaines  ne  commença,  selon  Mommsen,  d'être  arrêtée  qu'au 
cours  du  v"^  siècle  de  la  Ville  *,  c'est-à-dire  vers  l'an  300  au 
plus  tôt.  On  voit  assez  ce  qui  suit  de  là.  La  théorie  de  Momm- 
sen aboutit  à  ce  résultat  que  les  Grecs  auraient    fait  choix  de 

1.  Slaatsrecht;'\U,  78-79. 

2.  Staatsreclit,  IP,  78,  texte  cité  précédemment  (p.   115,  note  4). 

3.  Mommsen,  Staatsrecht,  IP,  79  :  «  Se  nannle  man  jene  (Oberbeamten) 
consules,  diesen  dagegen  mit  dem  friiher  allgemeinen  Namen,  dessen 
urspriinglich  mililarische  Bedeutung  Uincfsl  nicht  mehr  gefùhlt  ward,  prae- 
tor. »  Cf.  74,  2,  5.  /■.  :  «...  wird  in  historischer  Zeit  praeire  nie  vom  Feld- 
herrn  gesagt  und  auch  praetor  nie  dafiir  appellativiscii  gebraucht  »  ;  219. 

4.  Mommsen,  Staatsrecht, 11^,  194,  1.  Le  texte  de  Mommsena  été  cité  plus 
haut  (p.  116,  note  1). 


CRITIQUE    DE    LA   THÉORIE    DE    MOMMSEN  121 

ffTpaTr^Ys;,  terme  dont  le  sens  est  essentiellement  militaire,  pour 
«  traduire  »  praetor,  à  une  époque  où  praetor  ne  signifiait  déjà 
plus  7Tp3c-r,YÔ;.  x\lors  qu'en  règle  générale  ils  s'efforçaient  d'ex- 
primer en  leur  langue  non  le  titre,  mais  le  caractère  des 
magistratures  romaines,  dans  le  cas  présent,  par  un  attache- 
ment pharisaïque  au  sens  primitif  et  littéral,  ils  auraient 
«  traduit  »  le  titre  commun  des  consuls  et  des  préteurs,  bien 
que  ce  titre,  dépouillé  de  son  acception  ancienne,  ne  fût  plus 
qu'une  simple  étiquette,  n'indiquât  plus  ce  qu'étaient  les  con- 
suls et  n'indiquât  nullement  ce  qu'étaient  les  «  préteurs  ».  Et, 
ce  qui  serait  plus  étrange  encore,  ils  auraient  pénétré  la  signi- 
fication première  du  mot  praetor^  alors  qu'aux  Romains  eux- 
mêmes  ce  mot  était  devenu  inintelligible. 

11  paraît  donc  tout  à  fait  illusoire  de  voir  dans  le  nom  de 
(7Tpar/)YÔç,  donné  aux  consuls  et  aux  préteurs,  la  traduction  de 
praetor.  A  supposer  (chose  en  soi  bien  improbable)  que  les 
consuls  fussent  encore  dits  praetores  lorsqu'on  fit  choix  de 
l'appellation  qui  les  désignerait  en  langue  grecque,  ce  ne  fut 
point  là  le  motif  qui  les  fit  qualifier  de  ^Tpat-^you  Et,  inverse- 
ment, de  ce  qu'ils  furent  qualifiés  de  G-poL-ri^(oi,  on  ne  saurait 
conclure  qu'à  l'époque  où  ils  reçurent  ce  nom,  leur  appel- 
lation romaine  était  praetores  ^. 

Mais  si  7-px-r,'(o-  n'est  pas  la  traduction  de  praetor,  com- 
ment expliquer  lemploi  qu  on  a  fait  de  ce  titre  grec,  et  d'où 
vient  qu'on  l'ait  appliqué  aux  consuls  et  aux  préteurs  ?  Au 
moment  d'aborder  cette  question,  il  est  bon  d'avoir  pré- 
sents à  l'esprit  les  textes  de  Polybe  où  il  est  parlé  de  la  dictature. 

Polybe  ne  donne  point  au  titre  de  dictator  une  forme 
grecque  ;  il  se  contente  de  le  transcrire  —  ce  qui  s'accorde 
avec  l'usage  officiel  attesté  par  les  inscriptions  :  il  insère 
dans  son  texte  le   mot  barbare  c'.y.TXTcop  ~.  Mais  quand  il  veut 

1.  C'est  ce  qu'est  tenté  de  faire  Momniscn  {Staaisrechl,  IP,  75-76  ;  194,  1), 
dont  l'argumentation  est  suspecte  de  pétition  de  principe.  —  Si  on  le  lit  avec 
attention,  on  observera  qu'il  soutient  successivement  ces  deux  propositions  : 
1"  Les  consuls  et  les  préteurs  étaient  dits  à  lorig^ine  praetores  :  c'est  pourquoi 
les  Grecs  les  désignèrent  par  le  titre  commun  de  aTpaxriYOt.  2°  Les  Grecs  don- 
nèrent aux  consuls  et  aux  préteurs  le  titre  unique  de  aTpaTrjyo-'  ;  c'est  pourquoi 
nous  devons  croire  qu'à  Rome  ils  s'appelaient,  les  uns  et  les  autres,  praetores . 

2.  Pol.  III.  87.  6-7;  87.  9;  103.  4;  106.  1. 


122  CHAPITRE   TROISIÈME 

faire  entendre  ce  qu'est  la  dictature,  il  écrit  :  oZxzç  {h  BaraTwp) 
S'à'tjTiv  «jToxpaTwp  ffTpxTYjvoç  ^  ;  et,  en  deux  endroits  de  son 
ouvrage,  l'expression  ajTC'/.paxMp  aTpaTYJYî;,  abrégée  en  ajTovcpa- 
tup  ',  est  employée  comme  synonyme  de  ciy.-câ-:wp.  Bref,  il  s'en 
faut  de  très  peu  qu'il  n'appelle  le  dictateur  aÙToy.pa-rwp  Gipa- 
ty;yc;  ou  ffTpaTYjYcç  ajT07.p»Twp  ^.  Ce  n'est  pas  cependant  que, 
de  son  temps,  le  dictateur  fût  dit  à  Rome  praeior.  Et,  à  coup 
sûr,  Polybe  ignorait  qu'à  une  époque  très  reculée,  il  avait  — 
peut-être  —  porté  le  titre  de  praetor  maximus  *.  Personne 
n'admettra  que,  chez  Polybe,  o-Tpar/jvcç,  dans  la  locution  œjzc- 
xpàrtop  ffipar/JYOç,  soit  une  traduction  de  praetor  ^.  Si  Pol^^be 
est  tenté  de  rendre  le  titre  de  dictator  par  celui  de  (jTpaTYjYb; 
aj-oy.piT(i)p,  la  raison  s'en  laisse  assez  voir:  c'est  que,  par 
l'amplitude  de  ses  pouvoirs  extraordinaires  et  extralégaux,  le 
dictateur  lui  rappelle  les  c7TpaTY;Yci  ajtcxpxTopsç  qui,  dans  les 
cités  et  les  confédérations  grecques  '"',  étaient  investis,  aux 
heures  d'extrême  péril,  d'une  autorité  militaire  sans  contrôle 
et  de  la  direction  souveraine  de  la  guerre  ^. 

Ici  comme  d'ordinaire,  ce  que  nous  trouvons  donc,  c'est  le 


1.  Pol.  III.  87.  8;  cf.  86.  7. 

2.  Pol.  III.  87.  9;  103.  4.  —  Ce  titre  est  bien  de  l'invention  de  Polybe;  les 
inscriptions  ne  font  usage  d'aùroxpà-wp  qu'au  sens  d'imperator. 

3.  Stpa-^iyoç  auToxoâTojp  est  employé  par  Diodore  :  XIX.  76.  3  ;  le  même 
auteur  l'abrège  ordinairement  en  aÙTOxpiTwp  :  XII.  64.  1;  XIV.  93,  2;  XIX- 
101.  3;  72.  6  (aùtoxpâxtop  xou  -oXiaou). 

4.  C'est  ce  que  croit  Mommsen,  qui  ne  s'exprime  d'ailleurs  qu'avec 
réserve  :  Staalsrecht,  II'',  73;  143.  On  sait  que  cette  opinion  a  été  vivement 
combattue,  en  particulier  par  Karlowa,  Rom.  Rechtscjesch.  1,213. 

5.  Mommsen  lui-même  hésite  à  le  soutenir  [Staatsrecht,  IP,  143-144)  : 
«  ...  wenn  auch  die  Bezeichnung  praetor  maximus  als  titulare  ihm  (dem  Dicta- 
tor) nicht  zukommt,so  heisst  erivenigstens  bei  Polybiusund  anderen  Griechen 
GTpar^yoç  ajxozoaTwp.  »  Ici  encore,  il  y  a  quelque  soupçon  de  cercle  vicieux. 
Mommsen  penche  à  croire  que  le  dictateur  s'est  appelé  praetor  parce  que 
Polybe  l'appelle  axpaTriyd;  ;  il  faudrait  avoir  d'abord  établi  que  azpxxr\y6<; 
est  la  traduction  nécessaire  de  praetor. 

6.  Cf.  sur  ce  point,  Swoboda,  Staatsaltert.  409. 

7.  Cf.  Pol.  III.  87.  8.  Remarquer  aussi  ce  qu'écrit  Denys  (V.  70.  1)  :  —  "exoivî 
(ri  PouXrj)  —  ÉTÉpav  oi  Ttva  ipyT)v  knood^OLi  3toX£[j.ou  -s  xaî  etprjvriç  y.al  -avTo; 
àXXou  :ïpaY[jiaTo;  z'jpi'av,  aÙTOxpàxopa  xai  àvu::rjOuvov .  .  ,  La  comparaison 
avec  les  aTparrjyol  aùroxpaTope;  s'offre  d'elle-même  dès  qu'il  s'agit  du  dicta- 
teur; cf.  Swoboda,  ibid. 


ORIGINE  DE  l'appellation  STPATHrOS  YIIATOS        123 

système  connu  des  «  équivalents  »  ;  ici  comme  d'ordinaire, 
l'appellation  grecque  du  magistrat  romain  a  pour  objet  de  faire 
saisir  la  nature  de  sa  fonction,  au  moyen  d'un  rapprochement 
avec  ce  qui  existe  en  Grèce  et  ce  que  connaissent  les  Grecs  ; 
ici  comme  d'ordinaire,  nul  compte  n'a  été  tenu,  dans  le  choix 
de  l'appellation  grecque,  du  sens  propre  de  l'appellation 
romaine. 

Voilà  qui  nous  éclaire  sur  l'emploi  qui  fut  fait  du  titre  de 
ffTpaT'^yiç  pour  désigner  les  consuls  et  les  préteurs  ;  voilà  un 
nouveau  motif  de  croire  que  ce  titre  ne  fut  point  la  ((  traduc- 
tion »  d'un  terme  du  vocabulaire  public  en  usage  à  Rome,  et 
n'avait  pas  d'exact  correspondant  dans  la  titulature  romaine. 
Si  les  consuls  et  les  préteurs  parurent  aux  Grecs  investis 
d'attributions  comparables  à  celles  qui  étaient  exercées  en 
Grèce  par  les  «  stratèges  »,  c'en  fut  assez  pour  qu'on  les 
nommât,  les  uns  et  les  autres,  aTpaT-/;Yct,  encore  qu'à  Rome  les 
premiers  pussent  déjà  être  dits  consu les,  tandis  que  les  seconds 
s'appelaient  praetores;  car  des  titres  qu'ils  portaient  à  Rome  et 
de  la  signification  littérale  de  ces  titres  les  Grecs  n'avaient 
cure,  pas  plus  que  Polybe  de  la  signification  littérale  du  mot 
dictator  i,  quand  il  l'interprétait  par  a-pa.vr,^oq  ajTO/.paTwp. 

III.  —  Origine  de  l'appellatioii  I.xpoLxr,-(oq  uzaTo?. 

Les  premiers  consuls  (ou  proconsuls)  qui  se  montrèrent 
aux  Grecs  —  d'abord  aux  Grecs  d'Italie  et  de  Sicile,  puis  à 
ceux  de  la  Grèce  propre  —  étaient  des  commandants  d'armée. 
C'est  pourquoi  ils  en  reçurent  le  titre  par  lequel,  dans  tous 
les  pays  helléniques,  on  avait  toujours  désigné  les  chefs  mili- 
taires exerçant  un  commandement  supérieur  2.  Les  Grecs  les 


1.  Cette  signification  est  d'ailleurs  mal  connue  ;  cf.  Liebenam,  P-W,  V,  374- 
375,  s.  V.  Dictator. 

2.  La  vérité  sur  ce  point  a  été  vue  par  P.  Foucart  {Rev.  Philol.  1899,  25C). 
Elle  est,  au  contraire,  pleinement  méconnue  par  Magie  (7),  qui  veut  que  les 
Grecs,  lorsqu'ils  assimilèrent  les  consuls  aux  stratèges,  n'aient  eu  égard  qu'aux 
attributions  civiles  de  ceux-ci. 


124  CHAPITRE    TROISIÈME 

appelèrent  a-:pa-"r;Ys{*,  cl  twv  'Pw[j.auov  c-TpaTvjY^i'.  Et  l'on  ne 
voit  g-uère,  en  vérité,  quel  autre  nom  ils  leur  eussent  pu 
donner.  Le  titre  de  ^tpaTr^viç  parut  si  bien  leur  convenir, 
qu'en  Grèce,  dans  les  actes  publics,  il  leur  fut  maintenu, 
nous  l'avons  vu,  jusqu'à  une  époque  avancée  et  bien  après 
qu'il  avait  cessé  d'être  leur  appellation  régulière 3. 

Les  premiers  préteurs  (ou  propréteurs)  que  connurent  les 
Grecs  étaient  ou  bien,  comme  les  consuls,  les  chefs  de  forces 
militaires  ou  navales,  ou  bien  les  g^ouverneurs  préposés, 
depuis  227  environ,  à  l'administration  de  la  partie  de  la  Sicile 
récemment  conquise^.  —  Dans  le  premier  cas,  il  était  tout 
simple  qu'on  les  appelât  tj-par^vci  comme  on  avait  fait  les 
consuls.  Le  même  titre  ne  leur  convenait  pas  moins  dans  le 
second.  On  sait,  en  effet,  que,  dans  les  monarchies  hellénis- 
tiques, les  g-ouverneurs  provinciaux,  fonctionnaires  militaires, 
étaient  des  «  stratèges  »  ^.  Les  préteurs  furent  donc,  eux 
aussi,  appelés  o-pyL-T^•^(zi. 

1.  Mommsen  a  supposé  que  le  terme  aToair^Yo';,  appliqué  aux  magistrati 
romains,  pouvait,  comme  c'est  le  cas  pour  ajyxXrj-o;,  orlfiapyoî  et  ayopavd- 
[jLo;(?),  provenir  des  cités  grecques  de  la  Campanie  [Stualsrecht,  III,  646,  2). 
C'est  une  hypothèse  que  rien  n'autorise;  cf.  Magie,  7.  Mommsen  lui-même 
{ibid.)  reconnaît,  avec  plus  de  raison,  que  a-paxriYo;  est  «gemeingriechisch  ». 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  47  et  note  7,  quelques-uns  des  nombreux  exemples 
qu'offre  Polybe  de  cette  locution. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  40-42  (décrets  de  Sestos,  de  Bargylia,  de  Priène  ;  cf. 
aussi  la  lettre  des  stratèges  athéniens  citée  par  Josèphe,  Anl.  Jud.  XIV.  10. 
14,  232).  Dans  ces  décrets,  le  titre  de  aTpaTviyi;  doit  à  l'ordinaire  être  consi- 
déré comme  l'abréviation  de  iTpaTrjVo;  iriaTo;,  par  chute  du  second  élément 
de  l'appellation.  C'est  ainsi  que  je  l'ai  interprété. Mais  il  est  clair  qu'on  y  peut 
voir  en  même  temps  une  persistance  de  l'appellation  primitivement  donnée 
aux  consuls. 

4.  On  notera  qu'Appien  {Sic.  II.  2)  donne  déjà  le  titre  de  iTpa-cr^fôi,  qui  ne 
peut  signifier /)rae<or,  au  fonctionnaire  extraordinaire  envoyé  annuellement  de 
Rome  en  Sicile  à  partir  de  241.  Comme  l'a  bien  vu  J.  Klein  (Die  Verwaltungs- 
beamten  der  Provinzen,  I,  4-5),  le  mot  a  simplement  chez  Appien  le  sens  de 
«  gouverneur  »  ou  de  «  commandant  militaire  »,  tant  il  est  vrai  que  aToa-riyd; 
n'est  pas  du  tout  la  «  traduction  »  nécessaire  de  préteur. —  Remarquer,  d'autre 
part,  que  les  chefs  militaires  préposés  par  les  Puniques  au  commandement 
des  places  de  Sicile  sont  aussi,  chez  Polybe,  appelés  'j-ç,<x-r^joi  :  Pol.  I.  42. 
12; 46.    1,  etc. 

5.  Sur  les  irpaTriyoî,  gouverneurs  provinciaux  chez  les  Séleucides,  les 
Lagides  et  les  Antigonides,cf.  Beloch,  Griech.  Gesch.  III,  1,  400-404.  Pour  les 
stratèges  de  l'empire  lagide,   voir,  en    particulier,  Lesquier  [Inslit.  milit.  de 


ORIGINE  DE  l'appellation  ^TPATHrOi]  ITIATOS         125 

Il  n'est  pas  douteux  que  les  Grecs  aient  vite  su  que 
les  chefs  militaires  dénommés  par  eux  «  stratèges  »  avaient 
la  haute  direction  de  l'Etat  romain;  mais  ce  n'était  là  qu'une 
raison  de  plus  pour  leur  conserver  le  titre  d'abord  choisi  :  car, 
dans  quantité  de  villes  grecques,  ce  titre  était  celui  des  magis- 
trats supérieurs,  et  la  pluj)art  des  Confédérations  helléniques 
avaient  pour  chef  suprême  un  <(  stratège  ))^. 

Entre  les  consuls  et  les  préteurs,  qui  se  présentaient  à  eux 
sous  le  même  aspect  militaire,  il  est  probable  qu'à  l'origine 
ils  ne  firent  point  de  dilférence.  Ils  s'inquiétèrent  peu  des 
titres  divers  que  portaient  à  Rome  ces  magistrats,  qualifiés 
uniformément  par  eux  de  a-px-Tt^zi. 

Le  gouvernement  romain,  lorsqu'il  lui  fallut  exprimer  en 
grec  les  titres  de  consul  et  de  praeior,  n'avait  aucun  motif  de 
ne  point  se  conformer  à  l'usage  qui  s'était  établi  parmi  les 
Grecs-.  Pour  désigner  le  Sénat  et  les  tribuns  de  la  plèbe,  il 
avait  adopté  les  termes  (Tjvy.XYjToç  et  Qr,\).y.p'/zç,  empruntés  tous 
deux  au  vocabulaire  public  des  Néapolitains,  bien  que  ce  ne 
fussent  là  que  des  équivalents  très  approximatifs  de  senatus 
et  de  tribunus  plebis  ;  c'est  avec  une  égale  facilité  qu'il  adopta 
ffxpa-ïJYÔç  pour  désigner  les  consuls  et  les  préteurs.  Dans  les 

VEgypte,  69-72)  qui  donne  ces  indications  précises  :  «  Ce  mot  (aTpaxTJYo;) 
désigne  à  la  fois  un  grade  et  une  fonction;  il  désigne  un  grade,  le  plus  haut 
de  la  hiérarchie,  conformément  à  son  sens  originel,  purement  militaire  ;  il 
indique  aussi  les  fonctions  confiées  aux  officiers  de  ce  grade...  Tantôt,  elles  ne 
sont  que  militaires. ..  ;  tantôt,  le  rôle  du  stratège  s'élargit  :  il  commande  une 
circonscription  territoriale  de  l'Egypte,  un  nome...  La  stratégie  égyptienne,  au 
second  sens  du  mot,  est  toute  militaire  par  son  origine  et  le  reste  par  cer- 
taines de  ses  fonctions...  Ce  caractère  (militaire)  de  la  stratégie  égyptienne 
est  resté  très  nettement  marqué  dans  les  fonctions  des  stratèges  des  posses- 
sions extérieures...  Le  stratège  n'est  que  le  commandant  des  forces  militaires 
qui  servent  à  assurer  la  rentrée  de  l'sîaçopoc  et  à  occuper  les  points  straté- 
giques.» —  Mommsen  {Staatsrecht,  II  ^,  240,  5)  relève  avec  raison  chez  Strabon 
(III.  4.  20,  166)  l'emploi  de  axpatrjyd;  au  sens  général  de  «  gouverneur  »  ;  cf. 
aussi  Diod.  XXXYl.  3.  2,  et  l'édit  de  César  cité  par  Josèphe,  Ant.  Jud.  XIV. 
10.  6,  204. 

1.  Magie  (7)  insiste  à  bon  droit  sur  ce  point. 

2.  Lorsque  P.  Foucart  écrit  {Rev.  Philol.  1899,  256)  que  aioarTiyd;,  appliqué 
aux  consuls,  est  une  «  appellation  populaire  qui  ne  (ut  usitée  quen  Grèce  », 
il  oublie  que  la  même  «  appellation  populaire  »,  désignant  les  préteurs,  a 
passé  de  plain-pied  de  Grèce  à  Rome. 


126  CHAPITRE   TROISIÈME 

premiers  actes  romains  rédig-és  en  grec,  les  uns  et  les  autres 
durent  être  appelés  de  ce  nom  ^ 

Toutefois,  il  importa  de  bonne  heure  aux  Romains  de  pré- 
venir, dans  les  pièces  officielles,  une  confusion  possible  entre 
les  consuls  et  les  préteurs.  Et  les  Grecs  eux-mêmes,  ayant 
appris  à  les  distinguer,  connurent  la  nécessité  de  désigner 
différemment  ces  deux  sortes  de  magistrats. 

Ils  songèrent,  semble-t-il,  à  prendre  à  cet  effet  pour  critère 
le  plus  ou  moins  grand  nombre  de  faisceaux  qui  leur  étaient 
attribués  -.  Il  y  aurait  eu  ainsi  des  a-poL-.r,^zl  cMosv.x-zKév.eiq 
(consuls)  3  et  des  a-px-ri-^'o:  k'zyi~s.\iY,tiz  (préteurs),  ou, plus  sim- 
plement, des  c-py-r,'^'ci  proprement  dits  et  des  cTpaTYjyst  é^a- 
'îteKty.ii:;  ^.  A  Rome,  il  ne  paraît  pas  que  ces  appellations  aient 
jamais  été  reçues  dans  la  langue  officielle  ;  elles  ne  se  trouvent 
que  chez  les  écrivains  grecs  et  ne  semblent  avoir  eu,  même 
en  Grèce,  qu'un  succès  médiocre.  On  jugea  préférable,  lors- 
qu'il s'agissait  d'un  consul,  de  joindre  au  mot  a-rpaTyjyii;  l'épi- 
thète  JTrxTcç,   et  de  laisser  au  préteur  le  titre  nu  de  azpa-rj-^ôç. 

Ce  choix  fait  de  l'adjectif  u^aToç,  pour  exprimer  la  supé- 
riorité du  consul,  cause  d'abord  quelque  surprise.  Le  mot 
appartient   presque  uniquement   au  vocabulaire   religieux   et 


1.  On  se  rappelle  qu'en  189  encore,  dans  le  traité  avec  les  Aitoliens,  il  est 
fait  à  trois  reprises  emploi  de  arpaTr^yd;  comme  titre  (abrégé)  du  consul.  —  Je 
me  suis  souvent  demandé  si,  dans  la  phrase  suivante  du  sénatus-consulte 
pour  Pergame  (Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  435,  1.  6-7  ;  cf.  16-17)  —  tîves  Èvto- 
X[al  'Éaovxai  toïç  eîç  'AJat'av  ::ûp£uojj.Évotç  arpaT-^yoi;  — ,  le  ternie  aTpaTTiyoî 
ne  désigne  pas  à  la  fois  les  consuls  et  les  préteurs  qui  pourront  être 
envoyés  en  Asie  (cf.  le  décret  amphiktionique,  BCH,  1914,  26,  1.  15-16,  25-26). 
Ce  serait  l'interprétation  la  plus  naturelle;  l'embarras,  toutefois,  est  qu'on  ne 
voit  guère  comment,  dans  l'original  latin,  azpoLxr^-^oi  aurait  pu  être  rendu 
autrement  que  par /jrae^ores.  — Pour  linterprétation  du  mot  arpaTriyoç  dans 
le  sénatus-consulte  pour  les  Thisbéens  (1.  41),  voir  ci-dessus,  p.  84,  note  2. 

2.  Cf.  le  passage  de  Polybe  (III.  87.  7)  sur  la  dictature  comparée  au  consu- 
lat ;  ce  que   Polybe  remarque  d'abord,    c'est  que  le   dictateur  a  droit  à  24 

3.  Toutefois,  il  n'existe  aucun  exemple  d'un  pareil  titre.  Il  est  donc  pro- 
bable que  aTpatïiyo;  ÉÇaT^IXîxu;  ou  âÇaTtéXexuç  s'opposait,  dès  l'origine,  à 
ffxpaTïiydç  sans  épithète  ;  cf.  ci-dessus,  p.  51. 

4.  Sur  l'emploi  que  Polybe  a  fait  de  cette  dénomination,  cf.  ci-dessus,  p. 
51  et  note  4.  Elle  se  rencontre  aussi,  comme  on  sait,  chez  Diodore  et  chez 
Appien  :  cf.  Magie,  8,  81. 


ORIGINE  DE  l'appellation  STPATHrOS  THATOi:       127 

poétique  ^  ;  comme  B~iv.XT,aiç,  on  ne  le  rencontre  guère  qu'uni 
aux  noms  des  dieux  et  spécialement  à  celui  de  Zeus.  Mais 
on  peut  observer  qu'Hésychios  ~  lui  donne  pour  synonymes 
ou  quasi-synonymes  TzpchToq,  oiaçépwv  twv  aX/.cov,  k^o'/il)-a-oq 
[eminentissimus  dans  la  titulature  romaine  de  l'époque  tar- 
dive), si  bien  qu'ajouté  au  titre  d'un  magistrat,  il  semble  qu'il 
fût  propre  à  en  marquer  la  précellence  sur  les  autres  titulaires 
de  la  même  fonction.  Néanmoins,  il  n'est  pas  croyable  que, 
voulant  caractériser  le  consul  romain,  les  Grecs  aient  fait  un 
emprunt  direct  à  la  langue  des  poètes,  et  qu'ils  aient  renforcé 
le  mot  cTpx-ïYjYa;  d'une  épithète  que,  jusque  là,  on  aurait  eu 
coutume  de  n'appliquer  qu'aux  dieux '^.  L'idée  qui  vient  de  soi- 
même,  c'est  qu'en  appelant  le  consul  cjTpa-Yjvbç  u-aio;,  on 
s'inspira  de  quelque  précédent.  Et  comme,  dans  les  cités 
grecques,  la  nomenclature  des  àpy ai  ne  nous  en  offre  aucun, 
c'est  vers  les  monarchies  macédoniennes  qu'il  est  naturel  de  se 
tourner.  On  est  tenté  de  supposer  que  le  mot  'j-nra-rcç,  dépouil- 
lant son  caractère  religieux,  avait  pris  place  dans  la  titulature 
mise  en  usage  par  ces  monarchies.  Or,  il  paraît  bien  que  ce 
n'est  point  là  une  pure  hypothèse. 

On  a  trop  peu  remarqué  que  cette  iiinctura  verborum  faite 
pour  étonner  —  j-paTYJYb;  iira-:;;  —  se  rencontre  dans  une 
inscription  de  Délos  composée  en  l'honneur  d'un  haut  fonc- 
tionnaire de  l'empire  lagide.  C'est  une  dédicace  que  la 
«Tjvooo;  Twv  èv  AAs^avspsia'.  Trpsfjt^uTcpwv  v(zzyi(.<Y)  fit  graver  sous 
la  statue  d'un  gouverneur  de  Kypre;  elle  commence  ainsi  ^  : 
Kpixov,  Tcv  [i7]'j[yy]sv^  jîaffiXewç  Hxo\t]}.odo\i  y.at  [[âaûrtX]iaa"r;ç  KÀeo- 
TToéipaç    -Yjç  àcsAç-?;;   %at    '^(xaCki-jtrqq    KXes^atpaç   ty;ç  ^(m^olvaoç,  y,cà 

v[a]'j[ap]-/5V  y.al  Q-py.vr^'fo')  xj-ov.pi'zpx  xal  iiizzpl j  xal  àpyj-tpé/x 

T(ov  xaxà  Kûr-plov  -/.ta.  Ce  texte  date  du  résine  de  Ptolémée 
Evergétès  II  ;  mais,  à  la  réserve  des  mots  tcv  auYycV^  ^,  la  titu- 


1.  Cf.  Bûttnei"-Wobst,  168;  Thés.  Ungiiae  gr.  s.  v.  j-aio;. 

2.  Hesych.  s.  v.  u-cltoç  . 

3.  C'est,  comme  on  l'a  déjà   vu,  riiypothèse,  tout  à  fait  insoutenable,  de 
Biittner-Wobst. 

4.  BCH,  1887,  219,  n.  2  =  Dittenberger,  Or.  gr.  inscr.  140. 

5.  En  Egypte,  le  titre  de  au^jêvrl;  ne  paraît  pas,  comme  on  sait,  être  anté- 
rieur au  règne  de  Ptolémée  Épiphanès  ;  cf.  Strack,  Rhein.  Mus.  1900, 166  et  suiv. 


128  CHAPITRE    TROISIÈME 

lature  qu'il  nous  présente  peut  remonter  à  un  temps  de  beau- 
coup antérieur.  Or,  aux  1.  Ti-G,  il  ne  semble  pas  douteux  qu'il 
faille  restituer  et  lire  o-px-Tf'fo^  aùtsy.p^Tcpa  y.al  'jTAp[~x-o')].  Le 
supplément  \jT.ip[xxzo'^]  est  dû  à  G.  Fougères  K  On  l'a  contesté, 
mais  sans  j  rien  substituer  d'acceptable  ^,  et  Dittenberger  l'a 
maintenu  par  de  très  bonnes  raisons  ;  enfin,  P.  Roussel,  ayant 
bien  voulu  revoir  le  marbre  à  ma  prière,  m'a  fait  connaître 
que  cette  restitution  est  «  celle  qui  s'accorde  le  mieux  avec 
l'espace  disponible  comme  avec  les  traces  évanides  de  la  gra- 
vure ».  Nous  sommes  donc  légitimement  autorisés  à  croire 
qu'il  y  eut,  chez  les  Ptolémées,  des  a-rpaTr^Y-^  qualifiés  d'ajTO- 
xpdcTîps;  et  j^ép-raToi  ;  et  il  est  sans  doute  superflu  de  rap- 
peler qu'6-£pTaT5ç  et  j-ato;  ne  sont  que  deux  formes  d'un 
même  mot  ^. 

Objectera-t-on  que,  dans  le  texte  de  Délos,  ÛTuipTa-c;  peut 
n'être  qu'une  épithète  flatteuse,  sans  valeur  ni  signification 
officielle,  dont  les  k'^ojyzic  d'Alexandrie  auraient  orné  le  titre, 
seul  correct  et  légal,  de  (7-:px-r,-foz  xj-oxpi-wp,  pour  faire  leur 
cour  au  grand  personnage  qu'était  Krokos  ?  A  supposer  l'objec- 
tion fondée  (et  nous  ne  saurions  dire  si  elle  l'est),  il  restera 
toujours  que,  de  vocable  presque  exclusivement  religieux  et  poé- 
tique qu'il  avait  d'abord  été,  uzx-oç  était  devenu,  aux  temps 
alexandrins,  un  qualificatif  honorifique  ^,  susceptible  d'être 
joint,  pour    le   rehausser,  à  un  titre  de  fonction.    C'est  assez 

1.  Fougères,  BC//,  1887,  249,  n.  2;  cf.  251. 

2.  Il  n'est  pas  besoin  de  discuter  les  deux  suppléments  07:[o8to;x.YiT7]'v]  et 
u7:[oav/ijjLaroYpâcpov]  proposés,  l'un  par  Strack  [Dynastie  der  Ptolem.  259, 
n.  118),  l'autre  par  P.  Meyer  {Heerwes.  der  Ptolem.  und  der  Romer,  89,  n.  325). 
Outre  qu'ils  ne  correspondent  ni  aux  traces  de  lettres  subsistantes,  ni  à  l'éten- 
due de  la  lacune,  Dittenberger  les  a  écartés  par  un  argument  décisif  [Or.  gr. 
inscr.  140,  not.  5)  :  «  cum  vaustp/ou  /.olI  CTtpaTriyoîj  xai  àpy  upÉoj;  vocabula  tum 
temporis  coniuncla  unum  idemque  suninii  Cypri  insulac  praefecti  officium 
significent,  fieri  nuUo  modo  potest,  ut  inter  haec  alius  muneris  significatio 
interponatur.  » 

3.  Cf.  Kïihner-Blass,  Aiisfûhrl.  Gramm.  I,  574,  §  157,  5. 

4.  On  peut  signaler,  en  tête  du  décret  de  Rosette  (1.  2),  dans  la  longue  série 
des  qualifications  laudatives  jointes  au  nom  de  Ptolémée  V,  celle  d'  àv- 
TiTcàXcov  GrepTEpoç.  On  la  retrouve  appliquée  au  même  souverain  dans  le 
Pap.  Monac.  =  Arch.fûr  Papyriisf.  I,  480  (Wilcken)  ;  cf.  Mayser,  Gramm.  der 
griech.  Papy  ri,  32. 


ORIGINE  DE  l'appellation  STPATHrOS  YnATOS         129 

pour  expliquer  qu'on  en  ait  pu  faire  emploi  afin  d'exprimer  la 
dignité  supérieure  delà  magistrature  consulaire.  L'inscription 
de  Délos,  confirmant  en  quelque  façon  ce  qu'on  lit  chez 
Denys  ^,  montre  que  les  consuls,  appelés  d'abord  c:TpxTr,Yoi, 
furent  par  surcroît  dits  uraT:'.  —  kizl  toj  [j-sysOcuç  -•?;;  èrcutrîxç. 
Mais,  surtout,  elle  donne  droit  de  penser  qu'en  les  qualifiant 
ainsi,  on  prit  pour  modèle,  sinon  un  titre  officiel,  du  moins  une 
locution  de  la  langue  aulique  en  usage  dans  les  royaumes 
hellénistiques. 

Le  mot  G-px-Tf-fôi;,  trop  indéterminé,  se  trouva  donc  précisé 
par  l'adjonction  du  qualificatif  û'zaTor.  Aux  <j-px-.r,-;zi{praeto- 
res)  s'opposèrent  désormais  les  G-pxzr,^(o\  j-aTî'.  [consules). 
On  voit  que  la  doctrine  récente,  qui  fait  d''J-7.'oq  l'appella- 
tion première  des  consuls  et  de  ai:pji-r,^{b:  une  «  addition  »  ~ 
explicative  d'origine  secondaire,  renverse  l'ordre  historique  et 
la  suite  logique  des  faits. 

Le  titre  double  de  ^Tpa-r^yb;  ■j-y-oq  fut  accepté  des  Romains 
comme  précédemment  le  titre  simple  de  G-p7.--q'{bq.  La  chose  a 
semblé  incroyable  à  certains  critiques.  Il  leur  a  paru  déplai- 
sant que  le  mot  latin  consul  fût  exprimé  par  deux  mots 
grecs  ;  en  conséquence,  ils  ont  voulu  qu'à  Rome  on  se  fût 
ingénié  à  «  traduire  »  en  grec  «  par  un  seul  mot  le  titre  de 
la  magistrature  romaine  »  '■^.  C'est  là  soulever  de  chimériques 
difficultés  et  prêter  aux  Romains  des  scrupules  qui  ne  les 
troublèrent  jamais.  Ils  avaient  admis  que  l'expression  compo- 
sée trihunus  plehis  se  simplifiât  en  1c^\}.v.p'/zz  :  on  se  demande 
pourquoi  ils  n'auraient  pu  souffrir  que  consul  se  dédoublât  en 
ff-:paTv;Ybç  •J-y.xzz.  De  fait,  nous  avons  vu  que  G-py.-r^';zz  'Jr.y-zq 
devint,  à  Rome  comme  en  Grèce,  l'appellation  solennelle  des 
consuls  et  prit  place,  en  cette  qualité,  dans  le  formulaire 
public. 

1.  Dionys.  Halic.  Anl.  Rom.  IV.  76.  2  :  'j-a-o'.  6o'  'EXXt]V(ijv  àvà  ypo'vov  ojvo- 
[i.dE(7GriŒav  £-1  toÙ  (jiEyiôouç  -fj;  èÇouataç  — .  Ce  qu'ajoute  Denys  :  o~:  "âvTwv 
T'apyouai  zal  x/jv  avwrà-w  /wpxv  k'/ovia;  n'en  demeure  pas  moins  un  simple 
verbiage  ;  le  mot  ^"aTo;  n'exprime  que  la  supériorité  des  stratèges-consuls 
sur  les  autres  stratèges  (préteurs). 

2.  P.  Foucart,  Rev.  Philol.  1S99,  236,  262. 

3.  P.  Foucart,  ihid.  256. 

HoLLEAUX.  —  S-paTïiyô;  j-aio;.  9 


130  CHAPITRE    TROISIÈME 

On  aimerait  à  savoir  à  quelle  époque  il  commença  d'en  être 
ainsi.  Par  malheur,  l'état  de  nos  documents  ne  permet  pas  de 
résoudre  la  question  avec  exactitude.  Une  chose  du  moins 
paraît  certaine  :  c'est  que  G-px--q-(oq  G-a-o?  était  le  titre  des 
consuls  avant  la  fin  du  m®  siècle.  La  preuve  en  est  que  les 
mots  'jizi-y.  ipyâ  figuraient  dans  l'épigramme  gravée,  à  Lindos, 
sous  la  statue  de  M.  Marcellus  ^  Mais  jusqu'où  remonter  dans 
le  cours  du  m"  siècle?  Si  l'on  en  croyait  Denys,  les  consuls 
qui  combattirent  contre  Pyrrhos  se  seraient  appelés  déjà 
c-py.-:r,^(ol  Ijr.y-oi.  Il  cite  un  cas  précis  :  celui  doi  P.  Valerius 
Laevinus  2.  Seulement,  le  fait  aurait  besoin  d'être  garanti  par 
une  autorité  meilleure.  11  faut  se  résoudre  ici  à  demeurer 
dans  l'ignorance. 


En  résumé,  le  titre  consulaire  transporté  du  latin  en  grec  y 
prit  publiquement  trois  formes  successives.  —  Ce  fut  d'abord 
ffTpar^YÔç,  dénomination  vague  qui  signifie  «  général  »  et 
aussi  «  chef  de  l'Etat  ».  —  Ce  fut  plus  tard  cTpa-'/iYCç  uTia-o^, 
dénomination  vague  encore,  qu'on  peut  rendre  en  français  par 
«  généralissime  »  et  «  chef  suprême  de  l'Etat  ».  —  Puis,  nous 
avons  vu  que  ce  titre  double  se  dissocia  ;  dans  le  langage 
usuel,  on  n'en  retint  que  l'un  ou  l'autre  élément  :  on  se  con- 
tenta d'employer  ou  arpai-^Y^Ç  ^u  uizaToq.  A  la  longue,  G^pavr,- 
yi;  s'elfaça,  disparut,  et  u-aTo;  subsista  seul.  Le  terme  qui, 
dans  tous  les  pays  de  langue  grecque,  c'est-à-dire  dans  la 
moitié  de  Yorbis  romanus,  servit  à  désigner  les  consuls  jus- 
qu'à la  fin  des  temps  romains,  ne  fut  que  le  résidu  de  la 
seconde  appellation  qui  leur  avait  été  donnée  à  l'époque  oîi 
Romains  et  Grecs  étaient  entrés  en  relations. 


1.  Cf.  ci-dessus,  p.  1,  note  2. 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  55. 


APPENDICE 

La  prétendue  lettre  de  Cn.  Manlius  Volso 
A  Héraklée-du-Latmos. 

—  —     —     —     —  G~pa.vriY<^q   û'-xto;     P(0!;.aiMV 

—  —     —     —  cç    HpaxXewTwv  -f^i  Po'jÀyjc  */.ai  -àii  or,- 
[[xon  y^aipzvr]  £V£[t'J'/ov]  r^jj-îv  cl  Tcap'  i)[j.S)\).  "rzpzGBeiç  Acaç,  Ai'^ç, 

Aiovj- 
[c7ioç,   — ]aij.[av]spc;,  [E'j]s-/;[j.o;,  Môayoq,    'ApiaTSio'/jç,  Mév/jç 

avopsç  y.a- 
5      [)vCt  y.àYaôol]  o?  tô  te  ['i;r,9]'-7;j-oc  à7:£C(07.aY  "/-al  aÙTCt  o',£A£Y'/;3-av 

«■/.oXcû- 
[0(i)ç  Toï]ç  £v  TÔ)[t  d/-/j]isiiT,y,aTi  •/.aTay.syoipio'ijivotç  oùSàv  èXAôiTCOVTeç 
[5'.XcT'.];;.''a?'     •riiJ.[£t]ç    oà    '::pbç   -avTaç    xcù;  "EXÀYjvaç   S'jvôwç 

O'.ay.s([^.£v[ot] 
[t'jyX^]''^1-''^Y    *''-^'-  '^î'-p3!<3'2[j.£6x,    T^ap(x^(z.^(0'^i':o)-^    6;j.(Sv    e'.ç   Tr,v 

•Ô;/£T£pa[[;,] 
[xiff-ijix,   zpôvcia;x   KCi,£io-Oa!.  -crjv   £VO£'/o;j.£vr;v,  àei  Tivcç  ày*^^^ 

T:apa[i]- 
10     [-'.0'.  '(zv]b[),Z'Ki'  <7'JYyo)po'lix£v   o£  !j[;Àv  -:-r,v  ts  IXcuOEpîaY  X3:9c-'- 

y.aî 
[xatç  â'JAAaic  -iriAEs-iv,  osa'-  y;;j.îv  rr;v   £7:i-:po--r;v   Icwy.av,  l'ysua'.v 

û[?]' 
[aÙTOÙç    7:â]v:a    Ta  a'j-:w;j,    T:cA',-:£'j£ff9a'.    y.aTa    xzhq    \JiJ.e':ipo-jq 

vô[/.ouq, 
[y.al   £v  ~]oiq    sTaXs'.ç  -£'.pas5 ;j,£6a   £ÙypYîaTOuvT£ç    'j[).v/  kti  tivo; 

[zapai-]i:i  y''-'''''^*'''  àTCCEyôfJieôa  cà  xaî  là  zap'  'j[;.à)[j,  œiAav6pw::a 

y.al  "à; 
lo      [r/ic-ziz^  y-]ai  aÙTci  C£  7:£ipa7Ô[j.£6a  [j/^o£vb;  X£t7;ca9ai  èy  x^?'-"^? 

â'::ocÔ!7£i' 
[à-£jTâ]Ày.ai;.£v  oà  ::pb;  •j;j.a;  Asûy.wv  "Op^tov  tsv  àT:tiJL£Xr,j3;x£- 


132  APPENDICE 

Eppwaôô  ^ . 

Il  n'y  a  pas  d'inscription  grecque  plus  connue  que  celle-ci. 
C'est  en  1843  que  Boeckh  la  publia  pour  la  première  fois, 
d'après  une  copie  qui  provenait  de  Moustoxydis'^.  Depuis, 
elle  a  été  rééditée  à  maintes  reprises  :  par  W.  Henzen  d'après 
la  copie  de  Falkener^,  par  Le  Bas  et  Waddington  d'après  celle 
de  Graves'*,  par  W.  Judeich  et  B.  Haussoullier  d'après  l'ori- 
ginal conservé  au  Louvre"'.  Enfin,  Hicks^,  Dittenberger", 
Viereck^,  lui  ont  donné  place  dans  leurs  recueils  épigraphiques. 
Cependant,  les  deux  premières  lignes  du  texte,  qui  sont  gra- 
vement mutilées,  posent  au  lecteur  un  double  problème  dont 
la  solution  reste  encore  à  trouver  :  Quel  était  le  consul  ou 
proconsul  [tj-pacrq-foç  uTuaTcç)  mentionné  à  la  1.  1  ?  Et,  d'autre 
part,  que  contenait  la  partie  manquante  de  la  1.  2?  11  était  là 
question,  selon  toute  vraisemblance,  de  certaines  personnes 
qui  étaient,  conjointement  avec  le  consul,  les  auteurs  de  la 
lettre  adressée  aux  Hérakléotes  ;  mais  quelles  pouvaient 
être  ces  personnes? 

En  1852,  W.  Henzen  joignit  à  la  publication  de  la  copie  de 
Falkener  une  courte  dissertation  ^,  superficielle  et  confuse, 
dont    les    conclusions    ont    fait   loi  jusqu'à  ce    jour.    Après 

1.  Notes  critiques.  —  L.  1  :  ]v  arpa-riyd^,  Haussoullier.  Mais,  comme  je 
l'indique  plus  loin,  la  lettre  qui  précédait  aTpaTr,yd;  n'est  plus  reconnaissable. 
—  L.  2  :  ]poç,  Judeich,  Haussoullier.  Sur  le  marbre,  comme  il  sera  dit  plus 
loin,  il  n'est  possible  de  lire  que  oç.  —  L.  4  :  LnaX]âu.[av]opo;,  [E'jJoTjti-oç, 
Haussoullier.  —  L.  7  :  [7:po9u];j.;'aç,  Haussoullier.  —  L.  9-10  :  j:apa|  [ixiot], 
Haussoullier  ;  mais  cette  coupe  est  impossible  ;  l't  est  tombé  à  l'extrémité  de 
lai. 9. —  L.  11-12: 'j[y']  I  [aCiToï;],  Judeich  ;  mais,  à  cette  époque,  j^ïo,  dans  les 
locutions  de  cette  sorte,  se  construit  d'ordinaire  avec  l'accusatif  ;  cf.  Krebs, 
Pi-iiposit.  bei  Polybius,  49,  n.  3  :  'e'/eiv  Ciç'ajxo'v. 

2.  CIG,  3800.  Moustoxydis  est  l'érudit  grec  bien  connu,  ami  de  Cora'i,  qui 
retrouva  le  texte  complet  du  discours  sur  TAntidosis. 

3.  Annali  delV  Inst.  arch.  1852,  138  sqq. 

4.  Inscr.  d'Asie  Mineure^  HI,  n.  588,  p.  196-197. 

5.  Ath.  MM.  1890,  254,  n.  7  ;  Rev.  Philol.  1899,  277-278. 

6.  Manual    of  Greek   histor.  inscr.  (1882),  n.  193. 

7.  Sylloge,  première  éd.  209  ;  deuxième  éd.  287. 

8.  Sermo  graecus,  HI. 

9.  Annali  delV  Insl.  arch.  1N52,  1 11-145. 


LA    LETTRE    À    HLRAKLÉE-DU-LATJIOS  133 

avoir  reconnu  —  avec  raison  —  que  la  lettre  aux  Hérakléotes 
appartient  au  temps  qui  suivit  la  g-uerre  d'Antiochos  ^,  Hen- 
zen  pensa  démontrer  que  le  consul  (ou  proconsul),  mentionné 
le  premier  dans  l'intitulé  de  cette  lettre,  était  Gn.  Manlius 
Volso,  et  qu'il  l'avait  écrite  tandis  qu'il  se  trouvait  en  Asie, 
c'est-à-dire  entre  l'été  de  189  et  l'été  ou  l'automne  de  188. 
En  conséquence,  l'idée  lui  vint  qu'il  pouvait  être  parlé,  au 
commencement  de  la  1.  2,  des  dix  r.pz(7^t'j-0Li  [decem  legati) 
envoyés  par  le  Sénat  en  Asie  en  488,  afin  d'y  conclure  le  traité 
définitif  avec  Antiochos  et  d'y  régler  les  affaires  locales.  Et 
cette  idée  lui  sug-géra,  pour  les  1.  1-2,  la  restitution  suivante  : 
[xal  oÉ'/.o:  ]  TrpÉjiÎEr.;  c'.  à-o  'Pojîxrjç.  Il  est  juste  d'ajouter  qu'il  ne 
risquait  ce  supplément  qu'à  titre  de  conjecture,  avec  hésita- 
tion et  sous  d'expresses  réserves  '-. 

Mais  «  l'érudition  est  moutonnière  ».  A  l'exemple  de  Hen- 
zen,  tous  les  épigrapliistes  ont  rétabli,  à  la  1.  1  de  notre  docu- 
ment, le  nom  de  Cn.  Manlius  ;  et  tous,  sans  s'embarrasser  de 
ses  scrupules,  se  sont  ingéniés  à  restituer  la  1.  2  de  la  manière 
qu'il  avait  indiquée.  Depuis  plus  de  soixante  ans,  on  tient  pour 
vérité  incontestable  •^  que  la  lettre  dont  nous  avons  la  copie 
lapidaire  fut  écrite  à  Apamée,  dans  l'été  ou  l'automne  de  188, 
par  Cn.  Manlius,  alors  proconsul,  et  les  dix   commissaires  du 

1.  Ihid.  143-14  i.  C'est,  au  reste,  ce  qu'avait  déjà  vu  Boeckh  [CIG.  3800)  : 
«  Titulus  videtur  circa  a.  u.  c.  565  vel  paulo  post  scriptus  esse,  nuperrime  in 
Asiam  profectis  Romanis — .  »  Cf.  Waddington,  Inscr.  d'Asie  mineure,  III, 
n.  588,  p.  196-197.  —  La  phrase  (l.  7)  r,;i.["jç  oï  -pô;  zavTa;  Toù?  "EXXriva; 
sùvdwç  Btax£!u.£v[o[  T'jy/a]vou.£y  est  ici  un  indice  décisif.  C'est  seulement  dans 
la  période  comprise  entre  la  seconde  guerre  contre  Philippe  et  la  guerre 
contre  Perseus  que  les  Romains  ont  pu  tenir  ce  langage. 

2.  Annali,  ibid.  145. 

3.  L'interprétation  de  Henzen  a  été  acceptée  de  confiance,  non  seulement 
par  les  épigraphistes  mentionnés  à  la  page  précédente  (à  l'exception  de  Wad- 
dington  qui  se.xprime  avec  prudence),  mais  aussi  par  nombre  d'historiens  : 
Marquardt;  Rom.  Siaalsverw.  I-,  334,  1  ;  Niese,  II,  759,  3  ;  G.  Colin,  Rome  et  la 
Grèce,  202-203  ;  Y.  Chapot,  La  province  romaine  proconsulaire  dWsie,  5;  Tâu- 
bler,  Imp.  Roman.  I,  25  et  note  3,  etc.  Ajouter  encore:  P.  Foucart,  Rev.  Philol. 
1899,  258  et  note  2;  Mém.  Acad.  Inscr.  XXXVII  (1903),  308-309;  Rehm,  Delphi- 
nion  in  Milel,  372,  5.  —  On  remarquera,  au  contraire,  le  langage  réservé  de 
Mommsen,  Ges.  Schriflen,  VIII,  259-260  :  «  —  magistratus  is  qui  epistulam 
ad  Heracleotas  Cariae  dédit...  cuius  quamquam  nomen  periit,  euni  fuisse  Cn. 
Manlium  Volsonem...  Henzenus...  probabiliter  coniecit...  » 


i  34  APPENDICE 

Sénat  qui  l'assistaient.  Seulement,  il  en  est  de  cette  vérité 
comme  de  beaucoup  d'autres  :  pour  y  ajouter  foi  il  ne  faut  pas 
regarder  de  trop  près. 

Examinons  d'abord  ce  qui  concerne  les  dix  légats. 

Henzen,  nous  l'avons  dit,  suppléait,  aux  1.  1-2,  [y.a',  Séxa] 
•7upéa[j£tç  0-  à-b  'Po);j.y;jÇ  — ,  ce  que  Waddington  crut  devoir  rec- 
tifier ainsi  *  :  [■/.xl  y.  \  à-b  'Pw;r^;  ov/.x  -pfc^Ssi]?.  Mais  ces  resti- 
tutions, acceptables  en  soi  (encore  que  -rpsa^stç»  ^u  lieu  de 
Tupsa^cUTat,  soit  propre  à  étonner)  -,  doivent  être  rejetées  pour 
deux  motifs  :  l'un,  c'est  que  la  1.  1  est  vide  après  'Pwjj-aiwv, 
si  bien  qu'il  faut  reporter  -/.ai  (ou  -/.ai  ol)  à  la  ligne  suivante  ; 
l'autre,  c'est  qu'à  la  1.  2,  le  groupe  0-  est  parfaitement 
lisible  après  la  cassure.  Ainsi,  c'est  dans  l'espace  assez  étroit, 
ayant  pu  contenir  vingt-trois  lettres  au  maximum,  compris 
entre  le  début  de  la  1.  2  et  les  lettres  02i!,  qu'il  a  fallu  faire 
place  aux  dix  leffati.  La  chose  n'a  point  été  toute  seule. 

Il  va  sans  dire  que  la  présence  gênante  de  la  désinence  oç 
exclut  tout  supplément  tel  que  [-/.ai  et  cixa  7:ptG^t\i-ai].  Ce  serait 
là  pourtant,  semble-t-il,  la  restitution  obligée.  Ne  la  pouvant 
proposer,  les  épigraphistes  auraient  dû  s'apercevoir  qu'ils  fai- 
saient fausse  route.  Mais  ils  n'ont  point  eu  de  cesse  qu'ils 
n'eussent  fourré  dans  l'inscription  la  commission  du  Sénat. 

En  1885,  ayant  relu  le  marbre  au  Louvre,  W.  Judeich  se 
persuada  que  les  deux  lettres  O^C  étaient  précédées  d'un  P  ^  ; 
et  tel  est  aussi  l'avis  du  dernier  éditeur  de  l'inscription, 
B.  Haussoullier  *.  De  là  de  nouveaux  essais.  W.  Judeich 
écrivit,  fort  sérieusement  :  [Fvaîoç  Mâv/asç  Fvxbu  uîojç,  c-patr,- 
^cç  UTra-ïoc,  'Pw[j.a(o)v  |  [twv  âsxa  lîpia^zMV  Trpéssjpsç,  "HpaxXstoxwv 
■:f,i  ^ouAYji  xtX.  ^.  A  son  tour,  B.  Haussoullier  propesa  :  [LvaCo; 

1.  Inscr.  d'Asie  Mineure,  III,  n.  588. 

2.  Dans  toutes  les  restitutions  proposées,  on  a  fait  usagre  —  pour  gagner  de 
la  place  —  du  mot  7:p£a^u;  comme  équivalent  grec  de  légat  us.  Mais  il  semble 
bien  que  ce  soit  là  une  incorrection.  Legalus,  dans  la  langue  officielle  (je  ne 
parle  pas  des  écrivains),  n'a  jamais  été  traduit  en  grec  que  par  T:pET,3£UTrJç  : 
voir  les  passages,  cités  ci-après,  des  sénatus-consultes  pour  Priène  et  pour 
Narlhakion;  cf.  D.  Magie,  9  et  note  6:  89. 

3.  Ath.   MM.  1890,  257. 

4.  Rev.  Philol.  1899,  278-279. 

5.  Alh.  Mill.  ibid.  256  ;  cf.  257. 


LA    LETTRE    À    IIÉRAKLÉE-DU-LAT.MOS  1  3o 

MavX'.c;     Fvab'J     OjîAawlv,    arpaT-^iYO;;    u-Kx-oq      P(0[;.au.)v   |    [-/.ai 
KôivToç  Toiv  C£'/.x  -piîojpoç  v.tX.  ^. 

De  la  première  restitution,  que  son  auteur  estime  «  toute 
naturelle  )),le  moins  qu'on  puisse  dire,  c'est  qu'elle  est  prodi- 
gieuse "'.  Laissons  de  côté  l'extraordinaire  construction 
'Pfo'Axûùv  Twv  o37.a  zpÉT^^Qv  ^  ;  n'allons  qu'à  l'essentiel.  Qu 
eût  jamais  imaginé  qu'un  consul  pût  joindre  à  son  nom  un 
autre  titre  que  celui  de  sa  magistrature?  Et,  d'autre  part,  qui 
ne  voit  que  les  mots  twv  cév.x  -pî'crjSsojv  ^piscpoç  ne  seraient 
qu'une  redondance  absurde,  puisque  le  consul  était  de  droit 
président  de  la  legatio  sénatoriale,  laquelle  formait  propre- 
ment son  consiliuni  ^?  La  restitution  de  Judeich  :  <(  Cn.  Alan- 
lius    Cn.   f.,   Consul,    Président  de    la  Commission    des    Dix 


1.  Rev.  Philol.  ihid.  277;  cf.  279-280.  A  la  1.  1,  B.  HaussouUier,  après  Rayet 
(qui  cependant  hésitait  entre  N  et  S),  a  cru  reconnaître  les  restes  d'un  N 
au  bord  de  la  cassure,  à  la  gauche  de  (iTpaïTJYdç,  Je  n'ai  rien  aperçu  de  tel  sur 
le  marbre.  Aussi  bien, il  est  fort  difficile  d'admettre  la  présence  d'un  N  à  cette 
place.  La  lettre  N  ne  pourrait  appartenir  qu'à  la  syllabe  wv,  qui  serait  la 
désinence  d'un  cognomen  se  terminant  en  o  (d"où  la  restitution  [OjoJ^wiJv). 
Mais,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  dans  les  actes  publics  du  commencement 
du   II*  siècle,  le  cognomen  n'est    point  indiqué  ;  cf.  ci-dessus,  p.  4,  note  2. 

2.  Je  ne  puis  comprendre  qu'elle  ait  été  acceptée  de  Dittenberger  iSi/l- 
loge  2,  287).   Du  moins  a-t-il  supprimé   la  virgule  entre  u~a-:o;  et  'Ptuaaî'ov. 

3.  Judeich  (ibid.  257)  pense  la  justifier  par  cette  étonnante  raison  :  «  Die 
^'orstellung  des  'Pwaaiwv  iindet  durch  das  folgende  'HpaxÀïoJXwv  zr^i  [jO'jXrj; 
KTA.  und    T.xo'  \}'J.&[x  Tzosajjst;  ausreichende  Erklârung  [!].  » 

4.  Cf.  Mommsen,  Staatsrecht,  IP,  693  et  note  1.  Aux  textes  de  T.  Live 
cités  par  Mommsen  on  ajoutera  ceux-ci,  qui  sont  particulièrement  caracté- 
ristiques (34.  57.  1)  :  T.  Quinctius  postalavit,  ut  de  Us,  quae  cum  decem 
legatis  ipse  statuisset,  senatus  audiret;  —  (45.  29.  1)  {Amphipoli)  cum  decem 
legatis  —  in  Iribunali  consedit  (L.  Aemilins  Paullus)  —  (3)  —  Paullus  Latine, 
quae  senatui,  quae  sibi  ex  consilii  sententi:i  visa  essent,  pronuntiavit.  Noter 
aussi  ces  deux  passages  des  sénatus-consultes  pour  Priène  {Sylloge  -,  315  = 
Inschr.  von  Priene,  41,  1.  6)  et  pour  Narthakion  {Sylloge  -,  307  =;  IG,  IX,  2, 
89,  1.  50-53)  ;  -/aGw;  rvato;  MâvÀio;  /.al  oî  Sixa  7ipîj|Σ-jTa'.  o;£-a^av  —  ;  ou; 
vdjJ.O'j;  T'.'Oi  Koîy/T'.o;  O-aTo;  àTïô  ttJ;  twv  oi/.a  -psa|j£j-wv  vvtôaT);  k'otD/.îv.  — 
Javoue  ne  pas  bien  entendre  ce  que  veut  dire  B.  HaussouUier,  quand  il 
déclare  [ibid.  279;  que  la  «  commission  (des  Di.x),  véritable  délégation  du 
Sénat,...  se  suffit  ...  à  elle-même  »,  et  qu'il  n'est  pas  vrai  «  qu'elle  soit  pré- 
sidée par  le  consul  ou  proconsul.  »  La  commission  ne  «  se  suffit  »  pas  plus 
à  soi-même  que  le  Sénat  ;  Sénat  et  commission  ne  sont  l'un  et  l'autre,  au. 
moins  dans  la  théorie  officielle,  qu'un  «  conseil  »  qui  assiste  un  magistrat,  et 
qui,  parlant,  doit  être  convoqué,  présidé  et  consulté  par  ce  magistrat. 


136  APPENDICE 

légats  romains  »  rappelle  assez  bien  ces  cartes  de  visite,  où  des 
personnes  avantageuses  font  l'étalage  fastueux  de  leurs  titres 
authentiques  ou  supposés.  Elle  ne  manque  pas  d'une  certaine 
saveur  comique  ;  mais  c'est  son  seul  mérite. 

Un  peu  moins  étrange,  mais  non  meilleure,  est  celle  du  der- 
nier éditeur. 

Les  mots  [y.al  Kiiv-oç  xwv  osxa  7rpô$o]pc?  sont  censés  être  la 
traduction  de  Q.  Minucius  [Bufus)  decem  legatorum  prin- 
ceps.  Ici,  les  objections  se  présentent  en  nombre: 

1"  Il  n'est  pas  possible,  après  N.  axç)7.vr^-fo:;  'JT.y.-zc,  'Po)|/3:uov, 
de  tolérer  la  construction  xwv  BÉxa  Trpiscpoç. 

2^  11  n'est  pas  possible  que,  dans  un  texte  où  le  consul  était 
certainement  désigné  par  son  praenomen.  son  gentiliciiim  et 
le  prénom  de  son  père  (et  l'aurait  même  été,  selon  l'éditeur, 
par  son  coffnomen),  Q.  Minucius  n'ait  été  désigné  que  par  son 
prénom. 

3**  Il  n'est  pas  possible  que,  dans  un  acte  officiel,  on  ait  fait 
emploi,  pour  désigner  les  decem  legatl,  de  l'expression  abré- 
gée 0'.  cé-Ao.  ;  dans  les  documents  de  même  sorte,  on  trouve 
toujours  Cl  cr/.a  :rp£a,3£UTat  ^ 

1.  A'oir  les  passages  cités  plus  haut  des  sénatus-consultes  pour  Priène  et 
pour  Narthakion  ;  cf.  Or.  gr.  inscr.  436,  1.  10  (sénatus-consulte  de  »  Lysias  »). 
Dans  un  document  qui  n'est  pas  d'origine  romaine  —  le  décret  de  Lampsaque 
en  l'honneur  d'Hcgésias  (Sylloge  -,  276)  —  on  trouve  l'expression  xoùç  ôexa 
(1.  68)  ;  mais  elle  est  immédiatement  précisée  par  le  déterminatif  tojç  k[rA  tûv 
£XXtivi/.ojv  TcpayjjLa-wJv.  —  B.  HaussouUier  (ibid.  280)  fait  cette  remarque  :  <>  Il 
n'y  a  pas  de  place  pour  le  mot  "osapcUTiov  ou  Tzcia^zww,  mais  Polybe  désigne 
plus  d'une  fois  nos  dix  légats  par  les  mots  oî  Sé/.a,  qui  sont  suffisamment 
clairs.  »  Je  répondrai  d'abord  qu'on  doit  faire  quelque  différence  entre  le 
style  d'un  écrivain,  qui  s'exprime  à  sa  guise,  et  le  formulaire  des  documents 
officiels.  Mais  si  les  mots  ol  oi/.x  sont  «  suffisamment  clairs  »  chez  Polybe,  il  y 
a  à  cela  une  bonne  raison  :  c'est  que  Polybe  ne  les  emploie  jamais  qu'en 
manière  d'abréviation,  après  s'être  servi,  au  préalable,  du  titre  complet 
oî  oi/.tx  npEQ^vjzoii,  ou  d'une  expression  similaire.  Par  exemple,  dans  XXI. 
24.  ft;  24.  16,  nous  trouvons  "où;  8r/.a,  twv  oiza  :  mais  on  lit  un  peu  plus  haut 
(24.  5;  24.  6)  oi/.a  T^psapî'jovxaç,  oi/.a  -pEajîîUTâ;.  Pareillement,  dans  XXI.  42. 
9;  46.  1,  nous  rencontrons  toj;  oi/.a,  oï  th  oiza  ;  mais  un  passage  précédent 
(42.  6)  nous  offre  oî  oixa  TiccaJjêJiaî.  Même  observation  à  propos  de  XVIII.  42. 
7,  qu'il  faut  rapprocher  de  42.5;  à  propos  de  XVIII.  45.  7;  45.  10,  qu'éclaircit 
le  rapprochement  avec  44.  1  :  ol  8ixa,  ot'  wv  ËasXXs  ysipiXe^Qa'-  Ta  zaTa  x/jv 
'EÀXâoa . 


LA    LETTRE    À    HÉRAKLÉE-DU-LATMOS  137 

4°  Il  n'est  pas  possible  que  princeps  '  ait  été  rendu  par 
-izobzipo:.  L'équivalent  grec  de  princeps  {legalionis)  est  r^'(z\}.ii'i 
(r?;;  r.çit^'ydoLz)  '  ou  àp7'.-c£732J-r,;  •^.  Le  mot  -rpi^cpcç  est  ici 
dénué  de  sens. 

o"  Voici  enfin  l'objection  majeure.  On  ne  s'explique  pas  du 
tout  pourquoi  Q.Minucius,  bien  qu'étant /)rmce/»s  legationis  "*, 
eût  figuré,  à  la  suite  du  consul,  dans  la  suscription  de  la 
lettre.  Le  princeps  est  le  premier  en  dignité  des  légats  séna- 
toriaux ;  on  peut  croire  qu'en  l'absence  du  consul  (ou  du  pro- 
consul), il  lui  arrive  de  présider  leur  commission;  mais  il 
n'est  ni  leur  délégué  ni  leur  représentant,  il  ne  tient  d'eux 
aucun  pouvoir  ^  ;  il  n'a  point  qualité  pour  agir  en  leur  nom  ni 
pour  prendre  leur  place.  Il  serait  aussi  étrange  de  voir  le 
princeps  légat orum  se  substituer  à  la  legatio  que  de  voir  le 
princeps  senatus  se  substituer  au  Sénat.  On  comprendrait 
que  les  dix  commissaires  fussent  mentionnés  en  corps  après  le 


1.  On  peut  ajouter  qu'il  est  douteux  que  princeps  lec/ationis  (ou  legatorum) 
fût  un  litre  officiel.  On  ne  le  trouve  que  chez  les  écrivains,  et  encore  assez 
rarement:  cf.  O.  Adamck,  Die  Senatsboten  (1er  rôm.  Republik  (Progr.  Graz, 
1882/3),  16  et  notes  4  et  6. 

2.  Voiries  exemples  cités  par  Adamek,  ibid.  16,  4  :  App.  Samn.  7.  2  ;  10.  3  : 
ô  TYÎç  ::p£a,j£['a;  fjyojaEvo?  ;  Syr.  46  :  ô  twvôe  -wv  -p£u[3£wv  fjysiAojv  ;  Dionys. 
Halic.  Ant.  Rom.  IX.  GO.  3  :  TZGEa^Eutaî  —  wv  tjyeïto  xtX.  —  P.  Willems  {Le 
Sénat  de  la  rép.  romaine,  II,  508-509),  suivi  par  Haussoullier,  traduit  princeps 
par  «  président  ».  C'est  une  traduction  inexacte.  Le  princeps  senatus  a-t-il 
jamais  été  le  président  du  Sénat  ?  Le  princeps  legationis  est  le  <<  chef  de  l'am- 
bassade »  (cf.  Mommsen,  Staatsrecht,  II-^,  682).  Sur  la  traduction  ordinaire 
de  princeps  par  riysaoiv,  voir  aussi  Mommsen,  Siaatsrecht,  IT',  774,  5. 

3.  Le  titre  d' àoy  '.-p£7|5£UTrIç  semble  d'ailleurs  n'apparaître  qu'à  l'époque 
impériale;  voir  Brandis,  P-"\\'.  Suppl.  I,  121,  s.  v.  Pour  l'emploi  qu'en  ont 
fait  Diodore  et  Strabon,  cf.  Brandis  {ibid.)'el  Poland,  De  légat.  Graecor. 
publicis,  71. 

4.  On  ne  peut  guère  contester  qu'il  le  fût.  C'est  celui  des  legati  que  T.  Live 
nomme  le  premier  (37.  55.  7),  et  c'est  le  plus  ancien  des  trois  consulaires  qui 
font  partie  de  la  commission.  Il  avait  été  porté  au  consulat  en  197  (Liv.  32. 
27.  5);  L.  Furius  Purpurio,  dont  le  nom  vient  ensuite  dans  l'énumération  de 
T.  Live,  ne  fut  consul  qu'en  196  (33.  24.  l).Cf.  P.  Willems,  Le  Sénat  de  la  rép. 
romaine,  II,  506,  auquel  renvoie  B.  Haussoullier. 

5.  Le  cas  est  le  même  pour  le  princeps  senatus,  auquel  il  est  tout  à  fait 
légitime  de  le  comparer.  Su  rappeler  ce  qu'on  lit  chez  Dion  (Zonar.  VII.  19. 
10)  au  sujet  du  princeps  senatus  :  -poiosoE  twv  aÀÀwv  ko  à;;(iJ;j.aTt,  où  u.r\y  zaî 
8uvâ[ji£i  èyp^To  tivi. 


1 38  APPENDICE 

consul  '  ;  on  ne  peut  admettre  que,  de  ces  dix  commissaires, 
Q.  Minucius  fût  le  seul  nommé. 

Donc,  la  restitution  de  B.  HaussouUier  doit  être  écartée 
comme  celle  de  W.  Judeich.  Ajoutons  qu'au  reste,  rien  abso- 
lument n'autorisait  le  supplément  [r.pôzc]po:  proposé  par 
ces  deux  savants.  C'est  à  tort  qu'ils  ont  cru  déchiffrer  la 
lettre  P  avant  OU.  J'ai  pu  faire  au  Louvre,  grâce  à  l'obli- 
geance de  mon  ami  Et.  Michon,  un  long-  examen  du  marbre. 
Je  me  crois  en  droit  d'affirmer  que  la  lettre  qui  précède  () 
n'y  a  laissé  aucune  trace  distincte  -  ;  ce  qu'on  a  pris  pour  la 
boucle  d'un  P  (ou  mieux,  pour  l'amorce  de  cette  boucle) 
n'est  qu'un  faux  trait,  d'une  forme  irrégulière,  sans  rapport 
avec  rinscription  ^. 

Ainsi,  tous  les  efforts  tentés  pour  compléter  la  1.  2  de  façon 
qu'il  y  fût  parlé  des  decem  legali  ont  abouti  au  même  résultat 
négatif.  On  peut  se  dispenser  den  tenter  d'autres  :  le  succès 
n'en  serait  pas  meilleur.  Dès  à  présent,  il  est  permis  d'affirmer 
que  les  dix  Trpso-.S^uTJîi  envoyés  en  Asie  n'étaient  pas  mention- 
nés dans  la  suscription  de  la  lettre  aux  Hérakléotes. 

Aussi  bien,  pourquoi  Henzen  a-t-il  supposé  qvi'il  en  devait 
être  fait  mention?  Parce  qu'il  a  cru  que  le  consul  nommé  à  la 
1.  1  était  Cn.  Manlius.  Encore  (et  c'est  ce  que  Henzen  n'a  pas 
laissé  d'entrevoir)  cette  raison  ne  serait-elle  pas  suffisante.  En 
effet,  on  ne  saurait  oublier  que  Manlius  précéda  les  légats  en 
Asie  d'environ  une  année  '^.  Pourquoi  n'aurait-il  pas  écrit  aux 

1.  Comp.  le  passage,  précédemment  cité,  du  sénatus-consulte  pour  Pricne 
(1.  6)  :  xaOfo;  rvaïoç  MâvÀto;  xaî  O'.  i5r/.a  7:pîa|Σ'JTat  oiéiraÇav. 

2.  Le  fac-similé  de  l'inscription  donné  dans  la  Revue  de  PItilologie  (1899, 
277)  est,  à  cet  égard,  tout  à  fait  inexact. 

3.  Noter  d'ailleurs  la  manière  un  peu  dubitative  dont  s'exprime  Judeich 
{Alh.  Mitl.  IS90,  257):  »  Da  das  OS  —  oder  vielmehr  POS  sicher  ist. . .«  Il  est 
digne  de  remarque  que  la  plus  ancienne  copie,  celle  qui  fut  communiquée  à 
Boeckh,  ne  donne  que  OS.  A  l'époque  où  l'on  prit  celte  copie,  l'inscription 
était  mieux  conservée  que  lorsqu'elle  fut  retrouvée  par  Rayet  (cf.  Haussoul- 
lier,   ibid.  277). 

4.  Cn.  Manlius  débarque  à  Éphèse  au  i)rintemps  de  189  ;  cf.  Liv.  (P.)  38.  12. 
2  ;  vere  primo  Ephesum  consul  venit  [maison  doit  tenir  compte  des  doutes  jus. 
tifiés  que  le  mot  primo  inspire  à  Matzat  :Rom.  Zeitrechn.  210,  4).  L'arrivée  des 
légats  est  du  printemps  ou  du  commencement  de  l'été  de  188  :  Fol.  XXI.  42.  G 
(rjÔT)  T%  Ocpsi'aç  âvapyoas'vr,;)  ;  cf.  Niese,  II,  757. 


LA    LETTRE    À    IIÉRAKLÉE-DU-LATMOS  139 

Hérakléotes  durant  ce  laps  de  temps,  par  exemple  pendant 
l'hiver  de  189-188,  lorsqu'il  résidait  à  Ephèse  et  recevait  en 
foule  les  ambassades  des  cités  grecques  du  voisinage  ^  ?  C'est 
une  hypothèse  qui  s'est  offerte  à  l'esprit  de  Henzen  lui-même  ', 
La  présence  du  nom  de  Manlius  à  la  1.  1  de  la  suscription 
n'impliquerait  donc  pas  de  façon  nécessaire  que  mention  fût 
faite  des  decem  legad  à  la  1,  2.  Mais,  en  revanche,  il  est  clair 
que  les  légats  n'ont  pu  figurer  dans  la  suscription  qu'à  la  con- 
dition que  Manlius  y  fût  aussi  nommé  ;  en  sorte  que  c'est  ce 
dernier  point  qu'il  convient  de  vérifier. 

Dans  la  réponse  adressée  aux  gens  d'Héraklée,  trois  pas- 
sages appellent  spécialement  l'attention  : 

L.  8-9  :  7:ap:x^{e^(0'fô':M^  ajTwv  z\q  r^v  •rnj.eiépT.ly.  'r:iz''.][j.  "^  — 
L.  10-11  :  au'(y(Aipzi)[j.zv  ok  Û[j.îv  vç/  t£  sAsuôspiay  y.aOiTi  v.cd  ["ra^ç 

aJXAaiç  izzAzai^,  oaai  r,[JLtv  --/jv  k-rzi-po-Kr^v  è'owxav  — 

L.  14-15  :  àzoo£)^ô[;-s9a  cà  /.al  ■:«  7:cfip'  6;;.a);j.  oiAavôpwTca  v.cà  -y-q 

[-iazeiq]  ^. 

Ces  passages  n'ont  rien  d'équivoque.  Les  Hérakléotes  ont 
fait  deditio  [k-Ki-pc-ri  ^)  aux  Romains.  C'est  ce  que  sont  venus 
d'abord  (car  leur  mission  eut  aussi  un  autre  objet  ^')  déclarer 
leurs  ambassadeurs.  Ces  ambassadeurs  ont  engagé  à  l'autorité 
romaine  la  foi  de  leurs  compatriotes.  Ainsi,  la  lettre  qui  nous 
a  été  conservée  est  une  réponse  à  une  déclaration  de  deditio. 

1.  Pol.  XXI.  41.   1  sqq.  =  Liv.  38.  37.  1  sqq. 

2.  Annali,  ibid.  143  :  »  Insequenti  autem  hieme  quum  Ephesi  liibernai'eL, 
legrationes  civilalium  undique  eo  convenerunt...  In  quarum  numéro  Heracleo- 
taruin  quoque  legatos  fuisse  facile  tibi  persuaseris...  »  Il  ajoute  :  «  nisi  eos 
consuli,  quum  apud  Antiochiam  castra  haberet,  res  suas  commisisse  malue- 
ris.»  Ainsi,  Henzen  s'est  demandé  si  Manlius  n'avait  pas  pris,  pour  la  première 
fois,  contact  avec  les  Hérakléotes  au  début  de  son  expédition  contre  les  Gal- 
logrecs,  lorsqu'il  s'en  vint  à  Aatioche-du-Méandre,  el  si  sa  lettre  ne  fut  point 
écrite  en  cette  occasion. 

3.  Supplément  de  Henzen  qui  n'est  pas  contestable. 

4.  La  restitution  de  "l'crtHu,  qui  est  ici  le  mot  nécessaire,  est  due  à  Boeckh. 

5.  L'e.\pression  otodvat  è-iT&o-rJv  a  le  même  sens  que  -aça-fi'YVEaOat  cî;  Tr,v 
T^îativ  :  se  dedere  in  dicionem,  in  fidern  venire.  Sur  les  formules  de  cette  sorte, 
grecques  et  latines,  voir  la  riche  collection  d'exemples  réunis  par  Taubler, 
Imp.  Roman.  I,  27. 

6.  L.  16-17  de  l'inscription.  On  voit  là  que  les  Hérakléotes  demandent  aux 
Romains  de  les  mettre  à  l'abri  de  certaines  vexations;  cf.  ci-après  p.  145-146. 


440  APPENDICE 

De  là  Henzen  a  conclu  —  et  cette  conclusion  est  assuré- 
ment plausible  à  première  vue  —  que  le  consul  nommé  en 
tête  de  la  lettre,  qui  «  reçoit  )^  des  Hérakléotes  «  les  gages  de 
leur  fidélité  »  (àTrosr/iy-iOa  Tac  ■KiiTei:),  est  le  chef  de  l'armée 
romaine  d'Asie  '.  Deux  consuls  ont  successivement  commandé 
cette  armée  :  L.  Cornélius  Scipio  et  Cn.  Manlius.  Selon 
Henzen,  l'étude  des  circonstances  historiques  montre  qu'il  ne 
peut  s'agir  que  du  second  :  c'est  à  Manlius  que  se  rendirent 
les  Hérakléotes,   et    c'est   à  cette   occasion  qu'il  leur  écrivit. 

Mais  il  est  visible  qu'ici  Henzen  commet  une  grave  erreur. 
Cn.  Manlius  ne  prit  son  commandement  qu'au  printemps  ou 
au  début  de  l'été  de  189 -.  Or,  il  n'est  pas  douteux  que  la 
reddition  d'Héraklée  fût  alors  chose  accomplie.  En  effet,  nous 
lisons  dans  T.  Live  (qui  résume  Polybe)  qu'aussitôt  après  la 
bataille  de  Magnésie,  laquelle  eut  lieu  en  janvier  189  '^,  Asiae 
civitates  in  fidem  consulis  [L.  Scipionis)  dicionemque  populi 
Bomani  sese  tradehant  ^  ;  et,  à  la  même  époque,  comme  nous 
le  rappellerons  tout  à  l'heure,  «  presque  toutes  les  nations  et 
cités  de  l'Asie  cistaurique  »  s'apprêtaient  à  expédier  des 
ambassades  à  Rome  '.Il  est  évident  que  c'est  en  ce  temps-là, 
au  plus  tard,  que  la  ville  d'Héraklée  se  soumit  aux  Romains  *>, 
.et  l'on  peut  même  se  demander  si  l'événement,  antérieur  à  l'ar- 

1.  AnniiH,  ibid.  145  :  (c  a  duce  belli  litterae  datae  (sunl).  »  Telle  est  aussi 
l'opinion  de  \A'addington,  que  je  cite  plus  loin. 

2.  Sur  cette  date,  cf.  ci-dessus,  p.  138,  note  5. 

3.  La  bataille  tombe  vers  le  milieu  de  janvier  selon  Matzat,  Boni.  Zeilrechn. 
207  (cf.  204),  dont  Kromayer  accepte  les  conclusions  {Anl.  Schlachlf.  II,  163, 
2).  Niese  (II,   747)  la  place  en  novembre  190,  mais  son  calcul  paraît  erroné. 

4.  Liv.  (P.)  37.  45.  3. 

5.  Pol.  XXI.  17.  12;  18.  2  ;  cf.  ci-après,  p.  142. 

6.  Henzen  écrit  {Annali,  ibid.  143)  :  «  Maeandrum  amnem  transgressus  non 
est  (L.  Scipio)  neque  civitates  trans  eum  sitas  legatos  consuli  misisse  Liviiis 
narrât...  Caria  enim  trans  Maeandrum  sita  duces  Antiochi  nondum  excessisse 
credo.  »  Il  est  vrai  que  L.  Scipio  ne  semble  pas  avoir  franchi  le  Méandre,  mais 
il  est  tout  à  fait  inexact  que  la  région  située  au  sud  du  fleuve  ait  continué, 
après  la  bataille  de  Magnésie,  d'être  occupée  par  les  troupes  d'Antiochos.  Ce 
que  T.  Live  (38.  13.  2;  13.  4)  rapporte  (d'après  Polybe)  de  la  demande  de 
secours  adiessée  parles  Alabandiens  à  Manlius  paraît  indiquer  qu'Alabanda, 
déjà  passablement  éloignée  du  Méandre,  était  entiée  en  relations  d'amitié 
avec  les  Ronnins  antérieurement  à  l'arrivée  de  Manlius.  —  Sur  l'empresse- 
ment que  mirent  les  villes  grecques  de  la  Petite-Asie  à  se  livrer  aux  Romains, 
cf.  Niese,  II,  745-746. 


LA    LETTRE    À    HÉRAKLÉE-DU-LAT.MOS  141 

rivée  des  Scipions  en  Asie,  ne  doit  pas  se  placer  dans  les  der- 
niers mois  de  191  ou  dans  le  courant  de  190  K  En  tout  cas,  si 
les  Hérakléotes  firent  deditio,  comme  l'a  pensé  Henzen,  à  l'un 
des  deux  consuls  qui  commandèrent  en  Asie,  ce  consul  ne 
fut  point  Cn.^Ianlius,  maisL.Scipio  ;  si  bien  que,  dans  l'hypo- 
thèse même  de  Henzen,  c'est  à  L.  Scipio  que  devrait  être 
attribuée  la  lettre  écrite  au  peuple  d'Héraklée.  Voilà  Manlius 
et,  du  même  coup,  les  dix  légats  hors  de  cause.  Car  personne 
n'imaginera  que  les  Hérakléotes  se  soient  successivement  ren- 
dus d'abord  à  Scipion,  puis  à  Manlius. 

On  pourrait  être  tenté,  d'après  ce  qui  vient  d^étre  dit,  de 
rétablir  ainsi  la  1.  1  de  l'inscription  :  [Atùv.'.o:  Kcpvr,A'.:ç 
HizAisu  u'.bç]  c-poL-r,yzq  •Jr^y.-.z-  'Po;j.a((ov — .  Je  n'ai  garde  pour- 
tant de  recommander  cette  restitution.  Deux  raisons  me  1  in- 
terdisent. En  premier  lieu,  si  la  lettre  avait  été  écrite  en  Asie 
par  L.  Scipio,  on  ne  voit  pas  ce  qu'on  pourrait,  dans  la 
suscription,  ajouter  à  son  nom  -  ;  on  ne  voit  pas  à  qui  les 
Hérakléotes  auraient  engagé  «  leur  foi  »  en  même  temps  qu'au 
consul  ;  bref,  on  ne  voit  pas  comment  devrait  être  rempli  le 
vide  de  la  1.  2.  En  second  lieu,  il  est  inadmissible  que  L.  Sci- 
pio ait  fait  aux  Hérakléotes  la  déclaration  qui  se  trouve  aux 
1.  10-11  :  c7UYycùpou;j.sv  l't  'r^À'*  Tr,v  ts  èXe'jQsp'laY  -/.ta.,  et  leur  ait 
garanti  l'èXsuOspix  et  l'autonomie.  A  son  départ  d'Asie,  à  la  fin 
du  printemps  de  189,  Scipion  ignorait  encore  de  quelle  façon 
serait  réglé  le  sort  des  cités  helléniques  qui  avaient  fait  soumis- 


1.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en  elTet,  qu'Héraklée-du-Latmos  était  toute  proche 
de  la  côte  (voir  l'esquisse  topographique  donnée  par  Rehm,  Delphinion  in 
Milet,  353).  La  reddition  de  la  ville  peut  avoir  suivi  la  bataille  navale  de  Kory- 
kos  (sur  les  grandes  conséquences  de  cette  bataille,  cf.  Xiese,  II,  720).  On  voit 
par  T.  Live  (=  Pol.)  que,  dans  l'été  de  190,  la  plupart  des  places  maritimes 
situées  au  sud  de  Mykale  obéissaient  aux  Romains  (3".  16.  2)  :  civita.tes,  qiias 
praetervectus  est  (C.  Livius  allant  en  Lycie  ,  Miletus,  Myndus,  Halicarnassus, 
Cnidus,  Cous,  imperata  enixe  fecerunt;cL  17.  3.  Il  semble  que,  sur  cette  cote, 
lasos  fût  presque  seule  à  résister  (17.  3).  Il  n'y  aurait  donc  nulle  témérité  à 
supposer  que  les  Hérakléotes  firent  dedilio  à  l'un  des  deux  amiraux  romains, 
G.  Livius  et  L.  Aemilius  Regillus,  qui  opérèrent  dans  les  eaux  d'Asie  en  191  et 
190. 

2.  La  même  objection  vaudrait  naturellement  contre  Tattribution  de  la 
lettre  à  Manlius,  si  on  la  supposait  écrite  avant  l'arrivée  en  Asie  des  dix 
légats  ;  ceci  n'a  point  échappé  à  Henzen  :  Annali,  ihid.  145. 


142  APPENDICE 

sion  aux  Romains.  La  question  regardait  le  Sénat  et  ne  regar- 
dait que  lui  ^.  Le  consul  n'avait  pas  le  droit  d'anticiper  sur  la 
décision  des  Patres,  dont  les  intentions  lui  demeuraient 
inconnues. 

Ainsi  donc,  la  lettre  n'est  pas  plus  l'ouvrage  de  L.  Scipio 
que  de  Cn.  Manlius.  Elle  n'a  été  écrite  ni  par  l'un  ni  par 
l'autre  des  deux  consuls  qui  commandèrent  en  Asie.  Et,  dès 
lors,  il  faut  admettre  qu'elle  fut  écrite,  non  point  en  Asie,  mais 
à  Rome,  non  point  à  l'époque  où  les  Hérakléotes  ouvrirent 
leurs  portes  aux  Romains,  mais  plus  tard  ;  et  qu'elle  répond 
à  une  démarche  faite,  non  auprès  du  «  commandant  des  forces 
romaines  »-,  mais  auprès  du  gouvernement  romain.  Le  cipa- 
Tr,yhq  'j-y-cq  anonyme  n'est  pas  un  «  général  en  campagne  », 
comme  le  voulait  Waddington  3  à  la  suite  de  Henzen,  mais  un 
consul  résidant  à  Rome,  qui  parle  au  nom  du  Sénat. 

Polybe  nous  apprend  '  que,  dans  le  courant  de  l'année  189, 
presque  toutes  les  cités  grecques  d'Asie,  imitant  l'exemple 
donné  par  Eumènes  et  par  les  R.hodiens,  envoyèrent  à  Rome 
des  ambassades  qui  devaient  recommander  leurs  intérêts  au 
Sénat  :  car  «  c'est  sur  le  Sénat  que  reposaient  tous  leurs 
espoirs  »,  c'est  de  lui  que  dépendait  leur  sort  à  toutes  ^.  Que, 
parmi  ces  ambassades,  il  s'en  soit  trouvé  une  d'Héraklée-du- 
Latmos,  c'est  une  conjecture  presque  nécessaire.  Comment 
dans  ces  circonstances  critiques,  la  ville  d'Héraklée  n'aurait- 
elle  pas  tenu  la  même  conduite  que  les  cités  helléniques  de 
son  voisinage  ?  Comment  aurait-elle,  seule  ou  presque  seule, 
négligé  de  se  concilier  les  bonnes  grâces  des  Patres  ?  Or,  son 
meilleur  titre  à  leur  bienveillance,  c'était  le  fait  que,  durant  la 
guerre  contre  Antiochos,  elle  s'était  donnée  aux  Romains.  Si 
les  Hérakléotes  députèrent  à  Rome  (et  l'on  n'en  saurait  guère 
douter),  le  premier  soin  de  leurs  ambassadeurs  dut  être  de 
renouveler  au  Sénat  lui-même  la  déclaration  de  deditio  précé- 

1.  On  sait  qu'elle  donna  lieu,  dans  le  Sénat,  à  la  longue  discussion  où  prirent 
part  contradictoirement  Eumènes  et  les  Rhodiens  :  Pol.  XXI.  18.  4  —  23. 

2.  Waddington,  Inscr.  d'Asie  Mineure,  III,  n.  588,  p.  197  (d'après  Henzen). 

3.  Waddington,  ihid. 

4.  Pol.  XXI.  17.  12;  cf.  18.  1-2. 

5.  Pol.  XXI.  18.  2  :  otà  xô  za'.  -aa;v  to'-Cî  y.ai  -aax;  làç  ûr.ip  Toîî  [aIXXovtos 
èÀ-Loa;  èv  zf^  cyy/.ÀrJxto  /C^ïaOa;. 


LA    LETTRE    À    HÉRAKLÉE-DU-LATMOS  143 

demment  faite  à  son  représentant,  le  chef  de  l'armée  romaine 
d'Asie.  C'est  à  cette  seconde  déclaration  que  se  rapporteraient 
les  passades,  cités  plus  haut,  de  notre  texte  lapidaire,  et 
notamment  la  phrase  :  (1.  14-15)  àTcsosyitj.cOa  ok  vtal  -.y.  r.xp' 
b\JMiJ.  çiXavOpcoTTa  /.al  xàç  Trîa-siç.  Un  renseignement  que  nous 
devons  encore  à  Polybe  confirme  cette  interprétation.  L'histo- 
rien nous  dit'  que,  dans  Tété  de  189^,  le  Sénat  fît  connaître 
aux  délégués  des  «  cités  autonomes  »  qu'il  accordait  à  celles 
d'entre  elles  qui  s'étaient  rangées,  sans  défaillance,  au  parti 
des  Romains  pendant  la  dernière  guerre,  le  maintien  de  leurs 
libertés.  On  voit  combien  cette  décision  est  conforme  à  ce 
que  nous  lisons  aux  1.  10-12  de  la  lettre  aux  Hérakléotes  : 
(j'jyyo^ipo'O'^.z.'^  cà  'J;jAv  --qv  te  IXîuOcpiaY  y.aGiTi  y.al  locXç  oiWciiç 
TTsXcJiv,  icxi  -rj'xîv  -r^v  k~'.-po--fiw  sjov/.av,  l-^ousiv  i)[o'aii-:oh-  /.ta.] 
Je  tiens  donc  pour  extrêmement  probable  que  cette  lettre 
est  la  réponse  faite,  à  Rome,  à  une  ambassade  d'Héraklée,  après 
que  le  Sénat  lui  eut  donné  audience.  Elle  rentre  ainsi  dans 
la  même  catégorie  que  la  lettre  du  préteur  M.  Valerius  (Mes- 
salla)aux  Téiens  et  celle  du  consul  ou  préteur  [C.  ?]  Licinius 
aux  Amphiktions  de  Delphes  ^  ;  elle  est  destinée  à  notifier  aux 

1.  Liv.  (P.)37.55.4  :  auditae  deinde  et  aliae  legationes  ex  Asia  siint.  quitus 
omnibus  datum  j-esponsnni  decem  ieçjatos  more  maiorum  senatum  missurum 
ad  res  Asiae  disceptandas  compnnendasque:  (âj  summam  tamen  hanc  fore  — 
[6]  ceterae  civitales  Asiae  —  quae  vecligales  Antiochi  fuissent,  eae  liherae 
atque  imniunes  essent.  (La  traduction  de  T.  Live  reproduit  ici  le  texte  de 
Polybe  avec  plus  de  fidélité  que  le  résumé  de  l'épitomateur  (XXI.  24.  4 
sqq.  =  Exe.  de  légat,  pars  II,  §  18,  p.  257  De  Boor),  comme  l'ont  remar- 
que Nissen  (Krit.  Unters.  199-200)  et  Xiese  (II,  748,  5)  ;  l'extrait  de  Polybe 
ne  parle  pas  de  la  déclaration  faite  par  le  Sénat  aux  représentants  des  villes 
grecques  ;  cette  déclaration  devient,  chez  Vexcerptor  (XXI.  24.  8),  une  par- 
tie de  l'instruction  générale  donnée  aux  dix  commissaires  qui  seront  envoyés 
on  Asie).  On  doit  compléter  le  texte  ci-dessus  transcrit  de  T.  Live  au  moyen 
de  Polybe,  XXI.  46.  2  (décision  de  Cn.  Manlius  etdes  Dix,  qui  ne  faitguère  que 
reproduire  la  déclaration  du  Sénat)  :  ocïai  [iàv  xûv  aù-ovotituv  -o'Xewv  -po'-cepov 
ursTcXo-jv  'AvTîdyo)  oôpcj,  xots  0£  ôiEç-jXaÇav  xtjv  ~po;  'Ptoaaîouç  ttîcjtiv,  xauxa? 
aèv  à-iÀudav  Toiv  çdpojv  =  Liv.  (P.)  38.  39.  7  ;  cf.  Niese,  II,  759. 

2.  L'arrivée  à  Rome  d'Eumènes,  des  députés  rhodiens  et  de  la  plupart  des 
ambassades  grecques  eut  lieu,  selon  Polybe  (XXI.  18.  1),  ïj'Sïi  t?,;  G^pEÎa; 
ÈvtatauLsvY]; .    La  décision  du  Sénat  est  sensiblement  plus  récente. 

3.  Viereck,  II  =  Sylloge  -,  279.  —  Pour  la  lettre  de  Licinius  aux  Amphik- 
tions {BCH,  1900,  103),  cf.  les  observations  que  j'ai  présentées  dans  la  Rev. 
Et.  anc.  1917,  77  et  suiv.,  249,  note  2. 


144  APPENDICE 

Hérakléotes,  sous  une  forme  résumée,  le  sénatus-consulte 
qu'ont  voté  les  Patres  après  avoir  entendu  leurs  représentants. 
Dès  lors,  la  restitution  de  la  1.  2,  objet  de  tant  d'essais 
infructueux,  n'offre  plus  de  difficulté.  La  lettre  de  M.  Valerius 
commence  par  ces  mots  :  Mapy.oç  OjaXâptoç  Mâpy.o-j,  cjTpar^YÔç, 
y.a't  or^\i.(x.^'/Qi  xai  r^  ajvy.A-^TCç  T-/;io)v  x^t  pcuÀ'^'.  xai  twi  or^[)xùi  yjxi- 
psiv  ^.  C'est  un  praescriptum  semblable  qu'on  rétablira  en  tête 
de  l'inscription  du  Louvre  :  [N.],  arpaTriyb;  j-aio;  'Pwixatwv, 
[y.al  ûr,[j.ap'/c'.  xai  r,  o-jyxA'^t]oç  'Hpay.XswTwv  ty;i  ^^ua-^i  y,al  tîoi 
or/[;.a)i  '/atpstv. 

La  lettre  a  pour  auteurs,  non  seulement  le  consul  qui  pré- 
sidait le  Sénat  lorsque  l'ambassade  y  fut  reçue,  mais  aussi 
les  tribuns  et  le  Sénat  lui-même. 


11  resterait  à  savoir  comment  s'appelait  le  consul  nommé  à 
la  1.  \ .  Je  dois  dire  qu'on  ne  peut  ici  aboutir  à  rien  de  cer- 
tain ;  du  moins  est-il  possible  de  circonscrire  le  problème. 

Du  printemps  de  189  jusque  vers  décembre  de  la  même 
année-,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'entrée  en  fonctions  des  consuls 
de  188,  il  n'y  eut  pas  de  consul  à  Rome.  En  effet,  Gn.  Man- 
lius  et  M.  Fulvius  partirent,  l'un  pour  l'Asie,  l'autre  pour 
l'Aitolie,  avant  l'été  de  189  3,  et  ne  s'en  revinrent  de  leurs 
«  provinces  »  que  longtemps  après  l'expiration  de  leur  charge^. 
En  conséquence,  il  faut  rapporter  la  démarche  faite  à  Rome 
par  les  Hérakléotes  ou,  tout  au  moins,  la  réponse  qu'ils 
reçurent  du  gouvernement  romain,  soit  aux  premiers  mois  de 
189,  avant  le  départ  de  Cn.  Manlius  et  de  M.  Fulvius,  soit  à 
l'hiver  de  189-188,  après  l'entrée  en  fonctions  de  M.  Valerius 

1.  Gomme  je  l'ai  montré  [Rev.  Et.  anc.  1917,  ibid.),  le  praescriptum  de 
la  lettre  de  Licinius  doit  être  restitué  dans  une  forme  analogue. 

2.  Pour  cette  date,  cf.  Matzat,  Rom.  Zeitrechn.  210. 

3.  Pour  Tarrivée  de  Cn.  Manlius  en  Asie,  cf.  ci-dessus  p.  138,  note  4.  M.  Ful- 
vius semble  avoir  débarqué  en  lllyrie  vers  la  fin  du  printemps;  cf.  Pol.  XXI.  26. 
4  :  axE  OÉpouç  ovto;. 

4.  D'api'ès  la  tradition  annalistique  (Liv.  38.  35.  1),  M.  Fuh  ius  serait  ren- 
tré à  Rome  avant  la  fin  de  l'année  189  pour  présider  au.x  élections  consulaires. 
Mais  cette  tradition  ne  semble  pas  conciliable  avec  celle  de  Polybe,  comme  l'a 
montré  Nissen,  Krit.  Unters.  206;  cf.  Niese,  II,  770,  3.  M.  Fulvius  passa  en 
Grèce  l'hiver  de  189-188  ;  c'est  alors  qu'il  réduisit  la  ville  de  Samé  dans  l'île  de 
Képhallénia  (Liv.  (P.)  38.  28.  7  —  29.  11).  Cf.  ci-après  p.   161. 


LA    LETTRE    À    HÉRAKLÉE-DL-LATMOS  l4o 

Messalla  et  de  C.  Livius  Salinator  (coss.  188).  De  ces  deux 
dates,  c'est  manifestement  la  seconde  qu'il  convient  de  préfé- 
rer. 

Gela  résulte  de  la  phrase  auYy/opouîxsv  ce  Ù'/îv  -r,v  -z  ïkzuOz- 
pioL-^  xtX.  La  décision  du  Sénat  concernant  les  cités  grecques 
d'Asie  ne  fut  prise,  nous  l'avons  vu,  que  dans  l'été  de  189. 
Ce  n'est  donc  point  avant  ce  temps-là  qu'Héraklée  put  obte- 
nir des  Patres  la  garantie  de  son  autonomie  ;  d'où  il  suit  que 
la  réception  de  ses  ambassadeurs  par  le  Sénat  fut  certainement 
postérieure  au  départ  de  Cn.  Manlius  et  de  M.  Fulvius. 
Il  semble  nécessaire  d'admettre  que  les  Hérakléotes  ne  dépu- 
tèrent à  Rome  qu'après  la  plupart  des  autres  villes  d'Asie,  à 
une  date  avancée  de  Tannée  189,  probablement  vers  la  fin  de 
l'été  ou  au  commencement  de  l'automne,  et  que  le  Sénat  ne 
donna  audience  à  leurs  représentants  qu'au  début  de  la  nou- 
velle année  consulaire  '(188).  C'est  alors  que  leur  fut  adressée 
sur  son  ordre  la  réponse  écrite  que  nous  possédons,  en  sorte  que 
c'était  le  nom  de  M.  Valerius  ou  de  C.  Livius  qui  avait  place 
dans  \e praescripium,  avant  le  titre  ff-paTTJYsç  uTraToç    Pm-j.xiojv. 

Les  dernières  lignes  du  texte  renferment  une  indication  qui 
paraît  bien  s'accorder  avec  ces  conclusions  chronologiques. 
On  y  voit  (1.  16-17)  que  les  Hérakléotes  étaient  ou  risquaient 
d'être    vexés    par    quelque  cité    voisine -,    et    qu'ils    avaient 

1.  Les  ambassadeurs  auraient  été,  comme  il  arrivait  souvent,  ad  novos  con- 
soles reiecli  (cf.  Mommsen,  Slaa.tsrecht,  III,  1155  et  note  4  ;  BiJttner-Wobst, 
De  legationibus...  Hotnam  missis,  26). 

2.  C'est  la  seule  explication  raisonnable  des  mots  (1.  17)  ô-oj;  [i.r)0£Î;  jji.àç 
TiapsvoyXTJi.  On  sait  de  reste  qu'à  l'époque  dont  il  s'agit,  presque  toutes  les 
villes  grecques  d'Asie  étaient  en  querelles  (cf.  Pol.  XXI.  46.  1).  Sur  la  guerre 
que  firent  en  commun  les  Milésiens  et  les  Hérakléotes  aux  Magnètes  et  aux 
Priéniens  (vers  196  ?i,  voir  Rilim,  Delpk'nioriy  n.  148,  p.  347-348,  361  ;  sur  celle 
qui  éclata  plus  tard  (vers  180?)  entre  Hérakiée  et  Milet,  ibid.  n.  150,  p.  361, 
354.  —  On  a  exprimé  {Reo.  PfiiLol.  IS99,  281)  l'hypothèse  (acceptée  par 
G.  Colin,  Rome  et  la  Grèce,  203)  qu'H-'-raklée  «  pouvait  être  menacée  par 
les  Rhodiens,  qui  avaient  obtenu  la  Lycie  et  la  Carie  jusqu'au  Méandre  ».  C'est 
oublier  qu'en  ce  temps-là,  bien  loin  de  rien  entieprendie  contre  elles,  les 
Rhodiens  demandaient  que  les  anciennes  villes  <■  autonomes  »  fussent  grati- 
fiées d'une  entière  indépendance  (cf.  Pol.  XXI.  22.  7  sqq.;23.  10).  Comment, 
d'ailleurs,  les  Kliodiens.  alors  si  étroitement  unis  aux  Romains  et  qui  en  obte- 
naient de  si  grands  avantages,  eussent-ils  «  menacé  »  une  ville  qui  leur  avait 

HoLLEAUX.  —  i^TpaTriyôç  jTiaTo;.  10 


! 


146  APPENDICE 

demandé  au  Sénat  de  les  protéger.  Il  peut,  au  premier  moment, 
paraître  surprenant  qu'ils  n'aient  pas  plutôt  sollicité  l'assis-  I 

tance  du  consul  Manlius,  alors  présent  en  Asie.  Mais,  préci- 
sément, dans  l'été  de  189,  Manlius  n'était  point  là  pour  les 
entendre  :  il  guerroyait  au  loin  contre  les  Gallogrecs.  On  s'ex- 
plique dès  lors  que,  sans  attendre  son  retour  qui  n'eut  lieu 
que  vers  la  mi-automne  ^,  le  peuple  d'Héraklée,  dans  le  dan- 
ger qui  le  pressait,  ait  recouru,  pour  s'en  mettre  à  couvert, 
aux  bons  offices  du  Sénat 

fait  deditiol  Ajoutons  qu'un  peu  plus  tard  on  constate  justement  l'existence 
d'une  aufj.ij.a-/ l'a   formée  entre    les  Rhodiens  et  les  Hérakléotes  (Rehm,  ibid. 
n.  150,  1.  35;  cf.  p.  361). 
1.  Liv.  (P.)  38.  27.9. 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

I.  Les  lettres  de  Sp.  Postumius 

ET    LE    SÉNATUS-CONSULTE    DE    189. 

J'ai  mentionné  ci-dessus  (p.  3,  note  1)  la  lettre  du  préteur 
Sp.  Postumius  (Albinus),  relative  au  sanctuaire  pythique  et  à 
la  ville  de  Delphes,  dont  H,  N.  TJlrichs  découvrit  et  fît  con- 
naître un  premier  fragmenta  A  ce  fragment  s'en  ajoutent 
aujourd'hui  deux  nouveaux,  trouvés  à  Delphes,  l'un  [J)  en 
1894 ''-,  l'autre  [B]  à  la  fin  de  septembre  19143.  J'en  dois  con- 
naissance à  l'oblig-eante  amitié  de  M.  Emile  Bourguet. 

Le  rapprochement  des  trois  fragments  permet  de  restituer 
avec  certitude  la  lettre  précédemment  connue  par  la  publica- 
tion d'Ulrichs.  On  trouvera  ci-après  (page  hors  texte,  n.  2) 
cette  restitution  *.  A  l'encontre  de  ce  qu'on  avait  cru  jusqu'ici, 

1.  H.  N.  TJlrichs,  Reisen  und  Forschnngen  in  Griechenland,  I,  115,  n.  36 
(^=  Le  Bas,  II,  852).  Comme  l'a  montré  Pomtow  (Jahrh.  fur  cl.  Philol.  1894, 
683,  §  2;  cf.  ibid.  1889,  565,  note  68),  Le  Bas  n'a  pas  vu  cette  inscription;  il 
s'est  borné  à  transcrire  en  majuscules  la  copie  publiée  par  Ulrichs.  —  La 
publication  de  Viereck  {Sermo  graecns,  X)  est  faite  d'après  Le  Bas. 

2.  Cf.  ci-dessus,  p.  3,  note  1,  et,  pour  les  circonstances  de  la  découverte, 
Rev.  archéol.  1917,  II,  342.  C'est  au  moyen  de  ce  fragment  (A),  que  j'ai  pu  propo- 
ser, en  décembre  1917  {Rev.  archéol.  ibid.  342-347),  une  restitution  conjectu- 
rale de  la  lettre  de  Sp.  Postumius,  restitution  qu'il  faut  aujourd'hui  modifier  à 
la  suite  de  la  découverte  du  second  fragment  (B).  M.  Bourguet  n'a  eu  commu- 
nication de  celui-ci  qu'au  mois  de  juillet  1918. 

3.  Inv.  de  l'éphorie,  n°  4930.  Le  fragment  a  été  trouvé  près  du  cimetière, 
au  lieu  dit  aXwvta,  sur  l'emplacement  du  Synédrion  amphiktionique;  mais  il 
peut  provenir  d'ailleurs.  Haut.  O""  245;  jarg.  max.  0"  16  ;  ép.  0"'  075  ;  lettres  de 
0™  006-007, 

4.  A  la  2,  peut-être  simplement  otsXÊy/jaav,  au  lieu  de  ôteXéyiqaav  rpôç  y)[jLàç  ; 
à  la  1.  3,  peut-être  ::a[pà  r?j;  l'jy.lrtWj].  La  restitution  (1.  5-6)  [oîy.ouvjtaç  — 
aùtoù;  za6  'auiou;  a  son  explication  dans  les  1. 17-20  de  la  lettre  écrite  par  le  Sé- 
nat aux  Delphiens  en  188,  dont  le  texte  est  donné  plus  loin  (p.  159  et  suiv.).L. 
6-7  :  je  me  permets  de  rappeler  que  j'avais  déjà  proposé  la  restitution  Xi[jl£voç 
{Rev.  archéol.  ibid.  347),  mais  j'avais  supposé  à  tort  qu'il  était  fait  mention 
expresse  de  Kirrha  et  du  Ktppatov  TisStov. 


148  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

ce  n'est  point  aux  Delphiens,  mais  à  la  communauté  des 
Amphiktions,  que  s'adressait  Sp.  Postumius. 

Quelques  mots,  conservés  à  la  partie  supérieure  des  frag- 
ments A  et  5,  doivent  provenir  d'une  première  lettre  de  Sp. 
Postumius  (ci-contre,  n.  1).  La  rédaction  en  était,  semble-t-il, 
identique  à  celle  de  la  seconde  :  en  effet^  on  relève  des  con- 
cordances littérales  entre  les  1.  3-6  de  lune  et  les  1.  3-7,  de 
l'autre  (parties  soulignées  dans  les  deux  textes).  Cette  seconde 
lettre  était,  selon  toute  apparence,  écrite  par  le  préteur  aux 
Delphiens. 

Enfin,  le  fragment  B  contient,  à  son  extrémité  inférieure, 
une  partie  considérable  du  sénatus-consulte  de  189,  dont  la 
copie,  comme  le  montrait  déjà  la  publication  d'Ulrichs,  fai- 
sait suite  à  la  seconde  lettre  de  Sp.  Postumius.  Il  est 
maintenant  possible  de  rétablir  tout  l'essentiel  de  ce  séna- 
tus-consulte (ci-contre,  n.  3).  —  Par  une  anomalie  surprenante, 
et  contrairement  à  la  règle  qui  voulait  qu'à  défaut  des  con- 
suls le  Sénat  fût  convoqué  par  le  préteur  urbain  i,  le  décret 
n'a  point  été  voté  sous  la  présidence  de  Sp.  Postumius.  Le 
gentilicium  du  magistrat  qui  présidait  le  Sénat  se  termine  par 
les  lettres —  ^a-.o;  (1.  1).  Je  ne  doute  guère  qu'il  s'agisse  de 
L.  Baebius  (Dives),  qui  fut  préteur  en  189  en  même  temps 
que  Sp.  Postumius  (Liv,  37.  47.  8  ;  cf.  50.8  ;  57.  1)  ;  son  nom 
aura  été  orthographié  par  erreur  [Bai  ou  BéJ^aio;  '^.  L. ^Baebius 
reçut  ^oviV  provincia  le  gouvernement  de  l'Espagne  ultérieure 
(Liv.  37.  50.  8;  50.  11;57.  l)^;  mais  il  est  clair  qu'il  put  pré- 
sider le  Sénat  au  début  de  l'année  consulaire,  avant  de  quitter 
Rome^.  Toutefois,  il  ne  le  dut  faire  qu'avec  la  permission  et 

1.  Cf.  Mommsen,  Staatsrecht,  III,  910. 

2.  Le  nom  Baf^toî  présente  parfois,  dans  les  manuscrits,  l'une  des  deux 
altérations  que  je  signale  ici.  Par  exemple,  dans  le  Vatic.  gr.  1418  qui 
contient,  d'après  Polybe,  les  Exe.  de  légat.  Roman,  ad  gentes,  on  lit 
BÉpatoç  {Exe.  de  légat,  pars  I,  §  10,  p.  37,  De  Boor  =Pol.  XV.4.  6). 

3.  T.  Live  nous  apprend,  d'après  les  Annalistes,  que  L.  Baebius  ne  réussit 
point  à  gagner  l'Espagne.  Assailli  par  les  Ligures  au  cours  de  son  voyage  et 
grièvement  blessé,  il  mourut  à  Marseille  où  il  était  allé  chercher  asile  (Liv. 
37.  57.  1-2). 

4.  Il  existe,  comme  on  sait,  des  exemples  de  convocation  du  Sénat  par  des 
préteurs  provinciaux  ;  cf.  Mommsen,  Staatsrecht,  IP,  129  et  note  3  ;  130,  note 


j.       '^zôpioç  rioatsatoç  Asuxîou   utôç,   (TTpaTY]Yb^     Pcoaaîcov,  AtAç^wv   toi;  v.pyjjU'Ji  xal  x^t  -6A£i  yatoe'.v  oi  Tiao'   ûy.0Jvl 
[à-otTTaXévTE;  irpso-^EUTai  BoûXtov,  OpaauxXYJç,   'OpÉaTaç  uspi  tyjç  àauXîa;  ToO   tEpoO  xai  t/jç  -iioXecoç  xal  x^ç  ycôpaç] 
[SiEXiyyia-av  zpb;  ■»^fx5cç,  xal  uspl  tyj;  èXsuOeptaç  xat  àvEttnpoptaç  rjj^iciuv  ÔTtco[ç  ùjxîv  èirtj^wpTjOYi  tt^*?»  toO  o-ri[j.ou  too] 
^'Pioaaiwv  '  ytvwaxETe  oCiv  SsSoyfxévov  tï^i  o-uyxX-rjTcoi  t6  te  Upbjv  toO  'A-ir6XXa)vo[ç  toO  IluOtou  àauXov   elvat  xai  tyiv] 
5     -cXiv  Tcov  AîXscov   xal  ty-jV  y^topav  xal  AsXooù;  aÙTOVou-jou;  xal|[è]X£uÔ£poui;  xal  àv£t[(7^op-/]Touç,  olxouvTaç  (xal  iroXtTEuovTa;)  '  aÙTCÙ;] 
[xxO'  aÙTOÙ;  xal  xupteiiovTaç  T'^ç  T£  itp]a.^  ï.^?^-^  ^'^'-  '^'^^  t£po[o]|XtL«.£Vo;,  xaOtoç  iiàTpftov  aÙTOïç  à?  <^?yj]Q  '^jv  '   Si^wi;] 
[ouv  £io^T£,  Exptvov  ûfAÎv  ypâ'j/ai  irspl  toutcov.]  Vv.  a.  Fr.B. 


Fr.  dUhichs.  Fr.  A.  Fr.  /.'. 

2.      ^TTOpio;  noTTsato;  Aeuxiou  uiô?,  (TTpaTY]|yb;  Tcoui.atwv,  Twt  xoi|và)i  twv  'Aaq;ixTi6vco[v  yaipEiV  ot  AEXiiCov  up£ap£u-] 

Tal  Bo'jXcov,  ypao-'jxX-î^ç,  'OpÉaTa;  ii£pl  tï]?  àjo-uXtaç  ToO  iipoO  xall]|  Tr^;  ttoXeo);  xal  Tvjç  [j^côpaç  SiEXÉyyjaav  irpbç^(xaç,] 

xal  TTEpl  ty;;  àXsuGîpta;  xal    àv£i(TOop[L]|a;  r^^iouv  oircoç  a|ùTOtç  ÈTctywp-rjOrj  itafpà  toû  o-rjixou  toû  Tcufxatcov]  10 

yivcûaxETE  o'Jv  0£Ooyp.£vov  Tï^t  (TuyxXrj  T  |coi  t6  T£  t£pov  To|Ci  'AîtoXXcovoç  TOÛ  nuOto[u  aauXov  Eivat  xal] 
5   Tr;v  TiéXiv   TÔiv    AeXçôjv   xal   rrjv    yoSpav,  xal  A|[£X^où]ç  aÙTOv6|f/.ouç  xal  èX£uOépou;  x[al  àvEtaçop-rjTou;,  olxoOv-] 
Ta;  xal  roXtT£ÛovTaç  aÙTO'j;  xaO'  a6T|[oùç  xal]  xupt£uo[v]|Tai;  ty^ç  t£  t£pâç  -/_^côp[a;  xal  toO  UpoO  Xt-] 
[jLévoç,  xaOwç  -ûâTptov  aÙTOï;  è^  àp/-/^;[[rjV  ottco;  o^uv  £to[-/^]|T£,  £xpivov  Ou.tv  ypà['|ai  îiEpl  toutcuv.] 


Fr.  d'Ulrichs.  Fr.  II. 

3.       Ilpb  r,a£pâ)V  TEaaâpCDV  vcovwv  Mat[wv  '  £V  xojj.£Tta)t ?  Af'jxto;  Bal  OU  B£?][3a[0ç  Fvalou  aTpaT[Y]ybç  auv£-]  15 

PouXeuffaTO  T-/ji  o-uyxXrjTcot  ■  ypacp[o[j.£Vto[  Tcapv^a-av  "   —  —   — ]o;  HoiiXtou,  Mâvt[o;  'Axt'Xto;  Tatou?,] 
Fàioç  'AtÎvio;  Falou,  T£^£pto[i;  —   —    —    —    ■  uEpl  wv  A]£X(pol  Xoyouç  âuo[f/iaavTO  iiEpl  UpoO] 
àatiXou,  T.6\iu}ç  èX£u6£p[ai;^  xal  aOTov6ij.&u  xal  àv£i(7<popTjTOU  ']  TiEpl  toutou  tou  •7:[pâyp.aTOÇ  oûto);] 
o    £00^£v  ■  xaOoj;  rp6T£po[v  TiEpl  TOUTCov  Màvto?  'AxlXtoç  Tatou]  £X£xptx£t  èx£tva)[t  TùJt  xpt[ji.aTt  è[J^fJi-£-] 

V£IV  £00^£V. 


20 


1.  Les  mots  (/.al  -oÀiTEjovtaç)  ne  peuvent  tenir  dans  la  ligne  ;  ils  ont  été  omis  par  le  graveur. 

2.  L'irichs  :  Maio. 

3.  Le  texte  d'Ulriclis  donne  IXîjÛîpt.  Je  ne  doute  pas  qu'il  y  ait  là  une  lecture  fautive. 


DÉDICACES    DE    .AFAGISTBATS    KOMAINS    À    DÉLOS  149 

sur  l'invitation  de  Sp.  Postumius  qui,  sans  doute,  se  trouvait 
accidentellement  empêchée  —  La  décision  (7.pt;j.a)  à  laquelle 
se  réfère  le  Sénat  (1.  o)  avait  eu  probablement  pour  auteur 
le  consul  M'.  Acilius  (Glabrio),  qui  délimita,  comme  on  sait, 
la  '.$pà  '/wpa  et  qui  paraît  avoir  veillé  de  près  aux  intérêts  des 
Delphiens-.  Je  crois  donc  qu'il  convient  de  rétablir  son  nom 
dans  la  lacune  de  la  1.  o.  H  y  a  apparence  que  c'est  lui  aussi 
qui  était  nommé  à  l'extrémité  de  la  1.  2,  comme  second 
garant  de  l'acte.  Pour  C.  Atinius  G.  f.  (1.  3),  on  peut  hésiter 
entre  C.  Atinius  (Labeo),  préteur  pérégrin  en  193  (Liv.  33. 
43.  o),  C.  Atinius  (Labeo),  préteur  en  190  (Liv.  37.  2.  2  ; 
2.  8),  et  C.  Atinius  qui  obtint  la  préture  en  188  (Liv.  38. 
33.  2). 

On  remarquera  que^  dans  ses  lettres,  Sp.  Postumius  est  bien 
plus  explicite  que  le  Sénat  sur  la  condition  privilégiée  faite 
aux  Delphiens.  La  raison  de  cette  différence,  c'est  que  le  pré- 
teur prend  soin  de  résumer  avec  quelque  détail  la  décision 
antérieurement  prise  par  M'.  Acilius,  au  lieu  que  le  Sénat  se 
contente  d'y  renvoyer  en  bloc. 

IL   Remarques  scr  les  dédicaces  de   magistrats  romains 

MENTIONNÉES    DANS    LES    INVENTAIRES    DE    DÉLOS. 

Il  est  nécessaire  de  revenir  sur  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  '^ 
des  dédicaces  faites  à  Délos,  au  commencement  du  ii*"  siècle, 
par  quelques  magistrats  romains.  En  effet,  P.  Roussel  a  bien 

6;  III,  910,  note  3.  Dans  la  règle  ordinaire,  c'est  le  préteur  pérégrin  qui  sup- 
plée régulièrement  le  préteur  urbain  ;  mais  tel  ne  pouvait  être  ici  le  cas 
puisque  Sp.  Postumius  cumulait  les  deux  prétures  urbaine  et  pérégrine  (Liv. 
37.  50.  8). 

1.  Cf.  Mommsen,  Staalsrecht,  III,  910. 

2.  C'est  vraisemblablement  à  M'.  Acilius  qu'il  faut  attribuer  un  rescrit, 
gravé  à  Delphes  sur  le  piédestal  de  la  statue  du  consul,  dont  le  texte  (inédit) 
m'a  été  communiqué  par  M.  Bourguet.  On  lit  à  la  1.  4  :  oaai  u.=v  iç'  fjij.wv  Y^Y°" 
va3'.  /.ptaEt;  •/.•j[pîa']  —  ;  et  aux  1.  8-10  :  7î£tpâaou.[ai]  —  —  çpovTÎaa'.  ïva  [û][xïv 
•/.aTaaovx  rj'.  Ta  â?  àp7Ji?  ^"apyov-a  ;ïà-[pta  —  —  r,  Tê]  Tfj?  -ôXîoj;  zaî  xo3 
Upou  aùtovoaîa . 

3.  Ci-dessus,  p.  20  et  suiv. 


130  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

voulu  me  communiquer  un  document  inédit  qui  mérite 
la  plus  sérieuse  attention.  C'est  un  grand  inventaii^e  (mainte- 
nant incomplet)  du  temple  d'Apollon,  dressé  sous  la  seconde 
domination  athénienne,  probablement  vers  152-151  '.  Outre 
la  plupart  des  dédicaces  mentionnées  déjà  dans  l'inventaire  de 
Démarès,  cet  inventaire  en  contient  deux  nouvelles.  D'autre 
part,  la  rédaction  des  dédicaces  déjà  connues  j  diffère  à  plus 
d'un  égard  de  celle  que  nous  offre  Démarès.  Il  y  a  ici  matière 
à  une  comparaison  critique  d'où  se  dégagent  quelques  résultats 
intéressants.  Plusieurs  erreurs  commises  par  Démarès  peuvent 
être  corrigées  au  moj^en  de  l'inventaire  athénien  ;  inverse- 
ment, la  lecture  de  Démarès  fait  découvrir,  dans  ce  document 
nouveau,  certaines  fautes  dont  l'origine  est  instructive  ;  et, 
d'une  façon  générale,  l'inventaire  inédit  nous  apporte  des 
renseignements  utiles  sur  l'interprétation  du  titre  consulaire 
en  Grèce  vers  le  milieu  du  ii"^  siècle. 

J'ajoute  que  P.  Roussel  m'a  signalé  un  autre  fragment  d'in- 
ventaire -,  appartenant  à  la  même  époque  (peu  avant  157- 
156),  qui,  bien  que  publié,  m'avait  échappé;  ce  fragment, 
comme  on  va  voir,  permet  aussi  de  contrôler  et  de  rectifier 
Démarès  sur  un  point  particulièrement  important. 

/.  T.  Quinctius[Flamininus)  [cos.  i9S  :  pro  cos.  197-194). 

J'ai  dit  à  tort  (ci-dessus,  p.  20),  sur  la  foi  de  l'inventaire  de 
Démarès,  que  T.  Quinctius  avait  constamment  supprimé  son 
gentilicium  et  son  titre  dans  les  dédicaces  des  offrandes  qu'il 
consacra  à  Délos.  Les  inventaires  athéniens  permettent  de 
rectifier  les  conclusions  erronées  que  j'avais  tirées  des  indica- 
tions incomplètes  fournies  par  Démarès. 

1.  Ce  fragment  porte,  au  musée  de  Délos,  la  cote  F  736  (face  A,  col.  1)  _ 
P.  Roussel  a  donne  un  résume  de  son  contenu  dans  Délos  colonie  athénienne, 
396,  n.  xv;  il  a  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma  disposition  la  copie  originale 
qu'il  en  avait  prise  à  Délos.  Les  offrandes  cataloguées  dans  le  fragment  se 
retrouvent  en  partie  dans  l'inventaire  (inédit)  dressé  sous  l'archontat  d'Hagno- 
théos  (F  520,  face  A;  ann.  140/139;  cf.  Délos  col.  athénienne,  404,  n.  xxvii)  • 
j'ai  eu  à  ma  disposition  une  copie,  prise  par  F".  Diirrbach,  de  ce  second 
inventaire. 

2.  r  524=3  BCH,  190'.,  165,  n.  56  (F.  Diirrbach)  ;  cf.  P.  Roussel,  Délos  col. 
athénienne,  390,  n.  viii. 


DÉDICACES    DE    MAGISTRATS    ROMAINS    À    DÉLOS  151 

Les  offrandes  de  T,  Quinctiiis  étaient,  comme  on  sait,  au 
nombre  de  trois  :  un  bouclier  d'argent  qui,  dès  179,  était 
conservé  dans  l'ancien  «  Temple  des  Athéniens  »  (vabç  oj  -.% 
Ézxâ),  et  deux  couronnes  de  laurier,  en  or,  déposées  dans  le 
temple  d'Apollon. 

1.  Première  offrande.  On  lit  dans  Démarès,  B,  1.  178  : 
àffTCiç  àp^fjpy.  Tr;j  'Pto-xabu  [àvà8£[/a].  Mais  l'inventaire  athé- 
nien r  324  ',  où,  comme  la  reconnu  P.  Roussel  ~,  était  men- 
tionnée la  même  offrande,  contient  à  la  1.  16  les  mots  :  — 
Ti-ou  Kc'.vy.-:'.:j  a-py.-r,';o'j  — ,  après  lesquels  il  faut  probable- 
ment suppléer  [ÛTua-ou  'Po}[;,a(a)v]  ^.  On  peut  donc  croire  que 
la  dédicace  jointe  au  bouclier  d'argent  donnait  à  Titus  son 
nom  complet  ^  et  son  titre  solennel  :  Ti-o;  Koîvx-wç  ^  a-poi- 
TTjvbç  'jT.xic:  'Pa);j.aiwv. 

2.  La  seconde  offrande,  une  couronne  de  laurier,  en  or,  est 
ainsi  cataloguée  dans  l'inventaire  de  Démarès,  B,  1.  85-86  : 
(jTî'savîç  yp\>70j:,  Titcu  âvaOsiJ-a  'P(o;j.aiou,  oA(-/.r,)  h  HA  ^.  L'inven- 
taire athénien  F  736  la  mentionne  en  ces  termes  [A,  1.  21- 
22)  :  aXXo;  (cy:£Çiavo;  oasvy;;)  ou  ÔAy.Y)  PAAAAP'HH',  àvx6-/;;xa 
Tixou  Kov/y.xiou  ÛTratou  'Pa)[j.abu  {sic).  Cette  fois  encore,  le  ffen- 
tilicium  Quinctius  accompagnait,  dans  la  dédicace,  le  prae- 
nomen  Titus. 

Quant  aux  mots  OzaTOj  'Poj|j,a{3j  donnés  par  l'inventaire 
athénien, ils  ne  laissent  pas  d'être  embarrassants  et  demandent 
une  explication.  A  peine  ai-je  besoin  d'avertir  que  cette  iunc- 
tura  verborum  ne  se  trouvait  point  dans  l'inscription  dédica- 
toire  et  que  Titus  n'avait  pu  s'y  qualifier  de  c;Tpa-Y;Ybç  ■jr.y-zz 
P(.);j.af2ç  :  c'eût  été  là  une  façon  de  s'exprimer  tout  à  fait  bar- 
bare'. De  deux  choses  Tune  :  ou  bien  la  dédicace  était  rédigée 

1.  BCH,  1904,  163. 

2.  p.  Roussel,  Délos  col.  athénienne,  390. 

3.  Il  est,  à  la  vérité,  possible  que  rs-p7i-r\yôi  jTîaTo;  ait  été  abrégé  en  arca- 
TYjyo;,   mais  il  n'y  a  aucune  raison  de  le  supposer  a  priori. 

4.  Moins  le  cojnoznen,  souvent  passé  sous  silence  à  cette  époque. 

5.  On  ne  doit  pas  s'étonner  que  le  père  de  T.  Quinctius  ne  soit  pas  nommé  ; 
il  ne  l'est  pas  dans  la  suscription  de  la  lettre  aux  Chyrétiens. 

6.  Rédaction  identique  dans  l'inventaire  'inédit)  de  Télésarchidès  II    ann. 
181),  fragm.  a.  [Communication  de  F.  Dïirrbach.] 

7.  A  la  vérité,  dans  un  décret  de  la  ville  thrace  de  Dionysopolis  (Ditlen- 


1S2  ADDITIONS    ET    COKRECTIONS 

comme  celle  du  bouclier,  et  ron  y  lisait  :  Tcto;  Kciv/.-ctc; 
azpocvqYoq  u~aToç  'Pa)|j.aî(j)v  ;  ou  bien  le  titre  de  la  mag-istrature 
y  était  passé  sous  silence,  et  T.  Quinctius  était  ainsi  dési- 
gné :  TÎTOç  Kcbr/-'.zq  'Pw;j.3£îoç.  D'où  celte  conséquence  que, 
dans  Tinv.r  736,  ou  bien  PwiJ.aisu  a  été  par  mégarde  substitué 
à  'Poj;xa'!wv  (j-a-rc;  étant  l'abréviation  connue  de  cTpatYJYbç  j-a- 
Toç)  ;  ou  bien  l'ethnique  a  été  correctement  transcrit  au  singu- 
lier, tel  que  le  donnait  la  dédicace,  mais  se  trouve  précédé  à 
tort  du  titre  consulaire,  ajouté  par  l'auteur  de  l'inventaire.  La 
première  hypothèse  a  fort  peu  de  vraisemblance.  Le  détermi- 
natif  au  pluriel  Pwixaiwv  faisait  toujours  suite,  dans  l'inven- 
taire de  Démarès,  aux  titres  des  magistrats  romains  quand 
ces  titres  étaient  exprimés,  mais,  au  contraire,  dans  l'inven- 
taire athénien,  on  l'a  constamment  laissé  tomber.  L.  Scipio, 
Cn.Manlius,  Q.  Marcius,  Cn.  Octavius  y  sont  qualifiés  d'G:Ta- 
T:t  ',sans  que  jamais  'Pwjj.auov  soit  joint  à  ■Jr.x-oçAl  est  dès  lors 
malaisé  de  comprendre  pourquoi  ce  déterminatif  (ramené,  par 
une  surprenante  erreur,  du  pluriel  au  singulier)  n'aurait  été 
maintenu  qu'après  le  titre  du  seul  T.  Quinctius.  La  présence 
de  'Pwp.abu  dans  l'inv.  F  736  implique  bien  plutôt  celle  de 
'Pw;;.aîo;  dans  l'inscription  dédicatoire,  et  confirme  ainsi 
l'indication  donnée  par  Démarès. 

Je  tiens  donc  pour  très  probable  que  T.  Quinctius  était 
appelé  par  la  dédicace  Ti'-ro;  Kz<.T/.-icq  'Pa)[j.aîoç,  et  que  le  titre 
uza-o;  est,  dans  les  inventaires  athéniens,  une  addition  illicite 
due  au  rédacteur  de  ces  documents.  Le  souvenir  de  la  magis- 
trature exercée  par  Titus  était  demeuré  en  Grèce  présent  à 
toutes  les  mémoires,  ce  qui  explique  assez  l'addition. 

3.  La  troisième  offrande  de  T.  Quinctius  n'est  connue  que 
par  l'inventaire  de  Démarès  [B,  1.  89)  :  (j-éçavc;  -/puasj;,  sv 
àv£Oy;/.ôv  Ti-o:  'Pwixxtcc,  oa(-/.y;)  b^oKo:  II.  En  179,  cette  couronne 
ne  pesait  plus  que  2  oboles  ;  elle  était  donc  déjà  réduite  à 
l'état  de  débris  ;  il  n'est  pas  étonnant   qu'elle  ait   disparu  un 


berger,  Sylloffe,  342  =  Kalinka,  Anl.  Denkm.  in  Bulgarien,  95,  1.  23),  Pompée 
est  appelé  xjTOKoxTwp  'Pwaaioç  ;    mais  il  n'y  a  point    de  conclusion  à    tirer 
de  là. 
1.  Voir  ci-après  les  observations  relatives  aux  donations  de  ces  magistrats. 


DÉDICACES    DE    3IAG1STRATS    ROMAINS    À    DÉLOS  153 

peu  plus  tard  et  que  les  inventaires  athéniens  l'ignorent.  Selon 
toute  apparence,  la  dédicace  en  avait  été  rédigée  comme  celle 
de  l'offrande   précédente  et  ne   contenait  que  les    mots  Titoç 

Il  est  croyable  que  c'est  à  l'imitation  des  dédicaces  des  deux 
couronnes  qu  on  a  simplifié,  dans  les  inventaires  du  commen- 
cement du  II*  siècle,  la  dédicace  du  bouclier  d'argent.  Si  l'on  a 
écrit  [Démarès,  B,  1.  178)  :  x7-lq  xp-^jp^  Tîtsu  'P(0[j,a(:j  àvâ6£[ji.a, 
au  lieu  de  Titcj  (Kotv/.xbu)  ^Tpar/JY^^  ûzâTOu  'P(o;j.ai(ov  x'tiHe\K!x, 
la  raison  en  peut  être  qu'on  se  rappelait  avoir  lu  sur  les 
couronnes  :  Titcç  {Kovr/.-.ioç)  T(jjy.at;oç  âv£6Y;y.£v. 

2.  I.  Qiiinctius  [Flamininus)  {pr.  199  ;  pro  pr.  198-i94). 

L'offrande  de  L.  Quinctius,  enregistrée  dans  l'inventaire  de 
Démarès,  ne  se  retrouve  pas  dans  l'inv.  F  736.  Démarès  la 
décrit  en  ces  termes  [B^  1.  85)  :  Tzcp-K-?;  -/puT^,  Asuviou  àvâ6e[;.a 
'Pco[j.a{o'j,  cX(y.v;)  hll.  D'après  nos  précédentes  observations,  il 
est  certain  que  le  gentilicium  Yizbr/.-izq  a  été  omis  par  erreur.  11 
est,  d'autre  part,  vraisemblable  que  Lucius  avait,  comme  son 
frère,  négligé  de  mentionner  son  titre  et  s'était  contenté  de 
joindre  à  son  nom  l'ethnique  'Pw;j,aî5?. 

S.  A.  Atilius  [Serranus]  [pr.  192). 

Démarès,  B,  1.  86  :  aXXoç  a-izxyz^  caç/vv;;,  A'jaou  àva6£[AZ 
'Po);xaicj,  oXf/.rj  hH.  —  F  736,  i,  1.  19-20  :  aXAov  (cTTÉçavcv) 
oâsv/;;  sj  îaxy;  cjv  toÎ;  '.[xavTxp'c.ç  cpa(-/!j.ai)  PAAAAPttH', 
àva9-/3jj.a  Auaoj  'Atiaioj  *.  Le  gentilicium  'A.-i'kizq,  qui  manque 
dans  l'inventaire  de  Démarès,  est  donné  par  l'inventaire  athé- 
nien; il  se  trouvait  donc  dans  l'inscription  dédicatoire.  11  me 
semble  impossible  de  décider  si  la  même  inscription  qualifiait 
Atilius  de  ŒTpaTYjYo;  'Pcoixauov  ou  simplement  de  'Pwjxaîoç. 
Mais  les  remarques  faites  au  sujet  de  T.  Quinctius  sont  favo- 
rables à  la  seconde  hypothèse  ~. 

1.  Rédaction  semblable  dans  l'inventaire  athénien  d'Hagnothéos,  A,  1.  66  : 
aXXov  oâsvï);  Aù'Ào'j  'A-:<t>'.?.îou,  6À(y.Y))  PAAAAP///- 

2.  On  peut  admettre  aussi,  d'après  Démarès,  B,  1.  86,  que  C.  Livius  (Salina- 
tor)  (pr.  191)  était  simplement  appelé  Faio;  A'.^ioi  T'oij-aïo;  dans  la  dédicace 
de  son  offrande.  L'inventaire  F  736  {A,  1.  29-30)  se  borne  à  donner  son  nom  ; 
Fa'.o;  A([îto;. 


l-)i  ADDITIONS    ET   CORRECTIONS 

4.  L.  Cornélius  Scipio  [cos.  190). 

Des  trois  offrandes  de  L.  Cornélius  Scipio  (Démarès,  B,  1. 
89-90;  90-91  ;  100),  Tinventaire  athénien  F  736  ne  mentionne 
qu'une  seule,  la  couronne  de  chêne,  en  or,  qu'il  consacra,  pro- 
bablement au  printemps  de  189,  quand  il  s'en  revint  d'Asie  à 
Rome  après  avoir  résigné  ses  fonctions  consulaires  ^  : 

Démarès,  B,  1.  100  :  a/j.o:  axé'fxvoç  ypjtjojç  opuoç,  àvdt6s[;.a 
Aôuy.bu  Kcpv'^Abu  Hx'.-uovcç  ff-pair^YcIi  û-iiou  'Po)[Axto)v  ~.  — 
r  736,  A,  1.  22  :  cc'ako^  opÛLVOv  ob  sXy.-r]  aijv  toi;  v^.ay-ocpio'.q  opx- 
('/[xa',)  PAAAAP'HH',  àvaOY;[j.a  Asjxiou  Kopv/]Xiou  (jizxzq'j. 

C'est  l'inventaire  de  Démarès  qui  reproduit  le  plus  complè- 
tement la  dédicace,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  n'y  manque 
rien  ;  peut-être  le  nom  du  père  du  consul  (nsTcXtoç)  a-t-il  été 
omis  (cf.  dans  Démarès,  B,  1.  102,  la  transcription  d'une 
dédicace  de  P.  Scipio  :  IlÔTrAioç  Us-'/Szj  KopvviA'.sç  a-paty;Yb; 
i)-oL-oç  'P(0[j-aio)v)  ■"'.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  point,  il  est  clair 
que,  dans  F  736,  îi-aToç  est  l'abréviation  de  aipat-z^voç  'jr.a-.z:. 

5.  Q.  Fabius  [Laheo]  [pr.  189  ;  pro  pr.  ISS). 

Démarès,  B,  1.  102-103  :  à'XXo?  cj-ïi^avoç  -/puaouç  oi^vq:,  ov 
■Trapéowxsv  llôXujio;  MsvjXXou,  è-iYpa^-Jjv  s*/ovTa  «    Kôvnoç  <î>à[îtoç 

1.  Sur  les  ofirandes  de  L.  Scipio  et  sur  les  circonstances  où  elles  furent 
consacrées,  cf.  mes  remarques  dans  /fermes,  1913,94-96.  J'ai  admis  que  le  titre 
de  aipa-cr^yo;,  donné  à  Scipion  dans  deux  dédicaces  :  Démarès,  B,  1.  89-90;  90- 
91  (cf.  les  inventaires  de  Télésarchidès  II,  et  de  Xénotimos  (ann.  178),  Bb,\.16- 
18),  est  la  traduction  de  praetor  et  se  rapporte  à  sa  préture  de  Sicile  (ann. 
193).  C'est  Diypothèse  qui  me  paraît  encore  la  plus  probable;  toutefois,  il  se 
peut  que  CTTpaTYiyo;  soit  l'abréviation  de  aTpaxiQYo;  iJr.axoi  (cf.  ci-après,  ce  qui 
concerne  Cn.  Manlius).  L'inventaire  F  736  n'apporte  ici  aucun  renseignement. 

2.  Rédaction  identique  dans  l'inventaire  F  428  (antérieur  à  l'année  179), 
1.  14,  comme  aussi  dans  ceux  de  Télésarchidès  II,  et  de  Xénotimos,  Bb,  1.  26- 
27.  [Communication  de  F.  Diirrbach.] 

3.  Comp.  aussi  le  décret  des  Déliens  en  l'honneur  du  même  personnagfe  (/G, 
XI.  4,  712).  —  Au  sujet  de  la  dédicace  de  P.  Scipio,  F.  Diirrbach  veut  bien 
me  faire  savoir  qu'elle  est  ainsi  transcrite  dans  l'inventaire  inédit  de  Xénoti- 
mos, Bb,  1.  27-28  :  axiçavo;  yp'jcjou;  Sacpvï);,  ÈTitypaarj'  «  HoT^Xio;  IlojîXtou 
Kopvr^[).io;]c7TpaTr]yo; 'P[a)|j.a(cov  »  xtX.].  Le  titre  urraxoç,  à  la  différence  de  ce 
qu'on  lit  dans  Démarès,  nest  pas  joint  à  a-upaTriyd;.  Comme  il  y  a,  de  part  et 
d'autre,  transcription  de  la  dédicace,  c'est  manifestement  par  erreur 
qu'j^^ato:  a  été  omis  dans  Xénotimos.  Mais  l'erreur  peut  avoir  pour  origine 
l'habitude  où  l'on  était  de  remplacer,  dans  le  langage  courant,  a-:pa7r,YÔ;  'jjzx-o; 
par  CTToaTriyo; .  Cf.  ci-après  ce  qui  concerne  Cn.  Manlius. 


DÉDICACES    DE    MAGISTRATS    ROMAINS    À    DÉLOS  1S5 

KctvTOU  u'.bç  ffTpa-Tjvi;  'P(<i\j.y.ii<r/  »,  cXf/.'/;)  HH  '.  —  F  736,  Ay 
1.  19-20  :  à'XXov  (cTiCpavov)  oasvr;;  su  :A7,r,  !7'jv  "o^ç  '•.[j.y.v-xpioïc  opa- 
(yp.al)  H,  3:va6-/j!j-x  Koîvtsu  <ï>a,'itoj  JTrâTCj  ~.  Le  donateur  est 
Q.  Fabius  (Labeo),  qui  commanda,  en  qualité  de  préteur  et  de 
propréteur,  la  flotte  romaine  dans  les  eaux  de  Grèce  et  d'Asie 
en  189  et  188,  et  qui  parvint  au  consulat  en  183  •'. 

L'inventaire  de  Démarès  l'appelle  a-py.-.r^^'o:  'P(o;xaûov  [prae- 
tor  ou  propraetor)^  l'inventaire  F  736,  J-aTc;  (consul).  Il  faut 
essayer  de  rendre  raison  de  cette  divergence.  On  peut  se 
demander  si  l'indication  donnée  par  l'inventaire  de  Démarès 
n'est  point  incomplète  et  si  le  titre  véritable  de  Q.  Fabius, 
abrégé  par  erreur,  n'était  point  7-p7.-r,'fz:  ■j-y.-.zç.  Après  exa- 
men, je  crois  que  cette  hypothèse,  fort  plausible  en  soi,  doit 
être  écartée  pour  deux  raisons.  En  premier  lieu,  c'est  une 
«  citation  »  de  l'inscription  dédicatoire  que  nous  trouvons 
dans  Démarès  ;  et  les  citations  de  cette  sorte  paraissent  en 
général  exactes  '*.  En  second  lieu,  il  n'y  a  nulle  appa- 
rence que  Q.  Fabius  ait  consacré  une  offrande  à  Apollon 
Délien  en  183  pendant  son  consulat,  tandis  que  cet  acte  de 
dévotion  s'explique  très  naturellement  à  l'époque  où  le  com- 
mandement naval  dont  il  était  investi  l'amena  dans  la  mer 
Aigée.  J'estime  donc  que  l'indication  qu'on  doit  tenir  pour 
fautive  est  celle  de  l'inventaire  athénien  :  dans  cet  inventaire 
u-a-cç  remplace  à  tort  (7TpaTy;YÔç,  qui  se  lisait  dans  la  dédicace. 
L'erreur  n'a  rien  que  d  explicable.  Nous  savons  que,  chez  les 
Grecs,  le  titre  consulaire  cTpar/jYbç  •Jr.y.ioq  pouvait  s'abréger  et 
s'abrégeait  très  fréquemment  en  c7TpaTY;Y2?  '-'•  c'est  cette  abré- 
viation qu'aura  cru  rencontrer  l'auteur  de  l'inventaire  ano- 
nyme •'.  Au  mot  (j-paTV]Y3ç  il  aura  attribué   la  signification  de 

1.  Rédaction  identique  dans  l'inventaire  de  Xénotimos,  Bb,  1.  28.  [Commu- 
nication de  F.  Diirrbach.] 

2.  Rédaction  semblable  dans  Tinventaire  atliénien  d'Hagnotliéos,  A,  1.  66  : 
aXXov  SaœvYjç  àvaSrjaa   Kotvxou  (I»a|î''o'j  UTcitou,  6?>(xrj)  H- 

.■?.   Voir  les  textes  dans  Miinzer,  P-W,  VI,  1773-1774,  s.  v.  Fabius,  91. 

4.  On  observera  que  la  liliation  de  Q.  Marcius  est  indiquée  en  ces  termes  : 
KdtvTo;  <I>a|3'.o;  Kol'v-oj  uîd; .  Le  mot  J'-d;,  traduction  du  latin  filius,  a  été 
fidèlement  transcrit,  bien  qu'aux  yeux  d'un  Grec  il  fût  tout  à  fait  superflu. 

5.  Cf.  ci-dessus,  p.  39  et  suiv. 

6.  Ou,  naturellement,  l'auteur  d'un  inventaire  plus  ancien,  dont  F  736  n'est 
que  la  reproduction. 


156  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

consul^   qu'on    lui    donnait  souvent  ;    c'est  pourquoi  il  l'aura 
remplacé  dans  son  texte  par  ù'-aTc;. 

6.  Cn.  Manlius  {Volso)  (cos.  189 :  pro  cos.  488)? 

Démar'ès,  J5, 1.99-100:  aXAo;  c-isavoç  '/_p\j70u:  ox^vr,;,  àvaO£[Aa 
Tvcâzj  ^lasXXisu  aipar^Yso  'Po)[xaîa)v,  ôX(xYj)  h  H  ^.  — F  736,  Ay 
1.  23-23  :  à'X/,cç  (^-éoy-voç)  oT.Ç'rqç  oO  oXx-/;  a-jv  -roîç  '.[j.av-aptoiç  xal 
JâtjÎAtsapûot  PAAAAPttHI,  œrj.Hr,\j.x  rvaîo'j  MasAAioj  ÙTiaiou. 

La  divergence  de  rédaction  est  la  même  que  dans  le  cas 
précédent  :  là  où  Ddmarès  écrit  (7-pa--/;Y6ç,  l'inventaire  athé- 
nien écrit  iJ-xTsç.  Mais  il  est  permis  de  penser  qu'au  lieu 
d'être  l'équivalent  fautif  de  a-rpaTYJYÔ;,  j-aTcç  est  cette  fois, 
dans   l'inv.  V  736,    l'abréviation  correcte  de  a-pac-r,Y'^ç  'j-aizz. 

On  doit  prendre  garde,  en  elfet,  qu'à  la  ditférence  de  la 
dédicace  de  Q.  Fabius,  celle  de  Fvafoç  MaÉXX'.îç  n'est  pas 
"«  citée  »  dans  l'inventaire  de  Déniarès  ;  l'auteur  de  cet  inven- 
taire s'est  borné  à  en  noter  le  contenu,  et  il  est  fort  possible 
qu'il  l'ait  noté  sous  une  forme  abrégée  2.  Il  se  peut  que  la  dédi- 
cace ait  été  ainsi  conçue  :  Fva5:;ç  MaeAAicç  (Fvabu  ou  Fvaiou 
uîiç  ?)  c-rpaTrffb;  ii-a-îç  'P(o[;,xwv  xxA.,  et  qu'on  ait  substitué 
ff-ïpaxYiY3ç  à  aipaTY^YO;;  'ùr^a-oq  -,  puisque  c'était  là,  comme  nous 
venons  de  le  rappeler,  une  abréviation  fort  usitée  du  titre  con- 
sulaire. A  son  tour,  le  rédacteur  de  l'inventaire  anonyme, 
usant  d'un  procédé  inverse  de  simplification,  aurait,  comme 
il  fit  pour  L.  Scipio  •'',   remplacé  Gzpa-.r^^foz  uTca-iç  par    j^aToç. 

Il  est  tentant  d'accepter  cette  explication.  Si  elle  est  valable, 
elle  résout,  en  effet,  une  question  souvent  agitée  :  il  n'y  a 
plus  à  douter  que  Fvaio;  MaiAAioç  soit  identique  à  Cn.  Manlius 
Volso,  consul  en  189,  comme  inclinait  à  le  croire  Th. 
Homolle  et  comme,  pour  ma  part,   je    l'ai    toujours  pensé  4. 

1.  Rédaction  identique  dans  l'inventaire  de  Xénotimos,  B7j,  1.  26-27.  [Coni 
munication  de  F.  Diirrbach.] 

2.  Cf.  ci-dessus  (p.  154,  note  3)  le  cas  analogue  de  P.  Scipio  dans  l'inven- 
taire de  Xénotimos,  avec  cette  dilTérence  toutefois  que,  dans  cet  inventaire, 
il  y  a  transcription  de  la  dédicace. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  154. 

4.  Th.  Homolle,  Arch.  de  Vintend.  sacrée,  73  et  note  4.  V.  von  SchoefTer 
était  aussi  d'avis  que  dans  rvaïo;  MaÉÀX'.o;  il  fallait  reconnaître  Cn.  Mallius 
(sic)  Volso  (De  Deli  ins.  rébus,  105).  Th.  Homolle  (ibid.)  a  fait  remarquer, 
avec  raison,  je    crois,   que   Mallius,  Maelius  et    Manlius   peuvent  être  «  les 


DÉDICACES    DE    MAGISTRATS    ROMAINS    A    DÉLOS  lo7 

N'oublions  pas  toutefois  que  ce  n'est  ici  qu'une  hypothèse. 
Nous  n'avons  pas  la  preuve  que,  dans  Démarès,  le  titre 
de  o-rpar/jYcç  attribué  à  V^xioq  MaéXXicç  ne  soit  pas  la  traduction 
de  praetor,  ni,  partant,  que,  dans  l'inv.  F  736,  u-axoç  ne  soit 
pas  dû  à  une  erreur  du  rédacteur,  qui,  s'abusant  sur  le  sens 
de  GTpaTr,Yo;,  aurait  transformé  en  consul  le  préteur  Cn.  Man- 
lius  comme  le  préteur  Q.  Fabius. 


Deux  offrandes  de  magistrats  romains  sont  mentionnées 
dans  Finventaire  athénien  F  736,  qui  ne  figurent  pas  et  ne 
peuvent  figurer  dans  Démarès.  L'une  et  l'autre  sont,  en  effet, 
postérieures  à  179  :  ce  sont  celles  de  Q.  Marcius  (Philippus) 
et  de  Cn.  Octavius. 

7.  Q.  Marcius  [Philippus)  [cos.  169). 

F  736,  A,  1.  30-32  :  «aXoç  (atéfflavoç)  oxçvyjç  cj  ôAxy)  aùv  toTç 
l[ji,avTaptoiç  lç>a{'/ym)  PAAAAPttH'll,  àva6-/][.>.a  Koivtoj  <C  tou  >> 
Map-Âiou  ÛTcâ-ou.  P.  Roussel  *  a  bien  vu  que  le  donateur  est  Q. 
Marcius  L.  f.  Philippus,  qui  fut  consul  en  186  et  169.  La  con- 
sécration rappelée  dans  l'inventaire  date  certainement  de  son 
second  consulat.  C'est  en  169,  tandis  qu'il  faisait  la  guerre  à 
Perseus  ~,  que  Marcius  enrichit  d'une  offrande  le  sanctuaire 
d'Apollon  Délien.  On  sait  que  les  Confédérés  achéens  lui  éle- 
vèrent, à  la  même  époque,  une  statue  équestre  dans  l'Altis 
d'Olympie  3.  La  dédicace  gravée  sous  cette  statue  lui  donne  le 
titre  de  aiparr^Yoç  uiraxo;  'Pw;^.auov  ;  c'est  très  certainement 
celui  qu'il  portait  aussi  dans  l'inscription  dédicatoire  résumée 
par  l'inventaire  de  Délos.  Le  rédacteur  de  cet  inventaire  a, 
selon  son  habitude,  abrégé  (jTpax-r)Yoç  îl-a-oç  en  uTcaxoç. 

8.  Cn.   Octavius  [cos.  165). 

F  736,  ^,1.  11-12  :  àXAcç  (a-céfavoç)  Saçv/jç  eu  oX(xt])  oç)Cf.[yy.a\) 

variantes  orthographiques  d'un  même  nom  ».  Toutefois,  la  «  variante  »  Mael- 
lius  n'est  point  signalée  par  Th.  Eckinger,  Die  Orthographie  lalein.  Woerter 
in  griech.  Inschriften  (diss.  Ziirich,  1891). 

1.  P.  Roussel,  Délos  col.  athénienne,  396. 

2.  'Voir  les  textes  dans  Niese,  III,  145  et  suiv. 

3.  Dittenberger,  Sylloge  2,  301  ;  cf.  ci-dessus,  p.  28. 


158  ADDITIONS    ET   CORRECTIONS 

PAAAAPtt,  àvaBy;iJ.a  rvabu  Oy.Tauicu  OraTcu.  Le  donateur, 
comme  l'a  reconnu  P,  Roussel  ^  est  Cn.  Octavius,  consul  en 
165.  Il  est  d'ailleurs  extrêmement  probable  «  qu'il  ne  consa- 
cra point  sa  couronne  l'année  même  où  il  fut  en  charge,  mais 
vers  164,  lorsqu'il  fut  envoyé  comme  ambassadeur  en  Grèce 
et  en  Orient  »  -.  Le  cas  serait  donc  tout  à  fait  analogue  à  celui 
de  P.  Scipio,  qui  s'est  qualifié  de  consul  {a-pa-r,Yoç  uTra-o; 
'Po3[xaio)v)  '^  dans  la  dédicace  d'une  olfrande  consacrée  en  193, 
c'est-à-dire  pendant  l'année  qui  suivit  son  second  consulat  ^. 
Dans  l'inventaire  athénien,  le  titre  uTcaio;  donné  à  Cn.  Octa- 
vius est,  comme  de  coutume,  l'abréviation  de  ctpaT-^'/bc  îi-a-o?. 

En  résumé,  la  lecture  des  inventaires  déliens  du  milieu  du 
u^  siècle  et  la  comparaison  de  ces  inventaires  avec  celui  de 
Démarès  donnent  lieu  aux  remarques  suivantes  : 

1.  Dans  les  dédicaces  des  offrandes  qu'ils  ont  consacrées  à 
Délos,  les  magistrats  romains,  à  l'encontre  de  ce  que  j'avais 
d'abord  supposé,  se  sont  toujours  désignés  par  leur  nom  com- 
plet [praenomen  et  gentilicium).  Mais  il  semble  qu'à  l'époque 
la  plus  ancienne,  certains  d'entre  eux  aient  passé  sous  silence 
le  titre  de  leur  fonction  et  n'aient  voulu  prendre  d'autre  qualifi- 
catif que  celui  de  Twi^-aîoc.  Tel  serait  le  cas  pour  T.  Quinc- 
tius  et  L.  Quinctius,  peut-être  aussi  pour  A.  Atilius  et  G. 
Livius. 


1.  P.  Roussel,  ihid. 

2.  P.  Roussel,  ihid. 

3.  Démarès,  B,  1.  102.  Cf.  ci-dessus,  p.  154. 

4.  Cf.  sur  ce  point,  Hermès,  1913,  93-94.  — Cas  analogue  aussi  pour  L.  Sci- 
pio, appelé  consul  (aTpa-cïiyôç  uTtaTo;)  dans  l'été  de  J89  {Démarès,  B,  1.  100), 
bien  qu'à  cette  époque  il  fût  déjà  sorti  de  charge.  —  Il  se  présente  toutefois, 
au  sujet  de  Cn.  Octavius,  une  difficulté  particulière.  L'ambassade  d'Octavius 
en  Syrie  fit  suite  à  la  mort  d'Antiochos  Épiphanès;  la  date  de  cette  mort  est 
controversée  (cf.  Holleaux,  Rev.  Et.  anc.  1916,  92.  1  ;  Lenschau,  Bursian's 
Jahresb.  1. 135  (190S),  227)  ;mais  on  penche  maintenant  à  la  placer  dans  l'été  de 
163  (Lenschau,  ibid.).  Est-il  possible,  pourtant,  que  Cn.  Octavius,  consul  en 
165,  ait  encore  pris,  un  an  et  demi  après  être  sorti  de  charge,  le  titre  de  son 
ancienne  magisti-ature  ?  Il  y  a  lieu  de  se  demander  si  le  titre  de  consul,  que 
lui  donne  la  dédicace  délienne,  n'est  pas  précisément  un  motif  pour  reculer 
d'un  an  la  mort  d'Épiphanês  et  pour  la  reporter  en  164,  comme  le  voulait 
Niese  (III,  218,  7). 


UNE    NOUVELLE    LETTRE    DU    SÉNAT  459 

2.  Dans  quelques-uns  au  moins  des  inventaires  sacrés  rédi- 
gés à  Délos  vers  le  milieu  du  ii*  siècle,  uzx-oç  est  l'abréviation 
régulière  de  (jTpaxYjvbç  uTua-o;.  Cette  indication  s'ajoute  utile- 
ment à  celle  que  nous  avait  fournie  le  décret  d'Halikarnasse 
où  est  nommé  le  consul  P.  Licinius  Crassus  (cos.  131)  ', 
comme  aussi  à  celles  qui  se  tirent  de  la  lecture  de  Polybe. 
Nous  avons  de  la  sorte  une  preuve  nouvelle  qu'en  Grèce,  au 
cours  du  u^  siècle,  l'appellation  consulaire  solennelle  était 
simplifiée,  dans  l'usage  ordinaire,  par  la  suppression  de  son 
premier  élément. 

3.  Mais  il  ressort  des  mêmes  inventaires  que,  vers  le  même 
temps,  (7TpxTr,-(b;  était  une  autre  abréviation  de  a'pair,Voq  îj-a- 
Toç.  C'est  ce  que  montre  l'erreur  commise  dans  l'inventaire 
r  736  au  sujet  de  Q.  Fabius  (Labeo),  qu'on  appelle  •j-îzx-oç  (bien 
qu'il  ne  fût  que  préteur),  parce  que  la  dédicace  de  son 
offrande  le  qualifiait  de  c-paTYjviç.  Et  c'est  ce  qu'indique  pareil- 
lement, pour  une  époque  un  peu  antérieure,  le  titre  de  cTparr,- 
vi;  donné  par  l'inventaire  de  Démarès  à  Cn.  Manlius,  si 
vraiment,  comme  il  paraît  probable,  ce  personnage  est  le 
consul  de  189. 

111.    Une    NOIVELLE    LETTRE    DU    SÉNAT. 

Mon  ami  Em.  Bourguet  a  bien  voulu  me  communiquer  la 
copie,  qu'il  n'a  retrouvée  que  tout  dernièrement,  du  texte  sui- 
vant, découvert  à  Delphes  dans  l'hiver  de  1893-1894  (Inv. 
n°  1115;  bloc  de  calcaire  gris,  à  la  face  gauche  du  piédestal 
qui  portait   la  statue  de  M'.  Acilius)  : 

[ ,  cTp]aTY;YÔç  [yTCarjoç  'P[«][jl[xiwv,  /.a't  or,\- 

[[j.]<xpyoi  y.al    [f,    <jù^(7,]\T,i:oq    AcXçwv    xoiç    ap\y^o]uG'.     xai    T'^t 

X3[a£i  yjxipzvr] 
cl    Tzcip    u(;.(ov  àTtcataAiV-reç   Tcpsa^euTat    'Hpuç  Ejoojpou,  [Aa- 

\xzaU-] 
vr^;  '  '  ApyéXa  lâ   t£  •^p(X[i[>.oi.-x   à-éSojav  xat  a-j-oi  oizKé'(r,<jx'^ 

àySKoJboiq 

1.  Ci-dessus,  p.  44. 

2.  La  resLituLion  est  due  à  Em.  Bourguet. 


160  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

l)     -oiq   àv   aiJTOîç    xaTa/.e^(i)p[icr][jL£vo'.ç   jj-exà  'r:i(jr,q  ctcouB^;,  ©tXo- 

0èv  èXAeiTCovxsç,  sveçâviCov  oè  xal  STt  tôv  t£  ày^va  Toy  Yuy.vt- 

•/,bv 
/.ai  ty;v  Oufftav  ûxèp  r^ixwv  (Juv(e)T£X£(yaTe  '   '  xai  -^  aù^yikr,xoq  tyjv 

âiavciav 
T:po(î£a)jîv  Te  xal  è'oo^ev  aùxotç  û'^rsp  te  twjjl  irps-spov  Tupea^euxciv 
BoûXtovoç,  ©pasuxXéoç,  'Ope^xa  tw[ji,  ~pb^   ■"Qt^i-àÇ   [J-àv   à^'.xcixé- 

v(i)v,  £v  oè 
10      -f,i  B'.q  otxov  àvaxojAiS^i  oiafO)VT;aavT(.)v  ypail/oci   Tcpbç    Màapxcv 

^oXcuicv 
Tov  iTjji.éTSpov  axpaTT^YÔv,  îva  çppovT{i3ï;i  '67COK,CTav  xa6' f^fiaç  ^e- 

VY;Tat, 
Ta  xaTà  TY)v   I]a[AYjv   -pàY;j.aTa  avai^Y;Tr(Cr,i  tcjç  àctxrjaavxaç  xai 

©pov- 
TÎar,i    tva  ~ùycùcv>  tï;ç  xa6Y;xo'J07)ç    Ttij-wptaç   xal   Ta  xwv  -p£(7- 

^SUTWV 

•Jzdép^^cvTa  «TcoxaTaff-aO^'.  xavTa  toîç  clxs'lcç  aÙTwv  •  ioo^cv  Se 

xai 
15     ~poç  A'.T(ùXcy?  Ypa^iai  Tuepl  twv  yz'JoijA'Hô'^  -Kxp'  u[ji.îv  àoix"/;[i.à- 

Twv,  ïva 
vû[x  [xav  Ta  à-XYjYlxeva  7:âvTa  àvaÇY)Tr,o-(0(7iv  xai  à-oxaTasri^ffw- 
ffiv    \j\j.v/,    Toû    oè   Xo'.xcu   iJi.r,6£v    ïv.  yivYjTai*   xaî    -TZîp'l   twv    èv 

Aeasoîç  xa- 
ToiX£ÔVTo)v  £7£tv  ij[Kàç  èçouc'.av  £©ï;x£v  f,  o-JYxXrjToç  ècotxiçîtv 
[o]jç  ai^,  ,jO'^^^("'î)'^9^  "  ''^''''^  ^^''  xaTO'.x£?v  xap    6[JLaç  toùç  £Jap£a- 

ToDvTa^  Troi 
20      [xjotvwi  TWV  AcXçwv"  Taç  Se  ooBsiaaç  à~oxptff£iç  Totç  è'fXTcpoaGEv 

Tïpbç 
[i^]jji.àç    à<çixo[/.£vciç  Trap'  'JiAwv  TCp£a|3£UTaCç    àv£S(î)xa[ji.£V   ajxoiq 

xaOà); 
[i^];tojv  ■rjiji.àç,  xai  e\q  zh  Xs'.tcôv  ok  -aipajifAcOa  àcî  Ttv:;  àyaOoU 
[■TîapjaiTtoi  Toïç   ^sKtfoXq  yi^^'^^^'-    ^'■'^  "^    '^^'^  ^^^'^   ^^'^  ^^'  y^*-»? 

xal  cià  T5 


1.  Peut-être  la  pierre  porte-t-elle  aavTêXEaaTE. 

2.  La  pierre  porte  PojÀeaÔe. 


UNE    NOUVELLE    LETTRE    DU    SÉNAT  161 

TTiXTpiov  y][ji.îv   eivat   toù;  Oscùç  aÉj^eaôai'  te  y.al  TiiJ.av  -ohç  cvTaç 

2o      Twv  aWi'ouç  ToJv  àYaôwv. 

Comme  on  le  voit  tout  de  suite,  nous  avons  ici  une  lettre 
écrite  par  le  Sénat  aux  magistrats  et  à  la  ville  de  Delphes. 
Elle  doit  prendre  place  à  côté  de  celles  qui  furent  adressées 
aux  Téiens,  aux  Hérakléotes-du-Latmos  et  aux  Amphiktions 
(cf.  ci-dessus,  p.  98). 

Je  n'ai  point  à  faire  le  commentaire  historique  de  ce  texte 
précieux  ;  il  suffira  d'en  établir  la  date  approchée. 

Les  ambassadeurs  de  Delphes  nommés  à  la  1.  9  sont  les 
mêmes  dont  parle  Sp.  Postumius  dans  sa  lettre  aux  Amphik- 
tions (ci-dessus,  page  hors  texte,  n.  2)  ;  ils  étaient  donc  pré- 
sents à  Rome  en  189  et,  comme  on  peut  l'induire  de  la  date 
du  sénatus-consulte  gravé  à  la  suite  de  la  lettre  de  Postumius, 
dans  les  premiers  mois  de  l'année'.  Puisque  la  lettre  du  Sénat 
fait  allusion  à  leur  retour  en  Grèce  (1.  9-10),  elle  ne  peut  être 
antérieure  au  courant  de  la  même  année  189.  Effectivement,  il 
ressort  des  1.  10-12  qu'au  moment  où  elle  fut  écrite,  le  consul 
M.  Fulvius  (Nobilior)  était  occupé  à  réduire  la  ville  de  Samé  ; 
or,  il  est  certain  que  la  conquête  de  Képhallénia  ne  commença 
point  avant  l'été  de  189'^;  c'est  donc  l'été  de  189  qui  est 
ici  le    terminus  posf  quem. 

Mais,  en  fait,  la  lettre  est  d'une  date  sensiblement  plus 
récente.  Le  consul  dont  le  nom  a  disparu  à  lai.  1  n'est  pas  M. 
Fulvius,  et  ne  saurait  être  non  plus  Cn.  Manlius  (Volso), 
puisque  Manlius  quitta  Rome  vers  le  printemps  de  189 
pour  se  rendre  en  Asie  3.  Ce  consul  est  l'un  de  ceux  de 
188,  lesquels  prirent   leurs    fonctions  vers   décembre    189  '. 

1.  Le  sénatus-consulte  a  été  rendu  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  7:^0 
rjjjLspwv  teajâpwv  vwvœv  Mat[oiv].  L'année  romaine  était  alors  d'environ 
quatre  mois  en  avance  sur  l'année  naturelle  (Matzat,  Rom.  Zeilrechn.  200; 
Boll,  P-W,  VI,  2358,  sur  l'éclipsé  du  14  mars  190). 

2.  Cf.  Nissen,  Krit.  Unters.  205;  Niese,  II,  769,  4;  Matzat,  Rom.  Zeitrechn. 
209. 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  138,  note  4. 

4.  Matzat,  ibid.  210. 

HOLLEAUX.  —  ^TpaTriyô;  oTiaTOç.  11 


162  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

Il  en  résulte  que  la  lettre  du  Sénat  remonte,  au  plus  tôt,  à 
la  fin  de  l'année  189,  et  fut  plus  probablement  écrite  au  com- 
mencement de  l'année  suivante. —  On  voit  par  là  que  T.  Live, 
comme  l'avait  très  bien  observé  Nissen',  a  fortement  anti- 
daté la  prise  de  Samé  :  il  la  place  avant  les  élections  consu- 
laires pour  188  -,  alors  qu'elle  n'eut  lieu  qu'au  cours  de  l'hiver 
de  189-188.  T.  Live  a  essayé,  par  un  des  biais  dont  il  est  cou- 
tumier,  de  concilier  le  récit  que  faisait  Polvbe  des  événements 
de  Grèce  avec  le  récit  des  événements  urbains  donné  par  les 
Annalistes.  Le  vovaye  de  M.  Fulvius  à  Rome,  où  il  vient 
présider  les  comices,  est  un  emprunt  à  la  tradition  annalis- 
tique,  et,  comme  l'a  remarqué  Nissen,  ne  paraît  avoir  aucune 
réalité -^  Ajoutons  que  ce  que  dit  T.  Live  de  \q. prorogaiio  de 
Vimperium  de  Fulvius  ^  est,  dans  son  récit  même,  une  absur- 
dité, puisque  la    guerre  aurait  pris  fin  avant  ce[ie  prorogatio. 

Les  consuls  de  188  étaient,  comme  on  sait,  \i.  Valerius 
Messalla  et  G.  Livius  Salinator  •"'.  C'est  le  nom  de  l'un  ou  de 
l'autre  qui  doit  être  rétabli  à  la  1.  1,  mais  je  ne  vois  aucune 
raison  de  choisir  entre  eux.  Aussi  bien,  ce  qui  a  pour  nous 
beaucoup  plus  d'intérêt  que  le  nom  du  consul,  c'est  la  forme 
donnée  au  praescripiuin  :  [N . ,  Gzp]a-r,yoz  ['j-xt]oç  'P[co]p.[ata)v, 
v.xl  cr,[j.]ap7Ci  /.«['•  f,  ffJY"/.]AY;TOç  AsXiwv  -oiq  ap["/o]ijffi  /.où  -^i 
7:i[A£i  yxipiiv.]Ce  praescriptum  est.  comme  on  voit,  semblable 
à  celui  de  la  lettre  aux  llérakléotes-du-Latmos,et  nous  apporte 
encore  une  preuve  que,  dans  les  actes  du  Sénat,  le  titre  offi- 
ciel donné  aux  consuls  était  z-py.-.r^';'zz  'j-y-zz. 

Aux  1.  8  et  14,  on  remarquera  les  formules  :  ëco^sv  aÙTOïç 
(rr=  t^i  ffJYy.AYiTMt)  ;  îoz'zv)  — .  Commc  la  lettre  adressée  par  le 
Sénat  aux  Amphiktions  (ci-dessus,  p.  98  et  note  3),  celle-ci 
reproduit  en  partie  le  sénatus-consulte  qu'elle  résume. 

Enfin,  il  importe  de  noter  (1.  10-Hj  la  phrase  :  (loorev)  — 
Yoât^ai  T^çilz  Màxpy.ov  <I>iXo!jiov  xbv  Yiiiitspcv  ffTpaT-^yov.  L'emploi 


1.  Nissen,   ibid.  206. 

2.  Liv.  38.  30.  1,  qu'il  faut  rapprocher  de  35.  1. 

3.  Liv.  (Ann.)  38.  35.  1  ;  cf.   3/.  50.   6.   —  Nissen,  ibid.  206;  Niese,  II,  770,  3. 

4.  Liv.  (Ann.)  38.  35.  3;  cf.  Nissen,  ibid.  206. 

5.  Liv.  (Ann.)  38.  35.  1;  35.  7. 


UNE    NOUVELLE    LETTRE    DU    SÉNAT  163 

de  ffTpczTYjYÎ;,  comme  titre  abrégé  du  consul  (ici  proconsul), 
est  d'un  grand  intérêt.  C'est  un  exemple  qui  s'ajoute  fort 
opportunément  à  ceux  que  nous  avait  fournis  le  traité  avec 
l'Aitolie  (ci-dessus,  p.  80  et  suiv.),  lequel  est  presque  contem- 
porain de  la  lettre  du  Sénat.  Il  n'est  plus  nécessaire  de  sup- 
poser que,  dans  ce  traité,  la  dénomination  de  i7-pxxr,-(oi,  appli- 
quée aux  consuls  de  192  et  à  M.  Fulvius,  est  due  à  une 
influence  hellénique.  Et,  d'autre  part,  il  n'y  a  plus  de  raison 
de  douter  que,  dans  le  sénatus-consulte  pour  les  Thisbéens, 
les  mots  -cv  rrap'  r,[j.uyj  <j-zy-r^-p'i  (1.  41)  désignent  le  consul 
A.  Hostilius  en  même  temps  que  les  préteurs  qui  l'ont  précédé 
en  Grèce  (cf.  ci-dessus,  p.  84,  note  2).  J'ai  dit  (p.  85)  qu'au 
commencement  du  ii'  siècle,  il  put  y  avoir  et  il  y  eut  quelque- 
fois variation  dans  l'usage,  lorsque,  dans  le  texte  développé 
d'un  document  public,  il  était  fait  mention  de  consuls  ;  qu'à 
cette  époque,  <(  on  ne  faisait  nulle  difficulté  d'admettre  la 
traduction  de  consul  par  arpar^-pç,  et  que  ce  titre  n'était  pas 
jugé  moins  correct  ni  moins  acceptable  que  celui  d'uizoïxoç  ». 
C'est  ce  que  confirme  très  heureusement  la  lettre  inédite  du 
Sénat,  dont  je  dois  la  connaissance  à  M.  Bourguet.  Nous  y 
voyons  une  fois  déplus  le  gouvernement  romain,  de  même  que 
les  Grecs,  simplifier  en  zzpxxT,-.;o;  l'appellation  solennelle 
de  jxpaTYJYOç  uiraTO?. 


P.  13,  note  3.  —  La  liste  c[ue  j'ai  dressée  des  7-px-r,'(z\ 
x-i^jiKxzzi  sera  prochainement  publiée  dans  la  Revue  archéo- 
logique. 

P.  13,  note  4.  —  C'est  par  inadvertance  que  dans  cette 
note,  Q.  Minucius  Rufus  se  trouve  nommé  le  premier,  au  lieu 
d'être  placé  à  son  rang  chronologique,  avant  Q.  Mucius  Scae- 
vola,  qui  lui-même  devrait  précéder  L.  Julius  Caesar. 

P.  20,  1.  3  (à  partir  du  bas).  Lire  :  L.  (Quinctius  Flamini- 
nus)  (pr.  199;  pro  pr.  198-194). 

P.  41  et  suiv.  —  J'ai  omis  de  citer,  parmi  les  inscriptions 
d'origine  grecque  où  se   rencontrent  les  titres  de  ^TpaT-zj-p;  et 


164  additions^'et  corrections 

d'àvOuTTaxo;,  le  décret  des  synèdres  et  du  peuple  de  Messène 
en  l'honneur  du  Ypa^-p-^Tsù;  twv  (juv^opojv  Aristoklès  (/G,  V,  ], 
1432)  ;  je  croyais,  en  effet,  à  la  suite  de  Wilamowitz  [ibid., 
note  de  la  p.  285),  que  ce  document  ne  datait  que  de  l'époque 
de  la  dernière  guerre  civile.  J'ai  appris  dans  ces  derniers 
temps  qu'Ad.  Wilhelm  lui  a  consacré  une  importante  étude 
publiée  dans  les  Wien.  Jahresheffe  de  1914.  Il  ressort  de  ce 
travail,  dont  je  dois  un  résumé  à  Toblig-eance  de  M.  Georg-es 
Nicole,  professeur  à  l'Université  de  Genève,  que  le  décret  est 
beaucoup  plus  ancien  qu'on  ne  l'avait  supposé  jusqu'ici  et 
peut  se  placer  entre  130  et  90  avant  notre  ère. 

On  y  trouve  mentionnés  deux  fonctionnaires  romains,  appe- 
lés l'un  Vibius(0j{|3ioç)  et  l'autre  Memmius  [Mé\).\uzç).  Le  pre- 
mier porte  le  titre  de  s-:py-r,-[z;  (1.  6,  10,  11,  37);  le  second, 
d'àvÔJTraTc;  (1.  36).  Il  est  évident  que,  dans  ce  texte,  ces  deux 
titres,  attribués  à  deux  personnes  différentes  et  qui  s'opposent 
l'un  à  l'autre  (voir  notamment  1.  36-37),  ne  peuvent  avoir  la 
même  sig-nification. 

Ad.  Wilhelm  est  d'avis  que  Memmius,  préteur  ou  propré- 
teur revêtu  du  consulare  imperium,  est  le  gouverneur  de  la 
province  de  Macédoine  ;  et  c'est,  en  effet,  l'opinion  la  plus 
probable.  Quant  à  Vibius,  ce  serait  un  préteur  (ou  propréteur) 
qui,  par  mesure  extraordinaire,  aurait  été  adjoint  au  gouver- 
neur. Ce  qui  paraît  sûr,  en  tout  cas,  c'est  que  aipar^viç  a  bien 
ici  la  valeur  depraetor. 

Si  le  décret  appartient  au  ii®  siècle  ou  au  début  du  i^'',  le  fait 
que  Memmius  y  est  qualifié  d'àvôû-aTc;  dans  le  corps  du  texte 
n'empêche  naturellement  pas  que  son  appellation  solennelle 
fût  (jxpx-.Tiyo:  àvOJ-a-rsç  ;  il  ne  faut  voir  dans  ivSijTraToç  qu'une 
appellation  simplifiée.  Si  l'abréviation  àvOj-aToc  a  été  préférée 
à  l'abréviation  o-tpaTYiviç,  la  raison  en  est  assez  claire  :  il  con- 
venait d'éviter  toute  confusion  entre  le  gouverneur  ((j-patiQYb; 
àv6J-aTc;)  Memmius  et  le  praetor  Vibius. 

P.  44,  note  2.  —  Il  m'a  échappé  que,  dans  un  fragment 
d'inscription  trouvé  à  Delphes  [Fouilles  de  Delphes^  III  (2), 
176,  n.  142),  on  lit,  à  la  1.  6  :  — ]  xvOu-xtcu  y.ai  Tr,v  — .  Selon 
G.   Colin  [ibid.  177),   «    l'inscription  ...   a  peut-être    trait  au 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONS  i6o 

bornage  (de  Delphes)  avec  Ambryssos  [cf.  n.  136,  p.  141]... 
L'écriture  convient  très  bien  au  troisième  quart  du  ii''  siècle.  » 
Il  est  impossible  de  savoir  si,  dans  ce  texte,  le  titre  de  îToa- 
Tvjvoij  précédait  ou  non  àvOu-xtcu.  La  phrase  où  se  trouve  le 
mot  àvO'j-xTou  ne  paraît  point  avoir  fait  partie  dune  formule 
d'intitulé. 

P.  69.  —  Il  n'est  pas  sûr,  quoi  qu'ait  pensé  Mommsen 
[Staatsrecht,  III,  1007,  2),  que  la  formule  r.pl  -qiJ.-pùr/  •/.->.. 
correspondant  à  ante  cliern  eqs.,  soit  un  latinisme.  Les 
exemples  qu'en  ont  rassemblés  W.  Schulze  (Graeca  Latina, 
Progr.  Gôttingen,  1901,  IS)  et  Ad.  Wilhelm  (Beitr.  zur 
griech.  Inschriftenk.  182)  donnent  à  penser  qu'elle  est  d'ori- 
gine purement  grecque,  mais  qu'elle  n'est  devenue  usuelle 
qu'à  l'époque  tardive.  L'hypothèse  de  Schulze  [ihid.  15)  : 
((  Sie  scheint  sich  aus  der  rômischen  Datierungsformel  ent- 
wickelt  zu  haben  —  »  paraît  contredite  par  quelques-uns  des 
textes  mêmes  qu'il  cite.  Wilhelm  relève  avec  raison  dans 
Théophraste,  fUpl  (juiJ-(3oAauov  (Stob.  Floril.  XLIV,  22  = 
Thalheim,  Rechtsaltert.'''  (1884),  128)  :  r.pi  r,[xzp<ov  y.v;  thy—zv 
•},  è^rjy.ovxa.  On  lit,  d'autre  part,  dans  le  règlement  des  Mys- 
tères d'Andania  {IG,  V,  1,  1390 1,  1.  70  :  -rzpz  â;j.sp5v  céxa  twv 
[7.u7r^p(wv,  et  l'on  ne  croira  pas  facilement  que  la  rédaction  de 
ce  règlement  soit  inspirée  de  modèles  latins. 

P.  76,  1.  7  :  Au  lieu  de  Thespies,  lire  Thisbé. 

P.  95,  note  4  de  la  p.  94.  —  L'identification,  proposée 
par  G.  Colin,  du  préteur  M.  Aemilius  M.  f. ,  nommé  dans 
l'inscription  de  Magnésie  [Sylloge  -,  928),  avec  1' [Aemilius] 
Lepidus  qui  semble  avoir  été  préteur  urbain  en  143  (Frontin. 
de  aquae  ductihus,  7)  ne  doit  pas  être  rejetée  a  priori,  mais 
elle  demeure  extrêmement  douteuse.  Nous  n'avons,  en  effet, 
aucune  preuve  que    le  préteur  qui    mit  fin  à  la  querelle  des 

Magnètes  et  des  Priéniens  fût  un  Aemilius  Lepidus. 

20  décembre  1918. 


BiBLiOTHECA 

Ottaviensi» 


TABLE    DES    MATIERES 


P«gei. 

AVANT-PROPOS vu 

CHAPITRE  PREMIKR.  —  La  traduction   grecque  du 

TITRE      CONSULAIRE     '.      I     DANS     LES     DOCUMENTS      PROVENANT 

DES    CONSULS   ;     II      DANS    LES     INSCRIl'TIONS    DEDICATOIRES 

PROVENANT  DES    ITALIENS    DE    DÉLOS  ;  III    DANS   LES   DOCU- 
MENTS    d'origine     GRECQUE      (dÉCRETS     ET      DÉDICACES)  ;    

IV    DANS    l'ouvrage    DE    PoLYBE 1-55 

I.  Documents  provenant  des  consuls 1-25 

§  1.   Lettres  et  rescrits  des  consuls 1-17 

§  2.  Autres  actes  publics  des  consuls 17-18 

§  3.   Inscriptions   placées   par   les   consuls  sur 

des  monuments  d'utilité  publique 19 

§  4.   Inscriptions   dédicatoires  composées    par 

les  consuls 20-23 

II.  Inscriptions  dédicatoires  provenant  des  Italiens 

deDélos 23-25 

III.  Documents  d'orig-ine  grecque 25-45 

§  1.  Décrets  et  dédicaces  en  Thonneur  de  con- 
suls   25-38 

§  2.   Décrets    mentionnant    occasionnellement 

des  consuls 38-45 

IV.  Le  titre  du  consul  chez  Polybe 45-55 

V.  Résumé  et  conclusions 56-59 

CHAPITRE    DEUXIÈME.   —   La  traduction    grecque 

DU  TITRE  consulaire    DANS   LES  ACTES    DU    SÉNAT 60-104 

Théorie  nouvelle  sur  le  sujet 60-62 

I.  Objections  préliminaires 62-71 

II.  Discussion  de  la  théorie 71-103 

§  1.   Examen  critique  des  textes  allégués 72-80 

§  2.    La  traduction  du  titre  consulaire  dans  le 

traité  de  L89  avec  les  Aitoliens 80-86 

§  3.   La  traduction  du  titre  consulaire  dans  la 

Proclamation  de  Corinthe  (196) 86-92 


168  TABLE    DES    MATIÈRES 

§  4,   Nouvel    examen    des  lettres    des   consuls 

C.  Fannius  et  L.  Calpurnius  Piso 92-97 

§  5.   La  traduction  du  titre  consulaire  dans  les 

lettres  du   Sénat 97-100 

§  6.  La  traduction   du  titre  consulaire  dans  le 

sénatus-consulte  de  135 101-103 

III.   Conclusion 103-140 

CHAPITRE    TROISIÈME.    —    Observations    critiques 

SUR  l'appellation  SToaTTiYoç  uTrato; 105-130 

I.  Analyse  grammaticale  de  l'appellation 105-1 13 

II.  STpaTr,YC/ç   uTiaToç  est-il  la  traduction  de  Praetor 

Hjaxtmus?  Critique  de  la  théorie  de  jMommsen      114-123 

III.  Origine  de  l'appellation  oxparriyoç  uTraroç 123-130 

APPENDICE. —  La   PRÉTENDUE   lettre   de  Cn.  Manlius 

VoLso  AUX    Hér.\kléotes-du-Latmos 131-146 

ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 147-165 

I.   Les    lettres  de  Sp.  Postumius  et  le  sénatus-con- 
sulte DE  189 147-149 

II.    Remarques     sur    les      dédicaces     de     magistrats 

romains    mentionnées    dans    les     inventaires    de     149-159 

Délos 

m.    Une  nouvelle  lettre  du  Sén.a.t 159-163 


MAÇON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS. 


E.  DE  BOGGARD,  ÉDITEUR,  1,  RUE   DE   MÉDIGIS,  PARIS 
EN  VENTE: 

dernii;rs  fascicules  parus 

de  la  lubliotiièque  dks  écoles  françaises 

d athènes  et  de  rome 

G.  Etudes  sur  l'Histoire  financière  d'Athènes  du  V^  siècle.  Le  Trésor 
d'Athènes  de  480  à  494,  par  1'^.  Cavaignac,  ancien  membre  de 
l'École  française  d'Athènes.  29  illust.  et  3  planches  hors  texte. 
Un  vol.  10     » 

CI.  La  Vierge  de  Miséricorde,  par  P.  Perdrizlt,  ancien  membre  de 
rÉcole  française  d'Athènes.  4  illustrât,  dans  le  texte  et  31 
planches  hors  texte.  Un  fort  volume.  12     » 

GII.  La  France  et  Rome  de  1788  à  1797,  par  Georges  Bourgin, 
ancien  membre  de  l'Ecole  de  Rome.  Un  volume.  10     « 

cm.  Les  Dataires  duXV^  siècle,  par  Léonce  Célier,  ancien  membre 
de  l'Ecole  française  de  Rome.  Un  volume..  6     » 

CIV.  La  "Vie  municipale  dans  l'Egypte  romaine,  par  P.  Jolgiet, 
ancien  membre  de  l'Ecole  d  Athènes.  Un  volume.  JG     « 

GV.  Rome  et  la  Renaissance  de  l'Antiquité  à  la  fin  du  XVIIP  siècle, 

par  Louis  Hautecoeur.  Illustrations  dans  le  texte  et  hors  texte. 
Un  vol .  18     » 

CVl.  Bologne  étrusque  etvillanovienne,  par  A.  Gremer.  Avec  nom- 
breuses illustrations.  L  n  vol.  20     » 

GMI.  Le  Culte  de  la  Mère  des  Dieux,  par  M.  Graili.ot.  Avec  8  pi. 
hors  texte.  Un  vol.  •  25     » 

CVIII.  La  Salle  hypostyle,  par  L.  Leroux.  Un  vol.  Ifi     » 

CIX.  Essai  sur  l'Iconographie  de  l'Evangile,  par  G.  Millet.  Avec 
663  gravures  hors  texte  et  dans  le  texte.  Un  fort  vol.        50     n 

ex.  Essai  sur  les  origines  de  Rome,  parL.  Piganiol.  Un  vol.    12     » 

CXI.  Délos.  colonie  athénienne,  par  M.  P.  Roussel.  Avec  plans  et 
cartes.  Un  vol.  20     » 

CXII.  Les  origines  chrétiennes  dans  les  provinces  danubiennes,  par 

J.  Zeiller.  Avec  plans  et  cartes.  Un  voL  24     » 


MAÇON,  PROTAT  FBERES,  IMPRIMEURS 


La  Bibliothèque 
Université  d'Ottawa 

Echéance 

Celui  qui  rapporte  un  volume  après  la 
dernière  date  timbrée  ci-dessous  devra 
payer  une  amende  de  cinq  sous,  plus  un 
sou  pour  chaque  jour  de  retard. 


Tbe  Library 
Uoiversit;  ef  Ottawa 

Date  due 

For  failore  to  retnrn  a  booit  on  or  be- 
fore  tbe  last  date  stamped  below  there 
will  be  a  6ne  of  five  cents,  and  an  extra 
charge  of  one  cent  for  eacb  addiiional  day. 


^^9  003    0^J_8  02^0  2b 

0060134-01-2 

D  5  «64  V113  1918 

HOLLEflUX,  RRURlCEt 

STRflTECOS  UPflTOS. 


C  E 


/ 


CE  C    C005 
.B^  V113  1918 
COO   HOLLFAUX, 
/ïCC#  1C53465 


f'/i  STRATEGCS  LP